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Une commission parlementaire sur l'euthanasie: les dés sont-ils pipés d'avance?

La machine est en marche. Une commission parlementaire, ou une consultation itinérante, au sujet de l'euthanasie aura lieu cet automne.

Je pense bien que les dés sont pipés davance. Il me semble qu'on ne veut que répandre dans toutes les régions du Québec une opinion positive de "la mort dans la dignité" qu'on s'est faite a priori. Bien sûr, c'est impossible de prouver définitivement que les dés sont pipés davance. Mais je veux bien fournir quelques preuves, trouvées dans un article de la Presse canadienne qui annonce la venue de ce cirque ambulant cet automne.

Regardons ça de près. Même si c'est malhonnête ce qu'ils font, c'est quand même du travail de haute gamme, de la manipulation médiatique de haut niveau!

Québec lance un débat sur l'euthanasie

La Presse canadienne  
4 décembre 2009
Québec — Le gouvernement Charest accepte de lancer un débat sur le droit des Québécois à mourir dans la dignité.

Arrêtons là, tout de suite. On parle d'euthanasie, n'est-ce pas? On veut débattre si oui ou non un médecin peut légalement tuer un patient, dans des circonstances X. Mais d'où vient cette expression "mourir dans la dignité" (notez qu'il n'a pas de guillemets)? Qui a parlé de dignité? Voilà, le premier tour de magie médiatique: sans argument, nous avons établi qu' "euthanasie" = "mourir dans la dignité". Parfait! On continue:

Dans un premier temps, la Commission de la santé et des services sociaux de l'Assemblée nationale rencontrera une vingtaine d'experts en la matière, puis elle rédigera un document qui servira de base à la consultation.

Qui de la commission rédigera le rapport, et correspondera-t-il nécéssairement à l'opinion des experts? Mais surtout: QUI SERONT CES EXPERTS? Est-ce que 10 d'entre eux seront pour l'euthanasie, 10 contre? Qui les choisira, et selon quels critères? Cela me fait penser aux "experts" sélectionnés par la Société royale du Canada pour étudier la question "des décisions de fin de vie", 4 des 6 étant des pro-euthanasie acharnés de longue date.

«Je ne pense pas qu'il y ait des risques à entreprendre une réflexion», a affirmé hier le ministre de la Santé, Yves Bolduc, qui ne craint pas qu'un tel exercice entraîne des dérapages.

Vous avez compri? Il y a des gens qui ont peur. Ils ont peur de réfléchir. Mais pas Yves Bolduc, qui ne "pense pas qu'il y ait des risques à entreprendre une réflexion." Car les pro-euthanasie (dont Yves Bolduc lui même), eux ils réfléchissent. Ils n'ont pas peur de réfléchir, et, de plus, cet exercise de réflexion n'entraînera pas de dérapages. Conclusion: l'opposition à l'euthanasie est irréfléchie. C'est un réflexe qui vient de la peur. Les gens qui sont contre l'euthanasie ont peur que la réflexion même entraîne des dérapages. Quels idiots!

«C’est une question complexe et les avis sont partagés, mais je pense qu’il y a un consensus, ..."

On peut tout pardonner quelqu'un qui fronce les sourcils et qui réfléchit (sans peur de dérapages) avant de dire n'importe quoi. Car il n'a vraiment rien dit: "question complexe... avis sont partagés ... mais je pense" dit-il "qu'il y a un consensus." Le fait qu'il y a pensé lui permet d'affirmer une chose et son contraire: soit la question fait consensus, soit les avis sont partagés. C'est un ou l'autre. Mais il a froncé les sourcils, il a réfléchi fort, c'est un monsieur très gentil.

"...c’est que tout le monde veut mourir dignement et que leurs proches meurent dignement. Maintenant, il faut voir les façons de faire et arriver à améliorer la situation des gens», a-t-il commenté, préférant toutefois attendre avant de se prononcer lui-même sur les moyens à privilégier.

Encore ce "dignement". Mais qu'est-ce que cela veut dire une mort digne? Ah oui, on le sait déjà, selon la conclusion établie par alchimie médiatique: "mourir dans la dignité" = "euthanasie." Mais, MAIS, il est sage, M. Bolduc, car il préfère attendre... attendre que la consultation itinérante soit complétée. Quel gentleman, plein de sagesse et de compassion; il n'a pas peur, il réfléchit, il est poli, il préfère attendre avant de se prononcer.

Plus tôt dans la journée, la chef péquiste Pauline Marois avait convoqué les journalistes pour réclamer la tenue d’une consultation, affirmant que la question est devenue incontournable.

«Il y a des gens qui souffrent. Les médecins veulent des balises. Il faut se donner un cadre, les gens le demandent, c’est une question humaine, une question morale», a déclaré le porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé, Bernard Drainville, qui accompagnait Mme Marois lors du point de presse.

Il y a des gens qui souffrent, donc... il faut trouver un moyen ...d'éliminer la douleur? Non. C'est les gens qu'il faut éliminer. Ils souffrent, donc il faut leur donner la mort. C'est les médecins qui le feront, avec des balises. Avec "un cadre". C'est beau un cadre, c'est réconfortant. S'il y a un cadre, rien ne peut dépasser. Tout est fixé et contrôlé. Pas de risque de dérapages: il y a un cadre. Il y a des balises. De plus "c'est une question humaine!" Nous ne parlons pas du minéral, ni du végétal, ni même de l'animal. Nous traitons de questions humaines. Humaines et morales.

A l’instar du ministre, le Parti québécois évite de se prononcer immédiatement sur le droit à l’euthanasie et au suicide assisté.

Eux aussi sont sages, polis. Eux aussi évitent de se prononcer, car cela serait de décider pour le peuple, pour le peuple qui sera consulté avec la consultation ambulante basée sur le mémoire publié par la commission et informé de l'opinion de non moins de 20 experts.

«Pour le moment, notre démarche vise vraiment à ce qu’on se dote des meilleurs mécanismes pour tenir le débat», a indiqué Mme Marois.

Il n'y a rien de plus neutre et d'impartiel qu'un "mécanisme". Il n'y a rien de plus louable qu'un débat. Donc un mécanisme pour tenir un débat, cela doit vraiment quelquechose de bien.

Par ailleurs, elle estime que la tenue d’un tel exercice au Québec est nécessaire, même si l’éventuelle légalisation de l’euthanasie nécessiterait des modifications au Code criminel, qui relève du gouvernement fédéral.

«L’intérêt de faire ce travail de façon non partisane, c’est que cela donnera une force de frappe si jamais le fédéral devait refuser une position que le Québec voudrait prendre», a soutenu la chef péquiste.

