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Manipulation de l’argent et du langage : les nouvelles méthodes des oligarques modernes


Famille pêchant le poisson par Ekenæs.

Par le Dr Robert Hickson et Dr Maike Hickson — Traduit par Campagne Québec-Vie

25 juin 2021 (LifeSiteNews) — L’article suivant a été publié par le Dr Robert Hickson et le Dr Maike Hickson sur leur blogue personnel, et est reproduit ici avec la permission des auteurs.

Une note des auteurs sur le 24 juin 2021 (la Nativité de saint Jean-Baptiste) : À la fin du mois d’août 2012, il y a maintenant presque 10 ans, alors que nous lisions et discutions ensemble candidement d’une variété de livres stimulants, ma femme et moi avons tous deux considéré quelques intuitions récurrentes et connectées dans ces textes contrepointés que nous avons alors décidé d’écrire, et ensuite aussi de présenter une partie de cette matière réfléchie à quelques autres, spécialement pour [bénéficier de] leurs corrections et leur jugement de discernement plus profond. Ces sujets comprenaient l’isolement de l’âme humaine et les épreuves d’un isolement humain prolongé (Belloc) ; un paradoxe chrétien rafraîchissant sur les domaines temporel et surnaturel (Jacques Maritain) ; le déracinement de la famille, non seulement de la famille chrétienne et catholique ; la conduite seulement partiellement connaissable de certains oligarques financiers et politiques influents et de leurs réseaux secrets souvent sans comptes à rendre ; et l’abus de langage (comme dans le sophisme) qui aide et couvre souvent l’abus de pouvoir. Puisse le bref examen que nous proposons ici être une contribution digne d’intérêt à un discours important, et même être opportun.

Dr Robert Hickson et Dr Maike Hickson

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25 août 2012

Saint Louis IX Roi de France (m. 1270)

Manipulation de l’argent et du langage : Les nouvelles méthodes des oligarques modernes

Épigraphe : Un paradoxe chrétien pour limiter la tentation de la présomption pharisaïque

« L’ordre de la bonne administration morale et civile prescrit que les publicains et les prostituées prennent rang après les personnes de vie honorable. L’ordre du Royaume des cieux permet aux publicains et aux prostituées de prendre rang, dans le jugement insondable de Dieu, avant les personnes de vie honorable. » (Jacques Maritain, Freedom in the Modern World, London : Sheed & Ward, 1935, p. 78 — c’est moi qui souligne.)

L’état inhumain dans lequel nous (les humains) vivons en ce moment de l’histoire devient chaque jour plus clair. Il devient de plus en plus évident que les élites dirigeantes sont détachées du peuple qu’elles dirigent et que même ces élites sont dirigées par d’autres élites, principalement financières. Les citoyens se sentent souvent impuissants face au désordre social, moral, financier et même naturel.

Une partie de l’analyse d’aujourd’hui devra porter sur les effets de la destruction de la famille. Beaucoup de courage, d’indépendance d’esprit et de cohésion ont été enlevés aux citoyens (souvent avec leur propre collaboration) par l’isolement de l’homme des autres membres de sa famille, en particulier par le divorce (le manque de soins pour les personnes vulnérables, les petits et les personnes âgées est souvent le résultat de l’absence d’une femme au foyer qui, étant à la maison, est donc à même de fournir des soins). Nous n’avons pratiquement plus de port d’attache qui soit pour nous un refuge et une forteresse, où nous trouverions l’amour et le soutien qui nous épauleraient plus pleinement dans toute lutte politique. Oui, nous sommes affaiblis par les liens brisés, les querelles pour la garde des enfants, le partage des biens, les réprimandes et les remords. Nous avons sombré dans l’anarchie morale et sociale et cela entraîne de graves conséquences pour le bonum commune. Une société aussi hédoniste (« Je ne fais que ce qui me fait plaisir ») et atomisée est trop égocentrique pour être capable de regarder le tableau d’ensemble de la société et d’agir en fonction de l’analyse de celui-ci.

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Les fondements moraux de la société ont été anéantis par une attaque sans fin contre la foi et la culture chrétiennes, qui étaient le fondement d’une civilisation florissante. Les analystes ont montré les effets destructeurs des théories de plusieurs institutions et fondations culturelles et politiques (comme l’institut Tavistock et l’école de Francfort) sur la société et la famille. Le credo et la morale chrétiens aident les gens et leur procurent une structure disciplinée pour mieux vivre dans ce monde, même si ce monde sera toujours aussi une vallée de larmes. Nous ne pouvons pas échapper à la souffrance. Et l’amour fait mal.

