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Le cardinal Burke évoque le coronavirus à la lumière de Fatima


Le Cardinal Burke.

Par Jeanne Smits (Le blog de Jeanne Smits) ― Photo : Steve Jalsevac/LifeSiteNews

Le cardinal Burke a donné une vidéoconférence dans le cadre du « Rome Life Forum » organisé par Voice of the Family et LifeSiteNews, qui se tient virtuellement cette année en raison des restrictions sanitaires liées au COVID-19. Le thème des conférences porte cette année sur Fatima, et la manière dont les apparitions de la Sainte Vierge en 1917 peuvent éclairer la période actuelle.

Je vous propose ici ma traduction non officielle de la conférence du cardinal Burke, riche de conseils et de compassion pour les catholiques qui ont pu se sentir abandonnés pendant la période du confinement, privés des sacrements et même dans certains cas de sépulture chrétienne pour leurs chers disparus.

Le cardinal Raymond Burke dit les choses avec force, mais toujours sous un regard d’éternité, invitant à une union toujours plus grande avec le Cœur sacré de Jésus par le Cœur Immaculé de Marie.

Il s’élève notamment contre la vaccination obligatoire, en particulier si les vaccins développés utilisent des lignées de cellules souches prélevées sur des fœtus avortés ; contre les restrictions illégales à la liberté religieuse et de culte ; contre le silence d’évêques et de prêtres qui par leur refus de s’exprimer, se rendent complices de l’apostasie.

Le cardinal Burke exprime également sa conviction que la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé n’a pas été accomplie. — J.S.

Fatima : La réponse du ciel à un monde en crise

Nous vivons des temps très troublés et inquiétants. Un virus a été, d’une quelconque manière, lâché, jusqu’à atteindre toutes les parties du monde. Il a causé et cause encore, à un degré plus ou moins important, la maladie qui lui est associée, le COVID-19. Beaucoup sont morts et meurent encore, soit directement de la maladie, soit de complications dont la maladie fait partie. En réponse à la propagation de la contagion, de nombreux gouvernements ont imposé de sévères restrictions à la circulation de leurs citoyens, confinant les citoyens à leur domicile et interrompant le fonctionnement de tous les services, hormis les services essentiels. L’effet sur l’économie des familles, des communautés locales et des nations a été dévastateur.

L’origine du virus demeure incertaine. Les informations relatives à sa nature et à son évolution sont contradictoires. À l’heure actuelle, un débat animé a lieu pour savoir si son évolution nous permettra de reprendre nos activités quotidiennes ou si, en raison d’une menace de résurgence de la contagion, nous devrons continuer à vivre confinés dans nos foyers. Des informations nous parviennent de la part de ceux qui sont retenus comme experts, et elles sont clairement contradictoires. Il existe également une crainte légitime de voir des personnes sans scrupules utiliser la crise sanitaire à des fins politiques et économiques.

Un aspect particulier de la crise sanitaire internationale qui en résulte, ce que l’on appelle une pandémie, est que l’ensemble plus vaste des personnes en bonne santé sont soumises à de sévères restrictions, même en ce qui concerne leur pratique de la foi, en partant du principe que l’infection par le virus reste souvent cachée avant de se manifester soudainement. D’une certaine manière, chacun d’entre nous devient un danger potentiel pour les autres. Dans une telle situation, l’interaction humaine naturelle est rendue sévèrement limitée. Chez certains, la situation a conduit à s’inquiéter constamment d’une éventuelle infection et à entretenir l’illusion que, d’une manière ou d’une autre, nous pouvons créer un environnement parfaitement sanitaire dans lequel nous ne serons menacés par aucune bactérie ni aucun virus, ou dans lequel, grâce à des mesures prophylactiques, y compris la vaccination universellement imposée, nous aurons une protection certaine contre le coronavirus.

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En ce qui concerne la vaccination, il doit être clair qu’il n’est jamais moralement justifié de développer un vaccin en utilisant les lignées cellulaires de fœtus avortés. L’idée d’introduire un tel vaccin dans son propre corps est à juste titre répugnante. En même temps, il doit aussi être clair que la vaccination elle-même ne peut être imposée, de manière totalitaire, aux citoyens. Lorsque l’État se livre à une telle pratique, il viole l’intégrité de ses citoyens. Si l’État peut prévoir des règlements raisonnables pour la protection de la santé, il n’est pas le fournisseur ultime de soins de santé. C’est Dieu qui l’est. Tout ce que l’État propose doit respecter Dieu et sa loi.

