Par S.D. Wright — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : Pixabay
10 juillet 2024 (LifeSiteNews) — Au cours des décennies, nous avons tous entendu cette phrase célèbre à de nombreuses reprises :
Je suis spirituel, mais pas religieux.
Ou encore :
Je n’aime pas la religion organisée.
Souvent, lorsque ces phrases sont exprimées, c’est sur un ton qui suggère que l’orateur pense dire quelque chose d’original.
En réaction à cette tendance chez les ex-chrétiens, les « post-chrétiens » et ceux qui n’ont jamais accepté l’Évangile, certains ont eux-mêmes adopté cette idée comme argument rhétorique en faveur du christianisme.
En 2012, un jeune protestant évangélique est devenu viral avec une vidéo de rap sur sa haine de la religion et sur le fait que, selon lui, « Jésus est venu abolir la religion » parce que le Christ, lui aussi, détestait la religion.
Cette méthode rhétorique pour parler de l’Évangile repose en partie sur le présupposé que la religion est effectivement mauvaise, étouffante, créée par l’homme et axée uniquement sur les aspects extérieurs — et, surtout, que le christianisme ou le fait de suivre le Christ ne constitue pas une religion.
Mais cela est très loin de la vérité sur presque tous les points.
Qu’est-ce que la religion ?
Cicéron affirme que le mot religion vient du mot latin relegere, « prêter une attention particulière ». Le père de l’Église du troisième siècle, Lactance, affirme qu’il vient du mot religare, « lier ». Mais quelle que soit l’origine réelle du mot, saint Thomas d’Aquin a défini la religion comme ce qui « indique la relation de l’homme avec Dieu ».
En d’autres termes, la religion signifie tout simplement l’ensemble de nos relations et de nos devoirs envers Dieu.
Les auteurs catholiques considèrent la religion à la fois comme une « chose » et comme une vertu. En tant que « chose », c’est l’ensemble des vérités, des lois et des actions qui constituent le culte que l’homme rend à Dieu. En tant que vertu, c’est l’habitude qui dispose chacun d’entre nous à remplir ses devoirs envers Dieu — en lui rendant l’honneur, le culte et l’amour qui lui sont dus.
Il doit être clair qu’il n’y a rien de sentimental ici, ni rien qui dépende des émotions, des vœux pieux, des intuitions et des sentiments — aussi bons soient-ils.
Au contraire, nous devons être clairs : la religion est simplement un fait de la vie. Le nier, c’est soit se méprendre sur le sens du mot religion, soit nier que l’homme a des devoirs envers Dieu.
Cette dernière idée — que l’homme n’a pas de devoirs envers Dieu — devrait être ridicule pour quiconque reconnaît l’existence de Dieu et son action dans le monde. Même ceux qui pensent que suivre Notre Seigneur Jésus-Christ consiste uniquement en une idée protestante de confiance en lui comme sauveur pratiquent encore une religion.
En tant que tels, les arguments rhétoriques qui établissent une opposition entre la religion et le fait de suivre le Christ sont trompeurs, déroutants pour beaucoup, et devraient être abandonnés. Le problème que cette rhétorique prétend aborder n’est pas la religion en soi, mais les fausses religions et les distorsions ou abus de la vraie religion.
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Religion naturelle et surnaturelle
Dans sa série sur la théologie naturelle (listée ici), Matthew McCusker explique comment la raison humaine naturelle peut parvenir à la certitude de l’existence d’un être suprême — Dieu — et à la connaissance de plusieurs de ses attributs clés.
Ce processus aboutit à nous faire réaliser que non seulement Dieu existe, mais qu’il doit exister : c’est un être nécessaire, que quoi que ce soit d’autre existe ou non.
À l’issue de ce processus, nous apprenons que Dieu est bon et omnipotent, et qu’il est le créateur, le conservateur et le chef de toutes les créatures.
Tout ce qui existe (y compris nous) dépend de lui. Notre statut de créatures (êtres créés), dépendant de Dieu pour notre existence à chaque instant de notre vie, indique quels sont certains de nos devoirs envers lui.
Nous sommes ainsi conduits à la certitude que Dieu nous a créés pour le connaître, l’aimer et le servir dans ce monde.
C’est la base de la « religion naturelle » — l’ensemble des vérités à connaître et des actions à observer dans le culte de Dieu.
La religion surnaturelle
Le processus de raisonnement qui nous conduit à la religion naturelle nous amène également à réaliser que Dieu est infini, et donc infiniment au-dessus de nous.
La raison humaine sans aide peut nous mener jusqu’ici, mais il ne s’ensuit pas qu’elle puisse nous fournir une connaissance complète de Dieu.
Au contraire, l’infinité et la transcendance de Dieu peuvent nous amener à soupçonner qu’il y a beaucoup de choses à son sujet que nous ne pouvons pas atteindre par notre seule raison.
