M'INSCRIRE
DONNER

Joignez-vous au mouvement

CQV défend la personne humaine, de la conception à la mort naturelle.

ou

×

Dénatalité mondiale : le drame des sociétés qui poussent à ne pas avoir d’enfants

Par Jeanne Smits (reinformation.tv) — Photo : spyrakot/Adobe Stock

Le taux de natalité est en baisse partout dans le monde, et constitue selon Stephen S. Shaw, auteur du documentaire The Birthgap (le fossé des naissances), l’un des plus gros problèmes sociétaux et existentiels auxquels le monde contemporain est confronté. Dans une démarche de spécialiste des datas, il identifie une réalité inattendue : au cœur de l’hiver démographique bien installé dans la majeure partie de la planète on constate un facteur universel : le nombre de naissances baisse en raison du drame de l’infécondité involontaire.

La remarque est d’autant plus intéressante qu’on nous explique à longueur d’émissions et de réflexions politiques que le « dérèglement climatique » (les expressions « changement » et « réchauffement » climatique semblent avoir fait leur temps !) est le problème numéro de notre « maison commune ». Cette grande peur est même celle qui pointe la démographie, le nombre d’êtres humains sur terre, ainsi que l’activité économique et industrielle que requiert cette population en forte croissance, sont à la racine d’un avenir climatique « insoutenable ».

Que la planète se réchauffe dangereusement à cause de l’activité humaine, c’est une hypothèse, ou plutôt un faux dogme justifiant toutes sortes de sacrifices qui se révèlent tous ordonnés au recul, à divers niveaux, de la présence de l’espèce humaine sur cette terre. Mais la réalité que dessine une natalité en deçà du taux de remplacement des générations est cruelle et, s’il faut en croire Stephen Shaw, inéluctable à vues humaines.

L'article continue ci-dessous...

Cliquez « J'aime » si vous êtes pro-vie !

Abonnez-vous à notre chaîne Youtube !

Jordan Peterson et Stephen Shaw : la dénatalité, la vraie crise de la planète

Interrogé dans un passionnant entretien de près de deux heures par le psychologue clinicien canadien et ancien professeur de psychologie Jordan Peterson, Shaw déclare en effet : « Les taux de natalité inférieurs au seuil de remplacement s’inscrivent dans une spirale descendante. On ne les a jamais vus s’arrêter. Si vous avez moins d’enfants qu’il n’en faut pour remplacer la génération d’un parent, une fois que cette génération aura grandi, ils resteront bas, nous apprend l’histoire. Une fois qu’ils sont bas, il y a moins d’enfants, et à partir de là moins de naissances encore. […] Quand on cherche des exemples d’une société qui revient à un niveau de remplacement, on se rend compte qu’il n’y en a pas. […] Il n’y a aucun exemple d’un pays qui soit revenu à un niveau de remplacement. »

Deux précisions : si la population s’accroît, c’est aujourd’hui principalement en raison de l’allongement de la durée de vie, alors même que presque partout, la proportion de jeunes diminue. Shaw remarque : « Si vous prenez une explosion démographique, avec de plus en plus de personnes âgées et de moins en moins de jeunes, il est évident que vous aurez moins de personnes pour s’occuper des personnes âgées. Mais je n’ai jamais vraiment lu quoi que ce soit sur les modèles d’effondrement de la valeur de l’immobilier, parce qu’il ne faut pas longtemps, s’il y a plus de maisons que de personnes, pour que la valeur de l’immobilier chute. »

D’autre part, l’infécondité involontaire qu’il observe n’est pas au premier chef médicale, même si les problèmes d’infertilité peuvent faire partie des raisons pour lesquelles des femmes — mais aussi des hommes — n’ont pas d’enfants alors qu’ils auraient souhaité en avoir. Pourquoi ? Il suggère quelques réponses, mais sans avoir pu en identifier une seule, et pourrait-on objecter, sans essayer d’en faire le tour, mais tel n’était pas son propos.

De manière générale et constante, observe Shaw, quelque 5 % de la population ne désirent pas avoir d’enfants pour diverses raisons. Mais jusqu’à 30, voire 40 % des femmes en âge de procréer dans les pays développés n’ont aucun enfant, ce qui signifie qu’environ 80 % des femmes sans enfants dans ces pays se trouvent dans cette situation sans l’avoir voulu.

La crise démographique est celle de l’infécondité non choisie

Et voilà le clou de son propos. « J’ai compris que quelque chose n’allait pas, quand j’ai vu que la même tendance se dessinait en Allemagne, en Italie et au Japon, puis la Corée du Sud où cela s’est produit arrivée un peu plus tard. Quelque chose a été déclenché au début des années 1970 au Japon, en Allemagne, en Italie, et vous pouvez y ajouter l’Espagne, le Portugal, la Suisse, l’Autriche pour créer une série de tendances parallèles », explique Shaw.