Il ne fait aucun doute que la vie est devenue, à bien des égards, étrange. Certains ont voulu qualifier le confinement à domicile de quasi providentiel, comme une occasion de faire une retraite spirituelle prolongée ou de favoriser la vie de famille. Certes, nous sommes appelés à accepter toute souffrance qui entre dans notre vie, pour en faire, avec l’aide de la grâce de Dieu, une source de bénédiction pour nous-mêmes et pour les autres. Il n’en reste pas moins que la situation ne correspond pas à la manière dont Dieu nous a appelés à vivre et qu’elle constitue donc une souffrance. Nous ne pouvons pas ignorer l’effet négatif généralisé de cette situation sur la dépression et d’autres maladies mentales, sur l’abus d’alcool et de drogues, etc. Si nous sommes appelés à offrir notre souffrance à Dieu par amour pour lui et pour notre prochain, nous ne voulons certainement pas favoriser cette souffrance, comme si elle était un bien en soi.

Il est également clair que des individus et des groupes agissant au service d’un programme particulier utilisent la souffrance profonde, relative aussi bien à la santé qu’à la situation économique des familles, des communautés locales et des nations, pour promouvoir leur programme, qu’il s’agisse de la progression d’un gouvernement mondial unique, de la promotion de causes environnementales, voire de changements radicaux dans la pratique de la foi catholique. Au milieu de la désorientation et de la confusion engendrées par la crise sanitaire internationale, nous devons, avant tout, nous tourner vers la raison droite et vers notre foi pour faire face à la crise pour le bien de tous.

Depuis le début de la crise, il y a eu une défaillance de la part de l’Eglise en tant que corps unique quant à l’annonce claire de l’Evangile et à l’insistance sur l’exercice de sa mission, en accord avec l’Evangile, y compris en temps de crise internationale. Certains prêtres et évêques ont fait preuve de sagesse et de courage pour trouver les moyens de rester proches du troupeau de Dieu dont ils ont la charge, en particulier en apportant les sacrements aux malades et aux mourants, mais malheureusement, l’impression générale parmi les fidèles est que leurs prêtres leur ont été enlevés, ou que ceux-ci les ont abandonnés. La plupart des fidèles se voient refuser les sacrements depuis des semaines.

Il est tragique d’entendre des témoignages de fidèles qui demandent à un prêtre d’entendre leur confession et qui reçoivent comme réponse que les prêtres n’ont pas le droit d’entendre les confessions ; ou qui demandent la sainte communion et se voient répondre qu’il est interdit aux prêtres de distribuer la sainte communion en dehors de la sainte messe. Il est particulièrement tragique d’entendre les récits de fidèles qui meurent sans l’assistance de leur prêtre ou sans qu’aucun membre de leur famille ou de leurs amis ne soit présent pour les accompagner, et les histoires d’enterrement de fidèles catholiques de longue date sans aucun rite funéraire. Dans certains cas, ces circonstances tragiques ont été dictées par l’État, et dans d’autres cas par l’Église allant au-delà des exigences de la réglementation de l’État ou en conformité avec des réglementations de l’État qui sont en violation de la liberté religieuse.

La situation a, à juste titre, suscité un débat intense sur les relations entre l’Église et l’État. En l’absence du respect dû à l’Église et à la liberté religieuse de ses membres, l’État assume l’autorité de Dieu lui-même, imposant son diktat à l’Église en ce qui concerne les réalités les plus sacrées comme le saint sacrifice de la messe et le sacrement de la pénitence. S’il nous restait un doute quant à la perte de ce respect, il a été dissipé par des incidents au cours desquels les autorités civiles ont tenté d’empêcher un prêtre offrant la sainte messe d’accomplir l’action sacrée.

Depuis le début, on a omis de dire clairement que, parmi toutes les nécessités de la vie, la principale est la communion avec Dieu. Oui, nous avons besoin de ce qui est nécessaire pour notre alimentation, notre santé et notre hygiène, mais aucun de ces besoins essentiels ne peut se substituer à notre besoin le plus fondamental : connaître, aimer et servir Dieu. Comme on me l’a appris il y a longtemps, parmi les premières leçons du Catéchisme, Dieu a fait l’homme pour le connaître, l’aimer et le servir dans cette vie et ainsi obtenir la vie éternelle avec lui au Ciel. (1)

Face à une crise sanitaire internationale, nous devons d’abord nous tourner vers Dieu, en lui demandant de nous protéger de la contagion et de tout autre mal. En nous tournant vers Dieu, nous trouvons l’orientation et la force de prendre toutes les mesures humaines nécessaires pour nous protéger, conformément aux exigences de la raison et de la loi morale. Sinon, si nous pensons à tort que la lutte contre le mal dépend totalement de nous, nous prenons des mesures qui portent atteinte à notre dignité humaine et, surtout, à notre juste relation avec Dieu. À cet égard, l’État doit être attentif à la liberté religieuse des citoyens, afin que l’aide de Dieu soit recherchée à tout moment et en toutes choses. Penser autrement, c’est faire de l’État notre dieu et penser que de simples êtres humains, sans l’aide de Dieu, peuvent nous sauver.