C'est pas du tout surprenant de voir le parti souverainiste exploiter un écart entre les moeurs québécoises et celles du reste du Canada. Et Charest embarque, car lui aussi a vu les sondages... En parlant de sondages:

Récemment, les deux associations de médecins du Québec se sont dites favorables à ce que le gouvernement établisse des conditions pour permettre l’euthanasie.

Sur 2025 membres de la Fédération des médecins spécialistes qui ont répondu à un sondage, 84 pour cent se disaient ouverts à lancer un débat sur l’euthanasie.

Ne parlons pas des résèrves émises au sujet de ce fameux sondage, ni du fait  que les répondants étaient profondément divisés sur comment même définir le mot "euthanasie": Dans son communiqué dévoilant les résultats du sondage, la Fédération des médecins spécialistes remarque que " l’opinion est très nettement partagée lorsque interrogés à savoir si la sédation palliative est assimilable à une forme d’euthanasie; 48 % affirment que oui et 46 % répondent non." Donc nous avons ici un gros problème. Une grande partie des ces médecins qui prônent l'euthanasie ne savent pas ce que c'est l'euthanasie, car un cas de sédation palliative n'est pas un cas d'euthanasie, même si la vie est écourtée, car ce qui finit par tuer le patient c'est sa maladie, et non l'intervention du médecin. (Pour plus de renseignents sur l'euthanasie--entre autres, sa définition--voir ici.)

Du côté de la Fédération des médecins omnipraticiens, 74 pour cent des 1086 membres ayant répondu à un sondage étaient d’accord pour que «de nouvelles balises réglementaires et législatives soient adoptées afin de permettre le recours à l’euthanasie».

Oui, c'est ce même sondage qui contient l'observation suivante: "Enfin, une très forte majorité d'omnipraticiens ayant complété le questionnaire (88,5 %) estiment que de nouvelles balises réglementaires et législatives devraient être adoptées afin de clarifier la notion de soins appropriés à offrir aux patients en début de vie, tout au long de la vie et en fin de vie." C'est difficile même de comprendre de quoi il s'agit, mais dans le contexte d'un sondage sur l'euthanasie, c'est de quoi faire dresser le poil sur la nuque. Si je comprends bien, il y a des soins que l'on donnera a une personne d'âge moyenne que l'on refusera à la personne d'âge mûre? Est-ce comme en Orégon, ou maintenant, à cause de la légalisation de l'euthanasie, on refuse aux personnes âgées un traitement pour leur cancer, car on offre, pour beaucoup moins cher bien sûr, un autre service "approprié", c'est à dire l'euthanasie?

Puis, lors de leur congrès en août dernier à Chicoutimi, les membres de l’Association féminine d’éducation et d’action sociale (AFEAS) ont demandé que les médecins aient le droit de mettre fin aux jours d’une personne qui en a exprimé le désir de façon libre et éclairée, si elle est en perte d’autonomie ou souffre d’une maladie incurable.

Tous les membres ont voté? La résolution à été vigoureusement débattue? Comme les médecins spécialistes, les membres de l'AFEAS savaient certainement ce que c'était l'euthanasie et elles étaient aussi parfaitement informées sur le fait que l'euthanasie menace directement la vie des handicappés et des personnes âgées?

Et l'article se termine comme suit:

Ailleurs dans le monde, des législations permettant de mourir dignement ont été adoptées aux Pays-Bas, en Belgique et au Luxembourg.

Quelques pays on permis l'euthanasie. La Suisse aussi, et les états d'Orégon, du Montana, et de Washington. Et voyez les vrais dérapages que cela a produit.  Mais pourquoi ne parle-t-on pas aussi d'un pays qui a tout récemment refusé la légalisation de l'euthanasie: la France. Vous ne pensez pas qu'on en aurait entendu parlé si elle aurait voté pour?

Je dois avouer que c'est vraiment du bon travail de propagande. Et pensez-y: ce qu'on vient de lire n'est pas un éditorial en faveur de l'euthanasie, mais une simple dépêche de la Presse Canadienne!

Pour ce qui est de la consultation itinérante / du cirque ambulant, n'inquiétez-vous pas, nous et nos membres feront tout pour rééquilibrer ce qui à date me semble être un faux débat pipé d'avance.

***
Mise à jour (8 juin, 2010): Concernant le "consensus" qui règne au sein de l'Aféas sur la question de l'euthanasie, une membre de cet organisme m'écrit cette note hier:

J'étais très contente de voir votre commentaire sur le fait que tous les membres de l'Aféas n'avait pas voté en faveur de l'euthanasie. En effet, je suis membre de l'Aféas (question de m'opposer à ces femmes qui ne sont plus des femmes... leur vocation étant de donner et de protéger la vie alors qu'elle la détruit) et jamais je n'ai été consulté comme membre sur cette question fondamentale. Nous n'avions même pas été prévenues que cette question serait débattue lors du congrès 2009.

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Je ne comprends pas...

Je reçois assez souvent des lettres de remerciement, d'encouragement, etc. des membres et des donateurs de Campagne Québec-Vie. Un thème que je vois souvent est celui d'une espèce d'incrédulité face à la détérioration du Québec ces dernières 40 années. La lettre qui suit résume de façon éloquente et simple l'incrédulité et la tristesse de Québecois désemparés et trahis, c'est à dire de Québecois Canadiens-Français qui ont défrichés la terre, adorés Dieu, élevés leurs familles, hébergés les "quéteux", brefs, ceux qui ont vécus leurs vies pleinement, en toute humilité, seulement pour voir une génération orgueilleuse et gâtée s'emparer de l'héritage et de le gaspiller.

Chaque jour je pense à ces Québecois(e)s, et chaque jour je tente de faire ce que je peux pour vivre comme eux, en toute simplicité et pour les autres.

Monsieur le président,

J'espère que vous parviendrez à sortir victorieusement de votre impasse financière. [editeur: oui, pour l'instant, nous nous en sommes sortis!]

Je ne comprends pas que les Gouvernements ferment les yeux sur cette hécatombe de milliers de futurs citoyens! Je ne comprends pas qu'un tueur officiel comme Henry Morgentaler ait été décoré!

Je ne comprends pas comment nos compatriotes Canadiens-Français aient pu laisser tomber si facilement la religion qui faisait leur gloire autrefois.

Je ne comprends pas pourquoi le Clergé officiel se montre si discret devant le drame des avortements.

Je ne comprends pas comment on a pu laisser les Communautés Religieuses être dépouillées de leurs oeuvres officielles en Santé et en Éducation, qu'on les ait forcées à se départir de leur costume distinctif -- qu'on les ait condamnées à végéter et disparaître progressivement...

