La crucifixion par Gabriel Wüger.
Par Joshua Charles — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : Wikimedia Commons
13 novembre 2023 (LifeSiteNews) — L’Église catholique enseigne qu’elle-même, corps mystique du Christ, endurera une Passion comme le Christ l’a fait (Catéchisme, paragraphes 675-77).
C’est tout à fait différent des divers points de vue protestants selon lesquels ce qu’ils appellent « l’Église » aura en quelque sorte quelque chose de plus triomphalement préparé pour le retour du Christ — un point de vue qui ressemble beaucoup à celui des Juifs, dont beaucoup croient qu’ils doivent atteindre un certain niveau de « dignité » pour que le Messie apparaisse.
De nombreux Pères, papes, saints, théologiens, etc. ont déclaré que l’Église sera dans le pire état terrestre qu’elle ait jamais connu avant l’apparition de l’Antéchrist. Bien entendu, cela se produira au moment où l’Église triomphante au ciel sera sur le point de s’achever avec l’arrivée de tous les élus au cours de l’histoire.
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Ainsi, lorsque l’Église militante sur terre apparaîtra la plus faible (comme Notre Seigneur pendant sa Passion), l’Église elle-même sera au bord de son plus grand triomphe (comme Notre Seigneur le dimanche de la Résurrection) — l’achèvement de l’œuvre du Christ consistant à rassembler les siens parmi toutes les nations, juives et païennes, pour le banquet des noces éternelles.
Le pape saint Grégoire le Grand, à la fin des années 500, en parle très clairement et de manière prémonitoire dans sa « Moralia in Job », comme beaucoup d’autres grands saints et docteurs.
Avant la venue de l’Antéchrist, dit-il, « les signes de puissance sont retirés de la Sainte Église. En effet, la prophétie est cachée, la grâce des guérisons est enlevée, le pouvoir des abstinences prolongées est affaibli, les paroles de la doctrine sont silencieuses, les prodiges des miracles sont supprimés. Et si la dispensation céleste ne les supprime pas entièrement, elle ne les manifeste pas ouvertement et de multiples façons comme autrefois » (Moralia in Job, Livre 34, §7).
Nous allons donc vivre ce que j’ai appelé « le Samedi saint de l’Église ». Comme le Christ, qui semblait mort et disparu, il en sera de même pour son corps, l’Église. En ce « Samedi saint », seuls ceux qui voient avec la lumière de la foi et de l’amour brûlant tiendront jusqu’à la fin. Les affirmations du Christ et de son Église pourront sembler absurdes. La dialectique et l’argumentation ne convaincront personne qui ne soit prêt à subir toutes les pertes. La seule façon de rester fidèle au Christ sera d’endurer patiemment et de souffrir, de subir les moqueries et la dérision non seulement du monde, mais aussi de beaucoup de ceux qui se disent « chrétiens » et qui ont depuis longtemps abandonné la foi et la communion catholiques.
Mais c’est en soi une grâce de Dieu. Notre justification viendra le dimanche. Ceux qui, au sein de l’Église, sont scandalisés par son Vendredi saint et son Samedi saint tomberont. Ceux qui sont scandalisés à l’extérieur de l’Église s’endurciront dans leur opposition.
Mais ceux qui ont des yeux pour voir — les yeux de la foi, de l’espérance et de l’amour — mériteront une récompense d’autant plus grande pour leur fidélité au Christ et à son Église, pour avoir souffert avec elle jusqu’à ce que Notre Seigneur justifie son Épouse devant le monde entier le dimanche de Pâques.
Comme l’a observé le pape saint Grégoire le Grand dans la même partie des « Moralia in Job » :
Et cela est dû à une merveilleuse dispensation, afin que la miséricorde et la justice divines s’accomplissent ensemble par un seul et même moyen. En effet, lorsque la sainte Église apparaît comme plus abjecte, par suite du retrait des signes de puissance, la récompense des bons augmente, qui la révèrent pour l’espérance des choses célestes, et non à cause des signes présents ; et l’esprit des méchants se manifeste plus rapidement contre elle, qui négligent de poursuivre les choses invisibles qu’elle promet, lorsqu’ils ne sont pas contraints par des signes visibles. Quand donc l’humilité des fidèles est privée de la manifestation multiple des prodiges, par le jugement terrible de la dispensation secrète, il s’accumule par le même moyen une miséricorde plus abondante pour les bons, et une juste colère pour les méchants.
Ces jours-là sont-ils les nôtres ? C’est possible. Mais là n’est pas la question. Ce qui compte, c’est qu’à chaque époque, nous devions souffrir avec le Christ, ce qui signifie souffrir avec son Église. Si nous ne sommes pas disposés à le faire, nous ne verrons jamais la vérité, quel que soit le jour ou l’heure dans lequel nous nous trouvons.
Joshua Charles est un catholique converti du protestantisme, ancien rédacteur de discours à la Maison-Blanche, auteur d’ouvrages à succès du New York Times, historien et pianiste classique, diplômé en musique, en administration et en droit. Il est l’auteur et l’éditeur de huit livres et fonde actuellement une organisation à but non lucratif axée sur l’évangélisation, l’apologétique et l’éducation classique.
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