S’il y avait un manque de respect pour notre relation fondamentale avec Dieu au début de la crise sanitaire internationale actuelle, il y a un manque de respect similaire dans ce qui est proposé pour l’après-crise. On entend sans cesse le mantra selon lequel notre vie ne sera plus jamais comme avant et que nous ne pourrons jamais revenir à la vie telle que nous l’avons vécue jusque-là. Il a été suggéré, par exemple, que l’ancien geste consistant à donner la main à autrui en signe d’amitié et de confiance doit maintenant être abandonné à jamais. De même, il existe un certain mouvement pour insister sur le fait que tout le monde doit désormais être vacciné contre le coronavirus COVID-19 et même qu’une sorte de micropuce doit être placée sous la peau de chaque personne, de sorte qu’à tout moment, elle puisse être contrôlée par l’État en matière de santé et sur d’autres sujets que nous ne pouvons qu’imaginer. Il a également été suggéré, même par des pasteurs de l’Église, que la crise actuelle devrait nous amener à reconsidérer la question de savoir si la messe dominicale est essentielle à la vie chrétienne ou si les rites funéraires sont essentiels à la pratique de notre foi.

Oui, il est vrai que l’expérience de la crise du coronavirus COVID-19 a marqué notre vie de manière significative, mais elle ne doit pas prendre en mains la direction de notre vie. Notre Seigneur Jésus-Christ reste le Roi du Ciel et de la Terre. Nous restons créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, avec les dons de la foi et de la raison. Nous restons fils et filles de Dieu, adoptés en Dieu le Fils, ce que nous ne pouvons faire que par l’œuvre merveilleuse de son Incarnation rédemptrice. Nous vivons en Dieu, nous recevons la vie de Dieu dans nos cœurs et nos âmes à partir du glorieux Cœur transpercé de Jésus, afin de faire ce qui est juste et bon pour nous-mêmes et pour notre monde. Nous devons revenir à une vie vécue en communion avec Dieu, en utilisant la juste raison et en mettant en pratique les vérités de notre foi catholique.

L’obligation de la Messe dominicale, par exemple, participe de la loi naturelle et divine, le troisième commandement du Décalogue, que nous sommes tenus d’observer, à moins que, pour des raisons indépendantes de notre volonté, nous ne puissions le faire. (2) Au cours de la crise actuelle, il a été dit que les évêques dispensent les fidèles de l’obligation de la Messe dominicale, mais aucun être humain n’a le pouvoir de dispenser de la loi divine. S’il a été impossible, pendant la crise, aux fidèles d’assister à la sainte messe, alors l’obligation ne les liait pas, mais l’obligation demeurait.

À cet égard, j’ai été préoccupé par la réaction de certains à l’impossibilité à long terme d’accéder aux sacrements. Ils ont dit qu’il était en fait bon d’être sans les sacrements, afin de se concentrer sur la relation plus fondamentale avec Dieu. Certains ont exprimé une préférence pour regarder la sainte messe à la télévision en restant confortablement installés chez eux. Mais la sainte messe n’est pas une sorte de représentation humaine. C’est le Christ lui-même qui descend sur les autels de nos églises et chapelles pour rendre sacramentellement présent le fruit salvateur de sa Passion, de sa Mort, de sa Résurrection et de son Ascension. Que peut-il bien y avoir de préférable à la présence du Christ au milieu de nous dans l’action sacramentelle !

Certains pasteurs ont même réprimandé les fidèles qui suppliaient de recevoir les sacrements, les accusant de vouloir, par égoïsme, risquer de nuire gravement à la santé des autres. Personne ne nie la nécessité de prendre les précautions sanitaires nécessaires, mais le désir des sacrements, en particulier ceux de la pénitence et de la sainte Eucharistie, est au cœur de notre foi. Notre relation avec Dieu exige que nous sortions de l’enfermement de nos maisons et de ce que nous pouvons nous imaginer être un environnement parfaitement protégé, afin que Lui, par son Fils unique, puisse parler à nos cœurs et les nourrir de la grâce divine. À cet égard, de même qu’il est parfaitement normal que des personnes quittent le confinement de leur foyer pour acheter, par exemple, de la nourriture et des médicaments, il est encore plus parfaitement normal que des personnes de foi quittent le confinement de leur foyer pour prier et recevoir les sacrements.