Ces chutes sont les mêmes, mais on les présente comme des problèmes localisés, aux tentatives d’explications différenciées : difficulté d’équilibrer vie professionnelle et vie privée au Japon, le fait qu’il soit mal vu pour une jeune mère de travailler en Allemagne, un taux de chômage élevé pour les jeunes en Italie et en Espagne…

Parallèlement à cette tendance, Stephen Shaw a remarqué l’importance des structures familiales. Dans le cadre familial, il note en effet que la proportion de femmes ou de couples au sein d’une société qui ont un enfant, ou deux, ou trois, ou davantage, reste à peu près stable.

Il explique :

« Si vous prenez les données pour le Japon et que vous regardez 1973, juste avant la chute des taux de natalité, les pourcentages de femmes ayant 1, 2, 3, 4… enfants sont identiques aujourd’hui à ce qu’ils étaient à l’époque. En 1973, 6 % des femmes avaient quatre enfants de plus. Aujourd’hui, c’est exactement la même proportion : 6 % (de celles qui ont eu des enfants). Nous avons découvert au Japon, en 1974, année intéressante, une explosion de l’infécondité, qui est passée de 3 % à 6 %, puis à 15 %, puis à 21 % et même à plus de 30 % en l’espace d’environ quatre ans. Il s’est passé la même chose en Italie, et la même chose en Allemagne. En quatre ans ! En quatre ans, c’est un choc, qu’on appelle le choc des bébés. Si vous regardez la Corée du Sud au milieu des années 1990, au beau milieu d’un choc monétaire, vous verrez que le taux des sans enfants était déjà d’environ 15 %. Soudain, il est passé à 30 %. Aujourd’hui, il est de 40 %. »

Infécondité involontaire : des causes diverses, des effets semblables

On pourrait incriminer l’arrivée de la pilule contraceptive, mais outre que les mêmes tendances n’ont pas été observées partout, tout de suite là où elle était disponible, on note qu’au Japon, la contraception est restée illégale jusque dans les années 1990, et que ce pays a connu une explosion des avortements.

« Il s’agit donc d’un problème de société, avec ou sans pilule », observe Shaw.

Au cours de leur conversation, Jordan Peterson et Stephen Shaw ont réfléchi à haute voix aux divers facteurs qui peuvent entraîner l’infécondité involontaire, et aux grandes souffrances, souvent ressentis comme de véritables deuils, que l’absence d’enfant peut entraîner.

Ils pointent en particulier la question de la formation des femmes dans l’enseignement supérieur — non pas pour suggérer de les en exclure, « ce serait idiot de priver l’humanité du potentiel de 50 % de ses cerveaux », lance Peterson — mais pour dénoncer le fait que pendant leurs années les plus fertiles, de 17 ou 18 à 30 ans, beaucoup de femmes étudient, puis font carrière, pensant avoir tout le temps de trouver un partenaire valable et d’avoir des enfants par la suite.

Jordan Peterson remarque : « Nous mentons toujours aux jeunes femmes sur ce qui sera important dans leur vie. Nous leur disons qu’il s’agit d’une carrière. J’ai travaillé toute ma vie dans des secteurs à prédominance féminine et j’ai observé, chez les hommes comme chez les femmes, qu’il est très rare que la carrière soit la chose la plus importante dans leur vie. Bien que ce soit vrai pour davantage d’hommes, ce n’est vrai pour pratiquement aucune femme. » Cette observation lui a valu des réactions au « vitriol », mais la réalité est là.

Ce ne sont pas d’abord les enfants qui manquent, mais les familles

Il ajoute : « Le problème, c’est qu’il est déjà difficile de trouver un partenaire quand on a 23 ou 24 ans. À 30 ans, c’est encore plus difficile, et à 35 ans, il commence à être impossible pour une femme de trouver un partenaire, de tomber enceinte et de fonder une famille, surtout si elle veut plus d’un enfant. Il y a donc un conflit direct entre les possibilités offertes aux femmes et la nécessité de battre le fer tant qu’il est chaud. Sur le plan de la reproduction, personne ne sait vraiment comment concilier cela. C’est étrange parce que les femmes vivront environ sept ans de plus que les hommes. Il se pourrait donc que la norme sociétale veuille que les femmes aient leurs enfants lorsqu’elles sont assez jeunes et qu’elles retournent ensuite à l’université la trentaine passée. »

Mais justement, cette « norme sociétale » est devenue hostile à la maternité, et le résultat, ce sont des souffrances au sujet desquelles beaucoup de femmes, mais aussi d’hommes ont ouvert leur cœur à Shaw pendant qu’il tournait son documentaire dans une vingtaine de pays.

Cela va du jeune instituteur suisse se rendant compte de ce que son horizon professionnel sera fatalement bouché par la chute du nombre d’enfants dans son pays, à ces femmes japonaises vivant dans un quartier de Tokyo qui, jadis, grouillait d’enfants. Aujourd’hui, la quasi-totalité des appartements y accueille des femmes seules — parce que les hommes meurent plus tôt — et sans proche : « de vieilles femmes isolées dont personne ne se soucie ».

A cause de ce désastre démographique, suicide et euthanasie ne sont pas loin.

