Steven Mosher, fondateur et président du Population Research Institute.
Par Diane Montagna — traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : LifeSiteNews
Rome, le 23 mai 2019 (LifeSiteNews) — Le gouvernement chinois prélève les organes de prisonniers vivants pour approvisionner son industrie lucrative de transplantation d’organes, a déclaré à LifeSiteNews un expert de premier plan sur la Chine.
Il appelle donc le Vatican à s’exprimer sur la question.
Steven Mosher, fondateur et président du Population Research Institute (Institut de recherche sur la population), s’est entretenu cette semaine à Rome avec John-Henry Westen, rédacteur en chef de LifeSiteNews (voir vidéo complète ici).
M. Westen s’est entretenu avec M. Mosher lors de la conférence de la John Paul II Academy for Human Life and the Family (Académie Jean-Paul II pour la vie humaine et la famille), les 20 et 21 mai, sur « La mort cérébrale : Une construction médico-légale : Preuves scientifiques et philosophiques ».
M. Mosher a déclaré que la Chine — grand premier mondial dans le domaine de la transplantation d’organes — est passée à une version « plus avancée » de sa pratique qui dure depuis des décennies et qui consistait en l’exécution des prisonniers pour leurs organes, et « actuellement à paralyser les victimes » afin d’extraire leurs organes alors qu’ils sont encore vivants.
La politique chinoise d’exécution de prisonniers pour leurs organes « a commencé sérieusement dans les années 1990, lorsque la secte bouddhiste connue sous le nom de Falun Gong a été arrêtée par centaines de milliers », précisa-t-il. « Nous avons commencé à recevoir d’horribles témoignages, racontés à la première personne, sur la façon dont certains prisonniers étaient pris et exécutés, spécialement pour leurs organes. »
« Au début, c’était assez grossier », explique Mosher. « Ils forçaient le prisonnier à s’agenouiller, lui tirait une balle dans la tête, puis ils avaient un véhicule d’urgence juste là avec une table d’opération, et ils prélevaient les organes — le cœur, la cornée, tous les organes précieux qui pouvaient être vendus pour des dizaines de milliers de dollars. »
« Les organes étaient ensuite placés dans des chambres froides et transportés dans des salles d’opération où ils pouvaient être transplantés », a-t-il dit.
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Mosher a expliqué que, plus récemment, la Chine est passée à une « version plus avancée » en paralysant simplement leurs victimes. « La victime est toujours en vie et respire mais ne peut pas bouger parce que ses muscles sont paralysés, et ils extraient les organes pendant que la personne est encore en vie — le cœur, le foie, les reins, tout ce que vous pouvez imaginer qui a une valeur monétaire est enlevé. »
« Il y a énormément d’argent, bien sûr, dans les transplantations d’organes, et la Chine fait plus de transplantations d’organes que le reste du monde pris dans son ensemble ».
Pourquoi ce faible temps d’attente ?
Mosher a noté qu’il y a toujours eu « quelque chose de particulier » dans l’industrie de la transplantation d’organes en Chine. En Occident, dit-il, « on peut attendre six mois, un an ou une éternité pour un rein ou un cœur. » Mais en Chine, « on détermine votre groupe tissulaire dès votre arrivée » et « généralement dans la semaine et parfois dès 24-48 heures vous avez le cœur, le rein ou le foie que vous attendiez ».
« La seule façon d’y parvenir est d’avoir un million de condamnés à mort dans le couloir de la mort en Chine dont on a déjà déterminé le groupe tissulaire », a déclaré Mosher. « Ils mettent les tissus de l’acheteur potentiel de l’organe dans l’ordinateur et quand une correspondance est trouvée, cette personne est exécutée, et ses organes sont retirés et immédiatement transplantés dans l’acheteur. »
Déni et camouflage
M. Mosher a déclaré que le gouvernement chinois s’était « donné beaucoup de mal » pour nier cette réalité.
En 2010, disait-il, le régime a créé un programme pour suggérer que « les dons volontaires d’organes augmentent de façon spectaculaire » et sont légalement acquis « des personnes qui donnent leur consentement éclairé ».
