Par Jonathon Van Maren — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : Ivan/Adobe Stock
30 mai 2023 (LifeSiteNews) — En avril, j’ai eu une longue discussion avec Jojo Ruba sur la façon dont l’interdiction des thérapies de conversion au Canada était appliquée depuis l’adoption de la loi.
Ruba, qui a eu recours à la thérapie pour faire face à sa propre attirance pour le même sexe, s’est exprimé sur ce projet de loi depuis qu’il a été présenté par le gouvernement Trudeau et a témoigné contre l’interdiction devant un comité parlementaire (vous pouvez regarder son témoignage ici).
L’un des principaux objectifs de cette loi, m’a-t-il dit, n’est pas simplement de poursuivre les pasteurs, les parents ou les conseillers qui aident les jeunes souffrant de dysphorie de genre ou d’attirance non désirée pour le même sexe. Il s’agit de produire un effet dissuasif dans tout le pays qui amènera les gens à refuser volontairement de s’occuper de ces questions par crainte d’être inculpés.
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Le 29 mai, Radio-Canada a publié un parfait exemple de cet « effet paralysant » sous le titre « Un camp d’été pour garçons fait craindre une thérapie de conversion ». L’article mérite d’être décortiqué, car il s’agit d’un exemple microcosmique de la façon dont l’interdiction des thérapies de conversion au Canada est perçue par ses partisans, et de la façon dont les militants LGBT aimeraient qu’elle soit appliquée dans la pratique. L’article commence ainsi [traduction de l’article en anglais, l’article en français étant légèrement différent] :
Lorsque Vivian Myers-Jones a lu la description d’un camp d’été proposé à des adolescents, cela lui a instantanément rappelé son enfance et l’idée qu’elle devait se conformer aux idéaux traditionnels de la masculinité.
« C’est une chose avec laquelle j’ai lutté en silence pendant 40 ans de ma vie », a déclaré Myers-Jones, une femme transgenre de Hampton. Aussi, lorsqu’elle a appris que Caton’s Island, un camp d’été organisé par une église sur le fleuve Saint-Jean près de Sain — Jean (Nouveau-Brunswick), faisait la publicité d’un camp décrit comme « guidant les garçons vers une virilité authentique — de la confusion à la clarté », elle s’est sentie bouleversée. Le langage utilisé dans l’annonce a tellement inquiété Mme Myers-Jones qu’elle l’a signalée à la GRC, craignant qu’il ne s’agisse d’une thérapie de conversion, ce qui est illégal.
Traduisons : un homme biologique* qui s’identifie comme une femme a été choqué par un camp d’été pour garçons parce qu’il mettait l’accent sur la « virilité authentique », une expression que Myers-Jones trouve manifestement offensante — et la police a donc été appelée. La police, pour sa part, a refusé de dire à Radio Canada si elle menait une enquête. Plus d’informations :
Un message sur la page Facebook de Caton’s Island, qui a depuis été supprimé, disait : « Nous nous efforcerons de guider les jeunes hommes de ce camp hors de la confusion culturelle concernant la masculinité vers une clarté biblique en utilisant des études de caractère tirées des Écritures, de l’histoire et de l’époque moderne d’hommes réels qui se sont montrés forts et ont marqué favorablement leur temps ».
Le message précise que la « masculinité authentique » est « le résultat attendu ».
Le site web de Caton’s Island indique que le camp, qui est ouvert aux adolescents de 14 à 16 ans, « fournira une définition claire de la masculinité authentique et donnera aux jeunes hommes des objectifs clairs ».
Des expressions telles que « confusion culturelle concernant la masculinité » et « masculinité authentique » ont vraiment attiré l’attention de Myers-Jones. Le langage de l’annonce pourrait être tiré de « l’ancien temps », a-t-elle déclaré.
« Je me suis sentie obligée de le signaler à ce moment-là », a-t-elle déclaré. « Tout cela me semblait bien trop familier. Je ne veux pas voir quelqu’un d’autre souffrir, surtout de la façon dont j’ai souffert ».
