Le Père Chris Alar.
Par le père Chris Alar, MIC. — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : capture d'écran vidéo/YouTube
NOTE (2025, 23 avril) : À l’origine, ce blogue a été publié en anglais en janvier 2024, mais le contenu de ce blogue peut également intéresser notre lectorat chrétien francophone (en particulier les catholiques). Des modifications mineures y ont été apportées pour mieux s’appliquer aux élections fédérales canadiennes de 2025.
Dans cette présentation, le père Chris Alar explique comment l’enseignement de l’Église informe les catholiques lorsqu’ils votent.
Je pense que les principes présentés dans cette vidéo sont également d’une grande valeur pour les personnes d’autres confessions ou d’autres horizons religieux. Mais pour les catholiques en particulier, il est important de savoir ce que l’Église catholique nous dit pour éclairer notre conscience lors du vote.
Le père Chris Alar a donné cette présentation à l’approche des élections fédérales américaines de 2020. Comme nous sommes au Québec, Canada, notre système de gouvernement est différent de celui de nos voisins du sud, et certains éléments de la présentation doivent être adaptés à notre réalité canadienne. Par exemple, aux États-Unis, les électeurs votent directement pour leur président, alors qu’au Canada, nous votons pour le député qui nous représentera au parlement fédéral. Nous ne voterons pas pour Carney, Poilievre ou Singh — leurs noms ne figureront pas sur le bulletin de vote, à moins que vous ne viviez dans leur circonscription électorale. En outre, cet exposé présente le matériel comme s’il y avait deux options principales. Dans le monde politique canadien, il y a plusieurs partis politiques majeurs et mineurs à prendre en compte au moment de voter. Au-delà de ces différences, je trouve cet exposé très pertinent pour notre réalité canadienne.
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Le père Alar commence son exposé en expliquant que, bien que l’Église ne soutienne pas les partis politiques ni les candidats, « il appartient à la mission de l’Église de porter un jugement moral, même en des matières qui touchent le domaine politique, quand les droits fondamentaux de la personne ou le salut des âmes l’exigent, en utilisant tous les moyens, et ceux-là seulement, qui sont conformes à l’Évangile et en harmonie avec le bien de tous, selon la diversité des temps et des situations » CEC 2246. Les prêtres ont l’obligation de promouvoir le bien commun dans la société et ont également un devoir envers les fidèles en leur fournissant des outils pour former correctement leur conscience dans tous les aspects de la vie.
La formation de la conscience est l’un des points importants de cette présentation. Non seulement elle est importante pour notre propre salut, mais elle devrait également servir de guide dans la prise de décisions publiques. Les catholiques doivent changer la façon de penser des dirigeants politiques à l’aide des outils de notre foi. C’est le travail des prêtres de nous donner ces outils. Une conscience bien formée devrait également guider notre choix d’affiliation et d’implication dans un parti politique, ainsi que notre choix de vote.
Un point important souligné tout au long de la vidéo est que les catholiques ne doivent pas voter sur un seul sujet. Nous devons prendre en compte chaque politique d’un candidat, car de nombreux éléments constituent le bien commun, et pas seulement l’avortement. Par exemple, l’économie, les soins de santé et l’immigration jouent tous un rôle dans la création d’une société stable et promeuvent le bien commun. Le père Alar cite le pape François dans Evangelium Gaudium, selon lequel « le caractère moral personnel n’est pas sans importance, mais c’est l’engagement déclaré en faveur d’une politique publique conforme au bien commun qui est le facteur le plus significatif ».
Ce qu’il est important de noter ici, c’est que toutes les questions n’ont pas la même importance. Beaucoup de choses sont bonnes pour certains et mauvaises pour d’autres. Ces questions peuvent faire l’objet d’un débat. Nous pouvons les appeler les « éléments négociables ». Une certaine taxe peut être bonne pour certains, mais mauvaise pour d’autres. Une certaine politique d’immigration peut être bonne pour certains, mais mauvaise pour d’autres. D’autres choses sont toujours mauvaises. Les maux intrinsèques sont toujours mauvais. Ainsi, lorsque des maux intrinsèques influencent la politique publique, ces choses sont considérées comme non négociables selon les principes de notre foi. Il est important de noter qu’il ne s’agit pas tant de juger un candidat dans sa vie privée : ce sont plutôt les trois éléments non négociables selon l’Église catholique, liés à la politique publique, qui font que ce candidat est digne ou non d’exercer une fonction publique.
Selon l’Église catholique, voici les trois éléments non négociables qu’un catholique doit prendre en compte lorsqu’il vote pour un candidat. Il s’agit des trois points suivants :
- La protection de la vie à tous les stades, de la conception à la mort naturelle (concernant l’avortement, l’euthanasie, la recherche sur les cellules souches embryonnaires, le clonage humain, etc.).
- Le caractère sacré du mariage entre un homme et une femme.
- La préservation de la liberté religieuse.
