Chers amis de la Vie,
Par Alex Schadenberg (Coalition pour la prévention de l’euthanasie) — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : Freepik
Le 11 décembre 2024, le ministère de la Santé du Canada a publié le Cinquième rapport annuel sur l’Aide médicale à mourir (AMM), qui indique que 15 343 décès par euthanasie ont été signalés, soit 4,7 % de tous les décès survenus en 2023.
Au 31 décembre 2023, il y a eu au moins 60 301 décès par euthanasie au Canada depuis sa légalisation.
Le 6 février 2024, après avoir obtenu les données sur l’euthanasie de l’Alberta, de l’Ontario et du Québec, EPC a publié un article indiquant qu’il y avait eu environ 15 300 décès par euthanasie (AMM) au Canada en 2023.
Le 8 juillet 2024, nous avons publié un article avec des liens vers les données sur l’euthanasie de l’Alberta, de la Colombie-Britannique, du Manitoba, de la Nouvelle-Écosse, de l’Ontario et du Québec. Nous avons à nouveau évalué qu’il y aurait eu environ 15 300 décès par euthanasie en 2023.
Pourquoi le ministère de la Santé du Canada a-t-il attendu décembre 2024 pour publier les données sur l’euthanasie en 2023, alors que le rapport porte essentiellement sur des chiffres et des données et qu’il manque d’informations sur les raisons réelles pour lesquelles les gens veulent être tués par euthanasie ?
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Le rapport contient des données intéressantes :
- Sur les 15 343 décès par euthanasie déclarés, 95,9 % étaient des décès de la Voie 1 (la personne était considérée comme étant en phase terminale) ; 4,1 % étaient des décès de la Voie 2 (la personne était considérée comme n’étant pas en phase terminale).
- Les personnes handicapées représentaient 33,5 % des décès par euthanasie de Voie 1 et 58,3 % des décès par euthanasie de Voie 2. En 2022, 27 % des Canadiens étaient des personnes ayant un ou plusieurs handicaps. Les personnes handicapées sont surreprésentées dans les statistiques canadiennes sur l’euthanasie.
- 95,8 % des personnes décédées par euthanasie étaient de race blanche et moins de 1 % étaient des membres des Premières nations. En 2022, 69,8 % des Canadiens euthanasiés étaient de race blanche et 5 % étaient des membres des Premières nations.
Que se passe-t-il en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec ?
En analysant le 5e rapport annuel, nous posons la question suivante : « Qu’est-ce qui différencie la Colombie-Britannique, l’Ontario et le Québec du reste du Canada ? » En 2023, les décès par euthanasie ont augmenté de 36,5 % au Québec, de 30,3 % en Ontario et de 18 % en Colombie-Britannique. Si l’on examine les données des sept autres provinces, le deuxième taux d’augmentation le plus élevé est celui de l’Alberta, avec une augmentation de 6,4 % des décès par euthanasie.
Le Québec a le taux d’euthanasie le plus élevé avec 5 601 décès par euthanasie déclarés, ce qui représente 7,3 % de tous les décès et 36,5 % de tous les décès par euthanasie au Canada. Le recensement du Canada de 2021 a indiqué que 23 % des Canadiens vivent au Québec.
Nous remettons en question l’exactitude des données sur l’euthanasie au Québec. Le 9 mars 2024, CBC Radio Canada a rapporté que le gouvernement du Québec avait indiqué qu’il y avait eu 5 686 décès par euthanasie déclarés en 2023, alors que le 5e rapport annuel fait état de 5 601.
L’analyse du huitième rapport annuel de la Commission des soins de fin de vie du Québec (1er avril 2022 - 30 mars 2023) par Amy Hasbrouck indique que 190 décès par euthanasie n’ont peut-être pas été déclarés par le médecin ou l’infirmière praticienne qui a procédé à l’euthanasie. 190 décès par euthanasie non déclarés, c’est grave.
L’euthanasie pour cause de fragilité a été mentionnée comme motif dans 1 392 décès, soit plus de 9 % de l’ensemble des décès par euthanasie. Dans 92 cas d’euthanasie, la fragilité était la seule raison invoquée.
L’euthanasie pour cause de douleur chronique a été mentionnée comme motif dans 933 décès, 23 de ces décès mentionnant la douleur chronique comme seul motif.
La démence a été mentionnée comme motif d’euthanasie dans 241 décès, 106 de ces décès mentionnant la démence comme seul motif.
Comme dans d’autres pays, la raison de la demande d’euthanasie était fortement liée à l’état social de la personne.
- 96 % des personnes interrogées ont mentionné la « perte de capacité à s’engager dans des activités significatives »,
- 87 % ont cité la « perte de la capacité à accomplir les activités de la vie quotidienne »,
- 70 % ont mentionné la « perte de dignité »,
- 55 % ont indiqué « contrôle inadéquat de la douleur ».
Il est important de noter que la solitude et l’isolement ont été mentionnés dans plus de 21 % de tous les décès par euthanasie, soit plus de 3 200 personnes.
Les personnes handicapées devraient s’inquiéter du fait que plus de 50 % des personnes décédées ont mentionné la « perte d’indépendance » et que près de 50 % ont indiqué qu’elles étaient perçues comme un fardeau pour la famille, les amis ou les soignants.
Les personnes handicapées doivent s’inquiéter du fait que les « autres affections » sont la principale cause d’euthanasie. Pour les personnes handicapées, 46,2 % des décès de la voie 1 étaient fondés sur « d’autres affections » et 62,9 % des décès de la voie 2 étaient fondés sur « d’autres affections ». L’expression « autres affections » n’est pas définie plus précisément et pourrait être le signe d’une sérieuse discrimination à l’égard des personnes handicapées.
Nous reconnaissons un autre problème lié à la différence de niveau de revenu entre les décès par euthanasie de la Voie 1 et ceux de la Voie 2. Les personnes décédées par euthanasie de la Voie 2 étaient plus susceptibles d’avoir un revenu inférieur à celui des personnes décédées par euthanasie de la Voie 1.
Le cinquième rapport annuel doit être analysé plus en profondeur. Il contient plus d’informations que les rapports des années précédentes, mais il n’examine pas les raisons pour lesquelles les gens demandent l’euthanasie et ne met pas en évidence les décès qui pourraient être en dehors des paramètres de la loi.
En octobre 2024, le coroner en chef de l’Ontario a publié un rapport du Comité d’examen des décès par AMM en Ontario indiquant qu’entre 2018 et 2023, des décès par euthanasie ont été motivés par l’itinérance, la peur et l’isolement et que les personnes pauvres sont exposées au risque de coercition, ce qui indique que des Canadiens handicapés meurent inutilement par euthanasie. Les données du rapport d’examen des décès de l’Ontario indiquent qu’au cours de la période considérée, il y a eu au moins 428 décès par euthanasie non conformes et que 25 % des prestataires d’euthanasie ont enfreint la loi.
Le rapport de l’examen des décès par AMM en Ontario comporte trois parties (partie 3) (partie 2) (partie 1).
Le gouvernement fédéral doit procéder à un examen complet de l’expérience du Canada en matière d’euthanasie.
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