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La liberté d’expression ? Nous avons le droit de diffuser la vérité, pas l’erreur


Par Matthew McCusker — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : Web Gallery of Art/Wikimedia Commons

5 janvier 2024 (LifeSiteNews) — L’essai suivant abordera le sujet de la liberté d’expression d’un point de vue catholique authentique, tout en examinant le mal infligé à la société lorsque ce droit est mal compris.

La liberté de dire la vérité est essentielle

La liberté de parler librement des principes moraux et des vérités religieuses n’a jamais été aussi menacée qu’aujourd’hui, et pourtant il n’a jamais été aussi important que nous le fassions avec courage et audace.

Les événements de ces dernières années, en particulier le confinement COVID-19 et les obligations vaccinales, nous ont montré à quel point les libertés fondamentales sont menacées et à quel point nos ennemis sont déterminés à nous en priver jusqu’au dernier vestige.

Pour pouvoir combattre les maux moraux qui affligent notre société et infligent des dommages incalculables aux âmes, en particulier aux plus innocents et aux plus vulnérables, nous devons pouvoir nous exprimer librement contre la corruption politique et les idéologies dangereuses, sans censure ni persécution.

La liberté de dire des erreurs est une des causes profondes de notre catastrophe actuelle

D’un autre côté, un grand mal a également été fait au nom de la liberté d’expression. Les idéologies qui sont à l’origine de nos maux modernes ont été diffusées sous la bannière de la liberté d’expression. C’est au nom de cette liberté que des livres ont été publiés, des journaux diffusés, des pamphlets distribués et qu’un déluge d’erreurs s’est répandu dans le monde.

La diffusion sans entrave d’idéologies politiques erronées a conduit nos sociétés à la ruine et a causé, au cours du siècle dernier, la mort de plus d’un milliard d’innocents, pour la plupart des enfants à naître, ainsi que la perte éternelle d’un nombre incalculable d’âmes.

L’abandon progressif par l’État de son devoir de protéger les citoyens contre les erreurs dangereuses a été un facteur majeur de la propagation de ces maux. Sous l’influence de l’idéologie libérale, [les États] ont permis la propagation sans restriction de fausses doctrines religieuses et d’idéologies politiques pernicieuses. Enfin, au siècle dernier, ils ont cessé d’interdire le matériel contraire à l’ordre moral, si bien qu’aujourd’hui, la pornographie est librement accessible presque partout.

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Les papes ont vu ce danger à l’avance et n’ont cessé de nous mettre en garde contre cette fausse forme de liberté. Dans sa lettre encyclique Mirari Vos de 1832, « Sur le libéralisme et l’indifférentisme », le pape Grégoire XVI mettait en garde :

En voyant ôter ainsi aux hommes tout frein capable de les retenir dans les sentiers de la vérité, entraînés qu’ils sont déjà à leur perte par un naturel enclin au mal… De là, en effet, le peu de stabilité des esprits ; de là, la corruption toujours croissante des jeunes gens ; de là, dans le peuple, le mépris des droits sacrés, des choses et des lois les plus saintes ; de là, en un mot, le fléau le plus funeste qui puisse ravager les États ; car l’expérience nous l’atteste et l’antiquité la plus reculée nous l’apprend : pour amener la destruction des États les plus riches, les plus puissants, les plus glorieux, les plus florissants, il n’a fallu que cette liberté sans frein des opinions, cette licence des discours publics, cette ardeur pour les innovations. [1]

C’est pourquoi il a écrit :

À cela se rattache la liberté de la presse, liberté la plus funeste, liberté exécrable, pour laquelle on n’aura jamais assez d’horreur et que certains hommes osent avec tant de bruit et tant d’insistance, demander et étendre partout. Nous frémissons, vénérables Frères, en considérant de quels monstres de doctrines, ou plutôt de quels prodiges d’erreurs nous sommes accablés ; erreurs disséminées au loin et de tous côtés par une multitude immense de livres, de brochures, et d’autres écrits, petits il est vrai en volume, mais énormes en perversité, d’où sort la malédiction qui couvre la face de la terre et fait couler nos larmes. [2]

Ce que le pape Grégoire XVI avait prévu en 1832 s’est très certainement réalisé.

