Par Ashley Sadler — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : stokkete/Adobe Stock
Moncton, Canada, 16 novembre 2021 (LifeSiteNews) — Au Canada, une femme se voit refuser un traitement pour sa dépendance aux opioïdes parce qu’elle a refusé de se soumettre à des méthodes de contrôle des naissances « invasives ».
Selon un rapport d’enquête de CBC News, Rebecca Billiard, 32 ans, a été informée qu’elle ne pourrait pas poursuivre ses traitements au Sublocade, un médicament qui aide à gérer les symptômes de sevrage sévères, à moins qu’elle n’accepte d’abord l’une des options de contrôle des naissances parmi une sélection limitée, c’est-à-dire un implant hormonal, un dispositif intra-utérin (DIU), ou la stérilisation permanente.
Administré sous forme d’injection mensuelle, Sublocade ─ nom commercial de la buprénorphine — procure un soulagement plus pratique et plus durable des symptômes que de nombreuses options pharmaceutiques typiques administrées lors de visites plus fréquentes en pharmacie.
M. Billiard a déclaré dans une interview accordée au journal que l’absence de « routine ou de rituel de prise quotidienne de médicaments » aide les bénéficiaires à « presque oublier la contrainte de la dépendance ».
« Cela vous donne plus de temps pour réfléchir à ce que vous pouvez faire pour améliorer vos perspectives, votre bonheur et votre routine afin de retrouver le rythme », a-t-elle ajouté.
Cependant, le médecin de Mme Billiard lui a dit qu’elle ne pourrait pas continuer à prendre ce traitement crucial à moins qu’elle ne se soumette à une forme de contraception « invasive ».
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Cette femme de Moncton utilise le patch comme moyen de contraception, ne veut pas d’enfants et ne sort avec aucun homme. Mais pour poursuivre son traitement contre la dépendance aux opiacés, on lui a dit qu’elle devait adopter une méthode de contraception plus « invasive » : https://t.co/dgtbbQ9NkN.
— Karissa Donkin (@kdonk) 10 novembre 2021
Approuvé par Santé Canada en 2018, Sublocade, tout comme de nombreux médicaments pharmaceutiques, est considéré comme présentant un risque pour le bébé à naître si le médicament est pris pendant la grossesse.
Selon la monographie du produit, « l’utilisation de Sublocade doit être évitée chez les femmes en âge de procréer qui n’utilisent pas une méthode de contraception efficace et fiable ou qui sont jugées incapables de respecter les méthodes contraceptives ».
Billiard, cependant, n’est pas enceinte et n’a pas de relations intimes avec un homme, et le fabricant de Sublocade a déclaré à CBC News que la société « ne recommande pas ou ne stipule pas une méthode ou une recommandation spécifique pour la contraception ».
Néanmoins, le médecin de Mme Billiard, le Dr Frank Lord, lui a dit qu’elle devait prendre une « contraception efficace et fiable » pour obtenir sa deuxième dose de Sublocade, ajoutant que les options étaient « assez limitées ».
Dans un enregistrement obtenu par CBC News, le médecin de Billiard, le Dr Frank Lord, a laissé entendre que Mme Billiard ne pourrait poursuivre son traitement que si elle acceptait de subir une hystérectomie, une ligature des trompes ou l’une des deux seules options de « contraception réversible... un implant hormonal ou un DIU, un dispositif intra-utérin ».
« Pour autant que je sache, vous ne répondez pas à ces critères pour le moment », a dit Lord. « Donc avec les directives actuelles et les toutes nouvelles informations, Sublocade n’est plus une option pour vous. La façon de procéder pour l’instant est donc de s’assurer que vous répondez à ces critères de contraception, sinon nous devrons vous faire passer à nouveau au Suboxone, ou peut-être à une autre suggestion. »
Le fait de subordonner un traitement médical à la prise de contraceptifs invasifs ou à une stérilisation totale a suscité l’indignation de nombreuses personnes qui soutiennent qu’un contrôle des naissances invasif ne devrait pas être une condition préalable à l’obtention de traitements susceptibles de sauver des vies.
L’ancienne directrice de l’information de CBC, Treena Wood, a qualifié l’affaire de « scandaleuse ».
« Le médecin de cette femme lui a essentiellement dit de se faire ligaturer les trompes ou de ne plus recevoir son injection de buprénorphine », a commenté la journaliste de Reuters Anna Mehler Paperny.
Ce problème a également soulevé des questions sur la liberté et l’autonomie corporelle au sein d’une société démocratique, dans laquelle toutes les femmes ont théoriquement la liberté de décider d’utiliser ou non de la contraception ou de se faire stériliser. En Chine communiste, le fait de forcer certaines femmes à prendre des contraceptifs artificiels et à avorter est typique.
Selon l’Associated Press, « l’État [chinois] soumet régulièrement les femmes des minorités à des contrôles de grossesse et impose à des centaines de milliers d’entre elles le port de dispositifs intra-utérins, la stérilisation et même l’avortement ».
« C’est Dieu qui vous donne des enfants », a déclaré Gulnar Omirzakh, une femme kazakhe d’origine chinoise qui a été condamnée à une amende de plusieurs milliers de dollars pour avoir eu plus de deux enfants. « Empêcher les gens d’avoir des enfants, c’est mal ».
Dans son entretien avec CBC, Mme Billiard a déclaré qu’elle avait l’impression de devoir se soumettre à une forme de dispositif ou de traitement contraceptif invasif pour poursuivre son traitement [pour le sevrage des] opioïdes, soulignant : « c’est ma vie qui est en jeu ».
Selon le média, « au fur et à mesure que le temps passe avant sa prochaine injection », Mme Billiard espère « voir les médecins être plus compréhensifs sur le fait que chaque personne qu’ils traitent est différente ».
« J’ai l’impression qu’on ne m’a pas écoutée et qu’on ne m’a pas fait confiance pour ma propre santé génésique et pour choisir les médicaments qui me conviennent le mieux et qui correspondent à ma situation », a déclaré Mme Billiard.
Le médecin n'aurait jamais dû demander à cette femme de prendre quelque forme de contraception que ce fût ou de se faire stériliser. Cela va contre la nature. — A.H.