Beaucoup présentent l’immigration comme une solution au problème de la dénatalité. Mais outre les questions que cela soulève dans les pays d’accueil, note Shaw au tableau des drames qui accompagnent la baisse du nombre d’enfants, on ne pense pas assez à celles que créent les migrations dans les pays qui se vident de leurs jeunes. Il donne l’exemple du Népal, où la natalité baisse aussi : « De nombreux migrants sont partis, et comme ils renvoient de l’argent chez eux, leur aventure est volontiers présentée comme positive. Mais leurs parents ne cherchent pas vraiment à obtenir des transferts d’argent. Ce qu’ils désirent, ce sont des gens, une communauté, leurs enfants pour les accompagner jusqu’à un âge avancé. Nous sommes allés filmer certaines de ces personnes âgées et nous avons pu voir leur regard perdu. Personne n’y pense. Personne ! »

La conclusion des échanges de Peterson et Shaw est que de multiples causes peuvent expliquer l’infécondité involontaire qui est à la racine de la crise démographique qui s’aggrave dans le monde entier, mais que le problème réside d’abord dans l’absence de familles, plutôt que dans la diminution de leur taille. « Les familles avec un seul enfant sont assez rares dans la réalité et on n’en trouve pas davantage qu’il y a 30 ou 40 ans », note Stephen Shaw ; il ajoute que pour beaucoup, le fait de ne pas fonder une famille est aussi « involontaire » — autrement dit, ils auraient aimé le faire.

Les jeunes hommes face au drame du dénigrement de la masculinité

Jordan Peterson relie cette situation à une entreprise de « démoralisation », notamment en direction des jeunes hommes. Il affirme :

« Les jeunes hommes décents qui aimeraient être des acteurs moraux, si on leur dit continuellement, et c’est le cas, que tous leurs comportements masculins, par exemple à l’école, sont perturbateurs et que leur ambition masculine n’est rien d’autre que le reflet du patriarcat tyrannique, et que tout l’intérêt qu’ils pourraient porter aux femmes fait partie du modèle prédateur du comportement masculin. Cela les démoralise. Littéralement, cela leur donne l’impression que leur penchant naturel pour l’ambition et que le désir sexuel sont immoraux. Les personnes qu’on blesse le plus en faisant cela sont celles qui ont un cœur moral, parce que celles qui n’en ont pas ne s’en soucient pas. Il s’agit d’une agression, d’une agression morale. Et c’est inadmissible. C’est une agression morale inadmissible si la solution pour sauver la planète consiste à démoraliser les jeunes au point qu’ils s’abstiennent même d’avoir des relations sexuelles. »

Où l’on comprend que nous nous trouvons dans un contexte de fausse religion malthusienne aux dires de laquelle il faut réduire la population mondiale sous peine de catastrophes inimaginables. Peterson rétorque : « Loin d’être négative ou nulle, la relation entre la richesse, la croissance et la population a été extrêmement positive. Quasiment chaque personne sur cette planète est aujourd’hui plus riche qu’on n’aurait pu le concevoir », et ce alors même que le malthusien Paul Ehrlich du Club de Rome prédisait l’enfer si l’humanité comptait 4 milliards d’âmes en l’an 2000 — en réalité, nous sommes le double.

Pour en finir avec le drame de l’infécondité involontaire, rendre honneur à la maternité

A la démoralisation des hommes répond la dépréciation de la maternité. La Hongrie, qui parvient actuellement à augmenter le nombre de mariages et de naissances et à faire baisser celui des divorces et des avortements intervient justement sur ce plan-là. C’est Jordan Peterson qui le souligne :

« Si vous êtes une mère en Hongrie et que vous avez un enfant, vous êtes maintenant exemptée de l’impôt sur le revenu au niveau fédéral pour le restant de votre vie, à hauteur de 25 %. Cette exonération est portée à 100 % pour quatre enfants. L’idée est à la fois pratique et culturelle. L’idée est culturelle car il s’agit de signaler que nous valorisons la maternité auprès des enfants. Les signaux économiques sont l’un des signaux les plus puissants auxquels la société a accès. Les Hongrois ont stoppé le déclin de leur taux de natalité et l’ont même légèrement augmenté. Ils ont augmenté la participation des femmes à la population active de 13 %. Les féministes, ou certaines d’entre elles, avaient objecté que le gouvernement hongrois transformait les femmes en usines à bébés, ce qui est une expression fort désobligeante. Mais ce qui s’est passé, c’est l’inverse : plus de femmes travaillent aujourd’hui qu’auparavant. Et je suppose que c’est parce qu’elles peuvent garder une plus grande partie de leur argent, qu’elles peuvent plus facilement prendre des dispositions pour la garde des enfants. »

Stephen Shaw ajoute alors que contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne suffit pas que les gens aient davantage d’argent en poche, car souvent les taux de natalité diminuent lorsque c’est le cas. Il faut en outre que la « parentalité » soit mise sous un jour positif.

Peterson conclut, invoquant l’imagerie catholique de la Vierge Marie avec l’Enfant : « Toute société qui ne considère pas la mère et l’enfant comme sacrés est condamnée. »

Jeanne Smits



Laissez un commentaire