L’erreur est dangereuse parce que la nature de l’homme est déchue

On entend parfois dire que la liberté d’expression illimitée n’est pas dangereuse, car, lorsque la vérité se propage librement, elle l’emporte toujours sur l’erreur. Cette affirmation est erronée, car elle ne tient pas compte des effets du péché originel, auquel Grégoire XVI fait allusion dans le premier des passages cités ci-dessus, et comme le pape Léon XIII a mis en garde :

La plus grande partie de la communauté n’est pas en mesure, ou ne l’est que très difficilement, d’échapper aux illusions et aux subtilités trompeuses, surtout celles qui flattent les passions. [3]

Grégoire XVI note que le mal causé par une publication nuisible n’est pas nécessairement compensé par les conséquences positives d’une bonne publication :

Il est cependant… des hommes emportés par un tel excès d’impudence, qu’ils ne craignent pas de soutenir opiniâtrement que le déluge d’erreurs qui découle de là est assez abondamment compensé par la publication de quelque livre imprimé pour défendre, au milieu de cet amas d’iniquités, la vérité et la religion. [4]

Mais :

Quel homme sensé osera jamais dire qu’il est permis de répandre des poisons, de les vendre publiquement, de les colporter, bien plus, de les prendre avec avidité, sous prétexte qu’il existe quelque remède qui a parfois arraché à la mort ceux qui s’en sont servis ? [5]

Par exemple, est-il crédible que la circulation de livres expliquant pourquoi l’avortement est une erreur suffise, à elle seule, à contrer toute la propagande en faveur de l’avortement ? Ou bien la publication de livres sur les dangers de la pornographie suffit-elle à faire en sorte que sa diffusion ne soit plus dangereuse ?

Nous nous trouvons dans une situation qui nécessite des définitions très précises. D’une part, nous défendons à juste titre la liberté d’expression, lorsqu’il s’agit de diffuser des valeurs morales, des vérités religieuses et de défendre des droits civils et politiques légitimes. Mais nous savons aussi qu’il existe des formes d’expression qui sont dangereuses et que nous souhaitons voir restreintes ou interdites.

Mais comment déterminer où la liberté d’expression doit être préservée et défendue, et où elle peut être limitée, voire supprimée ?

La solution : une véritable liberté humaine ordonnée au bien

La solution du paradoxe est clairement fournie par le pape Léon XIII, qui établit les distinctions correctes et nécessaires dans sa lettre encyclique Libertas, « Sur la liberté humaine ».

Dans cette encyclique, le Souverain Pontife réitère la condamnation par ses prédécesseurs des fausses formes de liberté d’expression. Il déclare :

Et maintenant, poursuivons ces considérations au sujet de la liberté d’exprimer par la parole ou par la presse tout ce que l’on veut. Assurément, si cette liberté n’est pas justement tempérée, si elle dépasse le terme et la mesure, une telle liberté, il est à peine besoin de le dire, n’est pas un droit. [6]

Il n’y a donc pas de droit à la liberté d’expression si cette expression est :

  1. immodérée et
  2. « dépasse les bornes et la fin de toute vraie liberté ».

Cela signifie qu’il existe une forme légitime de liberté d’expression :

  1. Catholique
  2. modérée et
  3. conforme à la fin de toute vraie liberté et limitée par elle.

Le pape Léon XIII enseigne clairement que l’homme possède certains droits à la liberté d’expression :

Le vrai, le bien, on a le droit de les propager dans l’État avec une liberté prudente, afin qu’un plus grand nombre en profite. [7]

Et il enseigne :

Mais s’agit-il de matières libres que Dieu a laissées aux disputes des hommes, à chacun il est permis de se former une opinion et de l’exprimer librement ; la nature n’y met point d’obstacle ; car une telle liberté n’a jamais conduit les hommes à opprimer la vérité, mais elle leur donne souvent une occasion de la rechercher et de la faire connaître. [8].

Mais il y a d’autres choses que l’homme n’a pas le droit de publier ou de promouvoir :

Mais les doctrines mensongères, peste la plus fatale de toutes pour l’esprit ; mais les vices qui corrompent le cœur et les mœurs, il est juste que l’autorité publique emploie à les réprimer avec sollicitude, afin d’empêcher le mal de s’étendre pour la ruine de la société. [9]

En effet, il avait prévu exactement ce qui s’est produit à notre époque :

Les écarts d’un esprit licencieux,… pour la multitude ignorante, deviennent facilement une véritable oppression [10].

Il poursuit :

Accordez à chacun la liberté illimitée de parler et d’écrire, rien ne demeure sacré et inviolable, rien ne sera épargné, pas même ces vérités premières, ces grands principes naturels que l’on doit considérer comme un noble patrimoine commun à toute l’humanité. Ainsi, la vérité est peu à peu envahie par les ténèbres, et l’on voit, ce qui arrive souvent, s’établir avec facilité la domination des erreurs les plus pernicieuses et les plus diverses. Tout ce que la licence y gagne, la liberté le perd ; car on verra toujours la liberté grandir et se raffermir à mesure que la licence sentira davantage le frein. [11]

Nous pouvons donc identifier une vraie et une fausse forme de liberté d’expression : l’une doit être préservée et cultivée par l’État ; l’autre doit être réprimée avec diligence. La distinction entre les deux est que l’une sert la véritable finalité de la liberté, et que l’autre ne la sert pas.

