Le pape François.
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo : La Cancillería de Ecuador/Flickr/Wikimedia Commons
Après un pontificat de 12 ans, le pape François est décédé à l’âge de 88 ans le 21 avril, jour du lundi de Pâques. Avec l’Église catholique, je vous invite à prier pour le repos de son âme afin que Dieu le juge avec miséricorde — jugement particulier auquel nous ferons tous face un jour. Je vous invite également à prier pour que Dieu nous accorde un saint pape qui saura répondre aux besoins criants de l’Église.
Dès l’annonce de son décès, nombre de médias se sont empressés de le « canoniser » en tant que pape progressiste qui a ouvert plus que tout autre l’Église au monde, au féminisme, à l’idéologie LGBT — autant d’obstacles insurmontables s’ils étaient véridiques à une canonisation en bonne et due forme —, et à l’élever aux autels pour son penchant pour les pauvres et sa lutte contre les abus sexuels, ces deux derniers aspects, cependant, ne faisant pas particulièrement de lui un progressiste.
D’un point de vue catholique, cependant, il est à souhaiter que le pape François ne fût pas tel que les progressistes voudraient nous le dépeindre. La charité chrétienne veut que nous lui donnions le bénéfice du doute.
Il faut tout d’abord citer sa défense de l’enfant à naître. Au début de l’année encore, le pape François rappelait le « ferme engagement » des chrétiens à « respecter la dignité de la vie humaine, de la conception à la mort naturelle, afin que chacun puisse chérir sa propre vie et que tous puissent regarder l’avenir avec espérance ».
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On peut également rappeler les propos du pape lors de sa visite en Belgique où il s’est recueilli sur la tombe du Roi Baudoin dans la crypte royale de l’église Notre-Dame de Laeken, le pape avait alors salué le « courage » du celui qui avait choisi de « quitter son poste de roi pour ne pas signer une loi meurtrière ». En effet, en 1990, le Roi Baudoin, catholique fervent, refusa de sanctionner la loi dépénalisant l’avortement en Belgique — dans le cadre de cette monarchie constitutionnelle, les lois doivent être signées par le roi. C’est aussi lors de cette visite que le pape a annoncé qu’il lancerait le procès de béatification de Baudoin.
Lorsqu’un journaliste lui demanda sa position sur l’avortement dans des cas extrêmes, comme celui de viol, le pape François a répondu « Il n’est pas licite d’éliminer une vie humaine pour résoudre un problème. » Le pape demanda en retour au journaliste : « Est-il permis d’éliminer une vie humaine pour résoudre un problème ? Est-il permis d’engager quelqu’un pour éliminer [l’enfant] ? » Ce à quoi son interlocuteur n’a évidemment pas répondu. Le pape déclara ensuite qu’il fallait aider les femmes en situation critique au lieu de les laisser « dans la rue », soulignant qu’une plus grande attention s’était développée ces dernières décennies par rapport à cet enjeu, « Tout un travail d’accompagnement, de don de dignité, s’est déployé ».
À une autre occasion, le pape François rappelait qu’« il n’est pas bon de créer des embryons en éprouvette » pour ensuite « les supprimer, de faire du commerce avec des gamètes et de recourir à la pratique de l’utérus à louer ». Il a dénoncé la pratique de la fécondation in vitro comme faisant partie de la « culture du jetable » — « culture » qui embrasse également l’euthanasie —, affirmant que les embryons humains ne « doivent pas être traités comme un matériau jetable ». Précisant sa pensée, il disait : « Le défi est de résister à la culture du déchet qui a tant de visages, parmi lesquels le traitement comme un matériau jetable des embryons humains, tout comme des personnes malades et âgées qui s’approchent de la mort ».
Le pape François aura employé au long de son pontificat toutes sortes de qualificatifs pour désigner le fléau de l’avortement, s’étant « fermement prononcé contre l’avortement, qu’il a qualifié de “péché grave”, de “crime”, de “mal absolu”, de “véritable meurtre”, d’“homicide” et de “défaite tragique”. Il a comparé les avorteurs à des “tueurs à gages” et à la “mafia” », rapporte la Coalition nationale pour la vie.
Cependant, tout au long de son règne le pape François aura également produit de nombreux propos, déclarations et documents qui sont, au pire, erronés, au mieux, flous ou ambigus, son exhortation post-synodale Amoris Lætitia étant la plus emblématique de tous.