Mais Mosher, qui a été le premier à exposer la politique de l’enfant unique en Chine, a souligné qu’il y a des questions sur ce que signifie réellement le « consentement éclairé » en Chine. Il a déclaré qu’en vertu de la politique de l’enfant unique, la Chine forçait les femmes à avorter leurs enfants « à sept mois de grossesse », tout en affirmant qu’elles avaient donné leur « consentement éclairé ».
Il a déclaré que la nouvelle affirmation du gouvernement chinois, selon laquelle il y a eu une « augmentation linéaire » du don volontaire d’organes, est de la propagande « clairement fabriquée ». « C’est clairement une couverture propagée par les médecins chargés du programme de transplantation d’organes... pour convaincre le monde que, oui, nous avons des millions de Chinois qui ont maintenant volontairement fait don de leurs organes. »
Le Vatican va-t-il s’exprimer ?
M. Mosher a ajouté que le gouvernement chinois avait également déployé des efforts considérables pour convaincre l’Académie chinoise des sciences qu’il était déterminé à mettre fin aux abus dans le cadre du programme de transplantation d’organes.
« Il serait donc très utile que l’Académie pontificale des sciences, dirigée par l’archevêque Marcello Sorondo, s’élève contre la pratique persistante du prélèvement d’organes en Chine sur des personnes exécutées pour leurs organes », a-t-il dit.
En février 2018, l’archevêque Sorondo a fait l’objet de vives critiques après avoir loué le régime communiste chinois pour être « le meilleur exécutant de la doctrine sociale catholique ». Le Chancelier de l’Académie pontificale des sciences a ajouté dans la même interview que « la Chine a défendu la dignité de la personne humaine ».
M. Mosher a déclaré à LifeSite qu’il avait envoyé à Mgr Sorondo une récente étude montrant que les données de la Chine avaient été fabriquées de toutes pièces, ainsi que les histoires [couvrant celles] des victimes. « Eh bien, » ajouta-t-il, « on ne peut pas vraiment parler à propos des victimes dans cette affaire, parce que les victimes sont toutes mortes, mais on peut rencontrer des gens qui ont témoigné du fait que l’assassinat de prisonniers se poursuit toujours. »
« Si vous mettez tout cela ensemble — la vitesse à laquelle vous pouvez obtenir une transplantation, les données fabriquées, les rapports de consentement extorqué à des individus — ce n’est pas une belle image », a-t-il dit. « Nous avons toujours des violations massives des droits de l’homme en Chine. Il s’agit de tuer littéralement des gens pour tirer profit de leurs organes. »
M. Mosher a également noté que, le mois dernier, les États-Unis avaient demandé une enquête sur le problème de l’exécution de prisonniers pour leurs organes, et il a invité le Vatican à faire de même.
« Je pense que beaucoup de gens parlent de cela d’une seule voix, et il serait utile que Mgr Sanchez Sorondo ajoute sa voix à celles de ceux qui demandent à la Chine de mettre fin à cette horrible violation des droits de l’homme », ajouta-t-il.
« C’est une grosse affaire, » dit-il. « C’est une affaire dont les responsables du Parti communiste profitent probablement, et c’est une affaire qu’ils ne voudront probablement pas abandonner à moins qu’il y ait une énorme pression internationale. »
Pourtant, a-t-il ajouté, pour la Chine, c’est normal. « Souvenez-vous, c’est un gouvernement spécialisé dans les violations des droits de l’homme. » Il a expliqué :
Si vous citez un droit de l’homme, la Chine est probablement en train de le violer. Ce pays exécute chaque année plus de personnes que le reste du monde réuni. Il a avorté de force des centaines de millions de femmes en vertu de la politique de l’enfant unique qui a duré 35 ans. Ce pays a emprisonné entre 1 et 3 millions de musulmans ouïghours et kazakhs dans l’extrême ouest ces dernières années, les obligeant à manger du porc, à boire de l’alcool et à réciter les paroles de Xi Jinping. Ils démolissent des églises catholiques à droite et à gauche, détruisant des églises protestantes, ce qui correspond donc au modèle d’un régime motivé par la soif de pouvoir et de l’argent.
« Je pense que l’Église catholique devrait joindre sa voix à celles d’un certain nombre d’entre nous qui critiquons les violations des droits de l’homme commises par la Chine et aider à y mettre fin », a dit M. Mosher.