Être des Témoins vigilants et intrépides de la Sagesse
Martyre de sainte Euphémie.
Par l’Abbé J.-Réal Bleau (pour le 20e dimanche après la Pentecôte) ― Photo (modifiée) : Wikimedia Commons
Saint Paul nous adresse aujourd’hui un pressant appel à la sagesse : « Ayez soin, mes frères, de marcher avec précaution, non comme des insensés, mais comme des hommes sages. » (Ep 5 15). Quiconque se trouve dans un pays ennemi et marche sur un chemin plein d’embûches, ne doit-il pas redoubler de vigilance et d’attention ? Telle est la situation des chrétiens dans le monde présent. Ce monde étant ennemi de Dieu, les chrétiens qui y marchent sans précaution, risquent de perdre la foi. Évitant donc l’attitude des étourdis qui marchent sans but ou sans savoir s’ils vont bien au but, les chrétiens doivent être des sages, en prévoyant, dans la mesure qu’ils le peuvent, toutes les difficultés et en prenant les mesures nécessaires pour les surmonter et arriver ainsi sûrement au but qu’ils ne doivent jamais perdre de vue : le salut éternel.
Quelles que soient les difficultés dont nous puissions être assaillis, nous devons affermir nos pas dans la voie du salut, et, dans cette intention, garder bien pure notre sainte foi, la professer hautement et la défendre courageusement. Notre Seigneur nous a prédit que nous serions en butte à la haine du monde à cause de notre foi : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous... Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : il n’y a pas de serviteur plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ». (Jean 15, 18-20). Au sein d’un monde hostile, il nous faut être vigilants dans tout notre comportement, afin que, la vérité mise à part, nous ne donnions à personne d’autre motif de haine contre nous. La vérité, lorsqu’elle est confirmée par l’exemple, finit toujours par triompher.
« Soyez sages, rachetez le temps, car nos jours sont mauvais » (Ep 5 16). « L’Apôtre ne dit pas cela, écrit saint Jean Chrysostome, pour nous conseiller d’être souples afin de ne pas déplaire à ceux qui nous sont hostiles. Voici ce qu’il veut dire : Le temps n’est pas à vous ; vous n’êtes en ce monde que des étrangers, des voyageurs de passage : ne cherchez pas les honneurs, ne cherchez pas la gloire, ne cherchez pas la puissance, ne cherchez pas la vengeance ; souffrez tout, et par ce moyen rachetez le temps… On vous poursuit pour vous dépouiller : donnez tout ce qu’on vous demandera, gardez seulement le principal, à savoir : la foi. »
1 réaction Lire la suiteÊtre possédés par Jésus
Par l’Abbé J.-Réal Bleau (pour le 19e dimanche après la Pentecôte) ― Photo (côtés flous rajoutés) : Kansallis Galleria/Wikimedia Commons
La vie chrétienne consiste en un perpétuel renouvellement intérieur. Nous avons déjà revêtu, lors de notre baptême, l’homme nouveau qui est Jésus-Christ. Mais qui, pérégrinant sur la terre comme dans une vallée de larmes, et se blessant parfois à ces pierres du chemin que sont les tentations du démon, ne pourra jamais dire qu’il a parfaitement revêtu Jésus-Christ ? Tous les jours jusqu’à la fin de notre vie, nous aurons besoin de nous renouveler intérieurement, de nous dépouiller du mal qui colle à notre âme comme un vêtement sale et de revêtir davantage Jésus-Christ.
Ce renouveau intérieur doit s’exprimer en une conduite extérieure toujours plus vraie, plus aimante et sainte. Avec l’aide de Jésus, et les yeux fixés sur Lui, nous devons progresser chaque jour dans la vérité, la charité, la douceur, la justice, la chasteté, et donc dans le renoncement à tout ce qui peut ternir ces vertus. Nous devons ainsi nous livrer chaque jour davantage à notre divin Sauveur Jésus-Christ. Autrement, il ne pourrait satisfaire son dessein miséricordieux de prendre de plus en plus possession de nous pour nous communiquer son Esprit, ses vertus, sa sainteté.
