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Les intervenants en soins palliatifs se prononcent contre l'euthanasie

Une magnifique lettre de différentes personnalités et associations, dont les membres soignants des unités de soins palliatifs, nous informe de leur opposition à la légalisation de l'euthanasie dans les services de santé. Nous la reproduisons en entier, mais vous pouvez la lire sur le site du journal Le Devoir du 13 février 2012:
 

Mourir dans la dignité - Permettre une fin de vie paisible, un devoir politique

Collectif d'auteurs  13 février 2012  
 
En fin de vie, nous sommes tous semblables par notre dénuement. Nous sommes fragiles et nous craignons de souffrir. C’est notre lot à tous.
 
Alors que la Commission sur la question de mourir dans la dignité s'apprête à déposer ses recommandations, nous souhaitons insister sur l'importance de bien poser cette question, qui concerne la politique elle-même, autant que la médecine ou le droit. Désirons-nous que le cadre principal de notre vie en société et de notre vie personnelle maintienne le respect de la vie et l'interdit formel de porter atteinte à la vie d'autrui? Pensons-nous que ce cadre reste légitime et porteur d'un avenir? C'est à ces questions qu'il faut répondre d'abord. Et c'est après cette réponse qu'il est possible de poser et de répondre aux autres questions: celle de l'euthanasie, celle du suicide assisté, celle des «soins balisés» provoquant la mort, celle des modalités juridiques gouvernant l'application de la loi.

Jusqu'à aujourd'hui, notre Charte québécoise des droits et libertés de la personne répond par l'affirmative aux questions fondamentales précédemment posées. Elle stipule que «tous les êtres humains sont égaux en valeur et en dignité et ont droit à une égale protection de la loi». Dans son article premier, elle affirme: «Tout être humain a droit à la vie, ainsi qu'à la sûreté, à l'intégrité et à la liberté de sa personne.» Ces droits affirmés solennellement sont garantis par notre volonté collective et «constituent le fondement de la justice et de la paix».

Pour sauvegarder l'égalité, la dignité, le droit à la vie ou à la sûreté, il est impératif de saisir le sens de ces articles et de bien en évaluer la portée. Les signataires de cette lettre reconnaissent la nécessité d'incarner ces valeurs par des orientations politiques tablant sur une recherche effective du bien commun. C'est pourquoi, à l'heure des choix, nous attirons l'attention sur quatre considérations politiques à ne pas négliger: le respect effectif de l'égalité en fin de vie; le respect de la sécurité des lieux de santé; la prise en compte du consensus exprimé par les gens du milieu de soins palliatifs; le souci de ne pas énoncer de recommandations aux effets contradictoires.

Respect de la fragilité

En fin de vie, nous sommes tous semblables par notre dénuement. Nous sommes fragiles et nous craignons de souffrir. C'est notre lot à tous. Dans un tel contexte, l'État doit garantir aux citoyens des milieux de soins où le respect de cette fragilité est assuré. L'humanité d'une civilisation se mesure à la manière dont elle prend soin des personnes marginales, handicapées, mourantes, parce qu'elles sont toutes des membres à part entière de la communauté, et ce, malgré leurs limites. Le devoir de l'État consiste à rendre accessibles en tout temps des soins adéquats de fin de vie pour tous, éliminant des situations de souffrances mal soulagées autant que l'acharnement thérapeutique. Il s'agit de préserver l'égalité des citoyens à l'heure où elle est le plus menacée.

Respecter l'égalité et l'intégrité implique aussi de maintenir un climat sécuritaire dans les lieux de soins. La sécurité des milieux de santé est un pilier de consensus social et un fondement de l'équité s'y exprimant fortement. Le système public de santé doit être un endroit où nul ne peut nourrir ni mettre à exécution une intention claire d'interrompre la vie de quiconque. On peut comprendre la réflexion de bien-portants apeurés par l'anticipation de conditions débilitantes au terme de leur existence et certaines carences du système de soins, ce qui les amène à souhaiter la légalisation de l'euthanasie comme une sorte de police d'assurance. Néanmoins, le système de santé public doit demeurer un milieu intègre où toutes les ressources capables d'apporter du confort sont utilisées à bon escient sans jamais prendre la décision de provoquer la mort, mais de tout faire pour soulager les souffrances. Cette politique doit demeurer claire et inviolable.

