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Le Charnier de Kamloops

Par Jean Tardy (Campagne Québec-Vie) — Photo : Pikist

L’autre douleur

Les croyants discourent parfois sur l’impuissance de Dieu. Ils concluent généralement que cette impuissance apparente résulte de la conformité du Tout-puissant avec sa Nature qui est Amour.

On réfléchit peu, cependant, aux limites de Satan. Lui aussi, pourtant, a des limites même si celles-ci ne sont pas dictées par sa nature mais plutôt par son appétit. En effet, le Malin ne cherche pas le pouvoir temporel, c’est la perversion des âmes qui l’attire. Ce qu’il désire par-dessus tout, c’est le consentement lucide de l’âme au mal. Pour lui, la mort du juste est une défaite, c’est sa chute qu’il recherche. Pareillement, il ne veut pas nous faire croire à ses mensonges, il veut nous y faire adhérer. Ainsi, plus son pouvoir s’accroît, plus il se révèle car ceux qu’il trompe entièrement demeurent des innocents. C’est pourquoi, plus les âmes se soumettent à ses agendas, plus il fait de bavures car c’est en percevant le mal et le mensonge qu’elles y consentent davantage. La Bête exige des rituels pour la même raison car ceux-ci demandent des consentements prémédités.

Ainsi, quand une communauté fait preuve d’une grande obéissance devant un danger vraiment grave, c’est sans intérêt pour le Malin puisque ce comportement est conforme à la droiture. Par contre, quand on se soumet beaucoup devant une menace légère, alors la Bête frétille car une telle servilité est remplie de lâchetés, de calculs, de compromis et d’abdications.

Pareillement, quand un mensonge est trop parfait, il devient inutile puisqu’il ne compromet personne. Ce que la Bête recherche, c’est une tromperie cousue de fil blanc qui suscite une grande indignation. Dans ce cas, en effet, ceux qui s’indignent (ou se taisent) devinent l’imposture et participent donc à la manipulation. Quand leur agitation débouche sur un rituel de soumission alors la Bête est au comble du plaisir.

Cette dernière réflexion m’amène au sujet de cet article : le « Charnier de Kamloops ». Il y a quelques jours (début juin 2021) on a découvert les ossements de deux cent quinze enfants sur le site d’une école résidentielle à Kamloops, en Colombie-Britannique. Aussitôt, les médias ont mentionné les mots « hécatombe », « charnier ». Peut-être pas tout à fait un charnier, a-t-on vite corrigé, mais quelque chose de semblable… Quoi donc, précisément, personne ne l’a spécifié. À mot couvert, on suggère une fosse commune, des enfants jetés là, n’importe comment, en cachette, la nuit. Il y avait deux cent quinze petits squelettes, on les a comptés, travail de rigueur ! Certains « survivants » ont mentionné des funérailles nocturnes (rituels inquiétants), mémoire tribale ! On aurait donc découvert, au Canada, un charnier de petites victimes assassinées comme ceux qu’on trouve en Syrie et ailleurs. Quelle horreur !

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Les politiciens crient au scandale ! Serait-ce un Babi-Yar canadien ? Sur le terrain, on déterre rapidement les restes pour enfin donner une sépulture convenable aux enfants, sauver les mémoires, guérir les plaies... Les médias, évidemment, gonflent le narratif. On accumule les images du nouveau rituel de purification, les alignements de petits souliers. On montre des photos d’époque où des religieuses anonymes, vêtues de noir, dominent leurs petits prisonniers comme des spectres.

Voici que Trudeau fait une déclaration d’urgence. Il apparaît sur nos écrans dans un éclairage lugubre ; on dirait le bonhomme sept heures ! Il exprime sa douleur, son émoi, sa honte, devant l’horreur révélée […]. Le lendemain Justin en remet : le pape doit faire des excuses formelles. Ça fait assez longtemps qu’on attend, tous les autres l’ont fait, c’est au tour de l’Église catholique. Ça prendra un rituel de contrition, rien de moins !

Le pape consulte d’urgence deux cardinaux canadiens (« Hé Francis ! c’était un exorciste qu’il fallait consulter, on est dans ce registre-là, ici »). Le lendemain, il fait un gentil discours sur son balcon. Il ressent de la « douleur » pour les Canadiens, dit-il, sans encore tout à fait s’excuser. […] « Il ne s’est pas excusé » crient les médias. Trudeau se dit déçu. Il faut débusquer les auteurs de ce crime haineux opinent les experts de l’ONU !

Pour nos universitaires progressistes, c’est la curée ! La chasse aux crânes a commencé ! Vite, ils sortent leurs appareils de détection pour fouiller les pensionnats abandonnés et déterrer tous les petits squelettes qui reposent en sépulture chrétienne et les remettre aux activistes autochtones, ces monuments de sagesse et de sainteté !