Ici, il faut noter que Notre Seigneur a confié les réalités sacrées de sa présence parmi nous aux soins de nos pasteurs. Ce sont eux qui ont reçu la grâce de sauvegarder ces réalités et d’en permettre l’accès aux fidèles. Leur connaissance et leur expérience doivent toujours être conformes aux vérités de la foi, qui nous ont été transmises par la ligne ininterrompue de la Tradition apostolique. En période de crise sanitaire, les experts en santé publique peuvent faire des recommandations sur la meilleure façon de protéger la santé de ceux qui ont accès aux églises et aux chapelles, mais ce sont les évêques et les prêtres qui doivent mettre en œuvre ces recommandations d’une manière qui respecte la réalité divine de la foi elle-même et des sacrements. Par exemple, suggérer à un prêtre de distribuer la sainte communion en portant un masque et des gants en plastique, et de se désinfecter les mains à différents moments après avoir consacré la Sainte Hostie peut, d’un point de vue médical, être la pratique la plus hygiénique, mais cela ne respecte pas cette vérité : c’est le Christ qui se donne à nous dans la sainte Hostie. En même temps, l’interdiction de recevoir la sainte Hostie sur la langue et le commandement de recevoir la sainte Communion dans la main, bien que cela puisse être plus hygiénique — encore que ce point soit débattu — ne pourrait être justifié que par une raison grave.

Il est vrai qu’historiquement, l’Église a utilisé différents instruments sacrés pour donner la sainte communion à une personne très contagieuse, mais ces méthodes de réception de la sainte communion n’ont pas été utilisées pour la sainte communion des fidèles en général. On ne supposait pas que le prêtre et les fidèles, en général, étaient tous infectés, comme cela semble être le cas aujourd’hui, et qu’ils ne pouvaient donc pas recevoir la sainte communion de la manière la plus pieuse possible. Les experts médicaux et les responsables de la santé publique peuvent faire des recommandations à l’Église, mais c’est l’Église elle-même qui doit décider des pratiques touchant aux réalités les plus sacrées de notre foi.

L’épidémie de coronavirus COVID-19 a également soulevé une question des plus sérieuses pour nous en tant que citoyens d’une nation. Le rôle de la République populaire de Chine dans l’ensemble de la crise sanitaire internationale soulève de nombreuses et graves questions. Si, en tant que chrétiens, nous aimons le peuple chinois et voulons pour lui ce qui est bon pour lui, nous ne pouvons pas ne pas reconnaître que son gouvernement est l’incarnation du matérialisme athée ou du communisme. En d’autres termes, c’est un gouvernement qui n’a aucun respect pour Dieu et pour sa Loi. Le président de la Chine, Xi Jinping, a dit très clairement que la seule religion acceptable en Chine est la Chine. Son gouvernement est fondé sur l’idolâtrie de la nation, et un certain nombre de ses lois et pratiques sont en violation flagrante des préceptes les plus fondamentaux de la loi divine écrits dans le cœur de chaque homme et de chaque femme, et énoncés dans le Décalogue.

Il s’agit d’une forme de gouvernement malfaisante qui, par exemple, pratique des avortements forcés et viole ouvertement la liberté religieuse du peuple. Il est juste de se demander quels principes éthiques ont régi l’implication du gouvernement chinois dans la crise sanitaire internationale du coronavirus COVID-19.

Dans le même temps, il est juste de demander quelle a été et quelle demeure la relation des organisations nationales et internationales de santé publique avec le gouvernement chinois dans l’affaire du virus qui a menacé de nombreuses vies et la stabilité même des nations souveraines. Il y a aussi la grave question des individus disposant de nombreux milliards de dollars, qui soutiennent régulièrement et puissamment un programme anti-vie et anti-famille, et qui sont publiquement impliqués dans la crise et exercent une lourde influence sur l’opinion publique à son sujet. En tant que citoyens d’une nation, il est de notre devoir de poser ces questions et d’y apporter des réponses résolument honnêtes.