Que de choses sont pour moi des mystères! Les 10 Commandements sont battus en brèche, du premier au dernier. Les jeunes, l'avenir de notre peuple, délaissent les études, se droguent et souvent finissent par se suicider, tellement ils sont malheureux!

Oui, nous avons grand besoin de vous, vous êtes notre dernier espoir.

Une Catholique très inquiète pour l'avenir,

...

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C'est ça l'avortement


L’euthanasie et le suicide assisté : pourquoi pas?

Vous avez des questions sur l'euthanasie? Cliquez l'une des questions ou opinions suivantes pour en connaître la réponse-éclair (tirées d'une publication de l'OCVF):

  1. C’est ma vie, ma mort, ma liberté, mon choix, mon droit !
     
  2. Je veux mourir dans la dignité.
  3. La vie n’est pas une obligation. Je ne veux pas mourir branché à un tas de machines ou me trouver contraint de rester en vie quand je saurai que mon heure est venue.
  4. Le fait d’avoir le droit de mourir, même si je ne devais jamais m’en prévaloir, me donne le contrôle qu’il me faut pour mourir en paix.
  5. Il faut faire preuve de compassion. Je ne laisserais même pas mon chien supporter une longue agonie. Pourquoi obliger une personne à endurer une douleur incontrôlable ?
  6. De bons soins palliatifs devraient offrir l’option de l’euthanasie. Dans certaines circonstances, c’est le type de soins appropriés.
  7. Les soins en fin de vie sont très coûteux. La personne qui décide de mourir rend service à la société en libérant des ressources médicales. Il faudrait l’autoriser à faire un choix qui donne un sens à sa mort par un geste honorable, généreux et utile aux autres.
  8. Je ne veux pas devenir un fardeau pour ma famille et pour la société.
  9. Les personnes handicapées n’ont pas de qualité de vie. Leur vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Elles seraient mieux mortes que vivantes.
  10. On relève déjà des cas d’euthanasie un peu partout au pays. Ne serait-il pas plus sécuritaire de faire réglementer cette pratique par l’État ?
  11. Pourquoi parler de risque de dérive ? L’expérience d’autres pays et d’autres États montre que les mesures de protection prévues par la loi permettent de prévenir les abus.
  12. Vous essayez d’imposer vos valeurs religieuses à l’ensemble de la société canadienne. 
     

1. C’est ma vie, ma mort, ma liberté, mon choix, mon droit !

L’euthanasie et le suicide assisté ne sont pas des questions privées. Ces gestes impliquent des tiers : médecins, pharmaciens, parents et amis qui devront vivre ensuite avec le sentiment de culpabilité d’avoir tué un autre être humain.

Pour nombre de citoyens vulnérables, la légalisation de l’euthanasie n’offrirait que l’illusion d’un choix – un mensonge, en fait. Étant donné le vieillissement de la population canadienne et la hausse des coûts des soins de santé, ils pourraient se trouver contraints d’accepter l’euthanasie pour réduire la pression financière sur le système de santé. Leur prétendu « droit de mourir » pourrait bientôt devenir un « devoir de mourir ».

Le fait d’amender la loi canadienne pour autoriser l’euthanasie aurait de sérieuses conséquences pour nombre de personnes vulnérables. Même si l’euthanasie respecte l’autonomie de certains citoyens, elle met en danger la vie de plusieurs autres, notamment celle des personnes handicapées, des victimes de dépression ou de maladie grave. Une loi de ce genre constitue une recette idéale pour la maltraitance des plus vulnérables car elle ne pourrait pas les protéger contre les pressions des membres de leurs familles ou d’autres intervenants.

Nul n’est une île. Mes choix et mes décisions ont un impact sur les autres et sur l’ensemble de la société. Ma liberté et mes droits ont des limites; ils doivent respecter la liberté et les droits des autres. La liberté personnelle, l’autodétermination et les droits individuels ne sont pas des absolus. On peut y déroger pour préserver d’autres valeurs dans la société (par exemple, pour protéger les droits de citoyens vulnérables et au nom du bien commun). (retour)
 

2. Je veux mourir dans la dignité.

Il n’y a rien de particulièrement digne à avaler un cachet ou à recevoir une injection qui provoque une mort rapide, qui n’est pas toujours sans douleur comme certains aimeraient le croire. L’euthanasie ne sauve pas la dignité; elle supprime une personne qui souvent souffre de solitude et a le sentiment d’être un fardeau.

La dignité ne dépend pas de la santé physique ou mentale, de l’autonomie ou de l’utilité pour la société. La dignité humaine se fonde sur la valeur inhérente à chaque personne humaine, valeur que ne sauraient lui arracher des circonstances ou des facteurs extérieurs. Le simple fait d’être humain confère une dignité que ne possède aucun autre être vivant.

Les soins palliatifs proposent une mort dans la dignité parce qu’ils assurent aux patients le soulagement de la douleur et le soutien social, affectif et spirituel dont ils ont besoin pour vivre leur mort avec courage. Ce soutien demande, bien sûr, du temps et de la persévérance.

Nous sommes des êtres de relations capables d’aimer et de prendre soin des autres. Le sentiment que nous avons de notre dignité est lié au respect que nous avons les uns pour les autres en tant qu’êtres humains. Si les gens ont l’impression de perdre leur dignité, c’est à nous de faire en sorte qu’ils se sentent de nouveau appréciés. Comment se perçoivent-ils à travers notre regard? Nous avons tous et toutes le pouvoir de réagir à la maladie des autres dans l’amitié, l’amour et la solidarité afin de soutenir et de protéger leur « droit à la vie » jusqu’à l’heure de leur mort naturelle. Nous avons besoin les uns des autres dans la mort comme dans la vie. (retour)
 

3. La vie n’est pas une obligation. Je ne veux pas mourir branché à un tas de machines ou me trouver contraint de rester en vie quand je saurai que mon heure est venue.

Au Canada, la loi n’oblige personne à se soumettre à un traitement. Un patient qui jouit de ses facultés ou le mandataire d’un patient dans l’incapacité de décider ont le droit d’accepter ou de refuser quelque traitement que ce soit comme d’en exiger l’interruption.

L’interruption ou le refus de soins extraordinaires ou disproportionnés, lorsqu’ils sont trop pénibles par rapport aux avantages escomptés, n’est pas de l’euthanasie car on n’a pas alors l’intention de causer la mort mais simplement de permettre à la personne de mourir naturellement; l’euthanasie a pour intention de causer la mort : le patient ne meurt pas naturellement mais avant son heure, tué par un autre être humain.