Quelle est la véritable finalité de la liberté ?

La liberté, enseigne le pape, est « le bien excellent de la nature » et l’« apanage exclusif des êtres doués d’intelligence ou de raison ». Elle « confère à l’homme une dignité en vertu de laquelle il est mis entre les mains de son conseil et devient le maître de ses actes ». [12]

L’homme est une créature rationnelle. Son intelligence connaît le bien et sa volonté est capable de le choisir librement.

Le pape Léon XIII explique :

Ainsi, la liberté est, comme Nous l’avons dit, le propre de ceux qui ont reçu la raison ou l’intelligence en partage ; et cette liberté, à en examiner la nature, n’est pas autre chose que la faculté de choisir entre les moyens qui conduisent à un but déterminé ; en ce sens que celui qui a la faculté de choisir une chose entre plusieurs autres, celui-là est maître de ses actes.[13]

L’homme est libre de choisir parmi un éventail d’actions possibles. En cela, il se distingue des autres animaux :

Tandis que les animaux n’obéissent qu’aux sens et ne sont poussés que par l’instinct naturel à rechercher ce qui leur est utile ou à éviter ce qui leur serait nuisible, l’homme, dans chacune des actions de sa vie, a la raison pour guide. [14]

Ce pouvoir de choisir est la « liberté naturelle » de l’homme. Cependant, la capacité de choisir une chose parmi plusieurs signifie que l’homme a la capacité naturelle de choisir des biens moindres à la place de biens plus grands. Il peut aussi choisir quelque chose qui a l’apparence du bien, mais qui est en fait contraire à l’ordre moral.

Comme l’a enseigné Léon XIII :

Il peut arriver et il arrive souvent que l’intelligence propose à la volonté un objet qui, au lieu d’une bonté réelle, n’en a que l’apparence, une ombre de bien, et que la volonté pourtant s’y applique. [15]

L’homme est capable — c’est-à-dire qu’il a le pouvoir — de choisir le mal sous l’apparence du bien. En ce sens, il est libre de pécher.

Prenons l’exemple du voleur, dont la raison propose le bien de posséder la voiture qui appartient à quelqu’un d’autre. En volant la voiture, la volonté choisit quelque chose qui a l’apparence du bien, mais qui n’est pas vraiment bon, car s’approprier le bien d’autrui est en fait contraire à l’ordre de la raison.

Le Souverain Pontife enseigne :

Sans doute, il est au pouvoir de l’homme d’obéir à la raison, de pratiquer le bien moral, de marcher droit à sa fin suprême ; mais il peut aussi suivre toute autre direction, et, en poursuivant des fantômes de biens trompeurs, renverser l’ordre légitime et courir à une perte volontaire. [16]

Mais ce dernier destin n’est pas la fin pour laquelle l’homme a été créé. La fin pour laquelle l’homme a été créé est de jouir pour toujours de la vision béatifique de Dieu.

La liberté morale

Il faut maintenant considérer la distinction entre « liberté naturelle » et « liberté morale ».

Dieu, par sa loi éternelle, oriente toutes choses vers leur fin propre. Par cette loi, dit saint Thomas d’Aquin, Dieu gouverne « toute la communauté de l’univers » par sa « Divine Raison » et sa « Divine Providence ». Toute la création est soumise à la loi éternelle : « Toutes les choses participent en quelque sorte à la loi éternelle, dans la mesure où elles tirent leurs inclinations respectives à leurs actes et à leurs fins propres de l’empreinte qu’elle a laissée sur elles ». [17]

Les êtres humains sont eux aussi soumis à cette loi éternelle. La « participation de la loi éternelle dans la créature raisonnable est appelée loi naturelle ». [18]

Par la loi naturelle, imprimée en chaque être humain, nous sommes orientés vers nos propres fins naturelles : « La lumière de notre raison naturelle, nous faisant discerner ce qui est bien et ce qui est mal, n’est rien d’autre qu’une impression en nous de la lumière divine. Il est donc évident que la loi naturelle n’est pas autre chose qu’une participation de la loi éternelle dans la créature raisonnable. » [19]

Si l’homme agit d’une manière qui ne correspond pas à la lumière de la raison naturelle, il agit d’une manière qui est contraire à sa nature.

