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La tromperie du couronnement

Par Alan Fimister (Voice of the Family) — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo (côtés flous rajoutés) : Nathan Hugues hamilton/Flickr

« Recevez l’anneau de la dignité royale,
et le sceau de la foi catholique :
et comme vous êtes aujourd’hui
consacré pour être notre chef et notre prince,
que vous puissiez continuer avec constance
en tant que défenseur de la religion du Christ ;
qu’étant riche en foi
et béni par toutes les bonnes œuvres,
vous puissiez régner avec celui qui est le Roi des Rois,
à qui revient la gloire pour les siècles des siècles. Amen. »

— Rite du couronnement de la reine Élisabeth II

Le déclin de la civilisation occidentale vers l’état actuel d’anarchie intellectuelle et d’hédonisme nihiliste a commencé au XIVe siècle avec certaines aberrations philosophiques, mais le premier coup direct contre les organes vitaux de notre culture a été porté par la Réforme. En déclarant que l’interprétation des Écritures est une question de jugement privé, les « Réformateurs » ont rendu absurde l’idée même de révélation divine. À quoi servirait-il que Dieu instruise la race humaine des vérités nécessaires au salut par le biais d’un ensemble de textes sacrés, inspirés et inaltérables, et qu’il laisse ensuite l’interprétation de ces textes à la fantaisie totalement arbitraire de chaque individu ? S’il faut une intervention spéciale du Saint-Esprit chaque fois pour lire correctement la Bible, la Bible elle-même devient superflue ; on pourrait tout aussi bien recevoir des révélations spéciales en permanence si c’est essentiellement ce qui se passe de toute façon chaque fois que quelqu’un lit les Écritures. Naturellement, n’étant pas en fait issu du Saint-Esprit, le mouvement protestant s’est immédiatement effondré en d’innombrables sectes, chacune devant prétendre que son petit groupe était la véritable Église du Christ ou que cette Église était en fait un ensemble invisible de rassemblements opposés et mutuellement contradictoires, totalement incapables d’accomplir le commandement du Seigneur d’enseigner aux nations « tout ce que je vous ai prescrit ».

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On entend parfois l’argument selon lequel, en soutenant l’infaillibilité de l’Église, les catholiques mettent les « enseignements des hommes » sur un pied d’égalité avec la parole inspirée de Dieu, voire au-dessus d’elle. La fausseté de cette affirmation est facilement illustrée. Imaginons que chaque citoyen des États-Unis soit autorisé à prendre en main son propre exemplaire de la Constitution américaine et à l’interpréter pour lui-même, sans reconnaître aucune autorité finale au-delà ou au-dessus de l’interprétation individuelle de ce document. Le résultat serait la destruction totale des États-Unis en tant qu’entité politique. Imaginons qu’au lieu de cela, une Cour suprême soit instituée pour prendre les décisions finales concernant la signification de la Constitution. Cela garantirait l’existence de cette république. Le problème, bien sûr, comme le réalisent de nombreux Américains, est que ces « interprétations » peuvent n’être qu’un mince vernis pour l’eisegèse qui projette les préférences personnelles du juriste dans le document sans référence sérieuse à son sens originel. C’est exactement ce que font les théologiens protestants libéraux avec le texte des saintes Écritures et ce que font les juges de la Cour suprême des États-Unis avec la Constitution américaine. Imaginons plutôt que Dieu dote les juges de la Cour suprême d’un charisme d’infaillibilité afin qu’ils ne puissent pas, dans l’exercice final de leurs fonctions officielles, interpréter la Constitution à l’encontre de son sens originel, même s’ils le voulaient. Cela ne mettrait pas leurs opinions sur le même plan que le texte, mais bien au contraire, cela assurerait la primauté éternelle du sens originel sur les opinions privées des experts. C’est pourquoi Dieu a doté la hiérarchie catholique du charisme d’infaillibilité pour assurer la primauté de la parole de Dieu sur les préférences des ecclésiastiques.

Selon la même logique, sans le charisme d’infaillibilité, la révélation elle-même est absurde. C’est donc avec une sinistre inévitabilité que de l’œuf empoisonné de la Réforme jaillit le « siècle des Lumières » : le mouvement visant à éliminer la révélation divine en tant que principe de politique et de droit publics. Le christianisme étant le fondement de l’ordre civil occidental, une telle sécularisation nécessitait une révolution violente. Les nombreuses révolutions qui ont caractérisé l’histoire occidentale depuis la fin du XVIIIe siècle ne sont que des épisodes d’un grand déchaînement du mal, le retour des sept esprits les plus terribles dans la maison nettoyée et balayée au moment de la fondation de la chrétienté.

Le mouvement qui vise à préserver et à faire progresser cette élimination de la révélation divine en tant que principe de politique publique et de droit public s’appelle le libéralisme.

Et, en effet, ce que sont les partisans du Naturalisme et du Rationalisme en philosophie, les fauteurs du Libéralisme le sont dans l’ordre moral et civil, puisqu’ils introduisent dans les mœurs et la pratique de la vie les principes posés par les partisans du Naturalisme. Or, le principe de tout rationalisme, c’est la domination souveraine de la raison humaine qui, refusant l’obéissance due à la raison divine et éternelle, et prétendant ne relever que d’elle-même, ne se reconnaît qu’elle seule pour principe suprême, source et juge de la vérité. Telle est la prétention des sectateurs du Libéralisme dont Nous avons parlé ; selon eux, il n’y a dans la pratique de la vie aucune puissance divine à laquelle on soit tenu d’obéir, mais chacun est à soi-même sa propre loi.

