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Chiara Corbella Petrillo: témoin de l'amour pour le 21e siècle

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Alors que son enfant grandit dans le ventre de Chiara, quelque chose d'autre se développe dans son corps. Une tumeur a été découverte sur sa langue; bientôt, elle se propagera à son cou et à ses yeux.

Par K.V. Turley de LifeSiteNews - traduit par Dominic Larkin pour Campagne Québec-Vie 

Je suis ici maintenant, dans ta chambre, ta dernière chambre... C'est ici que les portes furent ouvertes et qu'Il est venu en personne te rencontrer ...

Ainsi commence un livre tout à fait remarquable: Chiara Corbella Petrillo: A Witness to Joy, de Simone Troisi et Cristina Pacini, tout juste traduit en anglais et publié par Sophia Institute Press.

Il faut en effet, féliciter les éditeurs de porter ce sujet à un plus large public. C’est d’autant plus vrai, si l’on tient compte du contenu des pages de ce livre : une histoire très contemporaine qui témoigne en même temps des plus anciennes vérités sur les douleurs de la condition humaine. 

Ces paroles citées en introduction, prononcées par un époux dans une pièce où sa jeune femme est entrée dans l'éternité, font partie de la préface du livre. C’est une méditation en quelque sorte sur ce qui suivra, car ce livre ne doit pas être simplement lu. Sa charge émotionnelle est trop forte pour cela.

En fait, il s’agit d’un livre avec lequel on prie, que l’on revoit, souligne, soupèse, relit.

Il est fait pour les mères et les pères, pour ceux qui ont perdu des enfants, qu'ils soient nés ou à naître. Il est également fait pour ceux qui songent au mariage comme d’une vocation.

Et pourtant c'est un livre court, à peine 160 pages; très approprié pour la courte vie qu'il raconte, mais tout comme cette vie, ce livre a une profondeur qui est l’opposé de brièveté. Pour l'instant, cependant, laissons le mari en deuil debout dans cette pièce chargée de souvenirs et retournons plutôt aux prémisses, et à un temps plus heureux. 

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"Le jour de la naissance de Maria, je me le rappellerai toujours comme l'un des plus beaux jours de ma vie ... Le temps (en tant que parents) n'a pas d'importance: Un mois, deux mois, quelques heures, ce qui importe c’est que nous avons eu ce cadeau ... et c’est quelque chose qui ne pourra jamais être oublié ".

Leurs yeux se croisèrent dans la salle à manger bondée d'un hôtel. Comme dans les meilleures histoires d'amour, la leur était celle d'une rencontre fortuite que tous deux savaient être en quelque sorte décisive. Tous deux visitaient un sanctuaire marial, même s'ils avaient voyagé séparément, et dans son cas à lui avec une amie. Celle-ci venait de quitter la scène au moment où Enrico Petrillo, assis dans la pièce, vit Chiara pour la première fois. Et, au moment même, il nota deux choses. La première, c'était que le seul siège libre dans la pièce était à côté de lui; la seconde c'était qu'elle était la plus belle femme sur laquelle il eut jamais posé les yeux et déjà, il sentait qu'il suffirait de peu pour tomber en amour avec elle. Elle se dirigea vers le siège vide et au même instant ces yeux regardèrent les siens ... et c'est ainsi que ça a commencé. 

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Chiara Corbella Petrillo: A Witness to Joy est disponible chez  Sophia Institute Press.

Les choses ne se déroulèrent pas sans heurts, bien sûr; le chemin de l'amour vrai s’effectue rarement ainsi. Et ainsi donc pour ce jeune couple- après tout, elle avait 18 ans; il en avait 23 - les deux avaient beaucoup de maturité à acquérir. Néanmoins, à partir de cette rencontre à l'été 2002, ils ne pouvaient qu'être ensemble dans cette relation si intense bien qu’encore trop humaine. Ils vécurent dans une alternance de séparations et de reprises. Bientôt, ils comprirent qu'ils devaient prendre une décision. Il y avait quelque chose d'autre qu'ils venaient de réaliser: seuls, ils ne pouvaient pas s'aimer l'un l'autre - le sentiment humain ne suffisait pas. Ils décidèrent d'aller en pèlerinage à pied à Assise; à la fin, ils s'étaient engagés. Au cours de ce voyage, trois fois Enrico lui demanda de l'épouser, trois fois Chiara a dit oui ...      

