Par Melanie Pritchard de LifeSiteNews - traduit par Campagne Québec-Vie
Ella, ma fille de quatre ans, a reçu pour Noël, de la part d’un membre de la famille, une poupée qui était vêtue d’une jupe rose et légère et d’une camisole à bretelles spaghetti accompagnée d’une veste. À la plus grande surprise et joie de ma fille, elle a aussi reçu le même ensemble que celui de sa poupée, mais à sa taille. Elle s’est aussitôt changée pour faire la paire avec sa poupée. Je les appelle désormais les « jumelles terribles » puisque ma fille s’est arrangée pour porter le même ensemble que sa poupée durant les quelques jours qui ont suivi Noël.
À cause de leur complémentarité, j'aime beaucoup les ensembles que portent ma fille et sa poupée. Par contre, je n’autorise pas ma fille et sa poupée à porter leurs bretelles spaghetti sans que quelque chose ne couvre leurs camisoles. Certaines personnes pourraient penser que j’exagère ou même pourraient me traiter de prude, mais je joue mon rôle parental avec un avantage. En effet, je possède une connaissance approfondie des relations entre les parents et leurs filles adolescentes. Puisque cela fait 15 ans que j’organise des conférences pour les parents et leurs adolescentes, j’ai gagné une connaissance exhaustive des « batailles qui semblent perdues d’avance » qu’ont les parents avec leurs filles adolescentes et leurs garde-robes.
Une de ces batailles concerne les camisoles à bretelles spaghetti portées sans que quelque chose ne couvre les épaules. Oui, je dois l’admettre, ma fille de quatre ans n’a pas l’air immodeste lorsqu’elle essaie de porter sa camisole à bretelles spaghetti. Elle parvient à conserver son air innocent et digne. Donc pourquoi n’autorisé-je pas ma fille à commencer à porter ce genre de camisoles à l’âge de quatre ans? Parce que la bataille qu’elle et moi aurons inévitablement au sujet des camisoles sera beaucoup plus facile à gagner si les normes chez nous ne changent jamais. Il en va de même pour les maillots de bain deux-pièces et tout autre vêtement qui ne protégeront pas sa dignité et son mystère quand elle sera davantage femme et moins fillette.
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Même si c’est l’hiver et qu’il fait froid, et même si Ella n’a que quatre ans, elle a testé les limites en essayant de porter sa camisole. Elle m’a suppliée de la porter sans veste. Elle est allée, sans me le dire, demander à son père et à sa grand-mère si elle pouvait le faire. C’est en fait assez amusant à regarder puisque je peux déjà m’imaginer comment elle sera une fois rendue adolescente. Je me suis assise et je lui ai dit : « Ella, on ne peut pas porter une camisole à bretelles spaghetti sans veste par-dessus parce que nous sommes tellement belles, et que ces camisoles ne protègent pas notre incroyable mystère. Maman n’en porte pas sans mettre quelque chose par-dessus, et ce n’est pas quelque chose qui te sera permis de faire, ni maintenant, ni lorsque tu seras plus vieille. » Nous avons bavardé encore un peu à ce sujet, puis elle a dit : « D’accord maman, je veux protéger mon mystère, donc je vais porter la veste. » Pas de larmes, pas de disputes, simplement une candide compréhension imprégnée de respect pour maman. Mais a-t-elle vraiment bien compris?
Quelques jours plus tard, nous sommes allés déguster des tacos dans un restaurant local. Nous étions assis à notre table en attendant notre repas lorsqu’Ella a agrippé mon bras et m’a tirée vers elle. Elle a alors pointé du doigt la serveuse aux formes très féminines qui portait une camisole à bretelles spaghetti, camisole qui ne cessait d’ailleurs de monter et révéler son ventre et qui accentuait et révélait sa poitrine très large. Ella a chuchoté à mon oreille : « Maman, son mystère n’est pas protégé. Elle porte des bretelles spaghetti, et ce n’est pas modeste. »
Ella l’a vu d’elle-même. Ça a cliqué pour ma fille de quatre ans. Elle a toutefois commencé à avoir un léger ton de jugement dans sa voix quand elle a continué à parler de cette femme. Je lui ai gentiment expliqué :« Ella, nous ne pouvons pas la juger ou parler dans son dos. Peut-être qu’elle ne connaît pas son beau mystère et les raisons pour lesquelles elle devrait le protéger. À la place, nous devrions prier pour que Dieu lui révèle tout cela, et qu’elle comprenne à quel point elle est spéciale. » Ella a été satisfaite de ma réponse et a accepté de prier pour elle.