Toutes les autres politiques seraient considérées comme négociables. Et comme nous ne devons pas voter sur un seul sujet, nous devons considérer que toutes les politiques sont importantes, mais que certaines le sont davantage. C’est la position d’un candidat sur ces trois éléments non négociables qui permet de déterminer s’il est digne d’exercer une fonction publique. Un candidat parfait doit s’aligner sur les trois éléments non négociables. Il est important de noter ici que nous ne pouvons pas mélanger des pommes et des oranges. Nous devons d’abord procéder à une analyse délibérée basée sur les éléments non négociables, et ne considérer les éléments négociables (comme les impôts, la politique d’immigration et les services sociaux) qu’ensuite. Le père Alar recommande que nous prenions ces mesures pour voter pour chaque poste :
- Déterminer la position de chaque candidat au sujet des principes non négociables ;
- classer les candidats en fonction des principes non négociables ;
- donner la préférence aux candidats qui ne s’opposent pas à ces principes ;
- si tous les candidats soutiennent des positions contraires aux principes non négociables, choisir celui qui est le moins nuisible ;
- en cas d’égalité, évaluer à partir des éléments négociables.
S’il existe une option viable, nous avons l’obligation de voter. Le père Alar s’étend également sur les rares circonstances où le fait de ne pas voter peut être une option. Mais dans une élection où nos traditions religieuses sont attaquées, ne pas voter n’est pas une alternative.
Tout au long de cette présentation, le père Alar précise souvent qu’il ne partage pas ses opinions personnelles, mais l’enseignement de l’Église catholique. Il s’appuie sur de nombreuses ressources, notamment (mais pas exclusivement) :
Les devoirs moraux du vote, Qu’est-ce que le mal intrinsèque par George Jay, Catéchisme de l’Église catholique, Guide de l’électeur pour les catholiques sérieux, Votez pro-vie par Tom Hoopes, Témoignage catholique et civil, Questions sur l’année électorale NCR, « Catholiques dans la vie politique » (secrétaire général, USCCB), Former les consciences pour une citoyenneté fidèle : la réflexion des évêques américains sur l’enseignement catholique et la vie politique 2015, 2019.
Pour nos catholiques anglophones, cette présentation est disponible sur YouTube. Dans ce billet, je n’ai fait qu’effleurer les principaux points de la présentation, et en tant que personne de foi, il est crucial de comprendre comment notre foi s’entrelace avec notre implication politique. Si nous voulons être des catholiques fidèles, nous avons l’obligation d’être des catholiques fidèles dans tous les domaines de la vie. Le père Alar nous a fourni un guide clair basé sur les enseignements de l’Église catholique en matière de vote.
« En résumé, je vous encourage à voter conformément aux enseignements de l’Église (ou, si vous n’êtes pas catholique, conformément à votre tradition religieuse). Vous devez séparer les principes et les tenants de votre foi qui ne sont pas négociables et classer tous vos candidats en fonction de celui qui soutient le mieux les éléments non négociables de votre foi et voter pour le meilleur d’entre eux. Si tous les candidats sont aussi mauvais les uns que les autres, il faut alors tenir compte de toutes les autres politiques proposées par les candidats et voter en conséquence.
À titre personnel : dans notre système canadien, nous ne votons pas pour un parti, ni pour un chef de parti. Nous votons pour un candidat qui se présente dans notre circonscription. Ce candidat est probablement soutenu par un parti politique ou un autre. Il est donc important de connaître la position de chaque candidat sur les questions qui nous intéressent. Le candidat qui gagne dans votre circonscription vous représentera au parlement et devrait avoir la liberté de voter au parlement selon sa conscience. L’intégrité et l’engagement de ce candidat à défendre les principes les plus importants de votre foi doivent passer avant l’affiliation à un parti, la sympathie envers le chef de parti et d’autres considérations.
En même temps, l’appartenance à un parti est importante. Plusieurs partis politiques fédéraux actuels au Canada restreignent la liberté de vote de leurs élus sur les questions de morale et de conscience. Cependant, même avec de telles restrictions, un député peut choisir de voter selon sa conscience et contre les directives de son parti. Puisqu’un membre élu du parlement a ce choix, l’affiliation à un parti ne devrait pas être considérée au même niveau que vos principes non négociables. Il est évident qu’un député d’un tel parti qui décide de voter contre son parti risque de perdre son affiliation au parti au détriment de son prestige, de sa fonction et de ses avantages. Peu d’hommes politiques osent le faire.
Autre remarque personnelle : s’il n’y a pas de choix moralement acceptable, il est possible de gâcher son bulletin de vote pour l’annuler. En se présentant pour voter et en biffant toutes les options, un électeur remplit son obligation de voter tout en exprimant sa désapprobation à l’égard de tous les noms figurant sur le bulletin de vote. Si je mentionne cela, c’est parce que lors d’une élection fédérale, entre 30 et 45 % des électeurs ne prennent pas la peine de se présenter pour voter. Cela permet à nos élus de supposer que tous ces électeurs ne sont pas intéressés et leur donne carte blanche pour légiférer comme ils l’entendent. Je vous encourage vivement à aller voter le jour de l’élection. »