Le livre est illustré. Les photographies enrichissent avec appoint le texte, tant elles révèlent quelque chose de la beauté naturelle de ce jeune couple italien si évidemment en amour. Chiara est bénie de posséder les regards d'une star du cinéma italien; Enrico, barbu, est beau et viril. Et manifestement, ce qui transparaît alors que les photographies avancent chronologiquement, c’est l’émergence dans leurs visages d'une transformation mystérieuse, forgée dans la souffrance et dans la grâce qui remplace le simple attrait mondain par une attirance  beaucoup plus surnaturelle. Tout autant que les mots, ces images font partie du témoignage de ces pages. 

Ils se marièrent en septembre 2008. Peu de temps après Chiara a découvert qu'elle était enceinte. Les jeunes mariés étaient fous de joie. Une joie qui devait être de courte durée cependant. Une échographie révéla que l'enfant avait une malformation. «Évidemment, vous allez avorter?»  ont demandé les médecins. Mais, Chiara pensant rétrospectivement à l'image de l'enfant sans défense[DL1] , fut déterminée à poursuivre la grossesse. Même si l'enfant devait vivre à peine un peu de temps, toutes ses chances lui seraient données.

Maria Grazia Letizia est née le 10 juin 2009. Elle vécut pendant 30 minutes, assez longtemps pour être baptisée par un prêtre. Chiara devait écrire plus tard:

«Si je l'avais abandonnée, je ne pense pas que je me serais rappelé le jour de l'avortement comme un jour de fête ... Ça aurait été un moment que j'aurais essayé d'oublier, un moment de grande souffrance. Mais le jour de la naissance de Maria, je me le rappellerai toujours comme l'un des plus beaux jours de ma vie ... Le temps (en tant que parents) n'a pas d'importance: un mois, deux mois, quelques heures. Ce qui importe c’est que nous avons eu ce cadeau ... et c’est quelque chose qui ne pourra jamais être oublié. »

Les funérailles eurent lieu deux jours après la naissance de Maria. Sur le petit cercueil blanc, ses parents laissèrent une carte avec les mots suivants:

Nous étions contents de te tenir dans nos bras,

même pour une demi-heure, nous étions heureux.

Nous ne pouvions pas arrêter de regarder ton nez,

le même que le mien,

et ces petites mains, et ces petits pieds.

Nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour te dire ...

que nous t'aimons ...

Cela n'a pas d'importance combien de temps que nous passons ensemble ...

Ce qui est nécessaire, c’est de connaître le Père ...

Et tu es née prête,

Je ne sais pas comment te dire combien nous sommes fiers de toi.

Nous t'avons accompagnée autant que nous avons pu.

Maintenant, tu connaîtras le Père ...

Une autre grossesse allait bientôt suivre. Il y avait encore des complications. Les analyses intra-utérines montrèrent qu’il manquait une jambe à l’enfant et qu’il avait une souche à la place de l’autre. D'autres analyses montrèrent que l'enfant n’avait pas de reins et par conséquent que les poumons ne se développeraient pas et qu’il aurait du mal à respirer; le pronostic pour la survie n’était pas bon. Une fois de plus, il y eut une discussion avec le personnel médical sur l'opportunité de procéder à la grossesse, ou de mettre fin à la vie de l'enfant, que l’on voyait à l'écran donner des coups de pieds et se débattre avec énergie. Encore une fois, le couple resta ferme. Et donc la grossesse se poursuivit jusqu'à ce que finalement Davide-Giovanni naisse. Quand il vint au monde, sa mère l’embrassa tendrement en disant: «Mon fils, mon amour». Comme sa sœur, Davide fut immédiatement baptisé sur place par un prêtre pendant qu’Enrico plaçait une petite croix en bois autour du cou de son fils, et puis, comme pour sa sœur avant lui, il fut transporté à la morgue de l'hôpital par son père après avoir vécu à peine plus de 30 minutes.