Le seul grand désir qui devrait nous habiter au point de devenir en nous une obsession à la fois très forte et très douce, une sainte obsession, c’est d’être possédés par Jésus, de manière que ce ne soit plus nous qui vivions, mais Lui en nous. Car c’est en lui donnant toute notre liberté, que nous deviendrons vraiment libres. C’est en jetant toutes nos pensées, nos paroles, nos actions dans le foyer ardent de son Cœur, qu’Il les purifiera comme l’or l’est par le feu, qu’il les transformera toutes en son amour, et qu’elles deviendront entièrement siennes. Est-il possible d’appartenir ainsi à Jésus sans perdre notre identité personnelle ? Notre raison éprouve quelque difficulté à le comprendre, mais il n’y a aucun doute que plus une âme appartient à Jésus, plus elle réalise sa véritable identité. Tel est le mystère de l’amour personnel de Jésus pour chacun de nous. Lui seul, dans un mystère de communion intime de notre pauvre être humain avec sa sainte humanité et sa divinité, nous fait être la personne que Dieu veut que nous soyons. Lui seul délivre les hommes pécheurs des ténèbres du mensonge qui les enveloppent et les établit dans la pleine lumière de la vérité.
1 réaction Lire la suiteVivre dans l’action de grâces
Saint Dominique Savio.
Par l’Abbé J.-Réal Bleau (pour le 18e dimanche après la Pentecôte) ― Photo : Wikimedia Commons
Écrivant pour la première fois aux Corinthiens, saint Paul commence sa lettre par un chant d’action de grâces à Dieu pour la miséricorde qu’Il leur a manifestée en les appelant à la foi chrétienne et en confirmant cet appel à la vraie religion par les dons spirituels les plus désirables : « Je rends grâces à mon Dieu pour vous sans cesse à cause de la grâce de Dieu qui vous a été donnée dans le Christ-Jésus. De ce que vous avez été faits en Lui riches en toutes choses, en toute parole, en toute science : ainsi le témoignage du Christ a été confirmé par vous, de sorte que rien ne vous manque en aucune grâce, à vous qui attendez la manifestation de notre Seigneur Jésus-Christ » (1 Cor 1 4-7). Si Dieu, poursuit l’Apôtre, après vous avoir appelé à la vie chrétienne, vous a comblés de grâces, c’est afin que vous persévériez dans la vraie foi et dans la charité jusqu’à la fin et que vous soyez irréprochables au grand jour du retour glorieux de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Ces paroles du Docteur des nations, l’Église nous les adresse, à nous aussi, aujourd’hui. Car souvent nous ne réalisons pas l’immense privilège que nous avons d’avoir reçu d’elle le don de la foi, par lequel Dieu nous a adoptés, en son Fils Jésus, comme ses véritables enfants. De sorte que nous pouvons l’appeler d’une façon très réelle du doux nom de Père. Les croyances d’aucune autre religion ne fondent des relations personnelles avec Dieu comme celles qu’ont les enfants à l’égard de leur papa, et qui n’éprouvent de joie plus grande que de reposer dans ses bras, près de son cœur. Certes, un enfant ne peut pas toujours être dans les bras de son père, mais son bonheur habituel sera de vivre sous son regard affectueux, d’être avec lui, de demeurer en sa présence, sous sa protection, en se sentant aimé de lui. C’est la religion que Jésus-Christ, le grand frère de « tous ceux qui ne sont pas nés de la chair et du sang mais de Dieu » enseigne au monde. Religion d’amour, de confiance et de force tranquille, victorieuse de toutes les épreuves, qu’en son Fils, Dieu le Père communique par son Esprit à ses enfants bien-aimés, auxquels il veut faire partager la joie infinie de son royaume.
L’apostasie de la foi chrétienne qui se fait jour à l’échelle mondiale s’enracine largement dans une noire ingratitude à l’égard de l’Église catholique, mère de l’unique civilisation qui, en lui apportant les insondables richesses du Christ, a changé complètement la face du monde. Toute ingratitude naît de l’orgueil. L’orgueil qui s’obstine à ne pas reconnaître les immenses bienfaits reçus de Dieu pour le bonheur de l’humanité par la médiation de son Église, conduit non seulement à la négation de toutes les grâces venant du Créateur mais à la négation du Créateur lui-même. C’est alors le passage de la foi en Dieu au règne absolu d’une nouvelle divinité, la Science moderne, sans cesse en évolution, dont les erreurs et les mensonges, parfois évidents, sont déclarés vérités infaillibles, qu’aucun homme, si savant soit-il, n’a le droit de mettre en question. C’est dans cette dictature pseudo-scientifique de la pensée, fondée sur le rejet de la Révélation divine comme source première de la vérité, que le monde s’enfonce de plus en plus en raison de son apostasie de la vraie foi.
