Alexander Tschugguel.
Par Andreas Wailzer — Traduit par Campagne Québec-Vie:
15 février 2023 (LifeSiteNews) — La Conférence de la résistance catholique, organisée par le St. Bonifatius Institut (fondé par l’activiste catholique Alexander Tschugguel) a abordé la question de l’avortement à plusieurs niveaux la fin de semaine dernière.
Du 9 au 11 février, plus d’une centaine de catholiques, jeunes pour la plupart, venus de toute l’Europe, se sont réunis à Vienne pour tisser des liens et écouter des exposés sur le plus grand mal de notre temps et sur les moyens de le combattre.
Parmi les orateurs figuraient : Kathi Aultman, ancienne avorteuse devenue militante pro-vie, Gabriele Kuby, auteur et conférencière internationale, Charles Coulombe, historien, le père Manfred Müller, et Tschugguel lui-même.
« Cette conférence est née l’année dernière de l’idée que la plupart des catholiques ne sont pas conscients que la résistance au mal [...] dans le monde n’est pas possible uniquement dans des domaines individuels, mais qu’elle n’est possible que si l’on comprend la situation dans son ensemble », a déclaré M. Tschugguel à LifeSiteNews. « Et la seule façon de comprendre le tableau d’ensemble est de saisir que le seul à le comprendre est Dieu, ce qui signifie que ce n’est qu’en regardant les choses à travers notre foi que nous, en tant que catholiques, pouvons être en mesure de faire quelque chose qui s’approche de ce qui est nécessaire sur terre. »
« La conférence de l’année dernière s’est concentrée sur la création de cette compréhension générale, et cette année nous nous sommes concentrés sur notre sujet principal — qui, je pense, est un sujet principal pour chaque catholique — à savoir, éclairer correctement l’avortement d’un point de vue catholique. »
« Il y a plusieurs aspects : nous avons traité l’avortement d’un point de vue théologique, philosophique, politique, historique, idéologique, idéologique moderne et, à la fin, d’un point de vue pratique, c’est-à-dire l’avortement dans son exécution physique. »
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C’est le Dr Aultman qui a présenté cette « exécution physique », une expression qui correspond bien à la réalité meurtrière de l’avortement. Elle a montré aux participants des vidéos animées de différentes procédures d’avortement, dont certaines qu’elle a elle-même pratiquées. Bien que l’ancienne avorteuse n’ait montré que des dessins animés, les spectateurs dans la salle ont gémi et regardé avec horreur comment les bébés à naître sont massacrés dans l’utérus de leur mère.
Certains pourraient s’opposer au fait de montrer les détails sanglants de l’avortement, et Mme Aultman a déclaré qu’elle avait elle-même l’habitude de critiquer cette pratique, même après sa conversion. Mais elle a constaté que de nombreuses personnes qui étaient favorables à l’avortement sont devenues pro-vie après avoir regardé ce type de vidéos. Lorsque la réalité brutale de l’avortement est voilée par des euphémismes tels que « santé reproductive » ou « droits des femmes », il est facile de tomber dans le panneau de la propagande pro-avortement.
Ces vidéos laissent peu de place à de tels euphémismes.
« Nous avons inventé des raisons psychologiques pour justifier les avortements », a déclaré Mme Aultman au public. Je n’en ai jamais fait pour des « raisons médicales ». Un aveu choquant de la part d’une femme qui a pratiqué plus de 500 avortements au cours de sa carrière.
Dans une autre intervention, l’auteur et conférencière catholique Gabriele Kuby a souligné l’importance de l’anthropologie chrétienne pour une société civilisée.
« Si nous abandonnons l’idée que nous sommes faits à l’image de Dieu, nous perdrons la dignité humaine, comme nous le voyons actuellement sous nos yeux », a déclaré Kuby. « Si une société accepte de tuer des enfants à naître, elle peut décider de tuer n’importe qui ».
Un constat qui fait froid dans le dos, surtout quand on sait que 73 millions d’avortements ont eu lieu en 2021.