— Léon XIII, Libertas

Sous l’effet du libéralisme, le climat social et politique de la société occidentale est devenu de plus en plus hostile à l’Évangile. La persécution ouverte saperait la position fallacieuse de « neutralité » adoptée par les libéraux, et ils procèdent donc en redéfinissant les pratiques immorales comme des « droits » et leurs adeptes comme des victimes de la persécution. La profession même de l’enseignement catholique devient une persécution de ces groupes imaginaires et les fidèles peuvent donc être persécutés au nom de la sécurité de ceux qui sont offensés par la raison et la nature. De cette pression émerge la tentation la plus terrible qui soit : le libéralisme théologique ou Modernisme. Cette synthèse de toutes les hérésies offre aux chrétiens la possibilité d’être assimilés sans conflit par la culture apostate environnante. En niant que la foi consiste en un assentiment réel de l’intellect à une vérité reçue par l’ouïe d’une source extérieure et en la définissant au contraire comme un sentiment religieux qui trouve son expression légitime dans une pléthore de traditions « religieuses » divergentes et incompatibles, le modernisme rend la « foi » intrinsèquement inapte à être le principe de l’ordre public et du droit public. Abandonnant toute prétention à la rationalité et à la certitude, cette « spiritualité » est un habitant inoffensif de l’ordre politique libéral. Même l’athéisme et l’agnosticisme peuvent finalement être acceptés comme des expressions possibles du « sens religieux » et, sinon comme des voies de salut, du moins comme compatibles avec lui.

Nombreux sont ceux qui ont célébré la pluralité des religions fièrement exposée lors du couronnement [de Charles III]. Il est douteux qu’il y ait eu beaucoup (aucun ?) de « chefs » chrétiens présents au couronnement qui n’étaient pas des modernistes. D’une certaine manière, l’intégration de religions non chrétiennes dans la cérémonie était pour eux une déclaration de « foi » au même titre que les arrangements étroitement protestants des siècles précédents et le rite originellement catholique qui a prévalu du dixième au seizième siècle. Acquiescer à de telles procédures, c’est en fait proclamer avec un certain enthousiasme sa répudiation de la « foi propositionnelle » du grand commandement en faveur de la religion du sentiment et de la « spiritualité ».

Il est clair que saint Pie X considérait le modernisme comme rien de moins que « l’imposture religieuse suprême » (CEC, 675) de celui qui va « jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu, se faisant lui-même passer pour Dieu » (2 Th 2, 4). En effet, la foi au Christ est un don qui ne s’achète pas et ne se mérite pas. Elle ne peut être atteinte par l’introspection, suscitée par le sentiment ou déduite par la raison. Elle vient de l’extérieur par la prédication, parce qu’elle est au-delà de notre désert et de notre conception. « L’œil n’a pas vu, l’oreille n’a pas entendu, et ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment et nous a révélé par son Esprit n’est pas encore entré dans le cœur de l’homme ». Le pardon de nos péchés et notre participation à la nature de Dieu ne peuvent être gagnés ou imaginés par la nature ou la raison. La Bonne Nouvelle est performative. Sa proclamation elle-même nous rachète et nous sauve. Comme le crient les catholiques byzantins lors de l’élévation du Saint-Sacrement après la communion :

« Nous avons vu la vraie lumière, nous avons reçu l’Esprit céleste, nous avons trouvé la vraie foi, et nous adorons la Trinité indivise, car la Trinité nous a sauvés ! »

L’idée que les multiples religions sont des expressions diverses (voire inégales) d’une foi fondamentale sous-jacente qui n’a pas besoin d’être exprimée dans la proposition : « Dieu justifie l’impie “par sa grâce, au moyen de la Rédemption qui est dans le Christ Jésus” » (Trente, Décret sur la Justification), est en fin de compte une prétention que la nature humaine peut se rendre d’elle-même « semblable au Très-Haut » (Is 14,14).

La célébration de la « Grande-Bretagne multiconfessionnelle » va de pair avec la persécution de l’orthodoxie chrétienne. Les Romains païens étaient heureux d’intégrer tous les cultes dans l’ordre civil ; c’est l’exclusivité de l’Évangile qui a nécessité son écrasement. Il y a beaucoup de place pour la tolérance au sein de l’orthodoxie, précisément parce qu’obtenir l’acceptation de la foi par des menaces ou des promesses finies, c’est se comporter comme s’il y avait une proportion entre le naturel et le surnaturel, c’est induire le péché de simonie. Les catholiques rejettent la contrainte du baptême parce que Dieu « fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit le cœur de qui il veut » (Rom 9,18). Chercher à forcer la conversion, c’est chercher à forcer le don même de Dieu. Les fausses prétentions du rationalisme sont précisément présentées comme des exigences de la raison (même si elles sont absurdes) afin que ceux qui les rejettent puissent être considérés comme « sans excuse ». Le caractère surnaturel et gratuit de la foi signifie que le converti devait être libre de refuser le don.

C’est l’amour gratuit au cœur de la Divinité trinitaire qui exige la foi et la liberté de la foi comme base de la rédemption. C’est la prétention libérale à l’égalité avec Dieu qui exige la coercition de l’apostasie sous le voile de la neutralité et de la tolérance. Comme Réginald Garrigou-Lagrange l’a observé de façon célèbre :

« L’Église est intolérante en principe parce qu’elle croit ; elle est tolérante en pratique parce qu’elle aime. Les ennemis de l’Église sont tolérants en principe parce qu’ils ne croient pas ; ils sont intolérants en pratique parce qu’ils n’aiment pas. »



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