Si on interrompt un traitement disproportionné ou qu’on s’abstient de l’administrer, la cause du décès est la maladie ou l’état du patient; dans l’euthanasie, la cause du décès est l’injection, la pilule ou tout autre moyen létal qu’on utilise. Il y a une grande différence entre le fait de laisser mourir quelqu’un et de le faire mourir.

L’alimentation et l’hydratation artificielles sont considérées comme des soins ordinaires – non comme un traitement – et doivent, en principe, être procurés au malade. En effet. l’eau et la nourriture sont des nécessités de l’existence qui ne servent pas à traiter une maladie particulière. Nul ne doit mourir pour avoir été privé d’eau ou de nourriture. Dans certaines circonstances, toutefois, comme en fin de vie, l’organisme peut ne plus être en mesure d’assimiler l’eau et la nourriture ou alors les procédures utilisées peuvent devenir trop accablantes. Dans un tel contexte, on peut interrompre l’alimentation et l’hydratation artificielles. (retour)


4. Le fait d’avoir le droit de mourir, même si je ne devais jamais m’en prévaloir, me donne le contrôle qu’il me faut pour mourir en paix.

Ce qui permet de mourir en paix, ce n’est pas le contrôle mais l’acceptation. Il est important de prodiguer aux gens qui souffrent la compassion et l’aide dont ils ont besoin pour cheminer vers l’acceptation, jusqu’à l’heure de leur mort naturelle.

Les demandes d’euthanasie et de suicide assisté naissent souvent d’un profond sentiment de désespoir. Il s’agit généralement d’appels au secours. Au coeur de ces demandes joue la peur de la douleur que pourra subir la personne et sa crainte de se retrouver seule dans cette souffrance. En règle générale, ce désir ne dure pas, surtout si on y répond avec une vraie compassion.

Notre société a toujours tendu la main à ses citoyens suicidaires, qui ont besoin d’aide pour vivre, et non pour mourir. Il serait incohérent de continuer à subventionner des centres d’aide et de prévention du suicide tout en légalisant le suicide assisté. Si au lieu de se faire soigner, on choisit de mourir sous le coup d’une dépression temporaire ou d’une douleur intense, on risque de se priver de plusieurs bonnes années de vie.

Les patients mourants qui ne sont plus en état de décider par eux-mêmes pourraient voir les médecins et les membres de leur famille prendre le contrôle et décider de mettre fin à leur vie. Cela pourrait se produire, par exemple, si quelqu’un avait fait un testament biologique en indiquant clairement son désir d’être euthanasié dans certaines circonstances mais qu’il changeait d’idée lorsque confronté à ces circonstances. Le prétendu droit de choisir la mort pourrait ainsi donner à d'autres le droit de vous imposer votre ancienne décision, une fois que vous ne pouvez plus manifester votre changement d’avis. (retour)
 

5. Il faut faire preuve de compassion. Je ne laisserais même pas mon chien supporter une longue agonie. Pourquoi obliger une personne à endurer une douleur incontrôlable ?

La douleur incontrôlable est très rare. Dans la plupart part des cas, il est possible de soulager une grande douleur; sinon, c’est souvent parce que les médecins manquent de formation en soulagement de la douleur. Il nous faut plus de recherche et de formation en ce domaine.

Le fait de se trouver devant une personne atteinte de maladie chronique, de maladie dégénérative ou de maladie terminale, devant un homme ou une femme déprimée ou gravement handicapée, devant un aîné ou un mourant, - surtout si cette personne a l’impression de devenir un poids inutile, qu’elle se pense obligée de mourir ou estime avoir le droit de mourir – représente pour chacune et chacun de nous une responsabilité et un appel.

Nous sommes appelés à « être avec » et à « souffrir avec » ceux qui sont placés devant certains des plus grands défis que pose la vie humaine. « Souffrir avec » -- c’est ce que signifie vraiment la « compassion » -- en prodiguant les soins voulus et un contrôle efficace de la douleur, tout en offrant un soutien social, affectif et spirituel.

L’euthanasie est absolument contraire à la compassion parce qu’en tuant le patient ou la patiente, nous les laissons tomber à l’heure où ils ont le plus besoin de nous. La vraie compassion est affaire de présence, de solidarité et d’amour : il s’agit de devenir partenaire dans la souffrance, d’aider l’autre à trouver du sens jusqu’à ce que survienne naturellement sa mort.

Il s’agit d’éliminer la douleur, pas le patient. Bien employés, les analgésiques abrègent rarement la vie; le patient meurt habituellement des suites de sa maladie. Il y a une grande différence entre l’administration de médicaments pour soulager la douleur et la souffrance, et le recours délibéré à un traitement analgésique en vue de faire mourir la personne.

Dans les cas extrêmes, la sédation palliative est une approche acceptable pour soulager la douleur et elle ne présente pas pour la société les mêmes risques que l’euthanasie. Elle a pour objet de contrôler la douleur et non de mettre fin à la vie du patient. (retour)
 

6. De bons soins palliatifs devraient offrir l’option de l’euthanasie. Dans certaines circonstances, c’est le type de soins appropriés.

L’euthanasie est incompatible avec les principes et les buts des soins palliatifs. Les patients qui entrent à l’hôpital en espérant bénéficier d’un peu de compassion pendant leurs derniers mois, leurs dernières semaines ou leurs derniers jours de vie ne devraient pas avoir à s’inquiéter d’être euthanasiés en vertu de l’évaluation que ferait un médecin de leur qualité de vie. Soigner, ce n’est jamais tuer.

Incorporer l’euthanasie aux soins palliatifs, c’est induire le public en erreur sur la véritable nature des soins palliatifs, qui visent à assurer la meilleure qualité de vie au patient atteint d’une maladie évolutive incurable jusqu’à ce que survienne la mort naturelle.

Les médecins ont droit à l’objection de conscience. Si l’euthanasie est normalisée, les médecins qui s’objecteront pourraient donner l’impression d’abandonner leurs patients. La chose deviendra encore plus compliquée si l’euthanasie est présentée comme une composante légitime des soins palliatifs.

Dans les pays où on a légalisé l’euthanasie ou le suicide assisté, on affecte moins de ressources aux soins palliatifs, qui sont pourtant la réponse vraiment humaine aux défis liés à la fin de la vie.

Le Code pénal fait de l’euthanasie un acte criminel. Si nous voulons que notre pays demeure un lieu sécuritaire pour tous ses citoyens, même les plus vulnérables (les personnes handicapées, les aînés, les grands malades, les mourants), nous ne pouvons accorder à certaines personnes le pouvoir d’en tuer d’autres, quelles que soient les circonstances. Dès l’instant où la mort pourra servir à résoudre un problème donné, elle risque de servir à en résoudre plusieurs autres. (retour)
 

7. Les soins en fin de vie sont très coûteux. La personne qui décide de mourir rend service à la société en libérant des ressources médicales. Il faudrait l’autoriser à faire un choix qui donne un sens à sa mort par un geste honorable, généreux et utile aux autres.

