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Nationalisme ou racisme ?

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Par l’historien Jean-Claude Dupuis, Ph. D. — Photo : Jeangagnon/Wikimedia Commons

La gestion du phénomène migratoire est le problème politique le plus préoccupant qui se pose actuellement aux sociétés occidentales. Le débat devient vite émotif. À gauche, on lance à tort et à travers des accusations de « racisme ». À droite, on sombre dans l’islamophobie primaire.

L’historien québécois Michel Brunet (1917-1985) faisait une distinction qui aide à comprendre la dynamique, souvent complexe, des rapports interethniques. Il appliquait sa grille d’analyse à la rivalité qui oppose les deux nationalités qui habitent la vallée du Saint-Laurent depuis la Conquête de 1760 : les « Canadiens » et les « Canadians », pour reprendre son langage. Mais nous pourrions facilement l’appliquer à d’autres types de tensions interethniques.

Selon Brunet, une même personne peut envisager son rapport avec l’autre ethnie d’une manière variable, selon qu’il situe ce rapport sur le plan collectif/collectif, collectif/individuel, individuel/collectif ou individuel/individuel.

Illustrons le raisonnement du professeur Brunet par le cas d’un jeune étudiant nationaliste que j’ai connu à l’Université de Montréal au début des années 1980. À première vue, il pouvait sembler plein de contradictions. Mais son attitude était en réalité cohérente à la lumière de la grille d’analyse de Michel Brunet.

Sur le plan collectif/collectif, ce jeune homme était un ardent nationaliste canadien-français. Il était en faveur de l’indépendance du Québec et de la Loi 101. À ses yeux, la minorité anglo-québécoise devait être « remise à sa place ». Le Québec était la patrie exclusive des descendants des colons français du XVIIe siècle. Les autres groupes ethniques pouvaient être tolérés, mais ils ne devaient pas exercer le pouvoir, que ce soit sur le plan politique, économique ou culturel.

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Sur le plan collectif/individuel, ce jeune homme n’aimait pourtant pas que la fameuse Loi 101 vienne embêter un petit commerçant anglophone de l’Ouest de Montréal. Que l’État impose l’affichage unilingue français aux grandes firmes colonialistes comme Eaton ou Sun Life, soit. Mais pourquoi interdire à un petit restaurant de la classe ouvrière, comme le Miss Westmount, d’afficher un menu bilingue ? Il comprenait que les anglophones puissent défendre leur langue, car il défendait lui-même sa propre langue française.

Sur le plan individuel/collectif, il avait une grande admiration pour la culture anglo-saxonne : le parlementarisme britannique, la Common Law, la Royal Navy, Shakespeare et même Sa Gracieuse Majesté la Reine. Il avait accroché un Union Jack au mur de sa chambre. Il lisait le Globe and Mail de Toronto pour mieux connaître l’esprit du Canada anglais. Il allait parfois manger au Miss Westmount.

Sur le plan individuel/individuel, ce garçon avait des amis de toutes les nationalités. Les étrangers étaient impressionnés par l’intérêt et par les connaissances qu’il démontrait pour leur pays d’origine, qu’il s’agisse de l’Alberta ou du Liban. On ne trouvait chez lui aucun esprit de clocher. Il était ouvert aux réalités du vaste monde. En tant que nationaliste canadien-français, il appréciait le nationalisme des autres peuples, y compris celui des Canadiens anglais.

Le nationalisme de ce jeune homme était résolument ethnique et ultraconservateur. Il s’inspirait du « nationalisme intégral » de Lionel Groulx et de Charles Maurras. Les gauchistes bien-pensants le qualifiaient évidemment de « raciste ». Il acceptait cette étiquette diffamatoire par esprit de provocation. Mais l’était-il vraiment ? Bien sûr que non. Certes, il pouvait sembler xénophobe si l’on ne tenait compte que du niveau collectif/collectif de son discours. Mais cette fausse impression se dissipait à la lumière des autres niveaux de relations interethniques.

Je vous laisse deviner qui était ce jeune étudiant nationaliste de droite. Un seul indice : il est aujourd’hui moins jeune, mais il n’a pas tellement changé d’idée.



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