Comme l’a enseigné le pape Léon XIII, citant saint Thomas :

Tout être est ce qui lui convient d’être selon sa nature. Donc, quand il se meut par un agent extérieur, il n’agit point par lui-même, mais par l’impulsion d’autrui, ce qui est d’un esclave. Or, selon sa nature, l’homme est raisonnable. Donc, quand il se meut selon la raison, c’est par un mouvement qui lui est propre qu’il se meut, et il agit par lui-même, ce qui est le fait de la liberté ; mais, quand il pèche, il agit contre la raison, et alors c’est comme s’il était mis en mouvement par un autre et qu’il fût retenu sous une domination étrangère : c’est pour cela que celui qui commet le péché est esclave du péché. [20]

Lorsque l’homme agit contre la raison, il agit contre sa propre nature et est l’esclave de quelque chose d’extérieur à lui.

La véritable liberté n’est pas simplement l’exercice de notre « liberté naturelle », c’est-à-dire notre capacité naturelle à choisir une action parmi plusieurs, mais plutôt l’exercice d’une véritable « liberté morale » et le choix d’agir conformément à la raison. Agir contre la raison n’est pas de la liberté, mais de l’esclavage.

Deux types de liberté d’expression

Après avoir identifié la différence entre la « liberté naturelle » et la « liberté morale », nous pouvons établir la distinction appropriée entre les deux formes de liberté d’expression :

  • La « liberté d’expression » du libéralisme est fondée sur la seule « liberté naturelle » et propose que l’homme soit libre d’exercer cette liberté naturelle en disant tout ce qu’il a le pouvoir de dire et en diffusant toutes les idées qu’il souhaite diffuser, même si elles sont fausses ou nuisibles.

Ses partisans peuvent parfois proposer des limites pour éviter de nuire à autrui — par exemple contre la diffamation ou l’incitation au crime — mais ces limites sont généralement arbitraires et ne respectent pas l’ensemble de l’ordre moral qui doit être protégé, ou sont excessives, dans la mesure où elles cherchent à limiter des discours qui sont en fait vrais.

  • L’authentique liberté d’expression, toujours défendue par l’Église catholique, est fondée sur la « liberté morale » de l’homme et consiste à utiliser la parole et l’écriture, comme l’a enseigné le pape Léon XIII, pour « propager » la vérité ou « la découvrir et la faire connaître ». [21]

La première forme de liberté d’expression est condamnée par l’Église et son exercice peut, si le bien commun l’exige, être restreint par l’État. En effet, comme l’explique saint Thomas d’Aquin, si la loi naturelle nous dirige d’une manière « générale et indéterminée », il est souvent nécessaire que les autorités légitimes déterminent « plus particulièrement certaines choses » afin d’aider les hommes à atteindre leur fin ultime d’union avec Dieu. [22]

Par exemple, la loi naturelle impose aux hommes de ne pas s’exposer à la pornographie. L’État peut aider les citoyens à respecter la loi naturelle en interdisant la circulation de la pornographie.

De même, l’État peut empêcher ou restreindre la circulation d’autres publications qui menacent le bien-être des citoyens, par exemple les idéologies politiques dangereuses, les documents qui encouragent la violence ou les œuvres blasphématoires ou hérétiques.

Fondamentalement, cela revient à ceci : nous n’avons pas le droit de propager l’erreur. Nous avons le droit de propager la vérité.

Raison et révélation

Les vérités se divisent en deux catégories : les vérités naturelles et les vérités surnaturelles.

Le pape Léon XIII explique ce que l’on entend par « vérités naturelles » :

Les vérités naturelles, auxquelles appartiennent les principes de la nature et les conclusions prochaines que la raison en déduit, constituent comme le commun patrimoine du genre humain.

Elles sont comme le solide fondement sur lequel reposent les mœurs, la justice, la religion, l’existence même de la société humaine ; et ce serait dès lors la plus grande des impiétés, la plus inhumaine des folies, que de les laisser impunément violer et détruire. [23]

Et il écrit à propos des vérités surnaturelles :

Mais il ne faut pas mettre moins de scrupules à conserver le grand et sacré trésor des vérités que Dieu lui-même nous a fait connaître.

Par un grand nombre d’arguments lumineux, souvent répétés par les apologistes, certains points principaux de doctrine ont été établis, par exemple : il y a une révélation divine ; le Fils unique de Dieu s’est fait chair pour rendre témoignage à la vérité ; par lui, une société parfaite a été fondée, à savoir : l’Église, dont il est lui-même le Chef et avec laquelle il a promis de demeurer jusqu’à la consommation des siècles.

