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Réflexions sur Luther, la Réforme, et G.K Chesterton


Martin Luther, à gauche (bien sûr) et G. K. Chesterton, à droite.

Par Dale Ahlquist (The Catholic World Report) — Traduit par Campagne Québec-Vie ― Image (montage de Dale Ahlquist) : Wikimedia Commons

Martin Luther eut l’occasion de devenir l’un des plus grands saints de l’histoire de l’Église [hum, hum…]. Mais, il ne croyait pas qu’il réformait une Église simplement parce qu’elle avait besoin d’un peu de ménage.

Je m’inspire ici de mon précédent article portant sur la Réforme, The Bible, the Reformation, and G.K. Chesterton, parce que j’ai laissé entendre que la Réforme avait été lancée par des protestants. Apparemment, je n’ai pas pris assez de temps pour attaquer l’Église catholique, qui, comme tout le monde le sait, est responsable de la création de Martin Luther et compagnie.

Mais puisque nous sommes encore au milieu de notre année de célébration du geste de menace halloweenesque de Luther à la porte de la cathédrale de Wittenburg et de tout ce qui a suivi, nous pouvons certainement nous permettre de prolonger un peu plus longtemps cette discussion.

Mettons les choses au clair. Il y a 500 ans, il y avait une grande corruption dans l’Église catholique. Les évêques et les abbés retenaient ouvertement de l’argent, gardaient auprès d’eux des maîtresses et utilisaient leur privilège ecclésiastique pour obtenir du pouvoir politique. Les ventes d’indulgences se faisaient sans contrôle et causaient des dommages incalculables non seulement à la vraie piété, mais aussi à la bonne compréhension du Purgatoire et des prières pour les défunts. Ce fut un scandale de grande envergure dans toute la chrétienté.

Mais il n’y a pas que Martin Luther qui s’y soit opposé. Sainte Catherine de Sienne et sainte Brigitte de Suède, entre autres, ont affronté la hiérarchie sans peur et parfois avec beaucoup d’efficacité. Et ce n’était pas comme si cela ne s’était jamais produit auparavant. Trois siècles et demi plus tôt, un petit frère du nom de François d’Assise avait transformé une Église mondaine en choisissant simplement de vivre sa propre vie selon ce que Jésus avait prêché dans les Évangiles. Le résultat ? Une véritable réforme.

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Martin Luther eut l’occasion de devenir l’un des plus grands saints de l’histoire de l’Église [ahum, hum, hum !]. Mais, il ne croyait pas qu’il réformait une Église simplement parce qu’elle avait besoin d’un peu de ménage. Il a explicitement dit que l’on ne doit pas condamner une doctrine sur la base du fait que l’homme qui la détient est un grand pécheur. Au contraire, « Le Saint-Esprit… est patient avec les faibles dans la foi, comme l’enseigne Romains 14:15… J’en aurais très peu contre les papistes s’ils enseignaient la vraie doctrine. Leur vie malfaisante ne ferait pas grand mal ».

C’est ce qui ressort de la bouche du réformateur. Il ne s’est pas séparé de l’Église catholique à cause de prêtres et d’évêques qui étaient mauvais. Il pensait et enseignait que la doctrine catholique était fausse. Il a rejeté le Magistère, l’autorité d’enseignement de l’Église.

Si les évêques avaient déchiré leurs robes et revêtu le sac et la cendre, cela aurait peut-être fait un grand bien à l’Église et au monde, mais rien ne prouve que cela aurait fait changer d’avis Luther, car ce qui était dans son esprit était une nouvelle théologie.

Des hypocrites qui ont refusé des disciples potentiels du Christ tout au long de l’histoire de l’Église, cela arrive encore. Mais cet argument ne va pas plus loin. Si le non-croyant veut blâmer les évêques corrompus de ses propres doutes sur la vérité de la foi catholique, pourquoi n’est-il pas ramené à l’Église par le témoignage des saints ? Pourquoi saint François d’Assise ou sainte Catherine de Sienne, ou la plus récente sainte Thérèse de Calcutta, ne suffisent pas à lui faire surmonter ses doutes sur l’Église ? Les saints inspirent la sainteté parce qu’ils sont saints. Les rebelles inspirent la rébellion. Même contre eux-mêmes. La sainteté est toujours une meilleure option que de se séparer de l’Église fondée par Jésus-Christ et mise en mouvement par ses Apôtres choisis. C’est cette Église qui a construit la chrétienté.

