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Si je suis en vie à ce jour, c'est parce que ma mère chinoise a enfreint la loi dans son pays pour me mettre au monde

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Par Lisa Smiley de Bound for Life - traduit par Campagne Québec-Vie

Il y a seulement quelques semaines que le parti communiste chinois annonçait un changement dans sa politique de l'enfant unique, qui devient une politique permettant deux enfants.

Bien que cette décision réponde à des attentes, cette répression contraignant le planning familial ne sera que relativement amoindrie par ce changement. Mettre fin à cette politique ne ramènera pas les vies perdues.

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Les parents de Lisa avec quatre de leurs filles, en Chine

Pendant environ quarante ans, le régime chinois a ordonné des stérilisations forcées et des avortements sur des millions de femmes souhaitant avoir plus d'un enfant.

Le ministère de la santé chinois a officiellement reconnu le nombre de 330 millions d'enfants avortés depuis 1980, la mise en place de la politique. Bien souvent, les femmes découvertes enceintes et ayant déjà un enfant sont tirées de leur domicile, battues et contraintes à avorter par le planning local.

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Cela a eu un impact considérable sur mon existence, car c'est ma vie ; je suis née dans une famille chinoise de cinq filles et un garçon. Toutes les filles sont nées en Chine communiste, les trois plus jeunes dont moi sommes venues au monde illégalement sous la politique de l'enfant unique. 

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Les parents de Lisa avec leurs cinq filles, en Chine

Parce que de nombreux parents préfèrent avoir un enfant garçon qu'une fille, un nombre plus important de filles sont avortées. Si bien qu'il y a moins de filles que de garçons, non seulement en Chine, mais aussi en Asie.

Comme la plupart, mes parents désiraient un garçon. Cependant, ils ont eu cinq filles avant. Bravant les encouragements de l'État et de la société, mes parents et ma famille en général, avions des valeurs très profondément encrées, dont le désir d'enfants, et donc, mes parents n'ont pas voulu avorter aucune fille.

Ma mère a partagé son histoire et expliqué ce qu'ils devaient faire pour se protéger du gouvernement. Quand elle était enceinte de chacune des trois plus jeunes, elle a dû se cacher pendant des mois.

Quand elle est tombée enceinte de moi, mes parents avaient déjà trois filles. Ma sœur plus âgée, Julie était encore bébé que ma mère a dû laisser à une connaissance et garder mes deux plus grandes sœurs à la maison, alors qu'elle traversait la ville par ses propres moyens pour aller demeurer chez quelqu'un d'autre. Les représentants du gouvernement auraient pu venir chercher une femme comme elle, qui ne respectait pas la loi.

En fin de grossesse, elle a dû se déplacer dans une autre ville pour accoucher loin de là où nous vivions. Elle avait extrêmement peur et était stressée d'être interceptée, mais par chance cela ne s'est pas produit.

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Lisa, à droite, photographiée avec une de ses sœurs et son frère.

Il y a eu certains moments dans l'année où les fonctionnaires du parti étaient particulièrement rigoristes au sujet des familles qui transgressaient la loi. Pendant ce temps, mes deux sœurs aînées ont quitté la maison pour être logées par des oncles et tantes, alors que mes parents devaient emmener ma plus jeune sœur autre part dans la province chez mes grand-parents.

Nous ne pouvions pas être tous à la maison au cas où on nous chercherait. Le village nous a soutenus par son silence, les familles qui ont souhaité comme nous avoir plus d'un ou deux enfants devaient s'enfuir avec leurs bébés dans la crainte de ce que le gouvernement pourrait leur faire..

Ma sœur plus âgée, qui était à l'école élémentaire, se souvient de ces moments. Des fonctionnaires pouvaient venir la questionner pour savoir où étaient nos parents. Qu'aurait-elle pu répondre ? Mes parents ne lui disaient pas grand chose, elle n'avait donc aucun secret à dévoiler.

Elle se souvient aussi comment les autres enfants et leurs familles pouvaient baisser les yeux sur notre passage, et parler du nombre de filles de notre famille derrière notre dos. Nous n'étions pas simplement en infraction; nous aurions été rejetés par la société. Elle a même entendu des personnes dont les propos accablaient notre famille en disant, Quel manque de chance d'avoir autant de filles! Que va-t-il advenir de cette famille?

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Lisa ayant grandi avec à ses côtés deux de ses sœurs et son frère.

Mais, face à l'adversité, ma mère disait que nous avions malgré tout de la chance, et elle voulait que nous ne l’oubliions pas. Ainsi, en vivant du côté de la campagne, la loi était plus souple.

Parce que mes parents étaient d'humbles travailleurs, ils n'avaient pas à attendre d'aide de la part du gouvernement. En autant qu'ils gagnaient suffisamment pour payer une compensation à quelques agents, qui ont composé avec les autorités.

En regardant devant eux, mes parents ont fini par reconnaître que l'avenir s'obscurcissait. Mais bien heureusement, des membres de notre famille ont émigré par delà les mers, nous avons donc été capables de partir du pays quand j'avais quatre ans - d'abord en Nouvelle-Zélande et puis en Amérique.

Si nous étions restés en Chine, impossible de dire ce que nous serions devenus. Beaucoup d'enfants nés hors du cadre de la loi, n'ont pas de légitimité, n'accèdent pas à des places dans la société, et sont forcés de vivre comme des 'enfants fantômes'.

Nous sommes bien heureux, aujourd'hui en Amérique, où aucune femme n'est soumise légalement à l'avortement. Mais je reste en colère envers la Chine, ma terre natale ; chaque année ce sont 300 millions de vies qui sont sacrifiées, avec pour chacune une tragédie personnelle en toile de fond... je pense que mes sœurs et moi aurions pu faire partie de ces macabres statistiques.

Je suis si reconnaissante envers mes parents et respectueuse de ce qu'ils ont dû traverser pour nous préserver moi et mes sœurs, j'ai encore peine à y croire.

Aujourd'hui ils récoltent la récompense de leurs actions courageuses. Proches de la retraite, mes parents prévoient de rendre visite à chacun de leurs enfants: pour rester un peu avec nous au Texas quelques mois, puis remonter en Californie pour voir ma sœur et sa famille.

Ils semblent si épanouis. Ils ne peuvent pas attendre pour voir leurs petits-enfants et cuisiner pour nous une véritable et authentique cuisine chinoise - bien que l'on n'y vive plus -, comme tous les parents chinois adorent faire.

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Les parents de Lisa, avec autour d'eux leur petit-fils et leurs trois plus jeunes enfants.

Je ne peux pas imaginer ce qu'ils penseraient aujourd'hui, s'ils avaient choisi l'avortement pour moi ou l'une de mes sœurs. Leur façon de penser et leurs aspirations auraient été brisées: ils seraient tristes pour leurs enfants disparus, avec des espoirs et des rêves de ce qui aurait pu être, comme c'est le cas de millions de foyers en Chine.

Cela me fait penser à la photographie virale d'une mère battue, avec son enfant avorté au 7ème mois étendu à côté d'elle. C'est difficile à voir, et cela illustre la plus importante infraction aux droits de l'Homme que le gouvernement chinois a commis de par cette politique cruelle... et continuera probablement de faire.

Les enfants sont une bénédiction et toute vie a une valeur. Je suis si chanceuse que mes parents croient en cela. S'ils avaient pensé autrement, en suivant l'opinion défavorable aux filles et obéi à des lois qui leur semblaient injustes, mes sœurs et moi ne serions pas là aujourd'hui.



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