Vieillard Simeon par Aert de Gelder.
Par l’Abbé J.-Réal Bleau — Photo : Wikimedia Commons
C’est la prière que toutes les personnes qui récitent l’Office divin disent chaque soir, avant le repos de la nuit. La fin de chaque jour représente la fin de notre vie. Pour chacun de nous, il y aura un soir qui ne sera pas suivi d’un nouveau matin. Ce soir-là, et peut-être plus tôt dans cette dernière journée, nous aurons fait le passage du temps à l’éternité. Notre âme aura comparu devant le Dieu trois fois saint, qui nous a créés par amour et auquel nous devrons rendre compte de toutes nos actions, pensées, désirs et paroles.
Avant d’entrer chaque soir dans le repos de la nuit et, éventuellement, de notre dernière nuit, il est bien raisonnable que nous récapitulions toute notre vie, pour qu’avec une confiance absolue nous la jetions tout entière dans le Cœur miséricordieux de notre divin Sauveur. Les dernières heures du jour exigent de notre part un petit effort de recueillement, de plus grande attention à notre Père du ciel qui nous aime infiniment. Dans son amour gratuit perpétuellement fidèle à notre égard, Il nous appelle tous à partager son bonheur éternel en son Fils bien-aimé Jésus-Christ, qui nous en a obtenu la grâce. C’est notre réponse à cette immense grâce de la rédemption par notre ferme volonté de l’aimer de tout notre cœur, qui décidera de notre sort éternel.
C’est pourquoi, vers la fin du jour, il convient hautement que nous prenions conscience du point où nous en sommes en fait d’amour de Dieu. Est-ce que j’aime vraiment le bon Dieu ? Est-ce que j’ai fait aujourd’hui sa très sainte volonté ? Me suis-je efforcé de demeurer dans son amour, c’est-à-dire de ne désobéir en aucune manière à ses commandements ? Que nous demeurions toujours en son amour, c’est une volonté très claire de notre divin Sauveur. « Comme le Père m’aime, moi aussi je vous aime. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour. » (Jean 15, 9-10)
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Puisque le grand commandement de Jésus est que nous nous aimions les uns les autres comme Lui-même nous a aimés, dans mon examen de conscience, chaque soir, je m’interroge : Ai-je aimé aujourd’hui mon prochain, comme Jésus nous aime tous, jusqu’à se donner complètement lui-même sans faire acception de quiconque, offrant sans aucune limite aux plus grands pécheurs ses dons et ses pardons ?
L’amour personnel de Jésus pour tous les hommes, et donc pour moi, l’a conduit à la croix, où dans l’abandon à la volonté du Père, il meurt d’amour, en disant ces paroles « Père, je remets mon esprit entre vos mains ». (Luc 22. 46). Comme Jésus, et à l’exemple de tous les saints, et particulièrement de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, je dois vivre d’amour et mourir d’amour, dans la confiance et l’abandon total à la volonté du Père.
Ce n’est pas seulement le soir de chaque jour et spécialement lorsqu’on s’approche de notre dernier soir qu’il faut remettre notre vie entre les mains de Dieu, mais constamment, dès l’aurore de chaque jour. C’est le précieux conseil que donnait saint François de Sales à toutes les âmes auxquelles il enseignait l’amour de Dieu. « Ah, écrivait-il, si quand nous nous consacrons au service de Dieu nous commencions par remettre absolument et sans réserve notre esprit entre ses mains, que nous serions heureux ! Tout le retardement de notre vie spirituelle ne provient que de ce défaut d’abandon ; et il est vrai qu’il faut par-là commencer, poursuivre et finir la vie spirituelle, à l’imitation du Sauveur qui l’a fait avec une admirable perfection au commencement, au progrès et à la fin de sa vie » (Dans son Traité de l’amour de Dieu).
J.-R.B.