Je connais les effets que l’immodestie peut avoir sur l’estime de soi des jeunes filles et sur les décisions qu’elles peuvent prendre. Je l’ai entendu dans leurs larmes et leurs blessures, lorsqu’elles ont partagé avec moi leurs tristes et douloureuses histoires. Je ne juge pas les femmes qui s’habillent de façon immodeste; je les connais trop bien. J’ai déjà été l'une d'entre elles. Je souffre pour elles. Je ne peux pas parler au nom de toutes les femmes qui s’habillent de façon peu modeste, mais les milliers d’entre elles que j’ai rencontrées m’ont révélé, avec une honnêteté brute, qu’elles s’habillaient de la sorte non pas parce que c’était mignon ou populaire, mais parce que c’était une façon pour elles de se faire remarquer. Comme beaucoup d’entre nous, elles avaient le désir ardent de sentir qu’elles étaient importantes, elles avaient le désir de se sentir aimées. Même si agir ainsi impliquait d’aller à l’encontre de ce que leur indiquaient les plus profonds désirs de leur cœur, elles étaient prêtes à laisser tomber leurs standards pour la simple possibilité de se sentir désirées, même si ça ne durait jamais vraiment longtemps. Mais elles ont aussi avoué que, même si elles se sentaient bien dans les moments où elles se savaient remarquées ou désirées, le sentiment était affreux lorsqu’elles réalisaient que la personne dont elles avaient cherché l’attention n’avait en fait aucun intérêt pour qui elles étaient vraiment.
Mon but avec Ella n’est pas de la restreindre, mais de la libérer. Quand elle va être adolescente, si nous avons une autre conversation sur les camisoles à bretelles spaghetti, je ne crois pas qu’elle s’éternisera. Je n’aurai pas à lui expliquer pourquoi la modestie est importante ou pourquoi, soudainement, cette sorte de camisole n’est désormais plus permise pour elle. Elle va avoir travaillé pour faire de ce choix vertueux une habitude depuis ses quatre ans. Elle va avoir pratiqué la modestie durant des années grâce à mes conseils.
Les parents considèrent la bataille des vêtements avec leurs adolescentes comme perdue d’avance, car, selon moi, plusieurs d’entre eux ne savent pas comment aborder cette notion complètement nouvelle avec leurs filles. Ces dernières n’ont sans doute pas eu la chance de pratiquer la vertu de modestie durant leur enfance ou n’ont pas eu l’occasion d’en faire une habitude. Comme toutes les vertus, la modestie se raffermit par la pratique.
Je rencontre plusieurs parents qui ont permis à leurs filles de porter des bretelles spaghettis, des tops tubes, des leggings en guise de pantalons, des maillots de bain deux-pièces et d’autres sortes de vêtements de ce genre alors qu’elles étaient encore jeunes et n’avaient pas encore réellement de formes. Mais il est arrivé un temps où ils sont devenus extrêmement inconfortables à l'idée que leur belle, féminine, innocente jeune fille porte ce genre de vêtements en public. Les pères sont de loin les plus outrés quand ils viennent me parler. Ils connaissent les garçons adolescents, car ils en ont tous déjà été un. Ils sont outrés par la façon qu’ont leurs filles de s’habiller, mais la bataille est tellement de grande envergure qu’ils n'essaient rien et laissent leurs filles porter ce qu’elles désirent.
