Will Goodman, Lauren Handy, John Hinshaw, Herb Geraghty, Heather Idoni, Jean Marshall, Jonathan Darnel, Joan Andrews Bell.
Par Monica Migliorino Miller, Ph. D. — Traduit par Campagne Québec-Vie – Photo : LifeSiteNews
20 mars 2024 (LifeSiteNews) — Au moment où j’écris ces mots, neuf militants pro-vie pourraient être envoyés en prison pour une période pouvant aller jusqu’à onze ans. Le 22 octobre 2020, ils ont participé à un sauvetage au Washington Surgi-Center de Cesare Santangelo, où celui-ci tue les enfants à naître jusqu’au neuvième mois de grossesse. Ils ont été accusés d’avoir violé la loi sur la liberté d’accès aux entrées des cliniques (FACE) et, fait sans précédent dans l’histoire du mouvement pro-vie, le ministère de la Justice a ajouté un chef d’accusation supplémentaire : « conspiration pour interférer avec les droits civils ».
En août et septembre 2023, ils ont été jugés par le juge fédéral Colleen Kollar-Kotoly et ont été condamnés. Il s’agit de William Goodman, Lauren Handy, Heather Idoni, John Hinshaw, Joan Andrews Bell, Jean Marshall, Jonathan Darnel, Paulette Harlow et le pro-vie Herb Geraghty qui s’identifie comme « non binaire ». Huit des sauveteurs actuellement emprisonnés, ainsi que Paulette Harlow en résidence surveillée, seront formellement condamnés en mai prochain.
Le 29 février, un article a été publié dans The Federalist par Lauren Muzyka, responsable de Sidewalk Advocates for Life, intitulé « How to Sidewalk Counsel Abortion-minded Moms Without Going to Prison » (Comment conseiller les mères favorables à l’avortement sans aller en prison), dans lequel elle émet de sévères critiques à l’encontre des sauveteurs pro-vie. Je suis reconnaissante à LifeSiteNews de me donner l’occasion de lui répondre.
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À partir du milieu des années 1970, le mouvement de sauvetage pro-vie, lancé par des chefs tels que John Cavanaugh-O’Keefe et Joan Andrews Bell, actifs dans le mouvement anti-guerre, a cherché à assurer une défense non violente des enfants à naître. Ces sauvetages consistaient à s’asseoir ou à se tenir debout devant les portes des centres d’avortement. Parfois, les pro-vie s’enchaînaient à des objets lourds pour empêcher qu’on ne les emmène. Opération Rescue, fondée à la fin des années 1980, a entraîné l’arrestation de dizaines de milliers de pro-vie, constituant ainsi le plus grand mouvement de désobéissance civile non violente de l’histoire des États-Unis. Tout cela s’est pratiquement arrêté en 1994 avec l’adoption de la loi sur la liberté d’accès aux entrées des cliniques (Freedom of Access to Clinic Entrances Act), qui a fait des simples activités pro-vie de type « sit-in » un crime fédéral. Operation Save America, en dépit de la loi FACE, a mené ces dernières années des opérations de sauvetage de ce type. Le 1er février, à Nashville, dans le Tennessee, six autres pro-vie ont été condamnés pour avoir violé la loi FACE.
J’ai participé à des sauvetages depuis 1978, j’ai été jugée plusieurs fois et j’ai purgé quatre peines de prison, dont la plus récente l’année dernière, une peine de 45 jours au « Hilton » du comté d’Oakland, dans le Michigan. Je parle en connaissance de cause de la nécessité, de l’objectif et de l’efficacité des sauvetages. En 2017, une nouvelle méthode de sauvetage a vu le jour, à savoir Red Rose Rescues, une méthode qui combine le meilleur du conseil de trottoir et de la défense de l’enfant à naître.