Lorsque j’étais à l’école primaire et secondaire, l’étude de ce qu’on appelait l’instruction civique était prise très au sérieux. C’était l’étude de la façon dont le gouvernement de sa propre nation travaille pour protéger le bien commun, y compris les relations justes avec les autres nations. Le but de l’étude était de rendre les élèves, qui sont l’avenir de la nation, responsables du gouvernement de leur nation. On me dit que, depuis longtemps déjà, l’instruction civique n’est pas enseignée dans de nombreuses écoles. Si tel est le cas, comment les élèves seront-ils préparés à devenir des citoyens responsables ? L’exercice de cette responsabilité est irremplaçable pour un gouvernement démocratique stable. Il fait également partie de la loi naturelle, en particulier le quatrième commandement du décalogue, qui nous enseigne le respect de nos parents et des institutions qui sauvegardent et promeuvent la vie familiale, et en fin de compte de la nation. La crise actuelle devrait nous amener à revoir l’éducation, expression fondamentale de notre culture, et à fournir ce qui manque à la préparation des étudiants à l’exercice de la vertu fondamentale du patriotisme.

La crise actuelle a également montré clairement à quel point de nombreuses nations sont dépendantes de la République populaire de Chine. Les entreprises qui, pendant des décennies, ont produit les biens nécessaires d’une nation au sein de celle-ci, produisent maintenant ces biens en Chine dans l’intérêt du profit économique. Combien de marchandises que nous utilisons quotidiennement ne portent-elles pas cette étiquette : « Made in China » ? La crise actuelle doit nous amener à nous demander pourquoi, au sein de nos nations, nous ne produisons pas nous-mêmes ce qui est nécessaire à la vie saine et forte du peuple de ces nations. Ce sont des questions complexes qui sont rendues d’autant plus urgentes que de nombreuses nations sont, en fait, dépendantes de la République populaire de Chine, un gouvernement qui épouse pleinement et radicalement le matérialisme athée.

Ma longue réflexion ne doit pas conduire au découragement mais plutôt à la recherche courageuse de notre identité catholique dans le Christ vivant pour nous dans sa sainte Église, une identité qui, par sa définition même, est pour le bien commun, le bien de tous les peuples. Le Christ est venu pour sauver le monde, et il nous appelle à la vie dans l’Esprit Saint, afin que nous soyons ses collaborateurs dans sa mission rédemptrice qui se poursuit jusqu’à son retour à la fin des temps pour établir « de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels la justice habitera », (3) pour inaugurer les Noces de l’Agneau, (4) ses Noces, auxquelles nous sommes appelés à participer par la grâce du baptême et de la confirmation.

Notre Seigneur a envoyé sa Vierge Mère à Cova da Iria près de Fatima au Portugal en 1917, avec la mission précise de nous rappeler à la vie en Lui, à une forte identité catholique, face à la montée et à la propagation du matérialisme athée ou du communisme. En vous parlant aujourd’hui de la situation critique dans laquelle nous nous trouvons, je ne pourrais pas vous donner de meilleurs conseils que ceux que la Vierge Mère de Dieu nous a donnés, par l’intermédiaire des trois pastoureaux de la Cova da Iria : les saints François et Jacinthe Marto, et la servante de Dieu, Sœur Marie-Lucie de Jésus et du Cœur Immaculé.

Les apparitions de Notre-Dame de Fatima sont survenues à un moment où le monde traversait une crise terrifiante, une crise qui menaçait son avenir même, une crise qui, de nombreuses et effrayantes façons, continue, de nos jours, à menacer l’avenir de l’homme et du monde. C’est une crise qui a également infecté la vie de l’Église, ne touchant pas, bien sûr, la réalité objective de la vie du Christ dans l’Église pour notre salut mais, plutôt, en obscurcissant et en manipulant l’Église de l’intérieur à des fins étrangères à sa nature et donc toxiques pour les âmes.

La manifestation immédiate de la crise a été la montée du matérialisme athée ou du communisme en Russie et sa propagation dans le monde entier. Le matérialisme athée ou le communisme est le mal à la racine, car il est l’abandon de la foi en Dieu et en son plan pour notre salut éternel, tel qu’Il l’a inscrit, depuis la création, dans la nature et, surtout, dans le cœur de l’homme. C’est l’abandon du Mystère de la Foi, une indifférence, un mépris ou même une hostilité vis-à-vis de la réalité suprême de l’Incarnation rédemptrice de Dieu le Fils par laquelle Il a gagné pour l’homme le salut éternel, la demeure du Saint-Esprit, de la grâce divine, afin que l’homme puisse vivre en communion avec Dieu, en accord avec son plan pour sa création. Le Christ a gagné pour l’homme le don de sa propre vie, afin que l’homme puisse atteindre la vie éternelle, tout en préparant le monde à sa transformation, conformément au plan de Dieu, pour l’inauguration de « nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels la justice habitera ». (5) Le Christ est l’Agneau éternel de Dieu, aux Noces duquel nous sommes tous appelés à avoir une place. (6)

