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L’éducation complète à la sexualité (amorale) nuit au développement moral des jeunes

Par Tapio Puolimatka, professeur de théorie et de tradition en éducation à l'Université de Jyvaskyla en Finlande, et professeur auxiliaire de philosophie pratique à l'Université de Helsinki en Finlande. Ses recherches portent principalement sur les domaines de la philosophie éducative et morale (Public Discourse) — traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : Pixabay

Bien que ses partisans pourraient être bien intentionnés [du moins on l’espère*], l’éducation complète à la sexualité n’est pas une solution à l’exploitation sexuelle. Bien au contraire, elle fait partie du problème puisqu’elle nuit au développement de la capacité des jeunes à faire la différence entre l’amour authentique et l’exploitation sexuelle.

L’éducation complète à la sexualité rend-elle les enfants plus vulnérables à l’exploitation sexuelle ?

L’exploitation sexuelle de 1 400 enfants à Rotherham entre 1997 et 2013, ainsi que les abus répandus dans d’autres villes anglaises ont mené à une enquête indépendante et plusieurs révisions de cas graves. Celles-ci ont été analysées par Norman Wells, directeur de l’organisation britannique Family Education Trust, dans son livre paru en 2017 : Unprotected: How the normalization of underage sex is exposing children and young people to the risk of sexual exploitation [Comment la normalisation du sexe chez les mineurs expose les enfants et les jeunes à un risque d’exploitation sexuelle].

Selon la définition du gouvernement britannique, l’exploitation sexuelle d’un enfant:

survient lorsqu’un individu ou un groupe d’individus profite d’un déséquilibre de force pour contraindre, manipuler ou amener un mineur à avoir des relations sexuelles (a) en échange de quelque chose dont la victime a besoin ou qu’elle désire, ou (b) pour l’avantage financier ou de statut du coupable ou du facilitateur. Même si les relations sexuelles semblent consensuelles, la victime peut avoir été exploitée.

Wells cite l’enquête indépendante de Alexis Jay sur l’exploitation sexuelle des enfants de Rotherham entre 1997 et 2013. Selon le rapport, les enfants, garçons et filles, parfois âgés à peine de 12 ans ont été :

  • Victimes de viols collectifs ;
  • Victimes de trafic dans d’autres villes au nord du Royaume-Uni ;
  • Kidnappés, battus et intimidés ;
  • Certains, arrosés d’essence, étaient menacés d’être brûlés vifs ;
  • Menacés par des armes à feu ;
  • Forcés d’assister à des viols brutaux et menacés d’être les prochains s’ils le racontaient à quelqu’un.
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Les autorités de Rotherham ont été complaisantes vis-à-vis les activités sexuelles des mineurs parce qu’ils croyaient que les jeunes avaient choisi ce mode de vie. L’enquête de Rotherham a révélé que des enfants, « âgés parfois d’à peine 11 ans et que l’on pensait avoir des relations sexuelles consensuelles, étaient, en fait, violés et abusés par des adultes. » Certains parents ont tenté en vain d’attirer l’attention des autorités. « Dans deux cas […] les pères ont retrouvé leur fille et ont tenté de les sortir des maisons où elles étaient exploitées. Seulement, ce sont eux qui ont été arrêtés quand la police est intervenue. » D’après les travailleurs sociaux, ces parents préoccupés étaient incapables d’accepter que leurs enfants grandissaient. Selon Wells :

À cause de « l’Éducation complète à la sexualité », les jeunes s’attendent à avoir toute une série de relations sexuelles temporaires et sans conséquence. Cette culture a permis à l’exploitation sexuelle de passer inaperçue et a privé les jeunes vulnérables de toute protection.

Dans la préface du livre de Wells, David Paton, professeur à l’École de commerce de l’Université Nottingham, conclut en disant :

Une image claire ressort de cette culture pour qui les relations sexuelles des mineurs font partie du chemin vers l’âge adulte et qui les perçoit comme sans danger, tant qu’elles sont consensuelles. Combiné aux politiques officielles encourageant l’approvisionnement confidentiel de contraceptifs aux mineurs, il est clair que l’approche ordinaire pour améliorer la santé sexuelle des adolescents a facilité et perpétué les cas d’abus sexuels des jeunes vulnérables.

Paton affirme que « les législateurs et les professionnels qui travaillent à la santé sexuelle n’ont plus aucune excuse pour ignorer ce qui est évident ». Ce sont là de sérieuses accusations. Mais que condamnent Paton et Wells, au juste ? Qu’est-ce qui rend l’éducation complète à la sexualité si redoutable ?

Séparer la sexualité de l’amour — et de la morale

Le problème fondamental de l’éducation complète à la sexualité est son approche amorale et relativiste qui sépare la sexualité de son lien inhérent avec l’amour marital. Cette critique a été philosophiquement approfondie par Dietrich von Hildebrand.

Ce dernier fait remarquer qu’au lieu de promouvoir l’objectivité, le raisonnement critique et l’autonomie, l’éducation sexuelle amorale nuit au développement du potentiel moral des jeunes. Ce faisant, elle entrave le développement de leur potentiel humain en général. Dans la mesure où leurs capacités morales ne se développent pas, ils deviennent incapables de discerner et de résister à l’exploitation sexuelle. 