Amoris Lætitia porte entre autres sur les unions illégitimes de personnes ayant déjà contracté un mariage valide avec une autre personne, ou les « divorcés-remariés ». Le problème de cette exhortation réside en ce que pas moins de 19 propositions, selon 45 théologiens, sont à tout le moins floues et propres à induire le fidèle ordinaire en erreur, notamment un passage pouvant sembler affirmer que dans certaines situations la grâce divine n’est pas suffisante pour éviter le péché grave, ou même, selon un autre passage que Dieu pourrait même vouloir que quelqu’un commette un acte objectivement grave. Ceci est particulièrement important, parce que la logique veut que cela s’étende tout acte objectivement mauvais, comme l’avortement, l’euthanasie, l’homosexualité, etc. Nombre de fidèles, dont, comme je l’ai mentionné plus haut, des théologiens, mais aussi des évêques et des cardinaux ont demandé au pape de supprimer ou d’éclaircir ces propositions, sans obtenir de réponse.
Il y a eu aussi le « Document sur la fraternité humaine pour la paix dans le monde et la coexistence commune », signé conjointement par le pape François et le grand imam d’Al-Azhar Ahmad Al-Tayyeb à Abu Dhabi, qui déclare : « Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains. » Prise telle quelle, cette déclaration affirme que les fausses religions sont voulues par Dieu aussi bien que le fait qu’il y a deux sexes, ce qui est, d’un point de vue catholique, erroné. Détails curieux, à peine quelques heures après la signature et la lecture du document, celui-ci a été légèrement modifié, donnant un résultat certes différent, mais également erroné. Un mois plus tard, Mgr Athanasius Schneider a obtenu en personne du pape François la confirmation suivante : « Vous pouvez dire que la phrase en question sur la diversité des religions signifie la volonté permissive de Dieu », ce qui est bien en soi, mais qui n’a pas été suivie de correction dans le document en question. La confusion demeure.
Le François se voulait le pape des « périphéries » et de la miséricorde. Cependant, les catholiques attachés à la messe traditionnelle n’ont pas particulièrement goûté sa miséricorde quand celui-ci a publié le motu proprio Traditionis Custodes, restreignant l’accès à la messe traditionnelle et entraînant quelques évêques à l’interdire dans plusieurs églises où les fidèles avaient l’habitude d’y assister, parfois depuis nombre d’années.
Il y eut également Fiducia supplicans, un document publié par le Dicastère pour la foi, alors sous la direction du Cardinal Fernandez, où il était question d’accorder des bénédictions non rituelles aux couples irréguliers, incluant les homosexuels. Évidemment, le document dit qu’il ne s’agit pas de bénir l’« union » irrégulière, mais le couple, ce qui revient au même, car les deux sont intimement liés. Évidemment, l’intention énoncée n’est pas de bénir le péché, mais en réalité c’est ce qui est opéré — si une telle chose était seulement possible ! La confusion plane...
Il y a eu le scandale de la Pachamama, quand le pape François a assisté à un rituel conduit par des indigènes d’Amazonie dans les jardins du Vatican, avec des statuettes de la Pachamama (déesse de la terre-mère), et que plusieurs statuettes ont été exposées dans l’église Santa Maria in Transpontina (avant d’être fort heureusement jetées à l’eau par des catholiques indignés !).
Il y a eu aussi l’accord entre le Vatican et la Chine sur la nomination des évêques, accord avec lequel ses auteurs espéraient adoucir le sort des catholiques de Chine. Naïveté ? Toujours est-il que les persécutions ont continué depuis le premier accord et que le Vatican l’a ensuite renouvelé...
Ceci n’est évidemment pas une liste exhaustive des actes du pape François. Que faut-il conclure de son pontificat ? Avant tout qu’il faut prier pour le salut de son âme, être pape est une lourde tâche, peut-être la plus lourde qu’un homme puisse porter en responsabilité, prier pour lui comme c’est le devoir de tous les catholiques de le faire.
Les médias nous ont présenté pour son possible successeur, plusieurs « papabili », dont plusieurs étant présentés comme « progressistes ». On se demande un peu de quel chapeau ils ont pigé leurs noms, surtout quand on entend une animatrice citer comme source de cette popularité un site de paris sur les cardinaux électeurs — approche on ne peut plus mondaine de la chose, comme si, mais cela a toujours été ainsi, l’esprit de ce monde avait jamais compris quoi que ce soit à l’Église.