Mais comme l’a fait remarquer un observateur, la rébellion de Martin Luther ne visait pas un pape corrompu, elle était dirigée contre un tranquille frère dominicain qui était mort depuis plus de 200 ans. Saint Thomas d’Aquin.

G.K. Chesterton dit : « C’était la vie même de l’enseignement thomiste, le fait que l’on puisse faire confiance à la raison : c’était la vie même de l’enseignement luthérien, l’idée que la raison soit totalement indigne de confiance. »

Saint Augustin, un vrai saint et un géant parmi les convertis, était limité sur un point. La seule philosophie qu’il connaissait était celle de Platon. Saint Thomas d’Aquin introduisit Aristote dans la philosophie chrétienne, et les augustins platoniciens ne l’ont jamais vraiment accepté. Ils avaient une approche différente de la réalité objective. L’un de ces augustins était un moine nommé Martin Luther. Chesterton soutient que la Réforme était en fait la revanche des platoniciens. On pourrait dire qu’elle a commencé par une différence d’accent, on pourrait suggérer qu’elle a commencé par une querelle de moines, mais l’accent mis par Luther sur l’émotion plutôt que sur la raison, sur la vérité subjective plutôt que sur la vérité objective, et malheureusement, sur le déterminisme plutôt que sur le libre arbitre, a ouvert la porte à une attaque non seulement contre le scolastique, mais contre toute la philosophie.

Le luthéranisme, dit Chesterton, « avait une théorie qui consistait en la destruction de toutes les théories ; en fait, il avait sa propre théologie qui était elle-même la mort de la théologie. L’homme ne pouvait rien dire à Dieu, rien de Dieu, rien sur Dieu, excepté un cri presque inarticulé à la miséricorde et à l’aide surnaturelle du Christ, dans un monde où toutes les choses naturelles étaient inutiles. La raison était inutile. La volonté était inutile. L’homme ne pouvait pas plus se mouvoir qu’une pierre d’un pouce. L’homme ne pouvait pas plus se fier à ce qui se trouvait dans sa tête qu’à un navet. Il ne restait rien sur la terre ou dans le ciel que le nom du Christ lancé dans cette imprécation solitaire ; aussi horrible que le cri d’une bête se tordant de douleurs. »

Saint Thomas et Luther sont « les charnières de l’histoire » et Luther a réussi à tisser une toile assez grande pour offusquer l’immense figure d’Aquin. « Luther a débuté l’esprit moderne qui dépend de choses non uniquement intellectuelles. » C’était une personnalité forte. C’était un tyran. Il revendiquait l’autorité des Écritures, puis il a modifié les Écritures elles-mêmes, en ajoutant un mot ici et là dans sa propre traduction pour l’adapter à sa propre théologie. Face à cet acte, « il se contentait de crier à tous les chahuteurs : “Dites-leur que le Dr Martin Luther le fera ainsi!” C’est ce que nous appelons maintenant la Personnalité… Il a détruit la Raison; et y a substitué la Suggestion ».

Luther et tous les autres réformateurs ne peuvent pas blâmer l’Église pour les conséquences de leurs propres actions. Il est typique de parler de la corruption de certains évêques en Allemagne, mais personne ne semble vouloir discuter de l’hérésie réelle de Martin Luther et de tout ce qui s’est passé dans son sillage, de l’éclatement du christianisme en milliers de confessions différentes à la désintégration de la philosophie en une spéculation détachée, étroite et bizarre de l’autre, parce que nous avons perdu le bon sens, la raison et la réalité qui étaient autrefois si clairement articulées par saint Thomas d’Aquin.



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