Le Dr Paul Saba s'exprimant lors du rassemblement contre l'euthanasie, le 27 février 2024, sur la Colline du Parlement.
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo : CampaignLifeTV/YouTube
L’entrée en vigueur de l’euthanasie aux personnes uniquement atteintes de maladie mentale a été reportée jusqu’en 2027. Le projet de loi C-62, introduisant ce report, a été présenté à la Chambre des communes le 1er février 2024 par le gouvernement du Canada et a rapidement suivi les étapes parlementaires pour être adopté par le Sénat le 29 février et recevoir la sanction royale le même jour.
Ce report est un grand soulagement pour de nombreuses personnes, en effet, l’entrée en vigueur de cette extension devait avoir lieu le 17 mars 2024.
Ce report cependant n’est pas suffisant, il est même scandaleux que le gouvernement n’ait tout simplement pas abrogé cette extension, comptant sans doute sur le temps pour apaiser le tollé soulevé par l’idée de tuer des malades mentaux. Mais les motifs de s’opposer à cette pratique barbare resteront toujours les mêmes !
Plusieurs groupes pro-vie du Canada ont tenu une manifestation sur la Colline du Parlement le 27 février pour encourager le Sénat à adopter C-62 et pour appeler à l’abolition de l’euthanasie, non seulement des personnes atteintes de maladie mentale, mais de toutes personnes.
Le premier des orateurs, Alex Schadenberg de la Coalition pour la prévention de l’euthanasie, indiquait la nécessité d’empêcher définitivement l’extension de l’euthanasie aux personnes atteintes de maladie mentale. Il mentionnait que déjà des personnes vivant dans la pauvreté ou n’ayant pas accès aux soins dont ils ont besoin ont recours à l’euthanasie.
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Garifalia Milousis, 27 février 2024. — Photo : Coalition pour la prévention de l'euthanasie.
Garifalia Milousis, avocate, expliquait aux auditeurs qu’elle a déjà souffert de problèmes mentaux. De cette expérience elle nous dit que les personnes suicidaires (qui recherchent la mort, que ça soit par suicide ou suicide assisté) cherchent à échapper à la souffrance et ne recherchent pas forcément la mort pour elle-même. Elle est reconnaissante que dans cette période de sa vie personne ne soit venu lui proposer le suicide assisté. Elle a justement fait remarquer que la distinction entre suicide assisté et suicide est futile, soulignant qu’il n’y a pas deux catégories de suicides : les uns rationnels et les autres irrationnels — c’est la même volonté suicidaire derrière le suicide et le suicide légal.
Le Dr Paul Saba demandait si la société n’avait pas perdu la tête pour ainsi euthanasier ses membres (en français à partir de 17:34). Il souligne que les gens recourent à l’euthanasie en raison de leur situation sociale misérable. En tant que médecin de famille à Montréal, il doit souvent fournir une aide psychiatrique à ses patients. Le temps d’attente pour voir un psychiatre est de cinq mois à Montréal. En comparaison, le temps que les gens atteints uniquement de maladie mentale auront à attendre pour obtenir l’euthanasie serait de trois mois si l’euthanasie venait à être étendue à eux. Beaucoup de gens viennent le voir à cause du stress engendré par leur incapacité à nourrir leur famille ou à payer le loyer, ce qui aggrave leurs problèmes mentaux s’ils en ont déjà. Il faisait remarquer que la notion de « consentement éclairé » disparaît avec l’euthanasie des personnes atteintes de maladie mentale, en effet plus une personne est atteinte de maladie mentale moins elle est apte à fournir un « consentement éclairé ». Il appelle le gouvernement à améliorer les soins de santé, à rendre le logement abordable et à installer une sécurité alimentaire.
Debbie Duval de la Coalition nationale pour la vie (CNV), organisatrice l’événement, exprimait le soutien de CNV aux sénateurs afin qu’ils adoptassent C-62. Elle déclarait également que CNV appelle le gouvernement à abroger l’euthanasie pour personnes uniquement atteintes de maladie mentale et pour tous les Canadiens.
Arpad Nagy de Campagne Québec-Vie (à partir de 24:55) a présenté la position de CQV sur la dignité de l’être humain, affirmant que « cette dignité doit être respectée — en premier lieu en valorisant la vie et le bien-être de la personne ». Rejoignant les autres orateurs sur ce qu’ils avaient déclaré, il a expliqué que la souffrance humaine ne devient supportable que si elle trouve un sens, citant les paroles de Viktor Frankl, survivant des camps de concentration nazis : « D’une certaine manière, la souffrance cesse d’être une souffrance au moment où elle trouve un sens, comme le sens d’un sacrifice. »
Colin Postma de ARPA Canada a souligné l’importance des efforts des Canadiens impliqués dans le combat contre l’euthanasie, affirmant la nécessité de continuer ce combat, qui ne fait que commencer.
Arpad Nagy, 27 février 2024, Colline du Parlement. — Photo : CampaignLifeTV/YouTube.