Par Alex Schadenberg (Coalition pour la prévention de l’euthanasie) — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : lenets tan/Adobe Stock
Logan Washburn a rapporté dans le Federalist du 8 janvier 2025 que les médecins canadiens poussent à l’euthanasie par don d’organes.*
Actuellement, l’euthanasie est liée au don d’organes au Canada, c’est-à-dire que les personnes dont l’euthanasie est approuvée sont également encouragées à faire don de leurs organes sains. Or, certains médecins et « éthiciens » canadiens font pression pour que la loi soit modifiée afin d’autoriser l’euthanasie par don d’organes.
Washburn rapporte :
Des médecins canadiens ont suggéré de tuer les victimes d’euthanasie en prélevant leurs organes, selon de nombreux rapports, des dénonciateurs et des entretiens publics. Les défenseurs de la liberté médicale documentent les liens émergents entre l’« aide médicale à mourir » (AMM) et le prélèvement d’organes.
« La meilleure utilisation de mes organes, si je dois bénéficier d’une mort médicalement assistée, pourrait être non pas de me tuer d’abord et de récupérer ensuite mes organes, mais de faire en sorte que mon mode de mort — tel que nous considérons médicalement la mort aujourd’hui — soit de récupérer mes organes », a déclaré Rob Sibbald, éthicien du London Health Sciences Centre dans l’Ontario.
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Washburn rapporte que certains médecins canadiens font pression pour autoriser l’euthanasie par le don.
D’autres médecins canadiens se sont publiquement prononcés en faveur de la « mort par le don », et une étude a été publiée au début de l’année sur les programmes d’euthanasie tels que l’AMM en tant que moyen de prélèvement d’organes. Le Canada a légalisé l’euthanasie en 2016 et, depuis lors, le nombre de Canadiens utilisant l’AMM pour se suicider a considérablement augmenté.
Les médecins canadiens contestent également la « règle du donneur mort ». L’autorisation de l’euthanasie par le don d’organe nécessiterait une modification de la règle du donneur mort puisque les donneurs seraient vivants. Washburn rapporte les propos de Sibbald :
« Mais parmi les solutions possibles à nos problèmes pragmatiques, nous pouvons continuer à permettre aux médecins de décider et laisser le conflit aller devant les tribunaux ».
« Nous sommes tellement attachés à cette règle du donneur mort », a déclaré Sibbald. « Cette règle est tellement ancrée dans la communauté médicale que nous la considérons comme un principe fondamental... Et je pense qu’il est tout aussi probable que certaines personnes remettent aujourd’hui cette valeur en question. Et je sais qu’il n’y a peut-être pas d’intérêt à aller dans ce sens, mais il faut se poser la question de savoir si la règle du donneur mort est encore pertinente ».
Il a suggéré que la mort pouvait ne pas survenir à un moment précis et a déclaré que la « meilleure utilisation » des organes des patients qui « vont bénéficier d’une mort médicalement assistée » pourrait être de les prélever alors que la victime est encore en vie.
« Si, pour répondre à votre définition de la règle du donneur mort, vous devez me considérer comme mort une fois que vous m’avez endormi et que vous n’avez pas l’intention de me ramener, alors très bien, je peux l’accepter si ce sont mes valeurs », a déclaré Sibbald.
Celui-ci suggère que les médecins pourraient ignorer la règle du donneur mort et laisser les tribunaux décider de cette question. Washburn rapporte :
« Aucun de mes commentaires précédents ne doit être interprété comme une suggestion que les médecins devraient opérer en dehors des limites des normes légales ou éthiques professionnelles existantes ».
« J’ai plutôt suggéré qu’à la lumière des développements juridiques, nous devrions prendre le temps d’examiner si d’autres normes juridiques ou professionnelles ont également besoin d’être mises à jour ou reconsidérées », a déclaré Sibbald.
L’argument est que le prélèvement d’organes avant l’euthanasie permet d’obtenir les meilleurs organes possible en vue d’un don. Washburn poursuit :
Tandis que certains bénéficiaires de l’AMM « veulent être sûrs que le prélèvement d’organes ne commencera pas avant qu’ils ne soient déclarés morts », d’autres souhaitent « avoir la possibilité de donner autant d’organes que possible et dans le meilleur état possible », selon l’article.
« Le respect de la règle du donneur mort pourrait empêcher ces patients d’atteindre leur objectif », peut-on lire dans l’article. « Dans de tels cas, il peut être préférable, d’un point de vue éthique, de prélever les organes du patient de la même manière que les organes prélevés sur des patients en état de mort cérébrale (en recourant à l’anesthésie générale pour assurer le confort du patient) ».
Selon Sibbald, « l’euthanasie par don d’organes nécessitera une modification du Code criminel canadien. La loi canadienne sur l’euthanasie définit l’aide médicale à mourir comme l’administration d’une “substance” par un prestataire qualifié. Selon cette définition, le prélèvement d’organes n’est pas une cause de décès acceptée », précise l’article.
Bien que le Canada soit devenu le « premier » pays pour le don d’organes après euthanasie, en décembre 2022, 3700 Canadiens attendaient toujours un don d’organe. Washburn rapporte :
En Ontario, les décès dus à l’euthanasie ont stimulé les dons d’organes en 2020. Au Québec, 14 % des donneurs d’organes étaient des personnes décédées par l’AMM en 2022. Un article paru dans le Journal de l’Association médicale canadienne comprend un diagramme de la filière AMM vers le prélèvement d’organes. Ce diagramme date de 2019, lorsque l’euthanasie n’était autorisée que pour les personnes dont la mort était prévisible. Aujourd’hui, les médecins peuvent mettre fin à la vie de patients dont le décès est imprévisible.
Angelina Ireland, directrice générale de la Delta Hospice Society, a déclaré à Washburn :
« Il s’agit de “l’abattage sélectif canadien” — une élimination systématique des personnes faibles, malades, âgées et vulnérables par le biais du programme d’euthanasie de l’État appelé aide médicale à mourir », a déclaré Mme Ireland. « [En s’arrogeant] le pouvoir de les tuer, le gouvernement a ainsi arraché à ses citoyens leur droit le plus sacré ».
Les questions relatives à l’euthanasie par don d’organe et à l’abandon de la « règle du donneur mort » ne sont pas nouvelles, mais l’expérience du Canada en matière d’euthanasie les a mises en évidence.
L’un des problèmes de la légalisation de l’euthanasie, comme au Canada, est que la loi autorise les médecins et les infirmières praticiennes à tuer leurs patients. La question qui se pose alors est la suivante : pourquoi tuer une personne par un poison mortel d’abord, puis retirer les organes encore sains, alors que le fait de retirer d’abord les organes sains est plus efficace et aboutira naturellement à la mort de la personne.
En outre, l’acte d’euthanasie rend impossible la transplantation du cœur ou des poumons.
Le meurtre engendre toujours davantage de meurtres.
*Le critère de « mort » pour le prélèvement d’organe étant la « mort cérébrale », ou la mort circulatoire ou d’autres variantes, le patient auquel on prélève ses organes n’est en fait pas mort. Le prélèvement d’organe après « euthanasie » est en fait à peu de choses près la même chose que l’euthanasie dite par prélèvement d’organe : le patient n’est toujours pas mort avant le prélèvement d’organes. Le changement qui s’opérerait avec l’acceptation de l’« euthanasie par prélèvement d’organes », c’est le changement de mentalité dans la population : auparavant on lui faisait croire que la personne à qui on prélevait les organes était « morte », maintenant on lui ferait admettre qu’il est légitime de prélever des organes sur une personne vivante. — A.H.