La vie humaine n’a pas de prix. Elle possède une valeur inestimable. Sa dignité ne saurait se mesurer en espèces.

Même si certaines personnes considèrent une demande de suicide assisté ou d’euthanasie comme un choix individuel désintéressé, il serait injuste de laisser le profit mettre en danger la vie d’autres citoyens canadiens vulnérables.

Quand la vie arrive à l’étape finale, il n’y a pas de raison de combattre la mort au moyen de traitements agressifs et dispendieux. Mieux vaut alors choisir des mesures qui offrent un espoir ou un avantage raisonnable et qu’on peut appliquer sans douleur ou dépense excessive.

De bons soins palliatifs peuvent aider les mourants à trouver un sens à leur douleur et à leur souffrance. Ils peuvent aussi leur permettre de régler des questions inachevées dans leur vie, soit par l’offre de soins spirituels traditionnels ou en recourant aux thérapies existentielles récemment apparues. Les dernières semaines et les derniers jours de la vie sont souvent un temps de cheminement spirituel et un temps de réconciliation avec la famille, avec les amis et avec Dieu. En choisissant d’interrompre une vie prématurément, on empêche la personne de connaître de profondes expériences humaines, sources pour l’âme de tant de joie et de paix. (retour)
 

8. Je ne veux pas devenir un fardeau pour ma famille et pour la société.

Cette façon de raisonner laisse entendre que ceux qui souffrent ne valent pas le temps et les soins qu’ils requièrent. Or il faut approcher les gens avec compassion, et non dans une perspective de calcul utilitaire. Nous avons la responsabilité de nous aimer et de nous soutenir les uns les autres de sorte que personne ne se sente jamais obligé de demander l’euthanasie ou le suicide assisté parce qu’il se sent un fardeau.

La crainte de devenir un poids inutile est la principale raison pour laquelle certaines personnes demandent de hâter leur mort. Plusieurs Canadiens se sentent abandonnés et sont très isolés. Ils ont besoin d’être consolés, encouragés et réconfortés.

La violence à l’endroit des aînés est déjà un problème au Canada parce que plusieurs personnes âgées ne sont plus en mesure de lutter pour obtenir les soins et le respect qu’elles méritent. Si l’euthanasie devient une option pour les personnes vulnérables et leurs soignants, elle pourra facilement devenir une menace ou être présentée sous couleur de devoir.

Aux Pays-Bas, certains aînés soumis à ce genre de pressions préfèrent déménager en Allemagne parce qu’ils ne font plus confiance à leurs médecins et qu’ils craignent que leurs proches ne profitent de leur vulnérabilité pour abréger leur vie1

Nous devons veiller avant tout à prodiguer des soins avec compassion aux personnes âgées et à celles qui souffrent de la maladie d’Alzheimer, de démence, de handicaps majeurs ou de maladies débilitantes graves, et aussi à mieux soutenir leurs familles en offrant des soins à domicile et d’autres services. (retour)
 

9. Les personnes handicapées n’ont pas de qualité de vie. Leur vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Elles seraient mieux mortes que vivantes.

Cet argument montre bien que les personnes handicapées sont parmi les citoyens les plus menacés quand un pays légalise l’euthanasie. Les membres vulnérables de la société ont besoin de se sentir appréciés, et non poussés à se suicider ou à demander l’euthanasie.

Les personnes handicapées ne se considèrent pas comme des êtres humains de « moindre qualité ». Elles s’attendent à bon droit au respect dû à toute personne. Il est important de ne pas évaluer la qualité de vie des autres à partir des standards et des préjugés qui nous sont imposés par une culture de l’efficacité et de la performance. La qualité de la vie ne doit pas servir à évaluer un groupe de personnes car elle se fonde sur un point de vue individuel qui est susceptible d’évoluer.

Pour en savoir plus sur le point de vue unique des personnes handicapées voir le site du Conseil des Canadiens avec déficiences: www.ccdonline.ca. (retour)
 

10. On relève déjà des cas d’euthanasie un peu partout au pays. Ne serait-il pas plus sécuritaire de faire réglementer cette pratique par l’État ?

Comme Canadiens, nous avons rejeté la peine capitale entre autre parce que nous savons que des erreurs judiciaires peuvent entraîner l’exécution de personnes innocentes. Il serait injuste et contradictoire de permettre à certaines personnes d’en tuer d’autres directement et délibérément, surtout au moment où celles-ci sont le plus vulnérables. C’est une question de sécurité publique et de justice sociale.

Si l’euthanasie est pratiquée à l’encontre de la loi, cela montre que le droit est incapable de contrôler l’euthanasie. La légaliser ne réglera pas le problème. Accorder la sanction gouvernementale à l’euthanasie ne pourra que léser les membres les plus vulnérables de la société et ruiner l’institution médicale.

Un changement législatif compromettrait le rôle de la profession médicale et altérerait fondamentalement la relation médecin-patient parce que le « droit de mourir » donnerait aux médecins le droit de tuer directement et délibérément. Cela minerait la confiance entre le patient et son médecin, et amènerait les personnes malades, âgées ou handicapées à craindre d’aller à l’hôpital et aux autres établissements de soins.

Il est important que l’euthanasie reste illégale au Canada même si le Serment d’Hippocrate n’est plus la pierre angulaire de la médecine. Le droit doit continuer de renforcer la relation médecin-patient et le rôle du médecin comme intervenant plein de compassion qui guérit parfois, soulage souvent et réconforte toujours.

Si une action est mauvaise, le fait de la légaliser ne la rendra pas meilleure. L’acceptation publique de l’euthanasie et du suicide assisté va plutôt émousser notre conscience face à la gravité de l’homicide. Elle diminuera notre compassion pour ceux et celles qui choisiront de continuer de vivre quand ils pourraient demander la mort.

Nous ne devrions pas parler de légaliser l’euthanasie et le suicide assisté tant que tous les Canadiens ne seront pas assurés de recevoir les soins palliatifs dont ils auront besoin. (retour)
 

11. Pourquoi parler de risque de dérive ? L’expérience d’autres pays et d’autres États montre que les mesures de protection prévues par la loi permettent de prévenir les abus.

Une étude attentive de la situation dans ces pays et ces États indique plutôt que le risque de dérive est bien réel. Il n’y a pas de mesures de protection à toute épreuve. Les lois qui réglementent l’euthanasie et le suicide assisté sont dans une large mesure inapplicables et incapables d’assurer la protection des personnes vulnérables parce qu’elles s’appuient sur la déclaration volontaire des médecins.