L’action de grâces envers Dieu dans laquelle nous devrions vivre constamment n’est pas seulement un devoir religieux essentiel, expression fondamentale de la foi et de l’amour de Dieu, mais aussi un devoir social universel, sans l’accomplissement duquel les plus graves crises, qu’elles soient politiques, économiques et même sanitaires, ne trouveront jamais de solution ordonnée à la paix et au bien-être de tous. Sans une profonde et continuelle reconnaissance à l’égard du Créateur et Sauveur de tous les hommes, il n’en peut résulter que l’enfermement en elle-même de la raison privée de la lumière divine, et par suite l’incapacité des âmes de recevoir la miséricorde infinie de Dieu, qui est ce dont le monde actuel a le plus besoin.
J.-R.B.
1 réactionJésus-Christ et le nouvel ordre mondial
Par l’Abbé J.-Réal Bleau (pour le 17e dimanche après la Pentecôte) ― Photo : Wikimedia Commons
Comme chrétiens, nous enseigne en substance saint Paul, vous devez donner l’exemple à tous ceux de l’extérieur de la plus parfaite unité entre vous. Mais, ne vous faites pas d’illusion : cette unité est difficile à conserver, car elle est le fruit de la pratique commune et fervente des vertus théologales et morales, d’abord de la foi en Dieu, notre Père du ciel et d’une authentique charité qui doit s’exprimer, vis-à-vis du prochain, surtout par la patience, la douceur et l’humilité. Efforcez-vous donc de pratiquer ces vertus, comme votre vocation vous y oblige, cette vocation sublime par laquelle Dieu vous a tous appelés à être ses enfants et ses héritiers, en participant à l’héritage du Christ, son Fils unique.
On entend dans les paroles de l’Apôtre l’écho de la prière sacerdotale de Jésus : « Père, je ne prie pas pour le monde mais pour ceux que vous m’avez donnés, parce qu’ils sont à vous... Père saint, gardez-les par votre nom que vous m’avez donné, afin qu’ils soient un comme nous... Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un comme vous, Père, êtes en moi et moi en vous, afin qu’eux aussi soient un en nous pour que le monde croie que c’est vous qui m’avez envoyé » (Jn 17 9, 11, 20-21).
C’est à l’unité la plus haute, qui soit une image vivante de celle qui subsiste entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint, que Jésus appelle ses disciples. Cette unité dans la même charité divine doit démontrer aux yeux de tous que les chrétiens ne sont pas, comme les païens, unis de force par la contrainte extérieure, mais un en Jésus-Christ, à la fois dans leurs sentiments et leur manière d’agir. Cette unité spirituelle des membres du Christ entre eux est si importante qu’elle doit être un signe fort de la vérité pour que le monde croie en la mission de Jésus comme unique sauveur du monde. L’Église catholique, s’étendant à l’univers, ordonnée par Dieu au salut, dans le temps et l’éternité, de tous les hommes, est la réponse fondamentale à l’aspiration de l’humanité entière à un nouvel ordre mondial assurant la paix et la prospérité des diverses nations. Car il ne peut exister de véritable ordre mondial sans le fondement spirituel d’une religion mondiale.
Tous les hommes créés par le même Père du ciel devraient constituer ensemble la grande famille des enfants de Dieu. Cette unité universelle qui correspond au plan de Dieu a été brisée radicalement par le péché commis par nos premiers parents, à l’instigation du Père du mensonge et père de toute division et de tout désordre. La brisure radicale de l’unité de la grande famille humaine ne pouvait être réparée que par le Fils unique du Père venant s’incorporer, par la foi, tous les hommes de bonne volonté. Sans la foi en Jésus-Christ, le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois, un nouvel ordre mondial, où toutes les nations seraient unies pour le plus grand bien de tous, est et sera toujours l’illusion des illusions. Le nouvel ordre mondial actuellement mis en marche par les organismes internationaux ne peut être en réalité qu’une entreprise diabolique d’une hypocrite dictature exercée sur le monde entier.
Les divisions et la confusion doctrinale que l’on constate présentement à l’intérieur de l’Église représentent les succès temporaires du démon, « l’ennemi mortel de la nature humaine » et du règne de Jésus-Christ sur tous les cœurs. Même s’il sème à pleines mains l’ivraie dans le champ du Seigneur, le diable ne réussira pas à détruire la foi catholique qui est le fondement de la véritable Église, qu’aucun pouvoir ne pourra jamais détruire, parce qu’elle est essentiellement divine. À nous cependant d’être vigilants pour ne pas être trompés, et donc d’intensifier notre prière surtout par la participation la plus fréquente possible à la sainte messe, la communion fervente au Très saint Corps du Christ, le chapelet quotidien et la consécration vécue de nos personnes et familles aux très saints Cœurs de Jésus et de Marie.
J.-R.B.