L’Europe a connu de nombreuses guerres et révolutions au cours des deux derniers siècles et demi. Elles ont largement contribué à l’autodestruction d’une société où un enfant ne peut plus (et ne pourra peut-être plus jamais) jouer indemne sur les terrains de jeux publics et où les personnes âgées ne sont plus respectées, protégées et aidées activement par les jeunes. Quel genre de personnes sommes-nous pour ne plus protéger les personnes vulnérables, l’un des objectifs majeurs du christianisme ? Le Seigneur ne plaisantait pas dans l’Évangile de Matthieu 25, 31-46. « Ce que vous faites au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous le faites ».

Comment en sommes-nous arrivés à cet état de rejet progressif ou d’apostasie tranquille ?

De nombreuses recherches ont été menées sur l’histoire de la révolution et de la guerre comme moyen de fragmenter, déstabiliser, perturber et atomiser des sociétés autrefois cohérentes et enracinées, notamment chrétiennes. (Ces techniques sont aujourd’hui, semble-t-il, de plus en plus appliquées aux pays musulmans encore quelque peu cohérents et résistants.) La guerre et la révolution détruisent les stabilités politiques et les gouvernements existants, et déracinent et détruisent les familles par la mort et le bouleversement. Qui est à l’origine de la destruction des pays chrétiens d’Europe, autrefois cohérents ?

On sait maintenant que tous les dirigeants principaux du mouvement des Lumières ─ qui a remplacé la foi en Dieu par une sorte de foi en la « Raison » ─ étaient francs-maçons. Les francs-maçons visaient la destruction de l’Église catholique en tant que guide moral et de la monarchie en tant que facteur de stabilisation et en quelque sorte de rempart contre la manipulation de l’argent, surtout si le roi était vraiment chrétien. Toutes deux ont été attaquées et sapées par la Révolution française et, dans la foulée, par les mouvements nationalistes croissants du 19e siècle, qui visaient à remplacer l’ordre et la morale antérieurs par un renforcement excessif des sentiments nationalistes du peuple et par la centralisation du pouvoir politique. Les monarchies étaient beaucoup plus subsidiaires que ne l’ont jamais été les États modernes.

En y regardant de plus près, on s’aperçoit que les oligarchies qui orchestrent aujourd’hui la manipulation de l’argent et de la langue (en tant qu’outil de gouvernance) étaient déjà impliquées dans le financement des révolutions depuis 1789, en particulier de la révolution russe, mais aussi de la révolution nationale-socialiste perturbatrice et inhumaine en Allemagne. Des noms comme les Warburg, les Mellon, les Rothschild et les Rockefeller sont à mentionner ici, entre autres.

De nombreuses figures de proue de toutes les révolutions et des nouvelles philosophies de l’ère moderne ont été très intéressées par le monde occulte, et souvent par la franc-maçonnerie gnostique supérieure, en particulier : Karl Marx a écrit des poèmes en l’honneur de Satan ; Freud croyait secrètement à l’occultisme ; Hegel lui-même était profondément enraciné dans la Kabbale ; beaucoup des leaders des Lumières étaient des rosicruciens. Charles Darwin est issu d’une famille profondément enracinée dans la franc-maçonnerie, et sa théorie de la survie du plus apte est en accord avec la pensée dialectique (c’est-à-dire qu’il y a toujours une prétendue thèse et une antithèse, dont le conflit environnemental aboutit à une synthèse « meilleure » ou « plus adaptée »). Friedrich Nietzsche a été initié aux cultes éleusiniens et son livre « Au-delà du bien et du mal » représente l’essence de la pensée gnostique, à savoir que, par la voie dialectique, les humains doivent dépasser le vieil antagonisme chrétien du bien et du mal et doivent embrasser les deux dans une synthèse supérieure. La recherche historique montrera plus tard combien de ces intellectuels, qui ont convaincu les masses qu’il n’y a pas de Dieu et que l’athéisme est une forme de liberté, croyaient eux-mêmes réellement à l’existence du monde de l’au-delà, à la différence qu’ils suivaient le malin, souvent en utilisant un euphémisme comme Lucifer. Cela expliquerait les effets néfastes de leurs philosophies et théories. Et si un jour on découvrait que les soi-disant illuminés d’aujourd’hui étaient tombés dans le piège de la simple propagande, de la tromperie et de l’aveuglement ? Il suffit de regarder les fruits de ces théories « libératrices ». Les oligarchies financières, entrelacées avec les élites intellectuelles, ont à la fois promu et renforcé l’état dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui. Elles ont apparemment eu besoin de personnes déracinées pour leurs plans de gouvernance manipulatrice et de recherche de profits.

