Caridinal Camillo Ruini en novembre 2016.
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie)
Le cardinal Camillo Ruini, ancien cardinal-vicaire de Rome et maintenant âgé de 89 ans, a fait publier hier un livre intituler Une autre liberté ― Contre les nouveaux prophètes du paradis sur terre (Un'altra libertà — Contro i nuovi profeti del paradiso in terra) dans lequel il appelle l’avortement meurtre et montre l’inconsistance de l’appel à la liberté individuelle pour justifier l’avortement qui est manifestement une affaire qui concerne au minimum deux personnes. Plus loin dans son livre il explique que la liberté n’est pas indépendante de tout, de notre l’environnement, de nos semblables ou de la société, et encore moins de Dieu sans qui elle n’existerait pas. Extrait du livre tiré de LifeSiteNews :
1. Le courage d'appeler cela un « meurtre »
Dans les cas concernant le début de la vie, la revendication de la liberté individuelle est déplacée, car on ne décide pas de soi-même mais d'un autre, l'enfant à naître, à moins de penser que l'enfant à naître fasse simplement partie du corps de la mère : une absurdité insoutenable car il possède son propre « ADN », son propre développement et interagit avec la mère, comme cela est de plus en plus évident.
L'alternative est de penser que l'enfant à naître n'est pas un être humain mais qu'il ne peut le devenir que plus tard (après la naissance, ou après la formation du système nerveux, ou après son implantation dans l'utérus...). En réalité, il s'agit toujours du même être qui progresse, comme il continue de le faire même après la naissance. Sa continuité se vérifie tout comme sa distinction par rapport à la mère. Il n'est donc jamais un « animalcule » d'une espèce non humaine. Le supprimer, c'est toujours, dès la conception ou dès la fécondation de l'ovule, supprimer un être humain. C'est pourquoi l'encyclique Evangelium Vitæ de Jean-Paul II n'hésite pas à parler de meurtre et met en garde contre les manipulations du langage qui dissimulent la réalité. Il demande au contraire d'avoir le courage d'appeler les choses par leur nom : « avortement volontaire » et non l'aseptique « interruption de grossesse ».
2. Non à l'avortement à la lumière de la raison seule
Y a-t-il un lien entre l'atteinte portée à la vie, la crise de l'Occident et de l'humanisme occidental ? Je le crois, et pour souligner le trait commun, je me réfère à l'encyclique Evangelium Vitæ... Elle a été écrite il y a vingt-cinq ans, mais en substance elle avoir été écrite aujourd'hui, à la seule différence qu'aujourd'hui la situation s'est aggravée et que les risques signalés à l'époque sont en bonne partie survenus.
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Dans le premier de ses quatre chapitres, Evangelium Vitæ souligne les menaces pesant actuellement sur la vie humaine et que nous connaissons tous. Toutefois, elle ne se limite pas à décrire la situation mais en examine les causes.
La justification fondamentale des atteintes à la vie humaine est la revendication de la liberté individuelle : voyez le slogan des années 70, « Mon corps, mon choix ». Aujourd'hui, toujours sur la base de la liberté individuelle, le droit à un testament de vie, et partant de là, au suicide assisté est affirmé, des situations dans lesquelles non seulement je décide mais où je lie d'autres personnes, y compris des médecins, à mon libre choix...
Mais il y a une profonde contradiction à la base du malaise et de la tristesse de notre époque, et donc de sa tendance à s'échapper à soi-même et à la réalité. D'une part, il y a la grande affirmation de la liberté et des droits du sujet, au point d'ériger cette liberté en critère absolu de nos choix. D'autre part, le sujet est conçu simplement comme un fruit de l'évolution, une « parcelle de la nature » (Gaudium et Spes, 14), qui en tant que telle ne peut être réellement et intérieurement libre et responsable et ne peut revendiquer aucune centralité ni aucun droit face à la nature qui l'ignore et ne s'occupe pas de lui. Cette contradiction éclate de façon flagrante dans des cas tels que la mort d'un jeune ou d'une personne malade de maladie invalidante, ce qui semble dénué de sens et tout à fait inacceptable.
Evangelium Vitæ au contraire fait un pas en avant assez exigeant pour sortir de cette contradiction. Pour que l'affirmation de notre liberté ait vraiment un sens, il n'est pas nécessaire que Dieu n'existe pas — comme la plupart des pensées modernes l'ont cru — mais au contraire que Dieu existe.