1 réactionCroire à l’Amour de Dieu pour nous
Par l’Abbé J.-Réal Bleau (pour le 16e dimanche après la Pentecôte) ― Photo (côtés flous rajoutés et quelques défauts effacés) : Lawrence OP/Flickr
Les apôtres ont cru à l’amour infini de Dieu qui s’est manifesté à leurs yeux en Jésus-Christ. De cela, le disciple bien-aimé a porté un beau témoignage : « Et nous, nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru » (I Jn 4 16).
A cet amour de Dieu qui a bouleversé sa vie et a transformé un farouche persécuteur en un apôtre ardent et intrépide, saint Paul croit de même de tout son cœur. Et sa foi profonde lui fait comprendre la place privilégiée que tient la souffrance dans le plan de la Rédemption, tellement que toutes les épreuves, qu’il endure pour consolider la foi de ses disciples, il les estime comme une source de joie. Il baigne tout entier dans le mystère de l’amour de Dieu. Son cœur est brûlant de ce divin amour qu’il voit resplendir en Jésus. C’est pourquoi son seul idéal est Jésus. C’est Jésus seul que son âme cherche, qu’elle contemple, qu’elle admire et qu’elle veut imiter. En Jésus, il découvre la source de toute lumière, de toute grâce et de toute sainteté ; il y voit caché toute la plénitude de Dieu. C’est par Jésus-Christ que l’Esprit-Saint nous est donné pour fortifier notre vie intérieure ; c’est par Jésus-Christ que notre foi s’affermit et que notre charité s’enflamme. Que ce Jésus soit connu et aimé par tous les hommes, que sa divine image soit reproduite en chaque âme, l’apôtre n’a plus d’autre désir. Tel est l’objet de sa fervente prière : « Je fléchis les genoux devant le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, de qui toute paternité tire son nom au ciel et sur la terre ; afin qu’il vous accorde, selon les richesses de sa gloire, que vous soyez puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur ; que le Christ habite par la foi dans vos cœurs, et qu’enracinés et fondés dans la charité, vous puissiez comprendre avec tous les saints, quelle est la largeur et la longueur, la hauteur et la profondeur, et connaître ainsi la charité du Christ, qui surpasse toute connaissance, afin que vous soyez remplis de toute la plénitude de Dieu » (Eph 3 14-19).
C’est à genoux que saint Paul adresse cette ardente prière à Dieu le Père. Ce qu’il Lui demande, c’est d’abord que son Esprit de vérité et d’amour, qui est en même temps l’Esprit de son Fils, s’empare de nos faibles esprits pour les fortifier avec une puissance irrésistible de manière à les attirer à l’intérieur d’eux-mêmes où la Présence divine veut les transformer. Il demande surtout que non seulement l’Esprit-Saint illumine nos cœurs et les fortifie, mais que le Christ lui-même y habite par la foi.
La foi qui fait habiter le Christ dans les cœurs est un attachement si profond à Jésus et à sa doctrine qu’elle ne connaît pas de plus grande peine que de voir Jésus, le Fils de Dieu incarné, gravement outragé et sa doctrine divine totalement méconnue, qu’on blasphème d’une façon impudente en l’associant à des croyances païennes. Ainsi la foi que demande l’Apôtre pour la hiérarchie de l’Église et tous les fidèles est la foi absolument inséparable de l’amour de Jésus-Christ par-dessus tout. Car ce n’est que dans les cœurs qui aiment son divin Fils sans aucune limite, c’est-à-dire qui ne préfèrent rien à Jésus-Christ, que Dieu vient demeurer. Pour connaître les dimensions infinies de son amour, il nous faut, comme Jésus, être enracinés et fondés dans la charité, dans cette divine charité qui, dans son expression concrète, ne recule devant aucune souffrance. Car c’est par une immense souffrance que Jésus nous a prouvé son immense amour.
J.-R.B.
1 réactionSemer beaucoup d’amour pour récolter le vrai bonheur
Par l’Abbé J.-Réal Bleau (pour le 15e dimanche après la Pentecôte) ― Photo (rognées, et côtés flous rajoutés) : Online Collection of Brooklyn Museum/Wikimedia Commons
Le chrétien qui aspire à l’union avec Dieu trouve dans la nature de profonds sujets de méditation. Tout lui parle de Dieu. Il perçoit dans les merveilles de la création un mystérieux langage qui l’invite à louer Dieu, à L’adorer, à Le remercier, à Le prier sans cesse et à L’aimer de plus en plus par la pratique fervente des vertus dont tant de reflets sont imprimés dans les êtres qui lui sont inférieurs. L’approche de l’automne le fait penser aux récoltes spirituelles.