À cette société, il a voulu confier toutes les vérités qu’il avait enseignées, avec mission de les garder, de les défendre, de les développer avec une autorité légitime ; et, en même temps, il a ordonné à toutes les nations d’obéir aux enseignements de son Église comme à lui-même, avec menace de la perte éternelle pour ceux qui y contreviendraient.

D’où il ressort clairement que le maître le meilleur et le plus sûr à l’homme, c’est Dieu, source et principe de toute vérité ; c’est le Fils unique qui est dans le sein du Père, voie, vérité, vie ; lumière véritable qui éclaire tout homme, et dont l’enseignement doit avoir tous les hommes pour disciples ; « et ils seront tous enseignés de Dieu » (Jean : VI, 45). [24]

En tant qu’individus, nous avons l’obligation morale de dire la vérité et de la propager. L’État a le droit et le devoir de nous aider en promouvant la vérité et en supprimant ce qui est erroné et nuisible lorsque le bien commun l’exige. Le facteur déterminant n’est pas l’utilisation arbitraire du pouvoir de l’État, mais l’utilisation de la raison naturelle et la soumission appropriée à l’autorité enseignante de l’Église catholique.

Nous pouvons conclure avec cette déclaration claire et profonde du pape Léon XIII, tirée de sa lettre encyclique Immortale Dei, « Sur la constitution chrétienne des États » :

La liberté, cet élément de perfection pour l’homme, doit s’appliquer à ce qui est vrai et à ce qui est bon. Or, l’essence du bien et de la vérité ne peut changer au gré de l’homme, mais elle demeure toujours la même, et non moins que la nature des choses elle est immuable. Si l’intelligence adhère à des opinions fausses, si la volonté choisit le mal et s’y attache, ni l’une ni l’autre n’atteint sa perfection, toutes deux déchoient de leur dignité native et se corrompent. Il n’est donc pas permis de mettre au jour et d’exposer aux yeux des hommes ce qui est contraire à la vertu et à la vérité, et bien moins encore de placer cette licence sous la tutelle et la protection des lois.

Il n’y a qu’une voie pour arriver au ciel, vers lequel nous tendons tous : c’est une bonne vie. L’État s’écarte donc des règles et des prescriptions de la nature, s’il favorise à ce point la licence des opinions et des actions coupables, que l’on puisse impunément détourner les esprits de la vérité et les âmes de la vertu. Quant à l’Église, que Dieu lui-même a établie, l’exclure de la vie publique, des lois, de l’éducation de la jeunesse, de la société domestique, c’est une grande et pernicieuse erreur. Une société sans religion ne saurait être bien réglée ; et déjà, plus peut-être qu’il ne faudrait, l’on voit ce que vaut en soi et dans ses conséquences cette soi-disant morale civile.

La vraie maîtresse de la vertu et la gardienne des mœurs est l’Église du Christ. C’est elle qui conserve en leur intégrité les principes d’où découlent les devoirs, et qui, suggérant les plus nobles motifs de bien vivre, ordonne non seulement de fuir les mauvaises actions, mais de dompter les mouvements de l’âme contraires à la raison, quand même ils ne se traduisent pas en acte. [25].

Dieu nous a donné la liberté naturelle afin que nous puissions choisir librement notre fin ultime, l’union avec Lui. Utilisons avec sagesse notre liberté de parler et d’écrire, afin qu’elle nous rapproche de cette grande fin.


Références

[1] Pape Grégoire XVI, Mirari Vos, n° 14.

[2], [4], [5] Pape Grégoire XVI, Mirari Vos, n° 15.

[3] Pape Léon XIII, Libertas, n° 23.

[6], [8], [10], [11] Pape Léon XIII, Libertas, n° 23.

[7], [9] Pape Léon XIII, Libertas, n°23.

[12] Pape Léon XIII, Libertas, n°1.

[13] Pape Léon XIII, Libertas, n°5.

[14] Pape Léon XIII, Libertas, n°3.

[15], [20] Pape Léon XIII, Libertas, n°6.

[16] Pape Léon XIII, Libertas, n°1.

[17], ST, II. I q.91 a.2.

[18], [19], ST, II. I q.91 a.2.

[21] Pape Léon XIII, Libertas, n°23.

[22] ST, II. I q.91 a.3

[23] Pape Léon XIII, Libertas, n°25.

[24] Pape Léon XIII, Libertas, n°26.

[25] Pape Léon XIII, Immortale Dei, n°32.



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