La décriminalisation de l’euthanasie donne aux médecins et aux responsables des politiques de santé la possibilité et les moyens d’exploiter les patients vulnérables.

  • En Oregon, le nombre de suicides assistés augmente régulièrement alors que diminue le nombre de patients dirigés en psychiatrie après avoir demandé le suicide assisté. Les patients qui pourraient retrouver le goût de vivre ne reçoivent pas les soins auxquels ils ont droit2.
  • Parce qu’il considère le suicide médicalement assisté comme une forme de soins palliatifs, le Régime d’assurance-maladie de l’Oregon remboursera dorénavant le suicide assisté plutôt qu’une chimiothérapie dispendieuse, dans les cas de cancer avancé.
  • En 2005, 550 citoyens hollandais ont été tués sans leur consentement.3

Les pays qui ont légalisé l’euthanasie ou le suicide assisté pour les malades en phase terminale aptes à décider ont étendu ces programmes aux membres vulnérables de la société.

  • Aux Pays-Bas, le gouvernement a adopté le Protocole de Groningen qui permet aux parents de demander l’euthanasie pour leurs nouveaux-nés gravement handicapés.
  • Une étude hollandaise a établi que 23% des patients atteints de cancer en phase terminale souffraient de dépression et qu’ils étaient quatre fois plus susceptibles de demander l’euthanasie. Ces résultats ont étonné les chercheurs qui supposaient que les personnes qui demandaient l’euthanasie prenaient leur décision en toute sérénité4.
  • Une autre étude a montré qu’entre 1990 et 2000 le groupe suisse d’euthanasie Exit Deutsche Schweiz a assisté 748 suicides. 21,1% des personnes en cause ne souffraient d’aucune maladie mortelle5.
  • En Belgique, le lobby pro-euthanasie réclame maintenant l’euthanasie pour les mineurs et les citoyens atteints de démence. (retour)
     

12. Vous essayez d’imposer vos valeurs religieuses à l’ensemble de la société canadienne.

Il ne manque pas d’excellents motifs religieux pour reconnaître la valeur absolue de la personne humaine et s’opposer à l’euthanasie et au suicide assisté. Mais il n’est pas nécessaire d’y avoir recours pour rejeter ces pratiques mortifères.

Qu’on soit croyant ou athée, les raisons fondamentales de dire non à l’euthanasie et au suicide assisté sont avant tout d’ordre purement naturel : ce sont des motifs humains qui visent à promouvoir le bien-être de tous les Canadiens, quels que soient leur race, leur genre, leur âge, leurs aptitudes ou leur état de santé.

La Déclaration universelle des droits de l’homme affirme clairement que « tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne » (art. 3). Pour garantir ce droit à tous les citoyens, à cette heure de l’histoire du Canada où se dessine la possibilité d’une légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, nous devons (1) favoriser la recherche et l’éducation dans le domaine du soulagement de la douleur; (2) financer publiquement un plus grand nombre de centres et d’unités de soins palliatifs pour que tous les Canadiens aient accès aux soins de fin de vie; (3) et adopter des mesures fiscales qui permettent aux soignants naturels de s’engager librement à aider leurs proches malades ou mourants. (retour)

1 Jean Leonetti, Rapport d’information Solidaires devant la fin de vie, n. 1287, tome 1, Assemblée nationale française, décembre 2008, p. 136. (retour)

2 On peut consulter les rapports annuels de l’État de l’Oregon sur les suicides médicalement assistés sur le site http://www.oregon.gov/DHS/ph/pas/index.shtml (retour)

3 Ministère de la Santé, du Bien-être et des Sports des Pays-Bas, Rapport 2007 sur la Loi sur l’euthanasie. (retour)

4 van der Lee, M., et al., “Euthanasia and Depression: A Prospective Cohort Study Among Terminally Ill Cancer Patients,” Journal of Clinical Oncology 23 (2005): 6607-6612. Consulté le 15 septembre 2009 sur le site Internet http://jco.ascopubs.org/cgi/reprint/23/27/6607  (retour)

5 Bosshard, G., Ulrich, E. et Bär, W. “748 cases of suicide assisted by a Swiss right-to-die organaisation,” Swiss Medical Weekkly 133 (2003): 310-317. Consulté le 16 septembre 2009 sur le site Internet http://www.smw.ch/dfe/set_archiv.asp?target=2003/21/smw-10212  (retour)

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Gare aux médias manipulateurs (et aux journaux étudiants amateurs)! -- Le journal Quartier Libre

La manipulation médiatique est un phénomène qui m'a toujours fasciné, d'autant plus que maintenant j'en suis la cible.

Il y a peut-être deux semaines, c'était un dimanche après midi, j'étais à la vigile des 40 jours pour la vie avec deux autres participants à cette vigile. Nous étions dans le parc Lahaie au coin de St. Joseph et St. Laurent, en face du centre d'avortements Morgentaler. Survient une jeune femme dans la début vingtaine. Elle nous dit qu'elle aimerait nous interviewer au sujet de notre vigile. Nous acceptions.

Elle posa toutes les questions typiques qui constituent le débat sur l'avortement; nous parlions de l'humanité du foetus, etc. et finalement, nous abordions le cas de l'avortement dans le cas de viol. J'ai décidé (peut-être fut-ce la mauvaise décision) de présenter un argument, et non juste un slogan. Ce fut peut-être une erreur, car j'avais déjà noté qu'elle n'enregistrait pas notre conversation, mais qu'elle ne prenait que quelques notes de temps en temps sur son calepin.

Au sujet du viol, je lui ai dit:

Puisque nous avons déjà établi au préalable que je croyais que l'enfant à naître était tout aussi humain que l'enfant déjà né, le fait de tuer un enfant à naître parce-qu'il était le résultat d'un viol serait équivalent à tuer un enfant déjà né parce qu'il était le résultat d'un viol. Serait-il acceptable, par exemple, qu'une femme, ayant décidé de garder son enfant malgré le fait qu'il soit le produit d'un viol, décide, après la naissance, de le tuer parce qu'elle voyait se tracer dans le visage de l'enfant les traits de son père? Si on ne doit pas tuer l'enfant après la naissance pour cause de viol, on ne devrait pas tuer l'enfant à naître à cause du fait qu'il est le produit d'un viol, non plus." Et j'ai ajouté: "au pire, elle peut offrir son enfant en adoption à la naissance."