En nous créant, le bon Dieu nous a confié un terrain à cultiver : notre âme, combien plus précieuse que toutes les terres du monde entier avec toutes leurs richesses ! Cette âme, créée à son image, Dieu l’a vivifiée par sa grâce. Il a déposé en elle le germe de toutes les vertus et les dons du Saint-Esprit, lui donnant la capacité de produire désormais, par ses bonnes œuvres, des fruits de sainteté. Le divin Semeur est passé, et à larges mains a jeté sa semence dans les sillons de notre âme. Les prémices sont venues, dont notre âme encore dans sa fraîcheur printanière s’est nourrie avec enchantement, comprenant que Dieu la faisait responsable des prochaines récoltes. Elle devait donc semer à son tour l’amour reçu de Lui, coopérer ainsi avec Lui pour produire des fruits de sainteté toujours plus abondants. Elle devait veiller à ce que l’ennemi ne vienne pas lui ravir ses récoltes, ou encore compromettre le résultat de ses fatigues en mêlant son ivraie au bon grain. L’été avec son soleil ardent a tôt fait de succéder au printemps. Pour combien d’âmes l’été de la vie, où les passions sont plus fortes et parfois violentes, ruine des moissons qui étaient prometteuses ! Les dommages spirituels qu’entraîne ce malheur sont souvent irréparables. Puis vient l’automne, qui est le temps des dernières récoltes. Alors, heureux ceux qui n’auront rien négligé au temps des semailles, car ce n’est plus le temps de semer. C’est le temps plutôt de récolter en fin de vie ce que nous aurons semé tout au cours des ans de grâce qui nous auront été départis.
N’a-t-on semé toute sa vie que des œuvres mauvaises, la récolte donnera des fruits pourris, car « quiconque sème dans la chair récolte la corruption » (Gal. 6 8). Cette loi est constante. C’est pourquoi, commente saint Jean Chrysostome, « celui qui sème dans sa chair la mollesse, l’ivrognerie, les désirs déréglés, en récoltera les fruits. Or, ces fruits, quels sont-ils ? Les châtiments, les supplices, la honte, le ridicule, la corruption ». Par contre, celui qui aura semé avec un cœur large et généreux l’amour de Dieu et du prochain, en recueillera à la fin de ses jours la paix et une joie profonde, prélude du bonheur éternel.
Cependant, au-dessus des lois habituelles fixées par la divine Providence, où elle répand en abondance dans nos âmes ses grâces selon notre fidélité à l’accomplissement de sa très sainte volonté aux diverses étapes de notre vie, Il y a cependant une loi supérieure qui est celle de son infinie miséricorde. Car si nous arrivons à l’automne de notre vie, et que nous prenons conscience que nous n’avons pas encore semé son amour autour de nous, mais hélas, plutôt des semences gâtées, serons-nous inexorablement condamnés à être jetés au feu à tout jamais avec nos mauvais fruits ? Notre grand Dieu d’amour, qui nous aime à la folie, et serait prêt à mourir de nouveau sur la croix pour que personne ne se perde, nous promet de nous pardonner toutes nos infidélités, si nous faisons pénitence, eussions-nous très peu de temps à vivre encore. Nous ne devons jamais oublier cette loi suprême de la divine miséricorde, exigeant de notre part un véritable esprit de pénitence s’exprimant par une entière conversion de notre cœur à l’amour de Dieu par-dessus tout. Il n’est jamais trop tard pour commencer à aimer.
À travers les circonstances actuelles, qui laissent entrevoir de bien sombres horizons pour l’Église et tous les hommes de bonne volonté qui veulent être comptés parmi les élus, retentit la voix de Jésus qui nous appelle tous, avant que l’heure du jugement n’ait sonné, à nous remplir de son amour et à le répandre partout autour de nous. La miséricorde de Dieu fait ce miracle qu’en peu de temps un pauvre pécheur rachète son malheureux passé et avec Jésus ne sème plus désormais que de l’amour.
J.-R.B.
Laissez un commentaireÊtre à Jésus-Christ
Saint François d'Assise priant.
Par l’Abbé J.-Réal Bleau (pour le 14e dimanche après la Pentecôte) ― Photo (côtés flous rajoutés) : Wikimedia Commons
« Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises. » (Gal. 5 24).
La chair ou la concupiscence est la source empoisonnée d’où procèdent les mauvaises pensées, les mauvais désirs et les mauvaises actions. Elle est, parmi les ennemis de notre salut, le principal et le plus dangereux, parce que c’est un ennemi que nous portons en nous, un ennemi inlassable et perpétuel, et un ennemi d’une incroyable habileté pour se trouver des alliés puissants tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de nous-mêmes.
