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Le Carême est une période propice pour prier pour la conversion des Juifs au nouvel Israël, l’Église du Christ


Photo : Rawpixel.com/Adobe Stock

Dom Prosper Guéranger

La Station est dans l’église de Saint-Clément, Pape et Martyr. De toutes les églises de Rome elle est celle qui a le plus conservé l’antique disposition des premières basiliques chrétiennes. Sous son autel repose le corps du saint Patron, avec les restes de saint Ignace d’Antioche et du consul saint Flavius Clémens.

COLLECTE

Daignez faire, ô Dieu tout-puissant ! que vos fidèles qui, pour mortifier leur chair, se privent dans leur nourriture, jeûnent aussi du péché, en pratiquant la justice. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

ÉPÎTRE

Lecture du prophète Daniel 9,15-19

En ces jours-là, Daniel fit cette prière au Seigneur : Seigneur notre Dieu, qui avez tiré votre peuple de la terre d’Égypte par la force de votre bras, et qui en le faisant vous êtes acquis une gloire qui dure jusqu’aujourd’hui ; nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, Seigneur, en enfreignant tous vos justes préceptes. Détournez, je vous en conjure, votre colère et votre fureur de Jérusalem, votre cité, et de votre montagne sainte. C’est à cause de nos péchés et des iniquités de nos pères, que Jérusalem et votre peuple sont en opprobre aujourd’hui à toutes les nations qui nous environnent. Maintenant donc, Seigneur notre Dieu, exaucez la prière de votre serviteur et ses supplications ; faites paraître votre face sur votre Sanctuaire abandonné : faites-le pour vous-même. Inclinez votre oreille, ô mon Dieu ! et écoutez ; ouvrez les yeux, et considérez notre désolation et cette ville qui est connue par votre Nom ; car ce n’est point par confiance en notre justice que nous humilions nos prières devant votre face, mais c’est en songeant à la multitude de vos miséricordes. Exaucez, Seigneur ; apaisez-vous. Seigneur : considérez et agissez. Pour l’amour de vous-même, ne différez pas, mon Dieu, parce que cette cité et ce peuple qui est à vous ont l’honneur de porter votre Nom, ô Seigneur notre Dieu !

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Cette lamentable supplication que Daniel adressait à Dieu du sein de la captivité de Babylone fut exaucée ; et après soixante-dix ans d’exil, Israël revit sa patrie, releva le Temple du Seigneur, et reprit le cours de ses destinées merveilleuses.

Mais voici qu’aujourd’hui encore, et depuis dix-neuf siècles, ces tristes paroles du Prophète sont à peine l’expression suffisante de la nouvelle désolation qui est venue fondre sur Israël. La fureur de Dieu est sur Jérusalem, les ruines mêmes du temple ont péri, le peuple toujours vivant est dispersé par toute la terre et donné en spectacle aux nations. Une malédiction pèse sur lui ; il est errant comme Caïn ; et Dieu veille à ce qu’il ne soit jamais anéanti.

Terrible problème pour la science rationaliste ; mais pour le chrétien, châtiment toujours visible du plus grand des forfaits. Telle est l’explication de ce phénomène : « La lumière est venue au milieu des ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point comprise. » Si les ténèbres eussent accepté la lumière, aujourd’hui elles ne seraient plus ténèbres ; mais il n’en fut pas ainsi : Israël a mérité son abandon.

Plusieurs de ses fils ont consenti à reconnaître le Juste, et ils sont devenus enfants de la lumière ; et c’est même par eux que la lumière s’est levée sur le monde entier. Quand le reste d’Israël ouvrira-t-il les yeux ? Quand ce peuple consentira-t-il à adresser au Seigneur la prière de Daniel ? Il la possède, il la lit souvent : et elle ne pénètre point jusqu’à son cœur fermé par l’orgueil.

Nous, les derniers venus de la famille, prions pour nos aînés. Quelques-uns d’entre eux, chaque année, se… [convertissent] ; ils viennent demander à Jésus de les admettre dans le nouvel Israël. Que leur arrivée soit bénie ; et daigne le Seigneur, dans sa bonté, faire que leur nombre s’accroisse de plus en plus, afin que toute créature humaine adore en tous lieux le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, avec son Fils Jésus-Christ qu’il a envoyé !

ÉVANGILE

Suite du Saint Évangile selon Jean 8,21-29

En ce temps-là, Jésus dit à la foule des Juifs : Je m’en vais, et vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché. Où je vais, vous ne pouvez venir. Les Juifs disaient : Se tuera-t-il lui-même, qu’il dit : Où je vais, vous ne pouvez venir ? Et il leur dit : Vous êtes d’ici-bas : moi je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde ; moi je ne suis pas de ce monde. Je vous ai dit que vous mourriez dans votre péché ; car si vous ne croyez pas à ce que je suis, vous mourrez dans votre péché. Ils lui dirent donc : Qui êtes-vous ? Jésus leur dit : Le Principe, moi-même qui vous parle. J’ai beaucoup de choses à dire de vous et à juger en vous ; mais celui qui m’a envoyé est vrai, et moi ce que j ai entendu de lui, je le dis dans ce monde. Et ils ne comprirent point qu’il disait que son Père était Dieu. Jésus donc leur dit : Lorsque vous aurez élevé en haut le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez qui je suis, et que je ne fais rien de moi-même, et que je parle selon ce que mon Père m’a enseigné. Et celui qui m’a envoyé est avec moi, et il ne m’a point laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable.

