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L’Académie pontificale pour la vie attaque la doctrine catholique sur la vie humaine


Mgr Vincenzo Paglia, président de l'Académie pontificale pour la vie.

Par Liam Gibson (Voice of the Family) — Traduit par Campagne Québec-Vie

Samedi dernier, le 3 septembre, sous le soleil de ce début d’automne, le mouvement pro-vie s’est rassemblé dans les rues de Londres pour défendre l’inviolabilité de la vie humaine, dès la conception et sans exception. On estime à 7 000 le nombre de participants à la Marche pour la vie de cette année au Royaume-Uni. Les organisateurs ont attribué cette affluence record à l’annonce par la Cour suprême des États-Unis qu’elle était revenue sur sa décision dans l’affaire Roe v. Wade — l’arrêt de 1973 qui a inventé un droit constitutionnel à l’avortement pour toute l’Amérique. Cette victoire a encouragé le mouvement pro-vie dans le monde entier en démontrant que, même après 49 ans de pouvoir incontrôlé, l’industrie de l’avortement peut être vaincue.

Il est donc d’autant plus étrange que la hiérarchie de l’Église catholique choisisse cette période de regain d’optimisme pour signaler sa capitulation devant le monde et son acceptation de l’avortement. Le vendredi 26 août, l’archevêque Vincenzo Paglia, président de la l'Académie pontificale pour la vie (APV), est apparu dans l’émission italienne de débat politique Agorà. [1] Commentant la loi 194, votée en 1978 et cause de six millions d’avortements en Italie, Mgr Paglia a déclaré : « Je pense que la loi 194 est maintenant un pilier de notre vie sociale. » Lorsque le présentateur lui a demandé s’il avait l’intention de remettre en cause cette loi, il a répondu : « Non, absolument, absolument ! »

Par la suite, un porte-parole de l'APV a déclaré que les propos de l’archevêque avaient été sortis de leur contexte. Cette affirmation serait plus convaincante s’il ne s’agissait pas simplement de l’incident le plus récent d’une série de déclarations, de conférences et de publications alarmantes qui indiquent un fossé grandissant entre la foi catholique et les points de vue défendus par l'APV. Fondée à l’origine par Jean-Paul II en 1981, l'APV a pris la tête de la défense du caractère sacré de la vie humaine par le Saint-Siège au niveau international. Cependant, des signes inquiétants indiquant qu’il avait pris une nouvelle direction ont commencé à apparaître peu après sa reconstitution par le pape François en 2017, sous la présidence de Mgr Paglia. À partir de ce moment, ses membres n’étaient plus tenus d’adhérer à l’enseignement catholique.

En décembre 2017, le père Maurizio Chiodi, un théologien moraliste italien nouvellement nommé à l'APV, a présenté, lors d’une conférence publique à l’Université pontificale grégorienne de Rome, une communication intitulée Re-reading Humanae Vitae (1968) in light of Amoris Laetitia (2016) [Relire Humanæ Vitæ (1968) à la lumière d’Amoris Lætitia (2016)]. Il a fait valoir que, puisque l’encyclique de Paul VI n’a pas été déclarée infaillible, elle est donc susceptible d’être modifiée. Il a même suggéré que le chapitre 8 d’Amoris Lætitia, « Accompagner, discerner et intégrer la faiblesse », non seulement permet l’utilisation de la contraception, mais, dans certaines circonstances, pourrait même l’exiger.

Les critiques de Chiodi rejettent sa thèse en la qualifiant d’historicisme et de relativisme moral. Ils soulignent son incompatibilité non seulement avec Humanae Vitae, mais aussi avec Veritatis Splendor (1993), le discours de Pie XII à l’Association italienne des sages-femmes catholiques (1951), Casti Connubii (1930) et l’enseignement pérenne de l’Église catholique tel qu’il a toujours et partout été tenu.

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Les efforts pour réécrire la morale catholique en utilisant les différents documents promulgués par le pape François ont été poursuivis par l'APV depuis lors. Le mois de juillet 2022 a vu la publication de Theological ethics of life, Scripture, tradition, practical challenges [L’éthique théologique de la vie, Écriture, tradition, défis pratiques], les actes du séminaire d’étude interdisciplinaire organisé par l'APV et qui s’est tenu à Rome du 30 octobre au 1er novembre 2021. Ce livre sur la bioéthique reflète l’obsession de l'APV d’actualiser l’enseignement sur la contraception, mais il remet également en cause l’interdiction actuelle de la fécondation in vitro (FIV) et de l’euthanasie. Lorsque Paglia, qui a édité le livre, a été interviewé par Vatican Media à ce sujet, il a déclaré que le pape François a été informé de chaque étape et a encouragé le projet, car il « a suivi un chemin d’étude et de réflexion qui nous a amenés à voir les questions de bioéthique sous un jour nouveau… »

« Dans ce vaste cadre, nous trouvons également des questions liées à l’origine de la vie et au rôle de la sexualité, à la souffrance, à la mort et à l’accompagnement d’un mourant. Certaines questions spécifiques, telles que l’environnement et la vie (y compris la vie animale) sur la planète, la génération et la procréation responsables, les soins aux mourants et les nouvelles technologies, sont abordées comme un terrain d’essai pour l’approche globale présentée dans le [livre] ». [2]

Commentant le lancement de Theological Ethics of Life, un article publié par le magazine America, dirigé par le père James Martin SJ prédit : « Des temps intéressants nous attendent si les réflexions rapportées dans cet essai reflètent ce qui se prépare au Vatican ». Il citait également le Père Jorge José Ferrer SJ professeur de théologie morale à l’Université catholique pontificale de Porto Rico, qui pense que le Pape François promulguera bientôt une nouvelle encyclique ou exhortation apostolique sur la bioéthique qui pourrait s’appeler Gaudium Vitæ (« La joie de vivre »). Que ces spéculations s’avèrent exactes ou non, les efforts de L'APV sont considérés comme jetant les bases d’une révision complète de la morale catholique. [3] Ceux qui cherchent à réaliser cette révision n’ont pas besoin de convaincre les fidèles que des questions autrefois considérées comme noires sont maintenant blanches, mais simplement qu’elles n’étaient que des nuances de gris depuis le début.