Cette concupiscence détestable atteste que nous restons tous marqués par le péché de nos premiers parents, et elle explique l’inclination au mal de notre pauvre nature humaine. Rebelle à Dieu, la concupiscence mène au-dedans de nous une lutte permanente contre l’Esprit de Notre Seigneur Jésus-Christ qui nous est communiqué au baptême, et donc contre la grâce et tous les pieux mouvements de notre âme. Aussi, sous la motion du Saint-Esprit et avec son aide constante, notre esprit est-il en devoir de livrer à la chair un combat continuel et sans merci. Ce combat spirituel — s’exerçant par la mortification de nos mauvaises tendances — est, pour chacun de nous, le devoir premier et fondamental exigé par l’amour de Dieu par-dessus tout, c’est-à-dire par le premier commandement.
Le motif le plus haut, en effet, pour lequel nous devons « crucifier notre chair avec ses passions et ses convoitises » est la vertu théologale de charité. La concupiscence nous attire constamment et de mille manières à l’amour de nous-mêmes. Elle tend à nous enfermer en nous-mêmes et à nous y emprisonner. La charité qui consiste à sortir de nous-mêmes, à nous libérer de notre prison intérieure pour aimer Dieu d’un amour souverain et absolu et en Lui les plus humbles de tous nos frères, n’a donc pas de plus grand obstacle à vaincre que ce subtil amour-propre qui, si on n’y prend garde, s’insinue dans tout notre agir. Et comment vaincre l’amour-propre sinon en le poursuivant dans ses derniers retranchements et en lui livrant une guerre impitoyable par la mortification de nos sens et de notre esprit ? Voilà pourquoi il n’est possible à personne d’aimer vraiment Dieu et son prochain de tout son cœur s’il ne se renonce pas en toutes choses.
L’amour infini de Dieu pour nous s’est manifesté de la façon la plus sensible et la plus véhémente dans la Passion de notre divin Rédempteur, c’est-à-dire dans un mystère de mortification et de souffrance, insensé au jugement de tous ceux qui sont animés d’un esprit tout à fait contraire à l’esprit de Jésus. Ceux-là mettent leur bonheur dans les œuvres de la chair dont saint Paul dresse aujourd’hui ce tableau très peu reluisant : débauche, impureté, attitudes provocantes et luxure, idolâtrie et superstition, haine, querelles, rivalités, colères et disputes, rancunes, sectarisme, jalousies et meurtres, orgies et beuveries, et tous les excès de ce genre. Pour aller au ciel sous la conduite de Jésus, il faut nécessairement quitter ces chemins obscurs d’égoïsme et d’orgueil qui aboutissent aux profondes ténèbres de l’enfer.
Si nous voulons sincèrement entrer avec Jésus dans son royaume éternel de gloire, c’est sur le même chemin d’amour, sur lequel Il a visiblement marché sur la terre que nous devons nous aussi, avec humilité, marcher à sa suite, en tenant toujours les yeux fixés sur Lui. En le regardant sans cesse, nous apprendrons de Lui à ne reculer devant aucun sacrifice pour aimer Dieu de tout notre cœur et notre prochain comme nous-mêmes. Notre Seigneur Jésus-Christ veut faire de nous ses véritables disciples et amis, qui ne Lui préfèrent absolument rien et demeurent, quoiqu’il arrive, dans une union constante avec Lui. Être à Jésus-Christ, c’est très simplement demeurer amoureusement uni à Lui en toutes circonstances, surtout dans la peine et l’humilité du combat spirituel, et ne jamais douter de son amour et de son infinie miséricorde, qui n’a d’autre intention sur nous que notre bonheur éternel.
J.-R.B.
Laissez un commentaireComment annoncer Jésus-Christ aujourd’hui ?
Par l’Abbé J.-Réal Bleau (pour le 13e dimanche après la Pentecôte) ― Photo (couleurs modifiées) : Royal Collection of the United Kingdom/Wikimedia Commons
Contre les prétentions des Juifs nouvellement convertis, qui considéraient l’observance de la loi juive comme obligatoire au salut, saint Paul prend, dans son épître aux Galates, la défense de la foi chrétienne comme étant la seule voie de salut.
