Deux « philosophes » décrivent la grossesse comme une « maladie » dans le Journal of Medical Ethics... - Campagne Québec-Vie
M'INSCRIRE
DONNER

Joignez-vous au mouvement

CQV défend la personne humaine, de la conception à la mort naturelle.

ou

×

Deux « philosophes » décrivent la grossesse comme une « maladie » dans le Journal of Medical Ethics...

Par Clémentine Jallais (reinformation.tv) — Photo : Freepik

Il y a des articles qui passent inaperçus alors que la terre entière devrait réagir devant leur folie jusqu’au-boutiste, en tout cas, pour celui-ci, au moins la moitié de l’humanité, à savoir les femmes. Parce qu’il les dit régulièrement malades : malades d’engendrer ! Cette publication, parue dans le très officiel Journal of Medical Ethics, s’interroge en effet sur la grossesse et suggère que c’est ni plus ni moins, en fait, qu’une maladie.

L’argumentaire est fallacieux, voire ridicule. Mais il est instructif, car il éclaire le chemin parcouru depuis la mise en place de la contraception qui a décorrélé la sexualité de la procréation, et il donne à voir la trajectoire progressiste dont le transhumanisme n’est qu’un aboutissement : devenir son seul maître. La grossesse est une contrainte et une limite tout à la fois, nécessitant la contribution obligée, sur neuf mois, d’un seul sexe. En ce sens, elle est un enjeu majeur : il faut la contourner, la déborder, et auparavant, pour cela, la déprécier.

Quoi d’étonnant à ce que les deux auteurs, « philosophes », soient favorables par ailleurs à l’ectogenèse pour les hommes ou à l’utilisation des femmes en état de mort cérébrale pour porter les enfants… Le monde post-moderne veut choisir sa dépendance, dans une éternelle rébellion à son Créateur et Maître.

L'article continue ci-dessous...

Cliquez « J'aime » si vous êtes pro-vie !

Abonnez-vous à notre chaîne Youtube !

« La grossesse est-elle une maladie ? »

C’est la question que se pose l’article, mais il y répond derechef : « Comme une maladie, la grossesse affecte la santé de la personne enceinte, provoquant divers symptômes allant de l’inconfort au décès. Comme une maladie, la grossesse peut être traitée médicalement. Comme une maladie, la grossesse est causée par un agent pathogène, un organisme externe qui envahit l’organisme de l’hôte. Comme une maladie, le risque de grossesse peut être réduit par des mesures prophylactiques. Nous abordons la question de savoir quelle est la “normalité” de la grossesse, sa nécessité actuelle pour la survie humaine… Nous concluons qu’il existe des raisons à la fois normatives et pragmatiques de considérer la grossesse comme une maladie. »

Si elle est profondément révolutionnaire, l’idée n’est pas nouvelle. La surmédicalisation de la grossesse, dans la médecine occidentale moderne, a notamment joué en ce sens, la faisant presque considérer comme un état pathologique, alors que, paradoxalement, on en contrôlait de mieux en mieux les risques. Mais elle ne sévissait pas jusque-là dans des revues scientifiques ayant pignon sur rue, parmi des articles qu’on dit « évalués par des pairs ». Et le scientifique et écrivain William M. Briggs, consultant au conservateur Heartland Institute, s’en étonne à juste titre sur son blog, Science is Not The Answer, en dénonçant un sophisme de première catégorie.

Oui, la grossesse est nécessaire à la survie, et pas seulement pour les humains ! De l’escargot à la langouste, en passant par l’éléphant et la tique, nous dit-il, « toutes sortes de bestioles passent une partie de leur courte vie à essayer de créer cette “maladie” chez autrui, et ce, avec un enthousiasme débordant… » Alors, soit le monde est rempli de « maladies » permanentes et, qui plus est, désirées comme telles, soit il faut voir les choses autrement et reconnaître que la grossesse est un état naturel, résultant d’un rapport sexuel naturel !

Se libérer de la limite

Il y a toujours cette idée, relève William M. Briggs, que la souffrance est synonyme de mal ou de maladie. Mais non seulement elle est indissociable de la vie sur cette terre mais elle est également porteuse de fruits : physiquement, par exemple, à travers le sport et le contrôle de soi, elle entretient et fait perdurer le corps. Dans la grossesse, elle est endurée pour faire advenir un petit d’homme. Et c’est la même chose dans le domaine intellectuel : la souffrance, dans le labeur et l’apprentissage, est féconde en soi. Sur le versant spirituel, c’est encore plus vrai, comme nous l’a montré le Christ à travers son Salut donné sur la Croix.

C’est le progressisme matérialiste qui a voulu bannir toute idée de mal-être.

Quant aux autres arguments de nos auteurs « philosophes », ils sont pauvrets. Si la grossesse peut être traitée médicalement, c’est que c’est une maladie ? La rage, avant Pasteur, n’était donc pas une maladie… Et puis pourquoi donc un nombre considérable de femmes et d’hommes la recherchent-ils depuis la nuit des temps ? Non, ce n’est pas non plus un dysfonctionnement, mais un merveilleux déploiement co-créateur dont la femme est le principal dépositaire et qui est tel que Dieu l’a voulu.

C’est justement là que le bât blesse : il est « pré-organisé ». L’Homme n’est que l’agent et non le directeur des opérations. La grossesse est une maladie, aux yeux de ces gens, parce que c’est une dépendance et donc une limite qui doivent, en tant que telles, être dépassées. Et la grande rébellion ne date pas d’hier, qui a commencé avec le détachement progressif de la sexualité et de la procréation, grâce à la contraception chimique. La possibilité de l’enfant n’a plus fait partie de l’équation. Et quand elle survient, alors que tout est mis en œuvre pour ne pas y penser, elle est considérée à la fois comme un échec et une sorte de cancer qu’il faut exciser — par l’avortement.

Le libéralisme, père du transhumanisme

A présent, l’idée est de faire survenir la grossesse, sans l’humain. Plus qu’une maladie, la grossesse est une contrainte biologique archaïque dont il faut chercher à se défaire. La philosophe norvégienne Anna Smajdor, co-auteur de l’article, avait d’ailleurs proposé, en novembre 2022, le « don gestationnel de corps entier » pour que les femmes en état de mort cérébrale puissent être utilisées comme mères porteuses (et pourquoi pas même les hommes, écrivait-elle). Le second auteur, Joona Räsänen, « bioéthicien et philosophe » finlandais, avait, lui, défendu, l’ectogestation pour les hommes (technologie des utérus artificiels et placentas artificiels), pour servir « la justice ».

C’est du transhumanisme. Mais faut-il s’en étonner ? Les droits de l’homme ont signé, fondamentalement parlant, le règne du libéralisme, à savoir la recherche de l’indépendance sous toutes ses formes, l’individualisme à outrance, la libération de l’homme pour l’homme par l’homme, en dépit de tout Bien commun, et surtout de toute soumission à la matrice du Bien commun, le Dieu Créateur et Maître de toutes choses.

Le transhumanisme n’est que la suite logique, l’aboutissement ultime de ce libéralisme, qui a choisi comme religion la science et la technique. Et donc l’absence de frein, l’absence de limite, et donc l’immoralité la plus radicale

Alors, rassurons-nous, ChatGPT est encore formel : « La grossesse n’est pas une maladie, c’est un état naturel. » Mais jusqu’à quand le sera-t-il, pour coller à cette vision progressiste grandissante, pour incarner ce désir prométhéen, littéralement luciférien, qui veut assurer le règne de l’Homme ?

Clémentine Jallais



Laissez un commentaire