Tout cela est très révélateur. Myers-Jones ne semble pas croire, sur la base de ces commentaires, qu’il existe une « définition claire de la virilité authentique », et pense que les discussions sur les vertus masculines datent de « l’ancien temps » — le sous-entendu, bien sûr, est « l’ancien temps mauvais ». De nos jours, Myers-Jones estime que ce genre de choses doit être illégal.
L’annonce indique également que : « Au cœur de notre programme, il y aura une formation qui enseignera la vaillance et la vertu — des choses comme le courage, la responsabilité personnelle, familiale et sociale, le fait de retarder la gratification en se sacrifiant maintenant pour une plus grande récompense plus tard, et le rejet d’une vie de passivité. Notre mission est d’aider ces jeunes hommes à développer des valeurs fondamentales, à favoriser un état d’esprit responsable et à cultiver un caractère biblique qui leur servira de boussole face aux défis de la vie. Ces leçons seront apprises dans un cadre de plein air, avec un esprit d’aventure et une authentique masculinité comme résultat attendu. Les hommes de bien sont nécessaires et indispensables ».
Même les non-chrétiens les plus sensés pourraient certainement applaudir les objectifs d’un programme qui encourage les jeunes hommes à devenir vertueux et à se fixer des objectifs. Mais pour Myers-Jones, la menace est telle qu’elle justifie un appel à la police. Canon’s Island est géré par l’église wesleyenne, qui s’est naturellement refusée à tout commentaire — et l’annonce a été rapidement supprimée des médias sociaux. Selon Radio Canada, on a également demandé à la Commission des droits de l’homme du Nouveau-Brunswick si le camp « violait les droits de l’homme », mais elle a refusé de commenter « parce que la question fait l’objet d’une plainte criminelle ».
Radio Canada a également cherché des activistes LGBT susceptibles de partager les préoccupations de Myers-Jones, dans le but d’obtenir un article. Amber Chisholm, de Imprint Youth à Fredericton, a déclaré qu’elle ne savait pas si l’annonce avait enfreint la loi, mais qu’elle était d’accord avec Myers-Jones pour dire que le langage utilisé était inquiétant. « Le problème n’est pas nécessairement que ces aptitudes à la vie quotidienne n’ont pas de valeur, mais qu’elles sont liées à des rôles cisgenres et hétéronormatifs très rigides, qui circonscrivent qui peut ou ne peut pas participer, ou comment certains types d’enfants assignés à un sexe masculin devraient s’exprimer », a-t-elle déclaré.
Selon Radio Canada, « Nick Schiavo, directeur général de No Conversion Canada, a déclaré que son organisation était également préoccupée par le langage utilisé ». Plus précisément, M. Schiavo s’inquiète du fait que « des jeunes vulnérables sont impliqués... Nous sommes très inquiets et c’est pourquoi nous surveillons la situation ». (Au cas où cela vous aurait échappé, il s’agit ici d’un camp religieux pour jeunes hommes axé sur la vertu et les valeurs bibliques — vous pouvez voir le problème ici). En résumé, une personne transgenre s’est plainte à la police d’un camp d’église pour garçons ; les autorités elles-mêmes ne veulent pas dire si des accusations seront portées ; Radio Canada a docilement traité cette affaire comme une vraie histoire et a interviewé des activistes LGBT pour souligner à quel point ce camp d’église est vraiment inquiétant.
Voilà, en résumé, comment fonctionne « l’effet paralysant » de l’interdiction des thérapies de conversion au Canada, avec le gouvernement, des mouchards LGBT autoproclamés qui surveillent les activités des églises, les médias qui tirent la sonnette d’alarme à propos d’un camp axé sur la « masculinité authentique », et une phalange d’activistes qui se tiennent prêts à faire des déclarations sur le danger des camps d’église pour garçons. Bienvenue au Canada, en l’an de grâce 2023. Nos ancêtres en pleureraient.
*Remarquez que puisqu’un homme l’est du fait de sa biologie, de sa génétique même, il ne peut donc pas devenir femme, d’où il est absurde de parler d’« homme biologique » (ou de personnes biologiquement masculines) quand on veut mentionner un vrai homme, car en fait d’homme, il n’y a que des hommes biologiques. La même chose est vraie pour les « femmes biologiques ». — A. H.