L’Apôtre se trouvait devant un très grave problème. Les juifs convertis ou judéo-chrétiens non seulement s’obstinaient à pratiquer la loi de Moïse, mais de plus cherchaient à l’imposer aux convertis du paganisme. Leurs revendications en faveur du judaïsme, sans doute encouragées par les juifs demeurés hostiles au christianisme, avaient fortement impressionné les Galates. Mais qu’y avait-il de mal dans la Loi ? Assurément rien, si on la considérait en elle-même. N’était-il pas alors légitime de laisser au moins les juifs devenus chrétiens observer la Loi ? Saint Paul le crut tout d’abord, mais il ne tarda pas à s’apercevoir qu’on ne pouvait pas en même temps professer extérieurement le judaïsme et intérieurement la foi chrétienne. C’est en approfondissant les saintes Écritures qu’il comprit que l’Ancienne loi n’avait qu’un but : annoncer Jésus-Christ et préparer les hommes à sa venue. La loi était très bonne en elle-même, mais une fois son rôle accompli, une fois venu Celui qu’elle annonçait, elle perdait sa raison d’être, elle devenait périmée et elle devait céder toute la place au Christ et à son autorité suprême.
La profession de foi en Jésus-Christ exigeait donc une rupture totale avec le judaïsme. Saint Paul eut le mérite ou plutôt la grâce d’être le premier parmi les apôtres à voir la nécessité absolue de cette rupture. Il y consentit personnellement : ce qui lui entraîna de nombreux et terribles ennemis. Pour affirmer et vivre parfaitement sa foi en Jésus-Christ, ne fallait-il pas sacrifier tous les liens de la chair et du sang et, avec ces liens, toutes les attaches culturelles et sociales ?
Aujourd’hui, tout observateur objectif est forcé de reconnaître que le dialogue interreligieux du catholicisme avec les religions non chrétiennes se trouve bloqué en raison du net refus des représentants officiels de ces religions de considérer seulement l’opportunité de poser la question de la divinité de la personne et de la mission de Jésus-Christ comme unique Sauveur du monde. Cette question essentielle, ils ne veulent pas l’envisager. Le dialogue interreligieux, spécialement avec les juifs et les musulmans, ne laisse actuellement aucun espoir de conversion de leur part.
Comment alors l’Église fondée par Jésus-Christ sur la foi de Pierre peut-elle aujourd’hui accomplir sa mission divine concernant le salut de tous les hommes, en commençant par ceux qui affirment croire en un seul Dieu, les juifs et les musulmans ? De sa part, aucun compromis doctrinal n’est possible à leur égard, comme du reste avec les différentes formes, anciennes et nouvelles, de paganisme. Car le paganisme revêt actuellement de nouvelles formes insidieuses avec le culte de la planète Terre, sous le couvert du respect de l’environnement et de toutes les valeurs purement naturelles proclamées partout avec une telle insistance exclusive qu’elles deviennent le fondement d’une nouvelle religion mondiale appelée à remplacer, dans le plan qui se dessine de plus en plus clairement d’un super gouvernement mondial, la religion catholique d’origine divine, qui est pourtant la seule voie de salut pour le monde entier.
L’Église — et tout d’abord l’Église enseignante, c’est-à-dire avant tout le pape et les évêques et avec eux l’Église enseignée composée de tous les fidèles — pour demeurer entièrement fidèle à Jésus-Christ, se trouve aujourd’hui devant le très clair devoir de témoigner à temps et à contretemps des vérités divinement révélées de la foi catholique avec le même courage intrépide qu’ont eu les apôtres et les martyrs, c’est-à-dire, s’il le faut, jusqu’au sang.
J.-Réal Bleau, ptre.
Laissez un commentaireLe Don au-dessus de tous les dons
Anges emportant sainte Catherine d'Alexandrie après son martyre.
Par l’Abbé J.-Réal Bleau (pour le 12e dimanche après la Pentecôte) ― Photo : James Steakley/Wikimedia Commons
La vie divine est le don par excellence que Jésus, l’unique Sauveur de l’humanité, apporte à tout homme qui consent à le recevoir. « Si tu savais le don de Dieu, et quel est celui qui te parle », disait Jésus à la Samaritaine. (Jn 4 10). Comme tout ce que dit Jésus dans l’Évangile s’adresse à tous les hommes de tous les siècles, nous pouvons mettre dans sa bouche ces paroles : « Si vous saviez, vous tous qui peuplez la terre aujourd’hui, la valeur infinie du don que je vous fais en vous donnant ma vie, pour que vous ayez en vous d’une façon surabondante la vraie vie, vous iriez avec enthousiasme vers la source d’eau vive que j’ai ouverte dans mon Église ; vous viendriez en foules avec joie puiser aux fontaines du salut qui jaillissent dans les sacrements que j’ai institués ; vous vous presseriez, avec des cœurs contrits et humiliés, auprès des fonts baptismaux et des confessionnaux de vos sanctuaires, pour obtenir l’absolution de vos péchés de manière à me recevoir dignement dans la sainte Eucharistie. Et une fois entrés en possession de ma vie, quel soin ne prendriez-vous pas pour conserver ce divin trésor ? »
L’invitation que Jésus adresse à tous les hommes à aller vers Lui, pour être libérés du poids insupportable de leurs esclavages et goûter le vrai bonheur, demeure aujourd’hui toujours aussi actuelle et retentit avec la même force : « Venez, dit-il avec insistance, venez, vous tous qui êtes fatigués et qui ployez sous votre fardeau, et je vous soulagerai » (Mt 11 28), c’est-à-dire je renouvellerai vos âmes, je vous donnerai une vie nouvelle.
