Par l’Abbé J.-Réal Bleau (pour le dimanche de la solennité de la Fête-Dieu) ― Photo : Fennec/Wikimedia Commons
« Une grande solennité s’est levée sur le monde : la Fête-Dieu. Ainsi l’ont appelée nos Pères ; vraiment fête de Dieu, mais aussi fête de l’homme, étant la fête du Christ médiateur présent dans l’Hostie pour donner Dieu à l’homme et l’homme à Dieu. L’union divine est la plus grande aspiration de l’humanité ; à cette aspiration, ici-bas même, Dieu a répondu par une invention du ciel. L’homme célèbre aujourd’hui cette divine merveille. » (Dom Prosper Guéranger.)
La merveille de la Très Sainte Eucharistie résume en réalité toutes les autres merveilles accomplies par Dieu en faveur de l’humanité. Le Verbe divin y prolonge le mystère de son incarnation, car en ce saint Sacrement sont réellement présents le Corps et le Sang du Fils de Dieu, qui s’est fait chair dans le sein de la Vierge Marie. La chair qui est donnée en aliment de vie aux hommes en l’Eucharistie est identique à celle que le Verbe a puisée en Marie. C’est l’humble Vierge Marie qui a préparé pour le monde le banquet sacré de la divine Eucharistie, c’est elle qui invite tous les hommes à venir se nourrir de son Jésus, afin que tous en reçoivent la vie éternelle. Dans les premières Vêpres de cette belle fête, l’Église chante le rôle providentiel de Marie, à laquelle nous devons le glorieux Corps et le Sang précieux de Jésus, se livrant à nous dans l’Eucharistie : « Chante, ô ma langue, le mystère du glorieux Corps et du Sang précieux que le Roi des nations, fils d’une noble mère, a versé pour la rédemption du monde. Il nous fut donné, il est né pour nous de la Vierge sans tache ; il vécut avec les hommes et après avoir jeté la semence de sa parole, il termina son pèlerinage par une admirable merveille ».
Dans la Sainte Eucharistie, Jésus, qui y prolonge son incarnation, renouvelle aussi sa Passion pour nous tous, pauvres pécheurs, qui attendons de Lui notre salut. L’oraison et l’épître de la messe marquent particulièrement l’unité de la Très Sainte Eucharistie et du Sacrifice de la Croix. L’Église nous fait demander aujourd’hui le sens de l’adoration, c’est-à-dire la grâce d’adorer Jésus réellement présent dans la sainte Eucharistie avec une foi si grande que nous puissions continuellement ressentir en nous les fruits de la rédemption. Ressentir continuellement en nous les fruits de la rédemption, cela signifie éprouver la joie incomparable des âmes purifiées de toute souillure et illuminées par la lumière du Christ. Ce n’est rien d’autre que d’avoir un avant-goût du bonheur du ciel.
La très sainte Eucharistie est la plus admirable invention du Cœur du divin Sauveur de toute l’humanité, parce que par ce sacrement Il s’approche de tous les hommes qui cherchent vraiment Dieu jusqu’à venir dans l’intimité de leur cœur. Une telle intimité de Dieu avec les hommes ne se trouve dans aucune autre religion que la religion catholique, comme le remarque saint Thomas d’Aquin. Par l’Eucharistie, Dieu ne fait pas que s’abaisser pour être avec ses créatures, Il entre vraiment en elles, pour qu’elles entrent en Lui et vivent en Lui. « Celui qui mange ma Chair et boit mon Sang demeure en moi et moi en lui », nous assure Jésus Lui-même. Où peut-on trouver une autre religion où Dieu élève à ce point ses serviteurs qu’Il leur fait part de sa dignité de Roi des rois et de Seigneur des seigneurs, en les divinisant ? N’a-t-il jamais été possible qu’un fondateur de quelque autre religion se soit donné en nourriture pour que ses adeptes vivent par lui ? Jésus seul, Fils unique et bien-aimé du Père céleste peut dire : « De même que le Père vivant m’a envoyé, et que moi je vis par le Père ; ainsi celui qui me mange vivra, lui aussi, par moi ».
La très sainte Eucharistie, dans laquelle sont présentes et agissantes toutes les merveilles accomplies par Jésus-Christ par amour pour nous, est au cœur de notre sainte religion le plus grand Signe de sa divinité et de son exclusive vérité.
J.-Réal Bleau, ptre
|
|