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Québec — projet de loi pour instaurer le « don » d’organes présumé

Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo : lenets tan/Adobe Stock

Vous vous demandez peut-être pourquoi je dis le « don d’organes présumé » et non le « consentement présumé au don d’organe ». Je m’explique : un don se fait normalement avec le consentement du donateur — d’où la redondance des termes. Mais parlant de consentement, un don se fait sciemment de la part du donateur, vous ne pourriez présumer qu’un quidam consent à vous donner sa voiture s’il ne vous a pas clairement précisé son accord — autrement c’est du vol.

Ces deux considérations devraient être évidentes, mais elles semblent avoir échappé au député libéral provincial de Pontiac, André Fortin, qui a déposé une proposition de loi à l’Assemblée nationale du Québec visant à instaurer la « présomption de consentement au don d’organes ou de tissus après le décès ». Cette formulation tiendrait-elle devant un tribunal impartial ?

Le prétexte pour étendre ainsi le prélèvement d’organes est que la liste des personnes en attente d’un organe a augmenté depuis la « pandémie ». André Fortin affirme, selon CISION :

« Malheureusement, la liste des personnes en attente d’un don d’organes a connu une augmentation marquée depuis la pandémie. Le don d’organes ne doit plus être un fait rare. Il est temps, au Québec, de légiférer en ce sens pour sauver toujours plus de vies grâce aux avancées spectaculaires de la médecine. Ayant obtenu, hier, l’appui du ministre de la Santé, il ne reste à la CAQ qu’à appeler le projet de loi pour son étude et son adoption. »

Manque-t-il donc de donneurs pour que le représentant de Pontiac veuille ainsi augmenter leur nombre ? Mais de quelle façon ce nombre augmenterait-il ? Qu’est-ce qui pousserait ceux qui ne se sont pas enregistrés parmi les donateurs à s’enrôler dans les rangs de cette brillante compagnie ? Précisément… rien, sauf peut-être l’oublie de s’être faits enregistrés parmi les prosaïques non-donateurs, puisque le « don » est présumé. M. Fortin assure, bien sûr, que son projet de loi prévoit d’importantes balises pour encadrer la pratique, et que les proches du « donateur » présumé seront consultés au cas où ils auraient eu connaissance des volontés du présumé « donateur » de ne pas se faire prélever ses organes… sauf en cas d’urgence !

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Or, dans quel cas le prélèvement d’organes ne se fait-il pas d’urgence ? Pas sur les personnes décédant de maladie ou de vieillesse, puisqu’il n’y a rien d’intéressant à récupérer… Sur qui alors ? Sur les personnes accidentées ou victimes d’arrêt cardiaque. C’est-à-dire souvent sur des personnes que l’on doit prélever d’urgence si l’on veut récupérer quelque chose. Il y a bien une catégorie de personnes dont la mort est prévisible et pour lesquelles ont peut planifier le prélèvement ainsi que la consultation des proches : ceux que l’on va euthanasier. Il y a aussi ceux dans le « coma irréversible », mais dont la situation est stable.

Ainsi, avec l’extension toujours plus large de l’euthanasie, c’est de plus en plus de chair fraîche, d’une qualité de plus en plus grande, qui se trouve disponible.

Si l’on revient à cette idée de « don présumé », l’État se ferait-il propriétaire de nos corps, puisqu’il peut se servir sans demander notre avis ? Mais alors, que vient faire cette histoire de « don » ? Il se fait plutôt voleur en avançant la plus improbable des formules : « présomption de consentement au don d’organes ou de tissus après le décès » — et voleur de corps. M. Fortin devrait plutôt, par souci d’honnêteté, demander le « prélèvement automatique des organes sauf avis contraire ».

Mais il y a un autre problème. On prétend que le prélèvement d’organe que l’on ne pourrait opérer sur un sujet vivant sans le tuer se fait sur des sujets décédés. Or, précisément, le prélèvement d’organes ne se fait pas sur des personnes décédées, mais sur des personnes dites en état de « mort cérébrale ».

Le terme « mort cérébrale », comme l’explique le Pr Doyen Nguyen de l’Université pontificale St Thomas d’Aquin à Rome, a été inventé par un comité d’Harvard en 1968 pour les besoins de la transplantation d’organes. En effet, les rapports de ce comité indiquent un lien utilitaire entre la création du terme « mort cérébrale » — alors « coma irréversible » ou « coma dépassé » — et les intérêts de la transplantation. L’idée de « mort cérébrale », quand le cerveau est considéré comme n’étant définitivement plus fonctionnel, n’existerait tout simplement pas sans la pratique de la transplantation. Ce terme n’a pas été inventé auparavant parce qu’il découlait des observations de la médecine et des déductions de la logique, il a été inventé pour satisfaire les demandes d’une médecine utilitaire.

