Par Arpad Nagy (Campagne Québec-Vie) -- Photo : Cathédrale Saint-Michael de Toronto, sur Wikipedia par Montrealais
Mgr Francis Leo, dans sa lettre ouverte à tous les membres de notre parlement fédéral, les a exhortés à voter en faveur d’un projet de loi qui imposerait des restrictions supplémentaires sur le matériel sexuellement explicite (pornographie) afin de protéger les mineurs. Cette lettre ouverte sur le projet de loi S-210 n’est pas sans conséquence. Elle peut fournir un cadre sur la manière dont les églises peuvent non seulement coexister avec notre système politique actuel, mais aussi l’influencer.
Pour lire la lettre de Mgr Leo, cliquez ici.
Dans cette situation, un haut prélat de l’Église catholique a exprimé son opinion sur la politique publique. Il a fait part de son opinion, fondée sur l’enseignement de l’Église catholique, et l’a exposée clairement à tous les membres de la société, en s’adressant en particulier aux législateurs de notre pays. Il a exprimé son opinion sur un projet de loi en cours d’examen à la Chambre des communes — et en fait, non seulement il a fait part de ses réflexions, mais il a clairement approuvé le projet de loi.
Dans sa lettre ouverte, il y a certaines choses que Mgr Leo a faites et d’autres qu’il n’a pas faites :
- il ne s’est pas adressé aux membres d’un seul parti politique ;
- il n’a pas dit aux gens pour qui voter ;
- il n’a pas soutenu un parti politique ou un candidat ;
- mais il a abordé une question qui relève de sa compétence ;
- il s’est exprimé pour protéger le bien-être des personnes dont il s’occupe sur le plan spirituel ;
- il s’est exprimé pour promouvoir le bien commun de la société ;
- il a soutenu un texte de loi spécifique en rapport avec les enseignements de l’Église.
Alors que tant de prêtres et de pasteurs hésitent à aborder les questions morales en public, et souvent même à l’intérieur des murs de leur propre église, il est très encourageant de voir un tel témoignage public. Merci Mgr Leo !
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La politique publique nous concerne tous, et tout dirigeant qui encourage ouvertement ses fidèles à se détacher, à ignorer, à boycotter ou à se taire sur les questions de morale dans la société rend un bien mauvais service à sa communauté, à sa foi et à Dieu.
D’un point de vue juridique, il est important de savoir que les organisations caritatives, y compris les églises (et les personnes représentant ces entités), doivent rester non partisanes et doivent s’exprimer sur des sujets qui font avancer les objectifs de l’organisation. C’est ce qu’a fait Mgr Leo dans sa lettre ouverte. Pour ceux qui veulent mieux s’informer sur l’action des églises en politique, je vous encourage à lire le chapitre 11 (à partir de la page 41) de la brochure du groupe Acacia que vous trouverez ici. (Le groupe Acacia basé en Ontario est un cabinet d’avocats au service des églises.)
Les restrictions imposées aux organisations ne s’appliquent pas aux membres de ces organisations lorsqu’ils se représentent eux-mêmes. Il est donc important que les individus chrétiens fassent entendre leur voix en faveur de ce qui est moralement juste et de ce qui fait avancer le bien commun de la société. En tant que chrétiens, nous devons faire preuve d’esprit politique et nous pouvons aussi être partisans. (Pour un guide catholique sur le vote, cliquez ici.)
Une chose que je tiens à reconnaître, c’est qu’il n’est pas toujours évident d’élever la voix. Je veux dire par là que faire ce qui est juste n’est pas sans conséquence. La société moderne est devenue très douée pour persécuter les justes, neutraliser ceux qui s’expriment, intimider, et faire pression sur tout le monde pour qu’il accepte sa réalité déformée. Faire ce qui est juste est rarement facile. S’exprimer peut souvent avoir des conséquences. Mais faire et dire ce qui est bon, juste et vrai sera toujours le choix moral.
Je pense que la plus grande raison d’affirmer notre voix dans la sphère publique est la charité chrétienne. Tous les citoyens souffrent des décisions immorales de nos élus. La charité chrétienne doit donc inclure de la considération pour nos voisins qui n’ont pas assez de foi pour affronter les temps de tribulations. Nos paroles ne leur apporteraient-elles pas la lumière, l’espérance et la foi ? Notre volonté de justice ne rendrait-elle pas gloire à Dieu aux yeux de tous ? La charité chrétienne se vit dans les actes (comme le fait si bien l’Église), mais elle doit aussi se vivre dans nos paroles.
Dans le mouvement pro-vie, nous commettrions une grande injustice si nous découplions nos paroles de nos actes. Nous devons continuer à aider les femmes dans le besoin et à plaider pour la multitude de vies perdues chaque année au Canada à cause de l’avortement. Les actions et les paroles sont toutes deux nécessaires et seront bénies par Dieu si elles sont faites dans un esprit de prière.
Nous espérons que les chrétiens s’engageront dans la lutte pour la vie. Nous espérons également que les églises s’affirmeront dans le cadre de la loi canadienne. Nous vous invitons tous à vous joindre à ce combat crucial pour la vie.