Saint Jean de la Croix par Francisco de Zurbarán.
Par l’Abbé J.-Réal Bleau — Photo : Wikimedia Commons
Dès le moment de son Incarnation, Jésus, vrai Dieu et vrai homme, contemplant dans sa divinité la lumière infinie de Dieu, pouvait déjà dans sa sainte humanité lire le Grand livre de la Volonté de Dieu, où toutes les circonstances de sa vie étaient écrites, qui devaient le conduire jusqu’à la Croix.
Ainsi parle saint François de Sales, l’un des plus grands maîtres spirituels catholiques : « Le Sauveur, écrit-il, avait une âme parfaitement glorieuse qui jouissait de la claire vision de la Divinité, et néanmoins il ne voulut point pour cela être exempt de douleurs. À l’instant de son Incarnation, il vit et lut dans le livre de la prédestination tout ce qu’il devait souffrir. Ce livre était intitulé la sainte Volonté de Dieu ; or, pendant toute sa vie, Notre-Seigneur ne fit autre chose que lire, pratiquer et garder tout ce qu’il y trouva écrit, ajustant ses volontés à celles de son Père céleste, comme il le dit lui-même : je suis venu non pour faire ma volonté, mais celle de Celui qui m’a envoyé. (Jean 6, 38). »
Saint François de Sales en tire le principe de toute vie spirituelle ordonnée au bonheur temporel et éternel des âmes :
« O, que nous serions heureux, si nous lisions bien dans ce livre, et que toute notre préoccupation fût d’accomplir la volonté de Dieu par le renoncement et entière abnégation de la nôtre, n’ayant d’autre soin que de l’ajuster à la sienne ! »
S’efforcer d’accomplir en toutes choses et dans toutes les circonstances de notre vie non pas notre volonté mais la volonté de Dieu n’est rien d’autre que de l’aimer de tout notre cœur, c’est-à-dire de mettre en pratique le premier commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces et de tout ton esprit ».
Concevoir cette merveilleuse règle de vie qui, dans sa simplicité, ne peut que nous unir de plus en plus intimement au très sacré Cœur de Jésus, le foyer ardent du divin amour, ne suffit pas. Ce n’est pas assez que de se proposer d’entrer dans la vivante lumière de cette règle fondamentale de vie spirituelle. Car pour y entrer concrètement, il faut bien considérer quelle est la volonté de Dieu sur nous : sa volonté générale exprimée par les commandements, sa volonté particulière se rapportant à notre devoir d’état, et aussi sa volonté de bon plaisir manifestée par les évènements que nous ne prévoyons pas : contrariétés, maladies et épreuves de toutes sortes.
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La volonté de Dieu que nous devons absolument accomplir pour aimer Dieu de tout notre cœur, et ainsi parvenir au salut éternel, est écrite pour nous principalement dans les Cœurs sacrés de Jésus et de Marie, comme elle était écrite pour Jésus et Marie dans le grand livre de la prédestination, qui s’intitule, dit saint François de Sales, « la sainte Volonté de Dieu ». Ce grand livre de la sainte volonté de Dieu est ouvert aux âmes dans la mesure de leur pureté ; c’est pourquoi, comme aucune autre personne, Jésus et Marie pouvaient y lire chaque jour les moindres détails pour les mettre en pratique par un « fiat » continuel d’adoration. À nous, pauvres pécheurs, qui très souvent ne voyons pas bien la volonté de Dieu à cause des forts et subtils attachements que nous avons à notre volonté propre, sont donnés les Cœurs de Jésus et Marie comme de très vives lumières, qui révèlent en gros caractères à nos yeux les détails de la volonté de Dieu sur nous personnellement.
C’est ainsi qu’il nous faut apprendre à lire dans les Cœurs de Jésus et de Marie les vertus qu’ils ont pratiquées tous les jours dans l’entier renoncement à leur volonté propre, embrassant toujours avec amour la volonté souveraine de Dieu qui se manifestait à eux, peu à peu, dans tous les évènements les menant vers le sommet du divin Amour : la Croix, unique source du bonheur éternel.
Les vertus qu’il nous faut surtout pratiquer dans l’union à l’esprit d’adoration des très saints Cœurs de Jésus et Marie sont :
- D’abord une constante disponibilité à faire la volonté de notre Père du ciel. Comme Jésus, qui entrant dans le monde, dit au Père : « Je viens, mon Dieu, pour faire votre sainte volonté ». Comme Marie qui s’écrie : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre Parole ».
- Cette totale disponibilité, pour être vraie, exige l’humilité, c’est-à-dire le plus complet détachement de soi-même, et pour cela une très grande patience et douceur avec tout le monde et en toutes choses.
- Enfin la simplicité d’un cœur d’enfant, plein de cette confiance absolue dans la bonté du Père qui obtient infailliblement sa grâce et permet de remporter avec notre divin Sauveur la Victoire des victoires.
J.-R.B.