L’histoire des deux derniers siècles et plus ne peut être écrite sans le rôle immense de ces oligarchies financières. Leur objectif : la destruction de la culture et de la civilisation chrétiennes à visage humain ─ avec leur compassion pour les pauvres et les vulnérables ─ et le renforcement des idéologies et des mouvements qui conduisent à la fragmentation et à la déstabilisation des sociétés, qui sont constituées d’humains vivant pour la plupart en familles. C’est là que ces oligarchies ont eu besoin de théories spécieuses (mais fausses) et de propagande pour instiller dans l’esprit des hommes des idées qui les éloigneraient d’un mode de vie sain et plus pleinement vertueux : le féminisme, le communisme, le socialisme, le darwinisme, le capitalisme, la parité homme-femme, pour n’en citer que quelques-unes, toutes ces théories conduisent les gens à contribuer à la formation d’une société moins humaine. Elles conduisent également toutes à la perturbation de la vie familiale, noyau de la liberté et de l’amour humains.

Dans ce contexte, il est très utile de revenir cent ans en arrière et de se pencher sur les travaux et les écrits de quelques hommes courageux au grand cœur, miséricordieux et magnanimes, qui ont combattu en Angleterre le début de cette œuvre de destruction moderne (début du 20e siècle), avec l’amour, une intelligence vive et la foi catholique comme outils spécifiques : Hilaire Belloc, G. K. Chesterton et le Père Vincent McNabb. Ces trois hommes ont discerné la germination des théories mentionnées ci-dessus, dont beaucoup ont vu le jour en Angleterre à l’époque, et ils y ont résisté avec persévérance et joie. Ils avaient une vision historique plus longue et de bons critères et normes pour se rendre compte des conséquences réelles inhérentes, ainsi que des implications logiques finales plus complètes, de ces fausses théories.

Chesterton, dans son livre What’s Wrong with the World (1910), par exemple, présentait de manière charmante et chaleureuse la beauté du foyer, en particulier celui d’une épouse et d’une mère qui aime toute sa famille et façonne son foyer avec soin et amour. Ailleurs, il a également montré la cruauté du divorce et ses effets néfastes, notamment sur les enfants.

Hilaire Belloc a résisté au pouvoir croissant de l’État (ce qui n’existait que rarement auparavant dans un État monarchique) dans son livre The Servile State [L’État servile] (1912). Il a également fortement résisté à l’esprit de Mammon qui se répandait à son époque et a défendu la vie locale et enracinée dans la campagne.

Le père McNabb, dans son livre The Church and the Land [L’Église et la terre] (1926) [1], s’est opposé au déplacement des gens vers les villes et a fait valoir qu’ils devraient revenir et s’enraciner davantage à la terre, où une famille peut vivre de manière indépendante et gagner sa vie grâce à des métiers spécialisés et à l’agriculture sur sa propre terre, tout en assumant ses responsabilités et obligations.

Ils ont tous trois vu l’importance de la propriété privée et de la responsabilité personnelle et ont constaté la mauvaise gouvernance, froidement indifférente et manipulatrice, de ces oligarchies financières.

Ils se sont battus avec magnanimité et ont toujours encouragé [leurs contemporains] avec persévérance.

Ils sont tous les trois liés au concept médiateur du distributivisme, qui est une véritable réponse à la vieille dialectique entre capitalisme et socialisme, dans la mesure où il propose d’assurer que la grande majorité des citoyens possèdent leur propre terre et soient ainsi rendus capables de vivre une vie digne et idéologiquement indépendante.

Ces trois auteurs méritent d’être étudiés dans le contexte de notre époque et des problèmes auxquels nous sommes faisons face. Eux aussi ont résisté, déjà à l’époque, aux intrusions et interventions militaires agressives, comme dans le cas des deux guerres des Boers (1880-1881 ; 1899-1902) de l’Empire britannique, qui se sont sournoisement étendues, surtout la seconde. Ils ont également critiqué le darwinisme biologique et social, l’euthanasie et toute autre forme d’inhumanité. Mais ils ont également agi dans leur vie personnelle en fonction de leurs convictions. Il existe une histoire très touchante sur le père McNabb qui lui-même, dans sa vieillesse, secrètement habillé en vieille femme, se faufilait régulièrement dans le petit appartement d’une femme très âgée et malade et faisait le ménage dans son appartement. Cela n’a été révélé que progressivement, lorsqu’il est mort en 1943 et que la pauvre femme s’est soudainement retrouvée sans aucune aide dans son état de vulnérabilité et de maladie.

Capitalisme criminel pour les élites, socialisme collectif pour les masses ?

