Par Jonathon Van Maren — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : Ermolaev Alexandr/Adobe Stock
3 janvier 2023 (LifeSiteNews) — L’automne dernier, j’ai pu passer quelques semaines en Irlande, sur la route du Renewal Tour pour parler de mon livre « Patriots : The Untold Story of Ireland's Pro-Life Movement (Patriotes : L’histoire inédite du mouvement pro-vie en Irlande) », avec une brochette d’autres intervenants, détaillant une vision pour le renouvellement d’une culture de la vie.
Les militants irlandais de l’avortement, comme l’avaient prédit les pro-vie, ont continué à faire pression sans relâche en faveur d’un élargissement du régime d’avortement, en exigeant que des garanties fragiles — telles que la période d’attente de trois jours (au cours de laquelle 1 000 femmes changent d’avis chaque année) — soient supprimées.
Et puis il y a la guerre eugénique totale contre les personnes atteintes de trisomie 21.
Les sociétés qui réussissent à éliminer les personnes trisomiques changent littéralement leur paysage humain. En 2018, lorsque j’étais en Irlande pendant quelques semaines avant le référendum sur l’avortement, mes collègues et moi l’avons remarqué : dans des villes comme Dublin, il n’était pas du tout inhabituel de voir des personnes trisomiques. Elles font tout simplement partie de la société. Ce n’est que lorsque nous avons vu à quoi ressemblait la société irlandaise que nous avons réalisé à quoi la nôtre devrait ressembler — mais [chez nous], ces personnes sont aspirées du ventre de leur mère et enfermées dans des seaux à déchets biologiques, puis jetées à la poubelle.
Au Canada et dans d’autres pays occidentaux, presque tous les enfants recevant un diagnostic de trisomie 21 sont tués dans l’utérus. Pas certains, presque tous. L’Islande s’est vantée de guérir la trisomie, mais en fait elle a simplement éliminé ces personnes. Au Royaume-Uni, la limite pour un avortement est de 24 semaines — mais vous pouvez avorter jusqu’à la naissance si l’enfant est trisomique. Les Britanniques font une exception si vous voulez tuer l’une de ces personnes — et un procès intenté par Heidi Crowter, une jeune femme trisomique qui affirmait que cette loi ne respectait pas sa vie et celle des autres survivants de ce régime eugénique, n’a malheureusement pas abouti.
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Et maintenant, l’Irlande — autrefois un havre pour ces personnes merveilleuses — suit le mouvement. Selon l’Irish Times du 26 décembre :
Environ 95 % des parents dont les bébés sont diagnostiqués avec la trisomie 21 à l’hôpital Rotunda de Dublin choisissent d’avorter, selon le directeur de l’hôpital. Le professeur Fergal Malone affirme que le Rotunda s’efforce d’être non directif dans ses conseils aux parents concernés. « Les 95 % qui choisissent de voyager [pour obtenir un avortement] prennent cette décision eux-mêmes. Nous ne préconisons absolument pas l’interruption de grossesse », a-t-il déclaré. « La réalité est que la grande majorité d’entre eux choisissent de mettre fin à leur grossesse. Je n’ai pas d’avis sur la question de savoir si c’est la bonne chose à faire. Nous ne le préconisons pas, c’est simplement l’expérience vécue. »
L’article du Times est remarquable en ce sens qu’aucun éthicien ou militant du handicap n’a été cité ; personne n’a exprimé son horreur face à ces chiffres. En fait, le Times note platement que « la trisomie 21, à moins qu’il ne soit accompagné d’une autre condition limitant la vie, n’est pas une anomalie fœtale fatale au sens de la législation, de sorte que les femmes concernées qui souhaitent une interruption de grossesse après 12 semaines doivent se rendre à l’étranger pour la procédure ». Le nombre de mères rejetant leur bébé atteint de trisomie 21 approchant les 100 %, il est probable que les activistes commenceront bientôt à demander un changement de la loi — après tout, le Times fait référence à l’avortement dans tout l’article comme à des « soins de santé ».
Il ne s’agit pas de soins de santé pour ces beaux enfants que l’on réduit à une bouillie sanglante parce que leurs parents ne veulent pas être incommodés ou prendre un risque pour eux et que leur pays refuse de les protéger.
Comme l’a fait remarquer David Quinn de l’Institut Iona, ce rapport consternant a été accueilli par un silence total de la part des militants de l’avortement. Pas un seul d’entre eux n’a eu le courage moral de s’exprimer au nom des enfants visés ; pas un seul d’entre eux ne s’est inquiété à voix haute que les choses pourraient peut-être aller trop loin. Ils se sont battus en vue d’une autonomie totale pour laquelle le prix à payer a toujours été le sang des bébés. [Le sacrifice de] la population irlandaise atteinte de trisomie 21 en était la concession et ils l’ont faite avec bonheur.
Venant d’un pays où cela est depuis longtemps le cas, visiter l’Irlande pour la première fois a été une révélation. Nous ne savions pas ce qui nous manquait jusqu’à ce que nous visitions une société où ces personnes ne manquaient pas. Et soudain, nous avons vu dans la foule des visages qui manquaient dans nos foules et nous nous sommes demandé pourquoi. Après un moment de réflexion, nous avons compris. Nous les avons jetés, parce que nous n’en voulions pas. Il est déchirant de penser que l’Irlande, autrefois un exemple si brillant, va maintenant suivre le même chemin et que les visages souriants qui composent son paysage humain vont, un par un, commencer à disparaître.