Statue du Christ portant la croix devant l’église de la Sainte-Croix dans la rue Krakowskie Przedmieście, à Varsovie en Pologne.
Par Olivier Beault (Présent)
De notre correspondant permanent à Varsovie – Dans la nuit du 28 au 29 juillet, trois militantes du mouvement LGBT grimpaient sur une statue du Christ portant la croix située devant l’église de la Sainte-Croix dans la rue Krakowskie Przedmieście à Varsovie, non loin du palais présidentiel et du centre ancien. Cette profanation avait fait réagir jusqu’au premier ministre Mateusz Morawiecki qui avait parlé de « barbarie ». Les trois jeunes femmes avaient masqué le visage du Christ à l’aide d’un foulard portant le symbole anarchiste, elles avaient accroché un drapeau LGBT à la statue et posé devant le socle une plaque avec des mots vulgaires à l’intention des « ignorants ». On peut supposer que dans les esprits « éclairés » de ces trois militantes les « ignorants » sont les croyants. Elles avaient ensuite pris des photos avant de les publier sur les médias sociaux accompagnées de revendications de leur droit à provoquer.
L’insulte aux sentiments religieux étant un délit en Pologne, les trois militantes ont été arrêtées mardi par la police pour être interrogées avant d’être libérées à l’issue de leur garde à vue. Leur arrestation fait hurler les médias de gauche en Pologne, qui crient une fois de plus à la dictature. Curieusement, ces mêmes médias n’avaient rien trouvé à redire en juillet 2015 lors de l’arrestation par la police, sous les gouvernements des libéraux, d’une jeune femme qui avait jeté une tête de porc devant une mosquée nouvellement construite à Varsovie. Le délit est pourtant le même : insulte aux sentiments religieux, même si la femme en question avait expliqué son geste par une déception amoureuse concernant son petit ami musulman, tandis que les trois militantes LGBT du Collectif Stop aux Bêtises (Kolektyw Stop Bzdurom) revendiquent le caractère idéologique de leur profanation.
Un eurodéputé du PiS, Adam Bielan, ayant souligné le parallèle entre les deux affaires, le site d’information de gauche Oko.press explique doctement que la comparaison ne vaut pas raison puisque le geste de 2015 visait une minorité tandis que celui commis il y a quelques jours est le fait d’une minorité « discriminée » contre la majorité et sa culture dominante. Dans le premier cas, l’arrestation de la coupable était donc souhaitable, car il s’agissait d’un acte haineux, mais dans le deuxième l’arrestation des coupables serait caractéristique d’un régime autoritaire et homophobe.
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