Et pourtant, le couple ne pouvait pas davantage bloquer les sources de la vie que cesser de s’aimer l’un l'autre et ainsi suivit une autre grossesse. Inutile de dire que ceux qui les entouraient étaient inquiets, même si le jeune couple était étrangement serein. Malheureusement, alors que cet enfant grandissait dans le ventre de Chiara, quelque chose d’autre aussi grossissait en elle. Une tumeur avait été découverte sur sa langue; bientôt, elle se propagea, au cou et à ses yeux. Différents traitements furent proposés; elle refusa tout ce qui pourrait mettre en danger la vie de son enfant, préférant les repousser après la naissance. Quand finalement ce moment arriva, l'enfant, Francesco, vint au monde en bonne santé. Ses parents étaient remplis de bonheur. Cependant Chiara ne pouvait s’empêcher de se sentir si petite alors qu’ayant porté au monde une nouvelle vie, la sienne lentement s'effritait.

Les premiers temps suivant la naissance, le couple, avec leur nouveau-né, connut une vie à peu près normale comme jamais il n’avait pu en faire l'expérience. Enrico et Chiara avait rêvé tout simplement d'être une famille «normale»: avoir un enfant dans leur maison, être avec d'autres mères et d’autres pères, ayant leurs premières excursions en famille, les nuits sans sommeil même ... C’était du temps précieux, qui s’avéra être du temps prêté.

La tumeur était maligne. Il y avait peu à y faire. Après un temps à l'hôpital, il devint clair qu'aucun traitement ne pourrait fonctionner. Finalement, le personnel médical prit Enrico à part pour l’informer de la situation. Maintenant, il devait l’apprendre à son épouse de 28 ans. Il essaya de se donner une contenance, du mieux qu'il put, avant de mener doucement Chiara à la chapelle de l'hôpital. Et là, devant le Saint Sacrement il lui apprit les faits, tels quels ... Finalement, ils s’embrassèrent et répétèrent ensuite leurs vœux de mariage. Elle lui fit ensuite promettre une chose: elle ne voulait pas savoir combien de temps il lui restait; elle voulait vivre dans le présent quel que soit le temps qui lui était donné d’être avec son mari et son enfant. C’était le mercredi de la Semaine Sainte.

Elle est morte à midi le 13 Juin 2012. Peut-être serait-il plus exact de dire que ce fut le jour où elle a vraiment vécu. Parce que tous les événements que vous avez lus furent vécus dans une foi profonde, partagée entre Chiara, Enrico et leurs enfants. Dans ce monde, elle avait voulu être une mère; plus tôt qu'elle aurait pu imaginer, elle est allée à l'endroit où deux de ses enfants déjà l'attendaient, et où maintenant elle attend d'être réunie avec tous ceux qu'elle aime, quand finalement, leurs larmes seront essuyées ...

Il est impossible de ne pas être touché par l'histoire de Chiara Corbella Petrillo. Une vie, si courte soit-elle, peut faire une différence; c’est ce qui se dégage dans le cas de cette femme incroyable. Il est émouvant et même triste de réaliser que les événements que raconte ce livre soient si récents. Son histoire a une portée épique, si dense de tant de façons, et pourtant c’est une histoire de notre temps et pour notre temps. C’en est une qui nous apprend beaucoup sur l'amour, le mariage, les enfants, la famille, et de ce que cela signifie que de vivre en choisissant la vie, face à une culture obsédée par une notion erronée de la mort perçue comme une solution, au lieu d’être ce que la vie de cette jeune femme a démontré: une passerelle.

La dernière partie du livre contient un document incroyablement émouvant : une lettre à Francesco pour marquer son premier anniversaire, l'une des dernières que Chiara ait écrites. Un témoignage écrit de l'amour d'une mère pour son fils - pas encore assez vieux pour comprendre, mais pour qui elle s’était tellement privée afin qu’il puisse vivre, et qu’elle devait maintenant confier à d'autres pour l’élever et s'en occuper. Mais vous aurez à le lire vous-même cependant, car je ne peux pas me résoudre à le retranscrire.                               

Note de l’éditeur: Chiara Corbella Petrillo: A Witness to Joy est disponible en livre de poche et ebook chez  Sophia Institute Press.



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