Dieu a préparé les messagers de la Vierge de Fatima par trois visions de l’Ange du Portugal qui ont eu lieu au printemps, à l’été et à l’automne 1916. Lors de la première vision, tout en disant aux pastoureaux de ne pas avoir peur et en leur assurant qu’il était « l’Ange de la paix », il leur a appris à réciter trois fois cette prière :

Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne vous aiment pas. (7)

Le messager de Dieu aux pastoureaux indiquait déjà la manière dont la Mère de Dieu allait conduire le monde à faire face à la grave crise du matérialisme athée ou du communisme et à son apostasie intrinsèque : la voie de la foi et de la prière, et celle de la pénitence et de la réparation.

L’apostasie ne se limite pas simplement à la négation de la foi, mais elle implique tous les aspects de la foi. Selon les termes du Dictionnaire de Théologie Catholique, « L’apostasie est un péché contre la foi, puisqu’elle rejette la doctrine révélée ; contre la religion, puisqu’elle refuse à Dieu le culte vrai ; contre la justice, puisqu’elle foule aux pieds les promesses du chrétien ». (8) Se référant à un auteur moderne qui qualifie l’apostasie de « suicide spirituel », le Dictionnaire de Théologie Catholique déclare :

Ce « suicide religieux » est, après la haine de Dieu, le plus grave des péchés, parce que plus complètement et plus définitivement que les fautes simplement opposées aux vertus morales, il sépare de Dieu les puissances de l’âme, intelligence et volonté. (9)

Il est clair que l’apostasie, explicite ou implicite, éloigne les cœurs du Cœur Immaculé de Marie et, par conséquent, du Sacré-Cœur de Jésus, seule source de notre salut. À cet égard, comme le message de Fatima le montre clairement, les pasteurs de l’Église, qui d’une certaine manière coopèrent avec l’apostasie, y compris par leur silence, portent un très lourd fardeau de responsabilité.

Les études les plus respectées sur les apparitions de Notre Dame de Fatima soutiennent que la troisième partie du Message ou Secret de Fatima a trait aux forces diaboliques qui se sont déchaînées sur le monde à notre époque et qui entrent dans la vie même de l’Église, qui éloignent les âmes de la vérité de la foi et, par conséquent, de l’Amour Divin qui coule du Cœur glorieux et transpercé de Jésus. (10) Notre Dame de Fatima précise que seule la foi, qui place l’homme dans la relation d’unité de cœur avec le Sacré-Cœur de Jésus, par la médiation de son Cœur Immaculé, peut sauver l’homme des châtiments matériels et spirituels que la rébellion contre Dieu entraîne nécessairement sur ses auteurs et sur l’ensemble de la société et de l’Eglise. Elle exhorte donc à une conversion quotidienne de la vie pour le salut des âmes et le salut du monde.

Se référant aux châtiments nécessairement liés aux graves péchés de l’époque, la Vierge, lors de son apparition le 13 juillet 1917, a annoncé la paix que Dieu veut donner aux âmes et au monde. Elle nous enseigne que la paix de Dieu viendra au monde par deux moyens : la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, et la pratique de la communion de réparation le premier samedi du mois. Notre Dame a adressé ces paroles aux enfants des bergers :

Pour empêcher cette guerre [la punition du monde de ses crimes par le moyen de la guerre, de la faim et des persécutions contre l’Église et le Saint-Père], je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis. Si l’on entend mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix ; sinon, elle répandra ses erreurs dans le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties.

À la fin, mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie, qui se convertira et il y aura un certain temps de paix. Au Portugal, le dogme de la Foi sera toujours préservé, etc. (11)

La Vierge indique le remède spirituel à la situation déplorable dans laquelle se trouvent le monde et l’Église. Elle prédit également les terribles châtiments physiques qui résulteraient de l’échec à consacrer l’agent de la propagation du communisme athée au Sacré-Cœur de Jésus par son Cœur Immaculé, et à entreprendre la pratique régulière de la réparation de tant d’offenses commises contre l’amour incommensurable et incessant de Dieu manifesté si parfaitement dans le Cœur glorieux et transpercé de Jésus.

La consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie est plus nécessaire aujourd’hui que jamais. Lorsque nous voyons comment le mal du matérialisme athée, qui a ses racines en Russie, dirige de manière radicale le gouvernement de la République populaire de Chine, nous reconnaissons que le grand mal du communisme doit être guéri à la racine par la consécration de la Russie, comme l’a demandé la Vierge. Reconnaissant la nécessité d’une conversion totale du matérialisme athée et du communisme au Christ, l’appel de Notre-Dame de Fatima à consacrer la Russie à son Cœur Immaculé, en accord avec son instruction explicite, reste urgent.

La communion de réparation des premiers samedis représente le cœur d’une vie cohérente vécue dans le Christ, une union des cœurs, unis au Cœur Immaculé de Marie, au Cœur sacré de Jésus. Nous avons l’assurance de Notre Dame que son Cœur Immaculé triomphera, que la vérité et l’amour de son Divin Fils triompheront. Nous sommes appelés à être les agents de son triomphe par notre obéissance à son conseil maternel. N’oublions pas la description de la troisième partie du Secret par Sœur Lucie, dans laquelle elle évoque « l’Ange à l’épée flamboyante » qu’elle a vu à la gauche de la Vierge :

Désignant la terre de sa main droite, l’Ange s’est écrié d’une voix forte : « Pénitence, Pénitence, Pénitence ! » (12)

Sœur Lucie décrit ensuite le martyre de ceux qui sont restés fidèles à Notre Seigneur, de ceux qui d’un seul cœur sont dans le Cœur Immaculé de Marie, dans le Sacré Cœur de Jésus. (13) Ne manquons pas d’embrasser toute souffrance qui pourrait nous atteindre à cause de notre témoignage fidèle à Celui qui est le véritable trésor de nos cœurs, à Celui qui est le Roi du Ciel et de la Terre.

La réalité de l’apostasie de la foi, qui se manifeste par la propagation du matérialisme athée à notre époque, nous effraie profondément, et à juste titre. Notre amour pour le Christ et pour son Corps Mystique, l’Église, nous fait comprendre la gravité du mal qui cherche à nous priver de notre salut éternel dans le Christ. Ne cédons pas au découragement, mais rappelons-nous plutôt que le Cœur Immaculé de la Bienheureuse Vierge Marie, assumé dans la gloire, ne cesse jamais de battre avec amour pour nous, les enfants que son Divin Fils lui a donnés alors qu’il mourait sur la Croix. (14) Avec un soin maternel, elle attire nos cœurs vers son Cœur Immaculé glorieux, afin de porter nos cœurs vers le Cœur Divin, le Cœur sacré de Dieu le Fils, qui est le Fils de Marie, qui n’a jamais cessé de battre avec amour pour nous et pour notre monde. Elle nous enseigne, comme elle a enseigné aux sommeliers des Noces de Cana dans leur détresse : « Faites tout ce qu’il vous dira. » (15) Soyons prêts, avec l’aide de la Vierge Mère de Dieu, à accepter tout sacrifice qui nous sera demandé, afin d’être de fidèles frères et sœurs du Christ, de fidèles soldats du Christ, le Fils unique de Dieu, de fidèles coopérateurs de sa grâce.

Prions chaque jour pour la conversion de la Russie, et empruntons le chemin de la prière, de la pénitence et de la réparation que nous enseigne Notre-Dame de Fatima. Faisons nôtre la prière enseignée aux enfants du saint berger par l’Ange du Portugal lors de sa première vision :

Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne vous aiment pas. (16)

En priant ainsi, n’oublions pas les paroles du même Ange, messager de Dieu auprès des enfants des bergers pour les préparer aux apparitions de la Mère de Dieu :

Priez ainsi. Les Cœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos supplications. (17)

Ne doutons jamais que les Cœurs de Jésus et de Marie sont toujours ouverts pour recevoir nos prières et nous aider dans tous nos besoins. Pour nous, suivons le conseil du même Ange, donné aux pastoureaux lors de sa deuxième apparition : « Offrez des prières et des sacrifices au Très-Haut. » (18) Faisons, comme l’Ange l’a fait pour instruire les enfants :

De tout ce que vous pourrez, offrez à Dieu un sacrifice en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs. De cette manière, vous attirerez la paix sur votre patrie. Je suis son Ange gardien, l’Ange du Portugal. Surtout, acceptez et supportez, avec soumission, les souffrances que le Seigneur vous enverra. (19)

A l’instar des saints pastoureaux, acceptons avec joie la souffrance pour le pardon des péchés et la réparation du désordre que le péché introduit toujours dans notre vie personnelle et dans le monde. Soyons réalistes face aux grands maux qui assaillent le monde et l’Église, et, en même temps, soyons pleins d’espoir dans la victoire du Sacré-Cœur de Jésus par le Cœur Immaculé de Marie, pour laquelle nous luttons chaque jour avec les incomparables armes spirituelles de la prière et de la pénitence, et de la réparation des péchés commis.