Les sauveteurs ne sont pas soumis à la loi FACE car les sauveteurs Red Rose ne créent pas d’obstruction physique à qui ni à quoi que ce soit. Un petit groupe de pro-vie entre discrètement dans le centre d’avortement, s’assoit à côté des femmes dans la salle d’attente et leur conseille de choisir la vie. Les pro-vie offrent des roses aux mères en signe de vie et d’espoir, et en offrent même au personnel du centre d’avortement — et souvent les femmes et le personnel prennent les roses. Leur objectif est de maintenir une présence pacifique dans un endroit où il n’y a pas de paix — d’entrer dans les « trous sombres des pauvres », comme Mère Teresa décrivait son ministère. Si les femmes choisissent quand même de tuer leurs enfants, au moins quelques pro-vie resteront dans les « trous sombres » avec les enfants à naître non désirés, pour témoigner du caractère sacré de leur vie, et c’est là que le risque d’arrestation entre en jeu.
Nombreux sont ceux qui pensent, comme Muzyka, que les pro-vie emprisonnés perdent leur temps, car la prison est censée les éloigner du ministère pro-vie actif.
C’est faux. En effet, lors de ma dernière incarcération, ma collègue sauveteuse de la Rose Rouge, Laura Gies, a dissuadé sa compagne de cellule d’avorter ! Matthew Connolly, autre sauveteur de la Rose Rouge également incarcéré dans la même prison, a dissuadé un codétenu de contraindre sa petite amie à se faire avorter. Le détenu lui a téléphoné et lui a dit qu’il était désolé et qu’il voulait vraiment qu’elle garde leur bébé. De plus, les pro-vie en prison donnent un témoignage incroyable du caractère sacré de la vie à leurs codétenus, aux gardiens, aux aumôniers et aux autres membres du personnel de la prison, ainsi qu’à tous les pro-vie de l’extérieur qui sont incités à en faire plus ! Ce que je veux dire, bien sûr, c’est que lorsque les pro-vie sont en prison, il ne s’agit pas d’un « temps mort » ni d’un gaspillage, et notre expérience de la prison a été remplie de bénédictions.
Les sauveteurs pro-vie sont également confrontés à l’accusation injuste de Muzyka selon laquelle les femmes ne sont pas détournées de l’avortement lors d’un sauvetage. Au contraire, lors d’un de nos procès dans le Michigan, Pam DiMaggio, la directrice du centre d’avortement, a témoigné sous serment que douze femmes n’étaient pas allées jusqu’au bout de leur « procédure » — et elle a illustré son témoignage par un tableau complet ! Elle a également témoigné que pas une seule femme n’avait reporté son rendez-vous. Permettez-moi de mettre les choses en perspective. Si, grâce à leurs efforts, les conseillères de trottoir avaient obtenu douze « abandons » en une journée, ce serait une victoire incroyable !
Au cours de ce même RRR, une femme s’est levée et a quitté la clinique après que le sauveteur Patrice Woodward lui ait parlé — et cette femme était également inscrite dans le dossier de DiMaggio !
Autre exemple : Au cours d’un RRR dans un centre d’avortement à Alexandria, VA, Lauren Handy a parlé avec une femme hispanique dans la salle d’attente — et cette femme a dit « Je vais garder le bébé » et a quitté le centre d’avortement.
Par ailleurs, pendant les RRR, des conseillers de trottoir sont présents pour aider toute femme qui quitterait le centre d’avortement. J’ai également écrit sur le conseil de trottoir, que j’ai qualifié de « colonne vertébrale de l’activisme pro-vie ». Je suis conseillère de trottoir depuis 1978.
