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Singe-homme, premiers embryons chimériques des apprentis sorciers modernes

Par Francesca de Villasmundo (Médias Presse Info) — Photo : André Mouton/Pexels

Nos sociétés post-modernes, sans repère, sans foi, sans identité, aux idéologies fluides et déconstructivistes, ouvrent la voie à toute sorte d’expériences sur l’être humain, aussi petit soit-il qu’un embryon, pour le plus grand danger de l’humanité.

Sous couvert de faire progresser les thérapies médicales, dont la médecine régénérative — et en cela aussi la pandémie de covid* aura été une aubaine en faisant sauter des verrous éthiques — une nouvelle transgression vient d’être franchie : des embryons chimériques homme-singe ont été créés. Deux équipes, l’une française, l’autre sino-américaine, ont cultivé durant trois à dix-neuf jours des embryons de macaques, dans lesquels ils avaient ajouté des cellules humaines. Les taux de cellules humaines intégrées dans les embryons de singe, cependant, sont restés très faibles dans la première étude, publiée le 12 janvier dans la revue Stem Cell Reports. Et modestes dans la seconde étude, intitulée Contribution chimérique des cellules souches pluripotentes humaines étendues à des embryons de singe ex vivo et publiée le 15 avril dans la revue Cell.

« L’article, relate le quotidien italien La Nuova Bussola Quotidianna, rédigé par des chercheurs chinois et américains appartenant à divers instituts ou universités, dont une catholique, rend compte de l’expérimentation suivante. Des cellules humaines adultes ont été prélevées et amenées à régresser à un stade de pluripotence (cellules hPSC), c’est-à-dire à un stade où elles peuvent théoriquement générer de nombreux tissus et organes. Ces cellules reconverties ont été insérées dans des blastocystes de singe (le blastocyste est le niveau de développement embryonnaire 5 à 6 jours après la conception) pour voir comment elles interagissaient. Sur les 132 embryons ainsi manipulés, seuls trois, après 19 jours, étaient encore en vie. Le vingtième jour, ces trois embryons sont également morts. »

Le journaliste pose alors la question essentielle, existentielle pourrait-on dire, sans jeu de mots :

« Pourquoi ces embryons de chimères ont-ils été créés ? »

D’après l’étude, « la première motivation, explique LNBQ, serait d’étudier le comportement in vivo des cellules pluripotentes humaines. Deuxièmement, l’étude a voulu étudier les possibilités réelles concernant la “génération d’organes et de tissus destinés à la transplantation” ». Enfin, « ces résultats peuvent aider à mieux comprendre le développement humain précoce et l’évolution des primates et à développer des stratégies pour améliorer le chimérisme humain dans des espèces évolutives éloignées ».

Les implications éthiques de ces chimères singe-homme sont si graves que même le magazine Cell qui héberge l’article émet des réserves sur l’efficacité pratique de cette expérimentation et sur son éthique.

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Concernant l’utilité de cette expérience, LNBQ souligne que le généticien Giuseppe Novelli, de l’Université de Rome Tor Vergata, demande rhétoriquement :

« Sommes-nous sûrs que c’est un chemin qui mène à la formation d’organes fonctionnels ? Sommes-nous certains de devoir utiliser des embryons de chimères s’il est possible d’obtenir des organoïdes à partir de cellules souches induites d’une seule espèce ? »

Sur le plan plus purement moral, le quotidien italien note ces quelques réflexions que nous faisons nôtres :

« Premièrement, pour éviter toute ambiguïté, ces embryons ne sont pas des embryons humains métissés avec des cellules de singe, mais le contraire. Ce sont des embryons de singe avec du matériel biologique humain.

Dans un second temps, revenons à la remarque du Dr Novelli : s’il existe d’autres solutions plus efficaces pour étudier le comportement des cellules souches pluripotentes et obtenir des organoïdes, pourquoi ne pas les poursuivre ? Bref, même si certains objectifs indiqués par l’étude seront nobles, la méthode utilisée n’est pas la plus efficace.

Troisièmement — et nous arrivons à la critique la plus importante — prendre des cellules humaines à insérer dans des embryons de singe est la porte d’entrée pour faire le contraire et obtenir un homme-singe. Nous commençons par prendre des embryons humains pour y insérer des cellules de singe, puis nous arrivons à modifier l’ADN humain avec un patrimoine génétique semblable à celui des singes. C’est pourquoi, comme Novelli le souligne encore, “l’introduction de cellules souches embryonnaires humaines dans le blastocyste d’un macaque est fortement interdite par toutes les directives bioéthiques existantes : les cellules chimériques embryonnaires sont potentiellement capables de générer des chimères-embryons — et donc des fœtus — dont on ne sait rien”.

Cette éventualité, rappelle le journaliste italien, s’est déjà produite dans le passé. En 1997, des noyaux de cellules humaines ont été insérés dans des ovocytes de souris et la rencontre entre le patrimoine génétique humain et animal s’est répétée dans les années à venir avec les vaches et les porcs. Il existe de nombreuses variantes. Par exemple, nous avons ceux qui, contrairement à la qualification indiquée dans cet article, sont désignés par certains chercheurs comme des chimères : des êtres vivants issus de la fusion de deux zygotes pouvant appartenir à la même espèce ou à des espèces différentes [cf. RT TECIRLIOGLU ET AL., Transfert nucléaire de cellules somatiques interspécifiques et données préliminaires pour iSCNT cheval-vache/souris, dans “Stem Cell Rev.”, n. 2 (2006), pp. 277-287]. Les organismes transgéniques, en revanche, sont des organismes dont le patrimoine génétique contient des gènes exogènes insérées dans l’ADN nucléaire, intacts ou modifiés. Les hybrides, en revanche, sont des organismes issus de la fusion de deux gamètes de deux espèces différentes [cf. S. CAMPORESI – G. BONIOLO, Craignant un Minotaure inexistant ? Les enjeux éthiques de la recherche sur les embryons hybrides cytoplasmiques, dans “J. Med. Ethics”, non. 34 (2008), p. 821]. Chez les cybrides, cependant, la fusion ne concerne pas les gamètes mais une cellule avec un noyau et un ovocyte énucléé : le patrimoine génétique final de cette fusion dérive donc pour la plus grande part du noyau et pour une petite partie des mitochondries de l’ovocyte. »

Bref, conclut LNBQ, « les chercheurs jouent à l’apprenti sorcier depuis de nombreuses années. Le plus grand risque, comme mentionné ci-dessus, est celui de mélanger, comme cela s’est déjà produit, le patrimoine génétique humain avec celui animal. De cette façon, nous aurions l’homme vache ou l’homme porc ou l’homme singe, juste pour plaire à Darwin. De telles expériences nous amènent à conclure qu’avant de créer l’homme-bête, l’homme s’est déjà fait bête. »


*On devrait plutôt dire : sous prétexte de pandémie covid-19. — A. H.



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