Depuis l’époque de ces auteurs dont nous venons de parler, beaucoup de développements ont eu lieu. L’ancienne dichotomie entre capitalisme et socialisme a été transformée en une nouvelle synthèse, en un capitalisme mondialiste avec un côté socialiste : la fusion des deux opposés, toujours selon la vieille dialectique hégélienne. À chaque étape, de plus en plus de substance culturelle, religieuse et humaine est détruite et subtilement sapée. Voici comment ces deux anciens opposés travaillent maintenant ensemble, renforcés par les nouvelles méthodes et technologies du 21e siècle, avec son système multimédia et consumériste, et avec ses psychotropes et psychotechniques encore plus développés qu’auparavant.

Le capitalisme est utilisé comme un outil pour déraciner encore plus les entreprises et les fermes locales, pour détruire encore plus la vie familiale par des horaires de travail inhumains et la peur de perdre son emploi, une nouvelle forme d’esclavage.

Le socialisme est utilisé dans l’État-providence pour rendre les gens mentalement vagabonds, paresseux et excessivement dépendants. Il est également utilisé comme un outil pour transformer l’État limité en un État thérapeutique intrusif qui a son mot à dire dans tous les domaines, même dans les questions les plus intimes de l’éducation des enfants, de la façon dont les femmes doivent gérer leur foyer, etc.

Tandis que les premières révolutions des temps modernes ont manifesté beaucoup de violence, les nouvelles méthodes de domination et de contrôle manipulatoire d’aujourd’hui ont été sophistiquées et sont en général moins violentes. Alors que le communisme avait encore son système de goulags et le nazisme ses camps de concentration, l’homme moderne est aujourd’hui pris au piège du consumérisme, de l’idolâtrie du corps, de la dégénérescence sexuelle et de l’asservissement technologique et surtout de « l’esclavage électronique ». De nombreuses personnes sont tellement ramollies et occupées qu’elles n’ont plus la capacité ni la volonté de penser, de tirer des conclusions essentielles et d’agir en conséquence.

L’une des conclusions de ce petit essai est qu’il faut vivre soi-même, et plus pleinement, les préceptes, les conseils et les invitations généreuses du christianisme afin de pouvoir être convaincant et attrayant pour les autres. La vraie charité, dans son désintéressement généreux, touche encore le cœur humain. Quand la vérité est dite, elle interpelle encore l’esprit humain.

─ CODA ─

Malgré tous ses problèmes trop bien connus, l’un des grands avantages des États-Unis à notre époque est la plus grande liberté spirituelle et spatiale qui existe encore. Un bon exemple en est le mouvement d’instruction à la maison (« Homeschooling »). Le nombre de familles qui retirent leurs enfants des écoles d’État, de leur propagande et de leurs égouts moraux, augmente considérablement. Elles les scolarisent tout simplement à la maison avec l’aide des nombreuses organisations d’instruction à domicile qui leur fournissent le matériel d’apprentissage et les conseils indispensables, ou bien elles s’organisent en coopératives subsidiaires. Ces familles font usage de leurs libertés, encore légales dans ce pays, pour nourrir l’esprit de leurs petits avec la vérité et un sens approprié des proportions et des objectifs, et non avec la corruption intellectuelle et morale.

Un avertissement opportun et intemporel est tiré de la sagesse d’Hilaire Belloc, dans son chapitre consacré à la vie véritablement tragique de Marie Stuart, reine d’Écosse et rivale d’Élisabeth Tudor, reine d’Angleterre ; celle-ci, sous l’incitation persistante de son principal conseiller William Cecil, a fini par consentir elle-même, à contrecœur, à l’injuste exécution de Marie Stuart, après l’avoir gardée emprisonnée en Angleterre et séquestrée pendant de nombreuses années (presque dix-neuf ans). Du fond du cœur, Hilaire Belloc dit donc : « L’isolement est le principal mal de la vie humaine et l’isolement a été imposé à cette femme [Marie Stuart] toujours et partout. Quand elle a fait un effort désespéré pour s’en débarrasser [c’est-à-dire de cet isolement prolongé et terrible], cet effort lui a été fatal. » (Hilaire Belloc, Elizabethan Commentary [Londres : Cassell and Company LTD, 1942], page 158 — c’est moi qui souligne).

— FINIS ─

© 2012 Robert D. Hickson et Maike Hickson


[1] Ce livre est un recueil d’essais abordant les problèmes de la révolution industrielle avec la philosophie et la pensée sociale chrétiennes. Parmi les sujets abordés figurent l’industrialisation et la montée du chômage ; le mal du système salarial ; l’importance de la propriété foncière et la restauration de la production artisanale ; le lien nécessaire entre le travail réel et le salut spirituel. Il s’adresse à tous ceux qui étudient la pensée sociale et économique ainsi que les études catholiques et chrétiennes.



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