Les sauvetages sont une réponse aux Proverbes 24,11 : « Sauve ceux que l’on mène à la mort, et ne cesse pas de délivrer ceux qu’on traîne au supplice ». Chaque femme qui entre dans un centre d’avortement, avec l’intention de poursuivre l’avortement, est une femme qui n’a pas été conseillée ou qui n’a pas répondu au conseiller de trottoir. Les sauveteurs de la Rose Rouge cherchent à donner à ces femmes une dernière chance de se détourner de l’avortement. La majorité des sauvetages Red Rose ont lieu dans des centres d’avortement où il est exceptionnellement difficile, voire impossible, de donner des conseils sur le trottoir, dans des centres d’avortement entourés d’un immense stationnement. Le seul moyen efficace de parler aux mères et de sauver leurs bébés est de se rendre sur le terrain où l’exécution des enfants à naître est prévue.
Les sauvetages sont basés sur la conviction que nous sommes appelés à « faire aux autres ce que vous voudriez qu’ils vous fassent ». Et sur les autres paroles de Jésus : « Tout ce que vous faites au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous le faites ». Et, oui, tous les efforts en faveur de la vie respectent ces enseignements de Jésus. Le sauvetage pro-vie repose sur le principe spirituel selon lequel si votre vie était en danger — s’il existait une loi autorisant d’autres personnes à vous tuer — vous voudriez certainement que quelqu’un vous défende, qu’il se mette au moins en travers du chemin — qu’il se place entre vous et l’agresseur. Muzyka voudrait certainement que quelqu’un fasse au moins cela pour elle. Il s’agit d’être cohérent avec la réalité de l’injustice de l’avortement — en cherchant toujours à agir avec paix et non-violence parce que nous devons montrer aux mères que nous les aimons aussi.
Muzyka estime que les sauveteurs pro-vie sont empêtrés dans des « litiges inutiles ». Nous devrions plutôt apprécier le fait que les sauveteurs continuent à fournir un témoignage public puissant et nécessaire aux policiers, aux huissiers, aux juges, aux procureurs, aux jurés, aux journalistes et à tous ceux qui assistent au procès, y compris le personnel des centres d’avortement. Au tribunal, les sauveteurs défendent publiquement les enfants à naître innocents, en insistant sur la « défense des autres » — en insistant, devant le système qui facilite leur mise à mort, sur le fait que les enfants à naître sont en effet des « autres » qui ont un droit à l’existence donné par Dieu. De nombreuses affaires de sauvetage sont actuellement en appel.
Le sauveteur emprisonné William Goodman a écrit ces mots au personnel d’un centre d’avortement lors du Sauvetage de la Rose Rouge 2018 à Trenton, dans le New Jersey : « Nos actions sont guidées par l’amour et la vérité. Nous nous soucions de vous et nous vous aimons. Nous aimons ceux qui sont considérés comme non aimables ou même “sacrifiables”, comme le petit enfant dans le ventre de sa mère. Nous sommes tenus d’œuvrer pacifiquement, sans menace, pour que justice soit rendue aux personnes abandonnées et pour que la miséricorde de Dieu soit partagée avec tous. Encore une fois, s’il vous plaît, n’ayez pas recours à l’enlèvement de vies, mais servez plutôt la mère et l’enfant avec une compassion humaine ».
Nous devons cultiver l’appréciation de la valeur spirituelle de la résistance à l’injustice. Les sauveteurs emprisonnés unissent leur souffrance à celle de Jésus, rejeté et crucifié. En union avec lui, ils deviennent des âmes victimes offrant la réparation tant attendue pour le mal, le péché et l’injustice de l’avortement. Au lieu de tourner en dérision et de critiquer les pro-vie qui subissent l’injustice pour la cause de la vie, nous devons prier pour eux, leur écrire — leur montrer notre soutien !
Certains demandent : « Qu’est-ce qu’un sauvetage pro-vie accomplit ? » « N’est-ce pas une perte de temps ? » Cependant, ceux qui ne se préoccupent que du nombre net de bébés sauvés posent la mauvaise question. Le sauveteur accomplit un nouvel acte d’amour sacrificiel pour les plus indésirables. Par conséquent, ne demandez pas seulement combien de bébés ont été sauvés. Demandez d’abord combien de bébés ont été aimés.