« Je m’en vais » : parole terrible ! Jésus est venu pour sauver ce peuple ; il n’a rien épargné pour lui prouver son amour. Ces jours derniers, nous l’avons vu repousser durement la Chananéenne, et dire qu’il n’est venu que pour les brebis perdues de la maison d’Israël ; et ces brebis perdues méconnaissent leur pasteur.

Il avertit les Juifs qu’il va se retirer bientôt, et qu’ils ne pourront le suivre où il va : cette parole ne les éclaire pas. Ses œuvres attestent qu’il est venu du ciel ; mais eux ne songent qu’à la terre.

Toute leur espérance est dans un Messie terrestre et glorieux à la façon des conquérants. C’est donc en vain que Jésus passe au milieu d’eux en faisant le bien (Actes 10, 38), en vain que la nature est soumise à ses lois, en vain que sa sagesse et sa doctrine surpassent tout ce que les hommes ont entendu de plus sublime ; Israël est sourd, il est aveugle.

Les plus farouches passions fermentent dans son cœur ; elles ne seront satisfaites que le jour où la Synagogue pourra laver ses mains dans le sang du Juste. Mais en ce jour, la mesure sera comblée, et la colère de Dieu fera un exemple qui doit retentir dans tous les siècles.

On frissonne en songeant aux horreurs de ce siège de Jérusalem, de cette extermination de la ville et du peuple qui avaient demandé la mort de Jésus. Le Sauveur lui-même nous dit que depuis le commencement du monde il n’y avait jamais eu un si affreux désastre, et que la suite des siècles n’en verra pas un pareil.

Dieu est patient ; il attend avec longanimité ; mais quand sa fureur si longtemps contenue vient à éclater, elle entraîne tout, et les monuments de ses vengeances sont l’effroi de toutes les générations qui viennent après. O pécheurs, qui jusqu’aujourd’hui n’avez tenu aucun compte des avertissements de l’Église, qui n’avez pas songé encore à convertir votre cœur au Seigneur votre Dieu, tremblez à cette parole : « Je m’en vais ».

Si ce Carême passe comme les autres, sans vous avoir changés, sachez que cette menace vous regarde : Vous mourrez dans votre péché. Voulez-vous aussi demander la mort du Juste, dans quelques jours ? crierez-vous aussi : « Qu’il soit crucifié ? »

Prenez-y garde : il a brisé un peuple entier, un peuple qu’il avait comblé de faveurs, qu’il avait protégé et sauvé mille fois ; ne vous flattez pas qu’il vous ménage. Il faut qu’il triomphe ; si ce n’est par la miséricorde, ce sera par la justice.

Humiliez vos têtes devant Dieu.

ORAISON

Dieu tout-puissant, soyez attentif à nos supplications, et daignez accorder l’effet de votre miséricorde accoutumée à ceux à qui vous donnez la confiance de l’espérer de votre bonté. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

Nous plaçons, aujourd’hui et les jours suivants, la belle Hymne de Prudence sur le Jeûne. Comme elle est d’une grande longueur, nous la partageons en fragments, réservant pour le Lundi de la semaine de la Passion ce qui a rapport à la pénitence de Ninive. Cette Hymne, en usage autrefois, pour quelques-unes de ses strophes, dans plusieurs Églises de la Liturgie Romaine, est employée tout entière au Bréviaire Mozarabe.

HYMNE

O Fils de Nazareth, astre de Bethléhem, Verbe du Père, toi qu’enfanta pour nous un sein virginal ; ô Christ ! agrée nos chastes abstinences. O Roi ! nous t’offrons la victime du jeûne : d’un œil serein regarde notre fête.

Rien de plus saint que ce rite mystérieux qui purifie la fibre vivante du cœur, qui dompte l’intempérance jusque dans son siège, de peur que la plénitude du corps n’étouffe l’ardeur de l’esprit.

Le jeûne subjugue la liberté des sens et la gourmandise honteuse ; l’assoupissement que produisent le vin et le sommeil, la licence qui souille, la mollesse impudente, tous les vices de notre nature paresseuse y ressentent le joug d’une étroite discipline.

Si l’homme se laisse aller sans frein au manger et au boire, s’il ne contient ses membres par le jeûne, la noble flamme de l’esprit s’attiédit bientôt ; elle s’amoindrit dans des jouissances qui la flétrissent ; l’âme s’endort dans la lâcheté du corps.

Réfrénons donc le désir de la chair ; que la prudence se ravive et brille au dedans de nous-mêmes ; la pointe de notre esprit s’aiguisera, l’âme aspirera d’un souffle plus libre, et sa prière s’adressera plus dignement à celui qui l’a créée.

Ce texte est extrait de L’année liturgique, rédigé par Dom Prosper Guéranger (1841-1875). Le texte original en français est disponible en ligne sur la Bibliothèque monastique saint Benoît. Nous avons repris l'idée de LifeSiteNews pour le présent article.

Remarquez que nous avons changé « dix-huit siècles » pour « dix-neuf siècles », afin que le texte corresponde davantage aux temps présent.



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