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Une personne raisonnable

Par Josie Luetke (The Interim) — Traduit par Capucine Tosi pour Campagne Québec-Vie — Photo : Pxfuel

On nous dit de ne jamais lire les commentaires mais nous le faisons tous.

J’ai été interrogée sur Power and Politics de CBC à propos de l’invalidation de Roe v. Wade. Quand je suis rentrée à la maison ce jour-là, j’avais reçu quelques notifications sur Twitter — vraiment pas énormément, mais quand même plus que d’habitude. L’audience de base de CBC se plaignait de mon apparition, certains encourageant d’autres à contacter le médiateur de CBC.

Karen B : « Je suis tellement dégoûtée qu’on lui ait donné une plateforme. Comment n’avons-nous pas appris que donner la parole aux extrémistes ne peut que nous faire revenir en arrière ? »

Colleen : « @Pnpcbc ne comprend pas que certaines choses n’ont pas deux côtés, comme l’holocauste par exemple, il n’y a pas deux camps à couvrir. L’esclavage n’a pas deux camps. L’accouchement forcé est un genre d’esclavage. »

Le Canadian Anti-Hate Network : « C’est incroyablement irresponsable pour la @PnPCBC de donner une plateforme à quelqu’un de ce mouvement haineux. »

Le journaliste indépendant Dale Smith : « Je vois que @PnPCBC est en train de couvrir les deux camps (both-sidesing) de Roe v Wade en donnant du temps d’antenne non-critique aux activistes canadiens anti-avortement. »

D’après le Merriam-Webster, « couvrir les deux camps (bothsidesing) » « réfère aux médias ou figures politiques qui reconnaissent l’autre côté d’une cause, action, ou idée pour avoir l’air équitable ou simplement pour l’argumentation lorsque la crédibilité de cet autre camp n’est pas méritée. »

Pour être honnête, je suis d’accord que donner une plateforme à ceux qui crachent des idées haineuses ou dangereuses peut être imprudent, voire immoral, surtout si ces opinions sont présentées de manière non-critique.

Je penserai à deux fois avant d’inviter un adepte de la terre plate pour donner un cours sur un campus d’université, ou un suprématiste blanc sur un programme radio. Quel serait le but, l’avantage ?

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Bien sûr, si la rotondité du globe était en question, ou si nous étions toujours en train de nous battre contre la ségrégation, alors il serait important de comprendre ces perspectives afin de les réfuter (bien qu’un nombre grandissant de « libéraux » n’accorderaient même pas cela), mais maintenant cela n’est plus nécessaire.

Du fait que la moitié des états des États-Unis vont considérablement restreindre l’avortement, le mouvement pro-vie est pertinent, et il n’est ni dangereux ni haineux — bien au contraire.

Cependant, en ce moment au Canada, seulement un peu plus de 10 % de la population s’identifient comme pro-vie. Si nous devions effacer les États-Unis de l’équation, je ne suis pas sûre jusqu’à quel point un média impartial du Canada nous considérerait comme pertinents.

Voilà le dilemme : nous devons faire croître le segment de la population en opposition à l’avortement, et pour cela, nous avons d’abord besoin de les convaincre que nous ne sommes pas haineux. Par contre, notre fenêtre pour faire exactement cela dans les médias principaux, sur les campus, ou même simplement sur internet, se réduit. Plus on nous perçoit comme haineux, moins les gens vont s’identifier comme pro-vie, et nous deviendrons de moins en moins pertinents, ayant moins accès à l’espace public, et donc nous serons perçus comme encore plus haineux.

Évidemment, la vérité reste la vérité même si personne n’y croit, mais si les citoyens moyens n’ont aucune exposition aux vérités pro-vie, ils auront peu de raisons de ne pas croire aux mensonges qui se disent sur notre mouvement.

J’ai passé beaucoup de mon temps à essayer de persuader les gens d’être pro-vie, mais il y a un prérequis pour devenir pro-vie, c’est de croire qu’une personne raisonnable puisse être pro-vie. Cela peut sembler être une distinction sans différence. Ce que je veux dire c’est que certaines personnes vont être en désaccord avec la position pro-vie, à cause de l’autonomie corporelle, de l’individu, de l’expérience personnelle, ou autre. Malgré ce désaccord, peuvent-ils toujours en venir à comprendre qu’une personne raisonnable peut penser l’inverse, et s’opposer complètement au meurtre de tout être humain innocent ?

Pour le succès du mouvement pro-vie, et même juste pour sa préservation, il est crucial qu’un maximum de pro-choix puissent répondre à cette question par l’affirmative. Ces gens peuvent être tolérants et changer d’avis. Malheureusement, j’ai l’impression que le segment de la population canadienne qui répond négativement à cette question est en pleine croissance, ce qui représente un danger existentiel.

Mi-juillet, j’ai été attaquée alors que je faisais de l’activisme contre l’avortement dans la rue avec des stagiaires de Campaign Life Coalition. Nous avons publié la vidéo de l’attaque en ligne, et je lis les commentaires.

« Canadian Nurse » : « Si vous n’étiez pas en train d’encourager les gens à faire campagne pour le retrait de mes droits, cela n’arriverait pas. »

Maureen McColl : « Votre CLC l’a bien cherché. »

Si c’est impossible pour les pro-vie d’être des gens raisonnables, nous ne pouvons pas nous attendre à un traitement raisonnable. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que les médias couvrent les deux camps de cette histoire.

Un antidote, que j’essaye toujours de donner : être un pro-vie à qui l’on peut s’identifier. C’est facile pour les pro-choix de croire que personne de raisonnable ne peut être pro-vie si tous les gens raisonnables qu’ils connaissent sont pro-choix. Le Canada n’est pas encore un monolithe, et nous ne pouvons pas faire semblant de l’être.


Le mot « raisonnable » est à entendre ici dans un sens subjectif. — A.H.



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