Voilà où nous en sommes au moment où j’écris ces lignes par une belle soirée d’été. Cette histoire ne fait que commencer. Je pourrais continuer d’en parler en décrivant les mécanismes théologiques derrière tout ça ; mais je l’ai déjà fait en long et en large dans « La Voie du Dogme ». Je pourrais supputer les prochaines contorsions du pape […] Je pourrais énumérer tous les mensonges et les tromperies de cette histoire tordue : un pseudo charnier qui était un cimetière où des religieuses inhumaient des enfants baptisés. Je pourrais rappeler qu’il y a une différence entre deux cents morts pendant une fin de semaine et deux cents morts sur quatre-vingts ans. Je pourrais poser des questions sur le taux de mortalité dans les réserves autochtones au début du vingtième siècle… Mais je ne le ferai pas. Il fait trop beau, ce soir, pour analyser ces immondices. Parlons plutôt de philosophie.

Dans mon dernier article, j’ai décrit le Tao selon C.S. Lewis, ce lien qui unit ceux qui le suivent avec les valeurs traditionnelles et les maintient dans une continuité de vérité historique et morale. Lewis (citant Confucius, Aristote et Marc) mentionne que ceux qui sortent de l’esprit du Tao perdent leurs balises morales et deviennent incapables de même comprendre les comportements que le Tao suscite. Ils sortent de l’humanité traditionnelle et deviennent autre chose. En rafistolant des bribes de ce Tao qu’ils ne comprennent plus, ils échafaudent des narratifs grotesques au service des besoins du moment et prennent ceux-ci pour des vérités.

L’histoire du « Charnier de Kamloops » illustre bien cette situation. Les ossements qu’on y déterre servent d’accessoires à un narratif caricatural. On choisit les éléments qui conviennent et on se fabrique une pseudo vérité historique qui dessert la cause. Ainsi, le cimetière d’un pensionnat devient un charnier fumant et des religieuses se transforment en louves des SS. Dans l’orgie d’indignation qui s’ensuit, personne, mais personne ne s’arrête un instant pour se mettre à la place de ces religieuses et songer à leurs vies. En effet, en sortant du Tao, ils ont perdu toute référence à une humanité commune. Comme leurs discours dominent tous les médias, les obscénités qu’ils fabriquent ressemblent à de la raison.

Mais, ceux qui demeurent dans ce Tao de Lewis perçoivent encore ce que les progressistes et les activistes ne peuvent plus voir car ils gardent cette connexion intemporelle avec l’humanité d’hier. C’est mon cas et ma démarche. Alors que tous fixent le charnier en s’indignant, moi, je pense aux religieuses.

Qui étaient-elles, ces femmes ? Quelles expériences ont-elles vécues pour laisser leurs villages et leurs familles, prendre l’habit et s’exiler dans un pensionnat de campagne ? Quelles convictions les poussaient ? À qui offraient-elles leurs vies sacrifiées ? Priaient-elles parfois, pour avoir le courage de continuer ? Donnaient-elles des soins aux enfants malades même si elles en perdaient ? Les lavaient-elles ? Les nourrissaient-elles ? Mangeaient-elles la même nourriture que les enfants ou savouraient-elles les plats raffinés qu’on sert aux politiciens et aux bureaucrates ? Où les enterrait-on, ces femmes anonymes et oubliées ? En a-t-on déterré à Kamloops ? Si oui, qu’est-ce que les activistes ont fait avec ces restes importuns qui nuisent au narratif ?

Je pense aux conditions de l’époque, aussi. C’était avant l’ère du bien-être tribal, quand même les autochtones devaient travailler et qu’il fallait avoir un peu d’éducation pour bien vivre. Je me demande enfin, si j’aurais fait la même chose, moi, à leur place : consacrer ma vie à instruire des enfants autochtones dans des pensionnats de campagne ? Et ma réponse est non. Je ne suis pas assez généreux, ni assez saint, ni assez courageux pour faire ce que ces femmes ont fait, à Kamloops, pendant 80 ans.

Combien sommes-nous qui pensons encore comme ça ? Combien en reste-t-il ? Suis-je le seul ? Qui d’autre honore encore la mémoire de ces femmes exemplaires ? Qui courbe encore l’échine devant tant de sacrifice ? Parfois, j’ai l’impression que le monde entier s’enfonce dans la démence.

Devant ce mépris généralisé, moi aussi, comme le pape, je ressens une douleur, mais c’est une autre douleur. Quand je la ressens, je veux, de toutes mes forces, que Dieu existe ! Il DOIT exister car qui d’autre se souviendra d’elles :

« Et mon âme exultera en Yahvé, jubilera en son salut.
Tous mes os diront : Yahvé, qui est comme toi
Pour délivrer le petit d’un plus fort, le pauvre du spoliateur » — Ps 35

À la suite du psalmiste, à mon tour, je prie :

Seigneur, vois comment les autochtones et les puissants méprisent les religieuses des écoles résidentielles. Je t’en prie, Dieu d’Amour, souviens-Toi de ces âmes anonymes qui ont sacrifié leurs vies, loin des leurs, pour instruire ces enfants. Qu’elles jubilent, ce soir, en ton Sein même quand le monde entier les dénigre !

Quant à vous, si vous avez compris cet article, rappelez-vous que ceux qui diffusent le narratif du « charnier de Kamloops » sont les mêmes que ceux qui vous disent ce qu’il faut croire au sujet de la pandémie.



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