Risques liés à l'euthanasie

Nous attirons votre attention sur le consensus contre toute forme d'euthanasie exprimé devant la Commission par les intervenants du milieu des soins palliatifs. Ces gens sont les mieux placés pour saisir les enjeux reliés à la question. Contrairement à l'avis de certains théoriciens, comme ceux de la Société royale du Canada à l'origine d'un récent rapport sur la question, les personnes oeuvrant en soins palliatifs bénéficient d'une expertise concrète de premier plan.

Or, les mémoires présentés par des gens de soins palliatifs convergent de manière étonnante et significative. En effet, au lieu de défendre les soins palliatifs eux-mêmes, ils s'inquiètent plutôt des risques liés à toute forme d'ouverture à l'euthanasie. Leurs points de vue soutiennent la sauvegarde et la protection des liens humains, du climat de confiance et du sentiment de sécurité requis dans le contexte délicat des soins en fin de vie. Leur préoccupation touche directement le cadre politique assurant un climat social paisible et stable.

Ainsi, nous pensons qu'il est politiquement néfaste de recommander, d'une part, un accès accru aux soins palliatifs et, d'autre part, d'autoriser l'euthanasie sous forme de «soins appropriés en fin de vie dans certaines circonstances». L'euthanasie acceptée dans ces lieux transformera nos institutions de soins en lieux ambigus où l'on peut aussi provoquer la mort. Celle-ci arrivant toujours comme une surprise, les familles qui verront un des leurs parler et rire la veille puis mourir brusquement le lendemain ne pourront pas ne pas se demander: qu'est-ce qu'ils lui ont fait?

Devoir politique

Cette question est lourde à porter. Il faut ici penser aux familles qui se diviseront sur cette décision d'euthanasie entre ceux qui aiment trop leur être cher pour le tuer et ceux qui l'aiment trop pour le laisser vivre. Si l'euthanasie est possible, on ne sait pas où la souffrance des survivants les mènera, quelle avalanche de contestations ou d'enquêtes surgira. Que dire aussi des soignants eux-mêmes, qui se verront imposer un lourd fardeau? Car celui qui exige de mourir exige qu'on le supprime. Quel poids cela imposerait aux soignants! Serait-il justifiable que le droit de l'un gomme ainsi le droit de l'autre? Ne sommes-nous pas devant une rupture profonde d'équité dans une société où chacun devrait avoir droit aux mêmes égards? La liberté de l'un ne s'arrête-t-elle pas quand celle de l'autre commence?

Les signataires de cette lettre souhaitent, tout comme vous, préserver les valeurs soutenant notre démocratie québécoise, valeurs clairement exprimées par notre charte des droits et libertés. Nous ne voulons pas que soit mis à mal notre respect de l'égalité, de la sûreté et de l'interdit de porter atteinte à la vie d'autrui, valeurs fondamentales à la base de notre vie en société. En fin de vie, nous sommes tous semblables et notre droit à la sécurité et aux soins est plus important que jamais. C'est un devoir politique que d'assurer une fin de vie paisible dans un milieu sécuritaire pour toutes les citoyennes et tous les citoyens québécois.

***
Ont signé cette lettre: Louis Balthazar, professeur émérite en sciences politiques de l'Université Laval; Thomas De Koninck, titulaire de la Chaire «La philosophie dans le monde actuel» de l'Université Laval; Michel L'Heureux, directeur général de la Maison Michel-Sarrazin et professeur associé au département de médecine familiale de l'Université Laval; Louis-André Richard, professeur de philosophie, président de l'Institut Jean-Paul-Desbiens et membre du comité d'éthique de la Maison Michel-Sarrazin; Patrick Vinay, médecin en soins palliatifs à l'hôpital Notre-Dame du CHUM.

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