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Le mythe du contrôle de la population par le clergé de la « Grande Noirceur »... Des chiffres pour déboulonner les préjugés répétés sur l’avant-Révolution tranquille…

partir_pour_la_famille.jpgDans le livre de Suzanne Marchand, Partir pour la famille. Fécondité, grossesse et accouchement au Québec, étudiant la période de 1900 à 1950, on peut constater encore une fois que l’un des principaux mythes fondateurs du fantasme de la « Grande Noirceur » si cher à nos anticléricaux formés par les collèges classiques (mais ayant refusé de transmettre la richesse de la culture des humanités à leurs descendants), était peut-être moins réaliste encore que les contes de la Chasse-Galerie que se racontaient nos ancêtres…

Selon le mythe, un clergé sans cœur aurait poussé avec un acharnement maladif et suspicieux, les couples à procréer, pour qu’à chaque année naisse un enfant…

Que disent les chiffres? Qu’en était-il vraiment de ce pouvoir, de ce « contrôle » du clergé sur la population québécoise?

« Une enquête sur les comportements des Québécoises en matière de fécondité réalisée en 1971 nous révèle par ailleurs que le pourcentage de femmes mariées déclarant avoir eu recours à la contraception s’élevait à 19 % chez celles qui sont nées entre 1906 et 1910, 30 % chez les femmes nées entre 1911 et 1915, 47 % chez les femmes nées entre 1921 et 1925, et 64 % chez les femmes nées entre 1931 et 1935 (Gauvreau et Gossage, 1997 : 488 et 502). » (MARCHAND, Suzanne, Partir pour la famille. Fécondité, grossesse et accouchement au Québec, éd.Septentrion, Québec, 2012, p.50)

Tout un contrôle! Il faut noter que bien que l’Église se soit toujours opposée à la contraception, elle accepte les méthodes naturelles de régulation des naissances qui permettent d’espacer les naissances pour des raisons sérieuses.  

« Il faudra attendre les années 1920 pour que les découvertes des gynécologues Kyusaku Ogino et Herman Knaus permettent de mettre au point une méthode qui tienne réellement compte du cycle ovulatoire féminin. Popularisée au cours des années 1930, la méthode Ogino-Knaus, appelée aussi méthode “du calendrier”, consistait à éviter d’avoir des relations sexuelles pendant les périodes considérées les plus fécondes du cycle féminin. » (Ibid. p. 53)

Or cette méthode sera acceptée dès les années 1930 par le clergé québécois.

« Dans une consultation théologique publiée le 31 mai 1934 dans la Semaine Religieuse de Québec, le chanoine Cyrille Labrecque écrit que la morale ne condamne pas la méthode Ogino, mais il ajoute : “Nous ne devons en suggérer la pratique que rarement et avec prudence” (Labrecque, 1945 : 565-567). En fait, il semble bien que ce n’était pas tant la méthode elle-même qui posait problème, mais plutôt les raisons pour lesquelles certains couples y avaient recours. Dans l’opuscule intitulé La méthode Ogino-Knaus, publié en 1935, le père Chaput affirme que, pour que cette pratique demeure morale, les couples devaient avoir de sérieuses raisons d’éviter la procréation, comme “l’état maladif de la mère, le danger de mort et les charges trop lourdes d’une nombreuse famille”. (p. 56-57)

Un discours très éloigné de l’image du curé obsédé par la naissance à tout prix d’un enfant par année par couple…

Qu’il y ait eu des curés, minoritaires, au discours déséquilibré, cela est un fait. Mais le discours officiel de l’Église québécoise demeure irréprochable. La méthode était enseignée aux futurs mariés comme le reconnaît l’auteure de cet ouvrage d’histoire de la fécondité québécoise :

« C’était aussi la méthode proposée aux futurs mariés dans le cadre des cours offerts par le Service de préparation au mariage au cours des années 1940, comme le démontrent les recherches de Michael Gauvreau portant sur ce mouvement religieux, inauguré en 1941 (Gauvreau, 2002). » (p. 55) 

Dès les années 1940, les curés «hyper-contrôlants» enseignaient, par exemple, aux futurs mariés du Québec, cette méthode de régulation des naissances.

Ce n’est pas tout. Une autre méthode était utilisée pour espacer les naissances, avec le consentement de l’Église :

« D’après Gérard Bouchard et Raymond Roy, l’allaitement prolongé était aussi une pratique couramment utilisée au Saguenay, et ce, depuis très longtemps, les mères transmettant à leurs filles leurs connaissances dans ce domaine (Bouchard et Roy, 1991 : 183-184).

(…)

Il faut dire que l’Église catholique tolérait cette pratique contraceptive qui n’allait pas à l’encontre de sa doctrine, ce qui a sans doute contribué à sa popularité. D’après la Lettre encyclique casti connubii, il n’était pas interdit aux époux d’user de leurs droits lorsque, "pour des causes naturelles, dues soit à des circonstances temporaires, soit à certaines défectuosités physiques, une nouvelle vie n’en peut sortir" (Lettre encyclique casti connubii…, 1930). » (p. 58-59).

Il faudra mettre le mythe du contrôle de la population par le clergé parmi les nombreuses fadaises contenues dans l’irrésistible fable créée par nos auteurs québécois Jacques Godbout et Jacques Hébert, celle d’une “Grande Noirceur” qui faisait peur à nos parents, mais que les historiens ont déconstruite.

Non, de Pamphile Le May à Jacques Godbout, la tradition des conteurs québécois visant à faire peur aux enfants grâce à leur imagination plus que fertile n’est pas éteinte…

On racontera encore longtemps la légende des curés bonhomme sept-heure, parcourant les chaumières pour menacer les couples n’ayant pas eu d’enfant dans la dernière année…

Après le conte de la «Chasse-Galerie», il nous faudra maintenant ajouter celui de la “Grande Noirceur” dans les manuels scolaires… pour la plus grande joie des petits et des grands.

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