Je vous assure de mes prières quotidiennes, demandant à Notre Seigneur, par l’intercession de Notre Dame de Fatima, des Quatorze saints auxiliaires et de saint Roch, de vous garder à l’abri du mal du coronavirus COVID-19 et de tout autre mal. Que Dieu vous bénisse, vous et vos foyers.

Raymond Leo cardinal Burke


1 Cf. l’édition de la Confrérie du Père Connell, New Baltimore Catechism, n° 3 (New York : Benziger Brothers, Inc., 1949), pp. 5-7, nos. 3-4. 2 Cf. le Catéchisme de l’Église catholique, n° 2180.

3 2 Pet 3, 13.

4 Cf. Apoc. 19, 7-9.

5 2 P 3, 13.

6 Apoc. 19, 7-9.

7 « Meu Deus ! Eu creio, adoro, espero e amo-Vos. Peço-Vos perdão para os que não crêem, não adoram, não esperam e Vos não amam. » Carmelo de Coimbra, Um caminho sob o olhar de Maria. Biografia da Irmã Maria Lúcia de Jesus e do Coração Imaculado O.C.D. (Marco de Canaveses : Edições Carmelo, 2013), p. 37. [Ci-après, Carmelo de Coimbra.]

8 « L’apostasie est un péché contre la foi, puisqu’elle rejette la doctrine révélée ; contre la religion, puisqu’elle refuse à Dieu le culte vrai ; contre la justice, puisqu’elle foule aux pieds les promesses du chrétien. » Dictionnaire de Théologie Catholique, Tome premier (Paris : Letouzey et Ané, 1903), col. 1604. [Ci-après, DTC].

9 « Ce “suicide religieux” est, après la haine de Dieu, le plus grave des péchés, parce que plus complètement et plus définitivement que les fautes simplement opposées aux vertus morales, il sépare de Dieu les puissances de l’âme humaine, intelligence et volonté. » DTC, col. 1604.

10 Cf. Frère Michel de la Sainte Trinité, Toute la vérité sur Fatima. Tome 3 : Le troisième secret (1942-1960) (Saint-Parres-lès-Vaides [France] : Renaissance Catholique Contre-Réforme Catholique, 1985), p. 552.

11 « Para a impedir, virei pedir a consagração da Rússia a Meu Imaculado Coração e a Comunhão reparadora nos primeiros sábados. Se atenderem a Meus pedidos, a Rússia se converterá e terão paz ; se não, espalhará seus erros pelo mundo, promovendo guerras e perseguições à Igreja. Os bons serão martirizados, o Santo Padre terá muito que sofrer, várias nações serão aniquiladas. Por fim, o Meu Imaculado Coração triunfará. O Santo Padre consagrar-Me-á a Russia que se converterá e será concedido ao mundo algum tempo de paz. Em Portugal se conservará sempre o dogma da Fé, etc. » Carmelo de Coimbra, p. 63.

12 « O Anjo apontando com a mão direita para a terra, come voz forte disse : Penitência, Penitência, Penitência ! » Carmelo de Coimbra, p. 64.

13 Cf. Carmelo de Coimbra, p. 64-65.

14 Cf. Jn 19, 26-27.

15 Jn 2, 5.

16 « Meu Deus ! Eu creio, adoro, espero e amo-Vos. Peço-Vos perdão para os que não crêem, não adoram, não esperam e Vos não amam. » Carmelo de Coimbra, p. 37.

17 « Orai assim. Os Corações de Jesus e Maria estão atentos à vos das vossas súplicas ». Carmelo de Coimbra, p. 37.

18 « Oferecei constantemente, ao Altíssimo, orações e sacrifícios. » Carmelo de Coimbra, p. 37.

19 « De tudo que puderdes, oferecei a Deus sacrifício em acto de reparação pelos pecados com que Ele é ofendido e súplica pela conversão dos pecadores. Atraí assim, sobre a vossa Pátria, a paz ». Carmelo de Coimbra, p. 37.



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