Maintenant, voyez comment tout ça a été interprété par notre bonne apprentie journaliste:

Si elle ne veut pas voir le visage de son agresseur sur celui de son futur enfant, elle n’a qu’à le confier à la naissance.

Quelle merveilleuse synthèse! J'ai bien dit chacun des mots dans la phrase qu'elle a mis dans ma bouche, mais le sens est complètement différent. Si quelqu'un pose la question "en cas de viol, l'avortement est-il acceptable?" la réponse que j'ai donnée et celle qu'on a mit dans ma bouche sont complètement différentes. La deuxième réponse serait celle d'une personne complètement insensible au drame vécue par la femme lors du viol, car cette personne semble croire que le seul problème pour la femme serait que l'enfant ressemblerait à l'agresseur. Heureusement, cette personne n'est pas moi. Mais cette caricature est celle que cette journaliste voulait probablement que j'incarne.

La leçon du jour: Gare aux médias manipulateurs. Enregistrez biens tous vos entretiens, ou, sinon, n'émettez que des slogans simplistes, comme le font si bien les politiciens. Ce n'est pas pour rien qu'on ne peut jamais débattre sur la place publique et ça les politiciens et les personnes publiques le savent trop bien: trop de journalistes déforment, simplifient, abrutissent le dialogue.

Pour ce qui est du reste de l'entrevue, hormi le titre tendancieux et le fait qu'on ne puisse ressentir aucune empathie pour nous ou pour notre cause de la part de l'auteure, pour ma part je peux dire que les autres citations sont exactes.

Mise-à-jour: une autre correction à apporter: dans l'article on lit que j'ai complété un doctorat à McGill, ce qui est faux: j'ai commencé un doctorat en théologie à McGill en septembre 2008, puis j'ai lâché en fin d'octobre 2008 pour raison de "déficience académique" et pour me consacrer à temps plein à la lutte pour le respect de la vie.

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Avortement et esclavage

©William Gairdner, tiré de la revue Égards, traduit par Richard Bastien; le texte original se trouve ici.

    

Ceux qui prétendent que l’enjeu le plus important est le conflit opposant les droits de la femme et ceux de l’enfant à naître se trompent lourdement. Si conflit il y a, ce n’est pas entre les droits de deux personnes, mais entre le prétendu droit de la femme et le droit supérieur de la société de défendre celui d’un citoyen à naître. Chez la femme enceinte, ces deux droits se situent physiquement et symboliquement dans un même corps. Mais la démocratie moderne ayant été réduite au rang d’une lutte simpliste entre les droits de particuliers – dans ce cas-ci entre ceux de la mère et ceux de l’enfant – et n’admettant aucune autorité morale supérieure, on recourt à un stratagème par lequel on nie juridiquement l’humanité de l’une des deux parties. Selon Platon, l’homme peut devenir esclave de ses passions. Ici, celui qui est mis en esclavage par voie légale, c’est le fruit même de la passion.

En somme, la nécessité idéologique de déposséder l’enfant à naître de son statut juridique de personne est inhérente à la démocratie égalitariste, tout comme les tentatives du passé de nier à l’esclave son statut de personne découlait du besoin de légitimer tant l’esclavage que la démocratie ancienne. La plupart des philosophes de l’Antiquité, Platon et Aristote compris, soutenaient qu’il ne pouvait y avoir de démocratie sans esclavage. Il en va de même pour l’égalitarisme démocratique. Force est donc de conclure que les nations modernes éliminent annuellement environ 20 % des nouveaux citoyens potentiels au nom des droits et de la pureté idéologique.

Bien entendu, la négation juridique du statut de personne (utilisée vraisemblablement à l’origine contre les peuples vaincus) visait à solidariser des êtres humains contre leurs ennemis. Ce déni a été exploité sur une grande échelle par les États totalitaires du XXe siècle pour autoriser l’incarcération ou l’éradication de citoyens déclarés ennemis internes.

La nécessité d’un jugement substitutif

Cette stratégie d’exclusion revêt une grande importance idéologique et économique pour l’État moderne. La notion de « non-personne » qui en découle nécessite un « jugement substitutif », en vertu duquel un agent de l’État ou une personne désignée est appelé à prendre des décisions fondamentales concernant la vie ou la mort de ceux privés du statut de personne.Le déni d’un tel statut et le jugement substitutif qui en résulte ont comme fin de neutraliser les puissants contre-arguments que la nature oppose à la pensée idéologique. La nature appelle la mère à exercer ses fonctions maternelles tandis que l’idéologie l’invite à s’y soustraire au profit, par exemple, de l’armée ou de l’État. La nature affirme que deux êtres humains ne sont jamais identiques ; l’idéologie égalitariste prétend qu’ils peuvent l’être. Les secteurs étatisés de la vie privée ne cessant de croître et la cohérence idéologique exigeant une centralisation des domaines clés au profit de l’État et au détriment du domaine privé, une tendance budgétaire inflationniste est inévitable tandis que les fonds publics demeurent limités. Cela veut dire que des classes entières de citoyens risquent, à cause de contraintes budgétaires, de se retrouver dans la catégorie de « non-personnes ». Par exemple, d’un point de vue strictement économique, il est difficile de s’opposer à l’avortement si l’enfant à naître n’est pas juridiquement considéré comme une personne, puisqu’il est plus économique d’avorter que de soutenir financièrement une mère monoparentale au moyen de l’aide sociale. Dans le premier cas, le coût est de 400 dollars, dans l’autre de 10 000 dollars par an pendant cinq ans.

Déjà, pour empêcher l’effondrement idéologique d’un service public comme l’assurance-santé, on oblige des citoyens désespérés à attendre des mois avant d’être traités, les exposant à une détérioration de leur état ou même à la mort. J’ai connu des Canadiens qui étaient prêts à acquitter eux-mêmes les frais des services dont ils avaient besoin afin d’éviter une attente potentiellement fatale. Comme la prestation privée de services médicaux est illégale au Canada, ils ont essuyé un refus et sont morts sans recevoir de soins adéquats. Les listes d’attente sont un moyen de maintenir au sein de l’opinion publique l’illusion d’un service égalitaire. Ainsi, les États modernes sacrifient-ils en silence leurs citoyens sur l’autel de leurs idéaux sociaux-démocrates. Il en va de même pour les personnes âgées. Les impératifs économiques obligeront dans l’avenir l’État à classer, par un « jugement substitutif », un nombre sans cesse croissant d’infirmes et d’invalides dans la catégorie de ceux qui doivent être euthanasiés. C’est à ce prix que l’on préservera l’idéologie égalitariste. Ces pressions budgétaires au sein de l’État providence engendreront de nouvelles formes d’esclavage. Y a-t-il pire asservissement que celui d’un citoyen dépouillé de son statut de personne qui se retrouve entre les mains d’un appareil étatique ayant le droit absolu de décider de son destin ?