La rhétorique décousue et largement incohérente récitée par des théologiens tels que Chiodi exalte la primauté de la conscience des couples mariés pour exercer une parentalité responsable, ou fait appel à un sensus fidei [4] de la majorité des catholiques qui ont déjà abandonné l’enseignement catholique sur la moralité sexuelle. Néanmoins, ces arguments rejettent les principes de la loi divine et naturelle. L’histoire montre que la légitimation de la contraception conduit inévitablement à l’acceptation de l’avortement. Ce n’est pas une coïncidence si les principaux défenseurs du contrôle des naissances au vingtième siècle, Margaret Sanger et Marie Stopes, ont fondé des organisations qui comptent aujourd’hui parmi les plus grands fournisseurs d’avortements dans le monde.

En réponse à l’approbation apparente par Monseigneur Paglia de la loi italienne sur l’avortement, l’Académie Jean-Paul II pour la vie humaine et la famille a lancé un appel à son retrait.

« Les dommages causés à l’enseignement de l’Église sur l’inviolabilité de la vie humaine innocente et à la crédibilité de l'APV doivent être reconnus et immédiatement réparés. Mgr Paglia doit maintenant publier en personne une déclaration claire et sans équivoque engageant l’Académie pontificale pour la vie à défendre inconditionnellement l’inviolabilité de la vie humaine innocente, de la conception à sa fin naturelle. S’il ne le fait pas, il doit être immédiatement démis de ses fonctions et remplacé par un nouveau responsable de l’Académie pontificale fidèle à notre Seigneur Jésus-Christ et aux enseignements de son Église. »

Malgré une confiance croissante dans le mouvement pro-vie, reflétée par le nombre record de jeunes qui se sont rassemblés pour la Marche pour la vie au Royaume-Uni, l’Europe s’apprête à plonger encore plus profondément dans l’hiver démographique. Des recherches publiées par The Lancet en 2020 ont montré que les taux de natalité dans le monde entier diminuent plus rapidement qu’on ne le pensait auparavant. [5] Le taux de fertilité de l’Europe est tombé bien en dessous du niveau de remplacement, le taux de l’Italie étant l’un des plus bas d’Europe. Selon la Banque mondiale, il n’y a eu que 1,2 naissance par femme en Italie en 2020. [6] Il est probablement trop tard pour éviter un effondrement démographique et les difficultés qu’il entraînera. Avec une élection générale prévue pour le 25 septembre, les politiciens du pays ne peuvent pas ignorer cette menace. Il sera intéressant de voir comment le nouveau gouvernement compte y faire face.

En attendant, les dirigeants de l’Église ne semblent pas s’inquiéter. Peu de gens, si tant est qu’il y en ait, s’attendent à ce que Paglia démissionne ou doive rendre compte de ses attaques répétées contre la doctrine catholique. Comme l’archevêque l’a souligné, le pape est non seulement bien au courant des activités de l'APV, mais il les encourage.


Notes :

1. Riccardo Cascioli, « Legge 194, Paglia adesso fa la vittima », La Nuova Bussola Quotidiana, 30 août 2022. https://lanuovabq.it/it/legge-194-paglia-adesso-fa-la-vittima.

2. « Archbishop Paglia on Pope’s teaching on ‘Theological Ethics of Life’ », Vatican News, 30 juin 2022. https://www.vaticannews.va/en/vatican-city/news/2022-06/archbishop-vincenzo-paglia-pope-francis-interview-theological-et.html

3. Stefano Fontana, "Caso Paglia, ecco come ti distruggo la morale cattolica", La Nuova Bussola Quotidiana, 30 août 2022. https://lanuovabq.it/it/caso-paglia-ecco-come-ti-distruggo-la-morale-cattolica

4. D’une part, le concept théologique du sensus fidei fait référence à la capacité personnelle du croyant, en communion avec l’Église, de discerner la vérité de la foi. D’autre part, le sensus fidei renvoie aussi à une réalité communautaire et ecclésiale : l’instinct de foi de l’Église elle-même, par lequel elle reconnaît son Seigneur et proclame sa parole. En ce sens, le sensus fidei se traduit par la convergence des baptisés dans une adhésion vécue à une doctrine de foi ou à un élément de la pratique chrétienne.

Voir « Sensus Fidei in the Life of the Church » [Le sensus fidei dans la vie de l’Église], International Theological Commission (2014). https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/cti_documents/rc_cti_20140610_sensus-fidei_en.html

5. E.Vollset et al., “Fertility, mortality, migration, and population scenarios for 195 countries and territories from 2017 to 2100: a forecasting analysis for the Global Burden of Disease Study” [Fertilité, mortalité, migration et scénarios démographiques pour 195 pays et territoires de 2017 à 2100 : une analyse prévisionnelle pour l’étude Global Burden of Disease Study], (2020) The Lancet, 396, 10258, P 1285-1306.

6. Taux de fécondité, total (naissances par femme), données de la Banque mondiale. https://data.worldbank.org/indicator/SP.DYN.TFRT.IN



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