Le Pr Nguyen, pour illustrer ce lien, cite un article de deux partisans du prélèvement d’organes sur personnes dites en état de « mort cérébrale », Kompanje et De Groot, examiné par les pairs :

Supposons qu’un de vos proches soit admis à l’unité de soins intensifs avec une hémorragie sous-méningée et que vous êtes assis près de son lit, submergé par les émotions et lui tenant la main. Votre proche est dans un profond sommeil comateux, connecté à un respirateur ; des vasopresseurs intraveineux sont nécessaires pour maintenir sa tension artérielle stable. Vous espérez le mieux, mais craignez le pire. Et le pire arrive. Le réanimateur vous dit que son cerveau est mort. Puis, il vous demande la permission de prélever ses organes. Vous et votre être cher n’aviez jamais pensé à ce scénario de mort. Vous aviez entendu parler de la mort cérébrale, mais vous n’avez pas d’image de celle-ci dans votre tête. Vous demandez au médecin : « Quand va-t-elle mourir » ? Il répond : « Elle est déjà morte. » Vous ne le croyez pas parce qu’il y a tant de signes de vie. Sa peau est chaude, son cœur bat. […] Prélever ses organes alors que son cœur bat encore ressemble à une scène d’un film d’horreur bon marché. […] Nous sommes, comme la plupart des réanimateurs, très favorables au don d’organes pour la transplantation. Tout le concept du don d’organes est fondé sur le fait que le donneur d’organes potentiel est réellement mort au moment où la mort cérébrale est déclarée. Il s’agit là d’un élément essentiel pour que le don d’organes soit accepté, même à distance, par le public. Il faut s’assurer que l’être cher est mort avant de prélever les organes. Mais, le simple fait que de nombreux patients en état de mort cérébrale puissent continuer d’exercer diverses fonctions intégratives pendant une période de temps indéfinie, dont le maintien de la température corporelle, la fonction hormonale hypothalamique persistante et adéquate, la régulation de l’homéostasie du sel et de l’eau, la digestion des aliments administrés, la guérison des plaies, l’augmentation des indicateurs infectieux et la guérison des infections, les réactions au stress aux interventions corporelles comme la chirurgie et la grossesse chez la femme enceinte en état de mort cérébrale, pousse certains à se demander si le patient est aussi « mort » que ce que disent les médecins. Certains se méfient de l’affirmation selon laquelle le patient a été déclaré « mort ». Par exemple, il est très difficile de voir une femme enceinte en état de « mort cérébrale », dans le ventre de laquelle un fœtus grandit pendant une période de 2 à 3 mois après la détermination de la mort cérébrale, comme « cadavre ». Il y a trop de signes de vie. Déclarer ces patients « morts » uniquement sur la base d’une « définition » semble contredire notre sens commun de la définition d’un être vivant. La mort cérébrale est, depuis les premières définitions dans la littérature scientifique en 1968, étroitement liée au don d’organes. C’est pourquoi, selon certains chercheurs, assimiler la mort cérébrale à la mort est une fiction morale et juridique […] Sans les besoins de la médecine de transplantation, la « mort cérébrale comme mort » n’existerait pas du tout, mais serait considérée comme […] un coma […] irréversible (le coma dépassé). (2)

Il est en effet contradictoire de déclarer qu’une personne est morte quand son corps est encore vivant ! Et le trait le plus frappant de cette contradiction est sans doute le cas des femmes enceintes en état de « mort cérébrale » qui porte jusqu’à terme le bébé qui est bien vivant, grâce à elles…

À ce propos, une « éthicienne » norvégienne avait récemment avancé l’idée, dans la ligne droite du concept selon lequel vous êtes mort quand votre cerveau n’est plus fonctionnel, d’utiliser les femmes en état de « mort cérébrale » comme incubateur !...

Et puisque les « morts cérébraux » ne le sont en fait pas, cela veut dire que les euthanasies suivies d’un prélèvement d’organes sont en fait un prélèvement d’organes euthanasique : car le prélèvement d’organes tue un être vivant, et les préleveurs n’ont que faire d’organes d’un corps mort..

Tout ceci nous ramène au débat entre pro-vie et pro-choix-de-mort. L’idéologie de ces derniers prétend que les êtres humains ne sont des « personnes » que lorsqu’ils sont conscients : d’où l’avortement, l’infanticide, l’euthanasie des comateux et le prélèvement de leurs organes ; pire, cette idéologie considère que même si un être humain est vraiment une « personne » on peut la tuer dans certain cas malgré son innocence si, par exemple, sa qualité de vie ne répond plus aux attentes mondaines, ou s’il impose un fardeau aux autres, ou encore s'il exprime la volonté de mourir, surtout si l’on peut tirer profit de sa mort : d’où la justification de l’avortement prétendument pour « sauver » la vie de la mère, l’euthanasie des malades mentaux et des gens déprimés, et bien d’autres. Le fait que l’on puisse tuer un être humain innocent en vue d’un bien prétendument plus grand ouvre la porte à toutes les aberrations utilitaires possible : assassinat, torture, mensonge, contrôle, eugénisme, etc. C’est ce que résume l’adage de Machiavel : « La fin justifie les moyens ».



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