L’effet philosophique : la grande ironie de notre époque

La démocratie a d’abord été une théorie politique qui préconisait un plus grand contrôle du pouvoir par un nombre accru de gens et une libération croissante des contraintes extérieures, les plus puissantes étant celles de la nature. À l’origine, la démocratie se concevait surtout comme une émancipation du pouvoir royal ou des souverains despotiques. Depuis quelques décennies, elle se veut davantage affranchissement des lois oppressives, des traditions religieuses et des inégalités sociales.

Dans sa forme égalitariste contemporaine, qui s’exprime en particulier par la libéralisation des moeurs sexuelles, la démocratie en est venue à signifier un rejet de toute contrainte morale. Elle désigne maintenant la liberté de choisir son propre « style de vie », que celui-ci soit contraire ou non aux normes de la société. Selon ce nouveau type de démocratie pluraliste, les valeurs normatives sont des « jugements de valeur » ayant pour but d’asservir à une morale des personnes libres et foncièrement bonnes. Ce pluralisme revêt parfois des formes radicales, comme en témoignent les manifestes en faveur de l’inceste, de la pédophilie et des relations sexuelles « intergénérationnelles ». Manifestement, cette notion de liberté démocratique n’évolue que dans une seule direction – celle d’un autonomisme extrême de la personne et d’une répudiation de toute morale collective. Mais alors, où s’arrêter ?

La morale traditionnelle a été bouleversée. Selon nos ancêtres, la liberté intérieure était indissociable de la maîtrise de soi. Les accidents du monde extérieur – la naissance, la guerre ou la mort – ne pouvaient pas et, en principe, ne devaient pas empêcher la maîtrise de soi, qui ne faisait qu’un, en somme, avec la liberté.

Pour les modernes, mystifiés par la vanité démocratique, la liberté est synonyme d’expression de soi. Ils rejettent la maîtrise de soi, vue comme un refoulement maladif des instincts, et considèrent que de condamner certains comportements constitue, de la part d’une autorité morale ou politique, une « imposition » arbitraire.

Cela dit, l’ironie – et l’un des grands paradoxes de la démocratie contemporaine – est que, tout en se croyant socialement, moralement et politiquement libre, l’homme moderne, lorsqu’il s’agit de décrire sa place dans l’univers, utilise un langage parfaitement déterministe où il se représente presque invariablement comme un esclave ou un « sous-produit » de forces qu’il ne contrôle pas. Ainsi, l’hypothèse voulant que l’homme soit le produit d’un conditionnement social informe presque toutes les recherches en sciences sociales. En psychanalyse, on présente les humains comme les jouets de forces psychologiques cachées ; en physique, comme une combinaison quantique de matière pure ; en biologie, conformément à une conception darwinienne du monde, comme l’aboutissement d’une sélection naturelle. Depuis quelques années, les sociétés les plus riches sont inondées de messages visant à les convaincre que ses membres ne pourront survivre qu’à l’aide de diverses thérapies. Le monde politique « progressiste » en entier voudrait rééduquer et soumettre à diverses thérapies des millions de « victimes » insouciantes des « conditionnements » économiques et sociaux qu’ils ont subis et leur permettre de tirer profit d’un nouveau programme conçu et administré par des spécialistes du salut social. Ceux-ci constituent le clergé du fondamentalisme séculariste moderne. Ces spécialistes estiment que, grâce à leur savoir, ils ont réussi à se soustraire aux conditionnements qu’ils déplorent chez les autres (et qu’ils ne manquent jamais de traiter comme une forme d’esclavage). En se proclamant ainsi libérés de toute servitude, ils se perçoivent eux-mêmes comme une nouvelle élite.

Établir une telle élite fut l’ambition du marxisme, cette théorie conspirationniste encore trop répandue selon laquelle l’ensemble du monde développé est victime d’un système capitaliste oppressif dont l’unique objet est l’exploitation des masses.

La théorie moderne de la « déconstruction », un simple rejeton de l’utopie marxiste, affirme que les divers systèmes de pouvoir ont infiltré tous les niveaux de la société et que toutes les formes d’altruisme ne sont qu’une stratégie visant à consolider ces systèmes et à asservir le genre humain. L’humanité entière est invitée à se libérer en adoptant de coûteux programmes de justice « redistributrice », palliant ainsi aux méfaits de la nature et de la société.

En cette époque de célébration généralisée des libertés démocratiques, il est à la fois ironique et bizarre d’observer que l’homme, qui a voulu s’affranchir de tout conditionnement extérieur, se considère, plus qu’à tout autre moment de l’histoire, comme un être entièrement soumis aux forces cosmiques et comme une victime.

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Entretien avec une participante aux 40 jours pour la vie à Montréal à paraître sur les Francs-Tireurs (Télé-Québec) -- Audio

N.B. À la demande de Télé-Québec, nous avons retiré le fichier.

Vous pouvez visionner l'entretien ici --c'est vraiment un montage de photos avec audio--à peu près 5 minutes de la fin. C'est après le segment qui s'appelle "Petites vies".

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Photos de la cérémonie de clôture des 40 jours pour la vie à Montréal


Clément Custeau (1939-2009)

Clément Custeau, membre du conseil executif de Campagne Québec-Vie, est décédé lundi. Il avait 70 ans.

Campagne Québec-Vie le remercie du fond du coeur pour tous ses efforts et pour son amour et son souci des enfants à naître et de leurs parents. Il va profondément nous manquer.

CUSTEAU, CLÉMENT

1939 - 2009

À Montréal, le lundi 2 novembre 2009 est décédé, à l´âge de 70 ans, CLÉMENT CUSTEAU époux de Yvonne Boulanger. Outre son épouse il laisse dans le deuil ses enfants: Alain (Manon), Chantal et Christian (Mélanie), ses petits enfants: Nellia, Etienne, Edmond et Emile, ses soeurs: Jeannette et Monique, ses frères Ernest, Aimé, Marcel et Jean-Luc,ainsi que ses beaux-frères et belles-soeurs, neveux et nièces, parents et amis.

La famille vous accueillera au Complexe funéraire Magnus Poirier situé au 10300, boul. Pie-IX à Montréal , le vendredi 6 novembre 2009 de 14:00 à 17:00 et de 19:00 à 22:00 ainsi que le samedi à compter de 10 heures.

Les funérailles seront célébrées le samedi 7 novembre 2009, à 13:00 en l´église Ste-Colette et de là au Le Repos St-François D´Assise.

Au lieu de fleurs, des offrandes de messes seraient appréciées.

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