Par Jonathon Van Maren — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : pvproductions/Freepik
18 mars 2024 (LifeSiteNews) — En 2015, Justin Trudeau a été interrogé sur l’augmentation de la violence sexuelle contre les femmes. « Je ne sais pas exactement où pointer le doigt », a répondu Trudeau. « Je pense qu’il y a probablement un grand nombre de facteurs qui se conjuguent pour façonner les comportements sociétaux, qu’il s’agisse de certains types de musique — il y a beaucoup de misogynie dans certains types de musique. Il y a des problèmes autour de la pornographie, de sa prévalence et de son accessibilité — c’est une chose que je suis en train de comprendre en tant que père d’enfants qui approchent de l’adolescence ».
J’ai été surpris à l’époque — entendre un Trudeau s’inquiéter d’un quelconque aspect de la révolution sexuelle était, pour le moins, inattendu. Aujourd’hui, cependant, il semble s’être rétracté par rapport à ses préoccupations antérieures concernant l’impact de la pornographie. Le mois dernier, il a attaqué le chef de file des conservateurs, Pierre Poilievre, pour avoir approuvé une forme de vérification de l’âge sur les sites pornographiques afin de protéger les mineurs de ce type de contenu. L’âge moyen de la première exposition à la pornographie au Canada est de 12 ans ; le matériel que les enfants découvrent est en grande majorité constitué de brutalité sexuelle à l’encontre de femmes et de jeunes filles.
Lors de l’annonce d’un projet de logement au Cap-Breton, M. Trudeau a insisté sur le fait que la protection des enfants contre la pornographie était en fait une mauvaise chose. « Pierre propose que les adultes soient obligés de donner leur identité et leurs informations personnelles à des sites web douteux ou de créer une carte d’identité numérique pour que les adultes puissent naviguer sur l’internet comme ils le souhaitent », a déclaré M. Trudeau. « C’est une chose à laquelle nous nous opposons ». Pour mémoire, M. Poilievre et les conservateurs ne sont pas favorables à l’idée d’exiger des utilisateurs qu’ils vérifient leur âge au moyen d’une carte d’identité numérique. M. Trudeau a poursuivi en affirmant que le soutien de M. Poilievre à la vérification de l’âge était hypocrite, car il s’oppose au projet de loi libéral désastreux sur les « préjudices en ligne », que même l’auteure féministe Margaret Atwood a condamné en le qualifiant d’« orwellien ».
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Sebastian Skamski, porte-parole de Poilievre, a répondu à Trudeau en déclarant que les adultes devraient être « libres de regarder ce qu’ils veulent, à condition que le contenu lui-même soit légal » : « Mais les enfants ne peuvent pas acheter légalement de la pornographie en personne, et la plupart des Canadiens acceptent ce fait depuis de nombreuses décennies. Si Justin Trudeau estime que ces mêmes enfants devraient pouvoir accéder librement à la pornographie en ligne, il est libre de le dire ». En effet, je dirais qu’il l’a déjà fait. (Pour mémoire, je pense que le porno devrait être interdit et j’ai expliqué en détail que cela serait tout à fait possible au Canada.)
L’un des principaux défenseurs canadiens de la lutte contre le porno est la sénatrice québécoise Julie Miville-Dechêne, nommée par les libéraux, qui a fait remarquer que des pays comme l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni ont tous élaboré des lois sur la vérification de l’âge. « Si vous êtes mineur, vous ne pouvez pas voir un film s’il est classé 18 ans et plus. Si vous êtes mineur, vous ne pouvez pas acheter Playboy. Mais si vous êtes mineur, vous avez un accès complet, sans entraves, à 4,5 millions de sites pornographiques dans le monde », a déclaré Mme Miville-Dechêne à CBC. Son projet de loi anti-pornographie a été adopté par le Sénat l’année dernière et est maintenant présenté à la Chambre des communes par la députée conservatrice Karen Vecchio sous la forme du projet de loi S-210, intitulé Loi limitant l’accès en ligne des jeunes au matériel sexuellement explicite
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En réponse, Pornhub a menacé de bloquer tout le pays, comme il l’a fait récemment avec le Texas et d’autres États. Si on pouvait avoir cette chance.
Malgré le soutien des députés du Bloc québécois, des conservateurs, des libéraux et des néo-démocrates, le premier ministre Justin Trudeau, son cabinet et la grande majorité de ses députés ont voté contre la protection des enfants contre la pornographie. Pourquoi ? C’est une bonne question. Il est risible de la part de M. Trudeau d’invoquer des préoccupations en matière de protection de la vie privée, surtout si l’on considère son projet de loi draconien sur les préjudices en ligne. Il semble plus probable que les libéraux ne souhaitent tout simplement pas réduire la moindre liberté sexuelle — et si cela signifie que les enfants continueront d’être exposés en ligne à d’horribles violences sexuelles contre les femmes et les filles afin que les adultes puissent s’exciter devant des scènes de brutalité sexualisée, alors il faudra en passer par là.
Mais nous devrions les interpeller et le dire sans détour chaque fois que nous en avons l’occasion.