Le père Manfred Müller, membre de l’organisation « Prêtres pour la vie » en Autriche, a abordé la question de l’avortement d’un point de vue théologique. « L’avortement affecte l’ensemble du corps de l’Église », a déclaré le père Müller.
« En bref, l’industrie de l’avortement est un système démoniaque parfait qui offre une forme perverse de culte au diable », a déclaré le prêtre, citant un ancien président de Human Life International.
« Dans l’avortement, la victime est un être humain innocent, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu et qui ne peut jamais se défendre », a expliqué M. Müller.
« La combinaison de l’innocence, de la participation des parents et de l’effacement rituel du visage de Dieu sous une forme humaine est la façon dont le diable blasphème le Père avec la participation malavisée des propres enfants de Dieu. La destruction systématique du corps humain, que saint Paul appelle le temple du Saint-Esprit, est une insulte blasphématoire à Dieu. Si le commerce de l’avortement n’est pas véritablement démoniaque, rien ne l’est ».
L’activiste Clemens Wehler, qui travaille pour l’Institut Saint-Boniface, a parlé de la dimension politique de l’avortement. Il a noté que même si la Hongrie n’a malheureusement pas introduit de nouvelle loi pro-vie (à l’exception d’une loi mineure récemment : voir ici), le taux d’avortement a été réduit de moitié depuis que le parti Fidesz de Victor Orbán a pris le pouvoir en 2010. Selon M. Wehler, cette évolution est principalement due aux politiques pro-famille qui ont été mises en place et qui ont permis aux couples d’avoir plus facilement des enfants sur le plan financier.
Par ailleurs, l’auteur et historien catholique Charles Coulombe a évoqué l’histoire de l’avortement en Autriche. L’impératrice Habsbourg Marie-Thérèse, qui a eu 16 enfants, est à l’origine de la loi sur l’avortement la plus stricte de l’histoire du pays, selon M. Coulombe. Sous son règne, l’avortement était passible de la peine capitale.
Au milieu du XIXe siècle, cependant, les premières exceptions pour les cas de viol et d’inceste ont été introduites. Le souverain de l’Autriche-Hongrie, l’empereur François-Joseph Ier, était opposé à cette loi qu’il considérait comme une « pente glissante », selon les termes de Coulombe. L’empereur avait raison, bien sûr, et le parti socialiste autrichien a continué à faire pression pour la libéralisation des lois sur l’avortement en Autriche depuis la chute de la monarchie en 1918.
Enfin, Tschugguel a abordé la dimension philosophique de l’avortement. Il a mis l’accent sur la pensée erronée des philosophies relativistes modernes. La liberté humaine, a expliqué Tschugguel, signifie que nous pouvons décider d’agir selon la loi de Dieu ou non. Nous n’avons pas la liberté, comme le prétendent les relativistes, de définir ce qui est bien ou mal.
L’activiste catholique a déclaré que « Dieu a un plan pour chaque être humain, et vous privez un enfant de son destin éternel, et pas seulement de son destin terrestre » lorsque vous le tuez par l’avortement.
En outre, M. Tschugguel a fait remarquer que la pratique de l’euthanasie prive les gens non seulement de leur vie et de la possibilité de guérir, mais aussi de l’occasion de souffrir pour le Christ et de la possibilité de réparer à travers cette souffrance.
Après la fin du programme principal de la conférence, M. Tschugguel a offert aux participants une courte visite historique de la vieille ville de Vienne.
Pour de nombreux participants, le bal viennois traditionnel organisé par l’Institut Saint-Boniface le samedi soir a été un moment fort de la conférence. L’année précédente, le bal de Saint-Boniface était devenu quelque peu célèbre pour avoir été le seul bal (semi-illégal) à Vienne cette saison-là, tous les autres ayant été annulés en raison des restrictions imposées par le COVID.
La foi catholique semble parfois avoir disparu en Europe, mais certains signes montrent qu’elle est encore bien vivante dans certains coins. Et de ces coins, de ces jeunes familles catholiques pro-vie, avec l’aide de la grâce de Dieu, la foi peut se répandre dans toute l’Europe une fois de plus.