Von Hildebrand considérait le développement des valeurs [vertus*] telles que l’amour, la fidélité, l’admiration, la vénération et la révérence comme central dans l’éducation sexuelle. Séparée des valeurs morales, l’éducation sexuelle devient une façon de restreindre et d’entraver la personnalité humaine. Elle amoindrit la capacité morale des jeunes, leur capacité morale à évaluer leurs désirs, à considérer des raisons, à former des intentions, à prendre des décisions et à les appliquer en se basant sur leur expérience morale. Elle échoue et n’aide pas au développement de personnes moralement conscientes, capables de poser un jugement moral mature qui se basent sur leur perception des valeurs et qui peuvent faire des jugements évaluatifs, sans toutefois tomber dans le relativisme.

L’éducation sexuelle « moralement neutre » enseigne qu’il n’y a pas de norme sexuelle absolue : toute forme de comportement sexuel consensuel est normale et acceptable. En un sens, les jeunes sont laissés à leur propre décision, mais dans la mesure où il n’y a aucun critère normatif pour les aider à choisir parmi les différents modes de vie, leur choix ne sera jamais véritablement libre, en aucun sens pertinent du terme. Leur choix est arbitraire, se basant surtout sur leur humeur du moment, comme le dit Hanan Alexander. Quand tous les modes de vie sont présentés sur un pied d’égalité, les jeunes ont de la difficulté à percevoir les différentes conséquences morales et sociales qu’ils impliquent.

Les expérimentations sexuelles engourdissent la sensibilité nécessaire pour percevoir la véritable nature de l’amour et les valeurs qui lui sont inhérentes.

L’éducation sexuelle amorale engourdit la sensibilité morale

Le problème n’est pas seulement sa nature réductrice ou neutralisante, mais la distorsion de la nature personnelle, individuelle et intime de la sexualité. Elle dissimule le fait que la sexualité reçoit sa signification véritable dans une relation d’amour, unique et à vie entre des époux, basée [sur la transmission de la vie, et]* sur le don total et irrévocable de soi.

Par son approche « objective » et biologiquement réductrice, l’éducation sexuelle amorale tend à utiliser du matériel sexuellement explicite, ce qui est une atteinte à la sensibilité morale et à la modestie naturelle des jeunes et amoindrit leur capacité morale. Elle les prive de leur innocence première qui les protégeait des pensées, des images, des désirs et des comportements sexuels. Elle nuit à ce que von Hildebrand appelle la « noble pudeur » ou la modestie, « qui garde caché quelque chose de particulièrement intime. » Cette dernière se fonde sur l’intimité du sexe et sur « l’émerveillement intrinsèque qu’elle inspire, l’émerveillement de ses qualités extraordinaires et mystérieuses » ainsi qu’une « aversion instinctive pour l’impudence, l’irrévérence, la profanation et la malveillance. »

Embrouiller la conscience des jeunes quant au fait que la sexualité est personnelle, individuelle et intime peut occasionner des effets négatifs. Cela peut encourager à une vie de débauche, rendre plus difficile la résistance aux abus sexuels et affaiblir la capacité à résister à ses propres impulsions. Von Hildebrand écrit que, séparée de l’amour, la sexualité devient un « charme intoxicant qui rabaisse l’homme à un niveau animal et est une profanation du cadeau de la sexualité ; pour faire court, un mystère n’iniquité. » La représentation « objective » du sexe, dépourvue de valeurs morales, « offense notre sens de la modestie, car elle ne tient pas compte de cette gêne. »

Des considérations pédagogiques justifient aussi le fait de protéger l’innocence des enfants. Les enfants sexualisés échappent à l’encadrement des parents et cela nuit à la relation qu’ils entretiennent avec ceux-ci. Même Sigmund Freud a admis que la sexualisation des enfants porte atteinte à leur éducation : « Nous avons vu par expérience que des influences externes séductrices peuvent causer des brèches prématurées dans la période de latence ou même son extinction… et que toute activité sexuelle prématurée détériore l’éducation de l’enfant. »

L’éducation sexuelle amorale nuit à la capacité morale

Sans un encadrement moral, les jeunes n’ont pas les critères adéquats pour choisir entre les différents modes de vie, leur choix est donc arbitraire. L’amoralité déforme la nature de la sexualité humaine de manière encore plus radicale que l’immoralité. L’approche amorale ne catégorise pas ce qui est bon ou mauvais moralement et échoue à promouvoir les conditions préalables basiques à la vie humaine.

Ce n’est pas qu’un problème de nature intellectuelle, mais de nature existentielle.

Ce type d’éducation enseigné dans les écoles nuit à la capacité des jeunes à comprendre les implications morales profondes du comportement sexuel. Elle les rend insensibles aux distinctions morales en suggérant qu’il n’y a pas de norme sexuelle absolue, que tout comportement sexuel consensuel est normal et acceptable. Ce faisant, elle empêche les jeunes de faire la distinction entre l’amour sincère et l’exploitation sexuelle.

En réduisant la sexualité aux instincts biologiques, l’éducation sexuelle amorale engendre des gens qui sont guidés par une satisfaction subjective et qui sont contrôlés par leurs pulsions, leurs appétits, leurs désirs, plutôt que par ce qui a de la valeur intrinsèquement. Elle empêche les jeunes d’atteindre une transcendance morale, de développer leur sens moral et de développer une subjectivité authentique. Au lieu de les aider à devenir plus vivants, elle les éloigne d’eux-mêmes.

Bien que ses partisans pourraient être bien intentionnés [du moins on l’espère*], l’éducation complète à la sexualité n’est pas une solution à l’exploitation sexuelle. Bien au contraire, elle fait partie du problème puisqu’elle nuit au développement de la capacité des jeunes à faire la différence entre l’amour authentique et l’exploitation sexuelle. Ce dont nous avons besoin, c’est une forme d’éducation sexuelle qui soit orientée vers l’amour marital et vers les vertus requises pour une cellule familiale stable.


*A.H.



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