Et à vous toutes, jeunes filles à qui les parents ont imposé de nouvelles règles en clamant le principe de modestie alors que vous n’en aviez jamais entendu parler avant et n’aviez aucune idée des raisons pourquoi il était important, je compatis pour vous. Vous avez passé toute votre vie à penser qu’il était parfaitement adéquat de porter des vêtements qui sont maintenant devenus inadéquats et jugés inappropriés. Même si c’est pour de bonnes raisons et pour votre protection, je peux imaginer que la situation vous semble confuse, dans la mesure où vous avez porté durant des années des vêtements que vos parents vous ont une fois achetés, et dans lesquels vous vous sentez désormais confortables.
Ça doit être difficile de découvrir qu'il n’est plus acceptable pour vous de les porter. Même si je ne vous approuve pas, je peux comprendre pourquoi vous vous disputez avec vos parents à ce sujet. Ça porte à confusion. Même si c’est nouveau pour vous, vos parents ont le devoir de vous protéger, et la modestie va protéger votre chasteté et votre dignité. Ça offre une protection envers le risque de devenir l’objet de désir dans le regard de quelqu’un. Ça vous offre la liberté. Le fait de protéger votre beau mystère va indiquer aux autres que vous exigez d’être remarquées pour ce que vous êtes comme personne à part entière : votre corps, votre pensée, votre cœur et votre âme. Ça va exiger que les autres découvrent la personne unique et irremplaçable que vous êtes. Ça a la capacité de vous libérer du risque d’être utilisées ou instrumentalisées, ce qui s'éloigne des plus profonds désirs de votre cœur. Ça vous libère afin de vous faire remarquer et aimer de la bonne façon.
Comme je le mentionne plus haut, j’ai l’avantage d’avoir de l’expérience concernant les relations entre les parents et leurs adolescentes. J’ai eu l’avantage de connecter à plusieurs reprises avec le cœur des adolescentes pendant des années. Plusieurs de mes idées quant à mon rôle parental sont issues de cette perspective, ce qui explique pourquoi je veux aider mon enfant à travailler très tôt sur de bonnes habitudes de modestie, parce que je vois tous les défis que cela peut poser avec le temps. J’applaudis tous les parents qui essaient de faire découvrir à leurs enfants, peu importe l’âge, la vertu de la modestie.
Comme parent, je fais beaucoup d’erreurs, et j’apprends quotidiennement. Être parent aide à l’humilité. Je suis très informée au sujet du renforcement des vertus chez les enfants puisque j’y ai dédié ma vie. Il y a cependant plusieurs autres aspects du rôle parental qui me sont inconnus et où je sens que je ne réussis pas très bien. Mais je ne m’en fais pas. Il y a une phrase qui m’aide à reconsidérer mes priorités : « Il n'est jamais trop tard pour redresser la situation. »
Il y a des aspects que j’ai laissés aller, ce qui a formé de mauvaises habitudes chez mes enfants. Et parfois, il serait plus facile de les laisser aller parce que travailler à changer ces comportements serait extrêmement difficile et demandant. Je dois constamment me rappeler que mon mari et moi allons être les exemples les plus importants dans la vie de nos enfants. Nous avons la possibilité de travailler sur leur caractère et sur les habitudes qui vont les suivre toute leur vie. Quand je constate des lacunes maternelles, j'essaie de redresser la situation. Ça a parfois été difficile de faire comprendre à mes enfants pourquoi les choses changeaient, mais le défi en a toujours valu la peine, spécialement quand je les vois aujourd’hui grandir en force, en motivation et en vertu.
Si vous êtes parent et avez échoué dans votre tentative d’aider votre enfant à se bâtir des habitudes de vie vertueuses, sachez que vous n’êtes pas seuls. Ne vous découragez pas. Aujourd’hui est un jour nouveau. Il n’est JAMAIS trop tard pour redresser la situation. Je souhaite que vous et moi trouvions toujours la force et la détermination nécessaire afin d’atteindre nos buts parentaux, et que nous n’oubliions jamais que nous sommes l’influence la plus importante dans la vie de nos enfants. "