Comment s’accomplit ce mystère de résurrection spirituelle ? Jésus nous le révèle dans le dialogue qu’il tint avec Nicodème : « En vérité, en vérité, je te le dis, nul, s’il ne renaît de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jn 3 5). C’est d’abord par le baptême que l’Esprit de Jésus rend la vie à nos âmes. Des prophètes de l’Ancien Testament, comme Élie et Élisée, ont pu par leurs prières obtenir que la vie soit rendue à des corps raidis par la mort, mais jamais ils n’ont pu ressusciter des âmes, car il n’appartient qu’à Dieu seul de faire une œuvre aussi merveilleuse qui dépasse en excellence et en puissance l’œuvre entière de la création matérielle de l’univers. Après le baptême, une âme peut, hélas, retomber dans la mort spirituelle par le péché. Alors encore, seul l’Esprit de Notre Seigneur Jésus Christ, dans son infinie miséricorde, peut lui rendre à nouveau la vie par l’intermédiaire de ses prêtres. Comment ne pas être remplis d’admiration et de reconnaissance devant la grandeur du ministère de salut que le divin Sauveur confie à ses prêtres, lorsqu’il leur communique son Esprit en vue de la rémission des péchés : « Recevez le Saint Esprit : ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur sont remis, et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus » (Jn 20 22-23). À ce divin Esprit du Père et du Fils, unique source de paix et de joie pour tous les hommes, tout honneur et toute gloire !
Le plus grand danger que courent actuellement tous les peuples, soumis à une dictature sanitaire mondiale avec ce qu’elle comporte de manipulation des consciences par la peur, c’est d’oublier que la vie de l’âme est infiniment plus importante que la vie du corps. Nous allons tous mourir ; c’est la condition humaine à laquelle personne ne peut échapper. La question essentielle qui se pose alors à toutes et à chacune des créatures humaines est celle-ci : quand l’heure de ma mort corporelle aura sonné, mon âme, guérie de tout virus spirituel, c’est-à-dire délivrée de tous ses péchés, sera-t-elle prête à entrer dans le bonheur de la vie éternelle ?
J.-Réal Bleau, ptre.
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Par l’Abbé J.-Réal Bleau ― Photo (modifié) : Wikimedia Commons
Participons à la Croisade de réparation au Cœur Eucharistique de Jésus lancée par Mgr Athanasius Schneider.
Mgr Athanasius Schneider propose une prière au Cœur Eucharistique de Jésus qu’il a lui-même composée en réparation pour toutes les offenses qu’Il reçoit dans le Saint Sacrement.
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Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime ! Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne vous aiment pas. (3 fois)
Ô Divin Cœur Eucharistique de Jésus, regardez-nous qui nous prosternons avec un cœur contrit et plein d’adoration devant la majesté de votre amour rédempteur dans le Très Saint Sacrement. Nous sommes prêts à réparer par l’expiation volontaire, non seulement nos offenses personnelles, mais aussi et spécialement les indignes outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels vous êtes offensés en ces temps dans le Très Saint Sacrement de votre amour divin, spécialement par la pratique de la communion dans la main et la réception de la sainte communion dans un état d’incrédulité et de péché mortel.
Plus l’incrédulité attentera à votre Divinité et à votre Présence réelle dans l’Eucharistie, plus nous croirons en vous et plus nous vous adorerons, ô Cœur eucharistique de Jésus, en qui réside toute la plénitude de la Divinité !
Plus vos sacrements seront outragés, plus nous croirons fermement en eux et plus nous voulons les recevoir avec respect, ô Cœur eucharistique de Jésus, source de vie et de sainteté !
Plus votre Très Saint Sacrement sera dénigré et blasphémé, plus nous le proclamerons solennellement : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime ! Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et ne vous aiment pas », ô Cœur eucharistique de Jésus, très digne de toutes les louanges !
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