À ce soupçon correspond la possibilité que Dieu choisisse de nous révéler des vérités sur lui-même, de nous élever au-dessus de l’ordre qui nous est naturel et de nous établir dans un ordre supérieur, surnaturel — avec une fin correspondante (un but correspondant), également au-dessus de notre nature.
S’il devait en effet donner à l’homme une révélation divine de vérités au-dessus de notre raison, ce serait la base de la « religion surnaturelle » — également appelée « religion positive » ou « religion révélée ».
Comme nous le savons — et comme nous verrons comment l’expliquer et le prouver en temps voulu —, c’est précisément ce qui s’est passé.
Il y a bien une révélation surnaturelle
En attendant, faisons un rapide tour d’horizon de ce qui s’est passé dans l’histoire de l’humanité.
Dieu nous a en effet révélé des vérités que notre raison naturelle ne pourrait jamais atteindre, notamment la nature trine de Dieu, l’incarnation de la deuxième personne de cette Sainte Trinité, la rédemption qu’il a accomplie pour nous et le jugement auquel il nous soumettra en temps voulu (ainsi que d’autres vérités).
Il a également révélé des vérités naturelles que la raison aurait pu atteindre sans révélation, mais avec beaucoup de difficultés.
Mais Dieu ne s’est pas contenté de nous révéler des vérités. Il nous a également élevés à un ordre d’existence surnaturel et nous a ordonnés à recevoir une récompense surnaturelle, à savoir l’adoption en tant que fils dans le Fils lui-même, et une éternité bienheureuse dans la vision béatifique et la vie du Dieu trinitaire.
Lorsqu’il s’agit de telles vérités divinement révélées, nous y souscrivons sur l’autorité du Dieu tout-puissant, qui ne peut ni tromper ni être trompé.
Cet assentiment est certain, inébranlable et irrévocable — parce qu’il est fondé sur ce que le Dieu suprêmement bon et vrai a révélé être ainsi.
Cet assentiment est ce que l’on entend par « foi », que l’on pourrait appeler un sacrifice ou une génuflexion de l’intellect — non pas parce que l’intellect est détruit ou humilié dans cet assentiment, mais parce qu’il est soumis à Dieu d’une manière qui est juste et appropriée, et en accord avec la raison elle-même.
C’est dans la foi, dans ce sacrifice ou cette génuflexion de l’intellect, que la raison humaine est élevée et perfectionnée.
Conclusion : Le rôle de la théologie fondamentale
L’un des objectifs de la théologie fondamentale est de démontrer que Dieu peut faire et a fait une révélation surnaturelle à l’humanité, et de montrer où se trouve la religion surnaturelle.
Si l’on reprend les expressions courantes mentionnées au début, on constate que si la religion naturelle a pu être plus ou moins désorganisée et intérieure, la religion surnaturelle ou révélée sera aussi organisée que Dieu le voudra.
Nous devons nous garder de la présomption de déclarer, d’après nos lumières personnelles, quel genre de religion nous pensons que Dieu donnerait ou ne donnerait pas à l’humanité. Au contraire, nous sommes obligés de chercher ce qu’il a effectivement établi dans le monde et de nous y soumettre.
Chercher avec diligence si Dieu a effectivement établi une telle religion révélée, et s’y soumettre si c’est le cas, sont deux tâches extrêmement importantes dans la vie de chaque membre de la race humaine — même si ce que nous trouvons peut ne pas correspondre à nos préférences, à nos goûts ou à nos attentes.
C’est la raison pour laquelle nous explorons et expliquons les arguments de la théologie fondamentale : pour permettre aux lecteurs de voir comment nous pouvons savoir, avec certitude, que les affirmations de l’Église catholique romaine sont inattaquables et que la religion catholique est bien la religion de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Cette série s’appuie sur des ouvrages classiques de théologie fondamentale et d’apologétique, et explique les concepts en termes simples. Cet article a été inspiré par le chapitre correspondant de l’ouvrage Apologetics de Mgr Glenn.
La théologie fondamentale simplifiée (en cours)
Christians have a strict duty to develop their understanding of the faith
Voir aussi :
La théologie naturelle simplifiée (en cours)
- Série sur la philosophie catholique — les étapes
- Dieu existe. Mais son existence est-elle évidente en elle-même ?
- Est-il possible de prouver l’existence de Dieu ?
- L'existence de Dieu peut être connue à la lumière de la raison naturelle
- Sans Dieu, rien d’autre ne peut exister
- Les êtres créés ne peuvent pas être à l’origine de la création — seul Dieu peut l’être
- L’Église catholique enseigne que les hommes peuvent connaître l’existence de Dieu par la seule raison
- La philosophie scholastique
- Nietzsche et Kant ne vous mèneront pas à la vérité — c’est la philosophie scolastique qui le fera