Saint Jean-Baptiste, patron des Canadiens français — anniversaire de la chute de Roe
Saint Jean-Baptiste par le Titien.
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo : Museo del Prado/Wikimedia Commons
Saint Jean-Baptiste, « précurseur du vrai Dieu » comme le chante notre hymne national, est pour ainsi dire l’âme de la nation canadienne-française. Jean-Baptiste qui est « la voix de celui qui crie dans le désert : Rendez droit le chemin du Seigneur » (Jn 1,23) a consacré sa vie à la glorieuse mission que Dieu lui avait confiée : préparer les âmes à la venue du Christ.
C’est d’une mission similaire que notre nation a été investie : porter l’évangile du Christ aux peuples d’Amérique du Nord, pour apporter « la vraie lumière, qui éclaire tout homme venant en ce monde » (Jn 1,9). Et c’est avec zèle que nos ancêtres, dignes hérités de la France catholique, se sont acquittés de cette tâche divine. Notre nation est demeurée chrétienne jusqu’à récemment, rayonnant à travers le monde cet esprit missionnaire.
Le Pape saint Pie X ne s’y est pas trompé quand il nous a donné pour patron l’illustre saint Jean-Baptiste. Le Pape Pie X a attribué, fait particulier, Jean-Baptiste à un peuple, les Canadiens français, et non à un territoire, ce qui montre qu’il comprenait avec pertinence la situation de notre nation.
La décadence et la disparition de notre nation ont commencé avec le rejet de la foi de ses ancêtres, de la foi de Jean-Baptiste. Tant que notre peuple a été fidèle a sa foi, il n’a cessé de grandir et de s’accroître. Quand il est devenu « laïciste », ou du moins une partie de celui-ci, il s’est divisé, adoptant toute sorte de pratiques abjectes, comme l’avortement, à tel point que ses dirigeants proclament que cette dernière pratique fait partie des « principes fondamentaux du Québec ». Absurdité sans nom ! On ne fonde pas un peuple sur ce qui le détruit. Une nation ne peut pas être une nation si elle tue sa descendance, sa natalité : elle cesse d’être...
Saint Jean-Baptiste a été un farouche défenseur du mariage. Il est significatif que ce soit en défendant cette sainte institution que l’« homme envoyé de Dieu » (Jn 1,6) a perdu la vie, c’est dire en effet l’importance du lien matrimonial et de son importance en tant que fondement de la famille.
Ainsi, demandons à saint Jean-Baptiste qu’il nous obtienne le courage et l’humilité qui l’animaient afin d’être comme lui d’ardents hérauts du Christ et pour défendre les vraies vertus du Canada français, dont l’une des plus éminentes est le respect du mariage et de la famille.
Aujourd’hui, en plus de la Saint-Jean, c’est le premier anniversaire de la chute du jugement Roe vs Wade chez nos voisins étatsuniens, une victoire majeure pour les pro-vie dans ce pays et signe d’espoir pour tous les pro-vie du monde. C’est, en effet, le jour habituel de la Nativité de saint Jean-Baptiste, et exceptionnellement de la fête du Sacré-Cœur, que le jugement Dobbs, invalidant Roe, a été rendu en 2022.
Vous souhaitant une bonne Saint-Jean,
Augustin Hamilton
Une élève défend ses origines catholiques face au professeur qui les dénigrait
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) ― Photo : WavebreakMediaMicro/AdobeStok
Nous vivons à une étrange époque où il est courant que l’on couvre d’opprobres la civilisation occidentale et la religion catholique qui en a été le soutien primordial, que le dénigrement provienne de personnes d’autres origines et religions est une chose, mais que des Occidentaux se prêtent à leur propre déconstruction est plutôt inconcevable ; comment peut-on se haïr à ce point ? Toujours est-il qu’au Québec, qui est l’objet particulier de mon propos, la haine contre le Canadien français est assez forte dans le domaine de l’instruction, prenant la forme paradoxale d’une chasse aux racistes ! Oui, l’idéologie « woke » ou dite « éveillée » veut que le « blanc » soit par nature raciste, consciemment ou non (belle théorie raciste, non ?). Ainsi, une véritable chasse aux sorcières s’opère sur les réseaux sociaux pour lyncher publiquement les malheureux élèves, ou des professeurs, victimes de la vindicte d’élèves « racialisés ».
Cette agréable atmosphère règne donc entre les élèves qui se considèrent « racialisés » et leurs congénères canadiens-français, les premiers n’ayant aucun scrupule à dénigrer ces derniers qui ont fort peu d’armes pour défendre l’honneur de leurs origines ou de la religion catholique, n’ayant eu en la matière qu’une image assez peu flatteuse de celles-ci dans les cours mêmes d’« histoire » dont on leur farci le crâne à l’école. Nombre de professeurs d’ailleurs ne se gênent pas pour fouler aux pieds l’histoire de leur nation, faisant l’éloge de l’idéologie « éveillée » et étalant leurs opinions politiques en classe.
Mais il existe encore des gens pour porter le flambeau de notre histoire et communiquer leur amour de la nation canadienne-française et du catholicisme. Dans une lettre adressée à Nomos TV, chaîne de réinformation nationaliste, deux hommes dans la vingtaine expliquent aux auteurs de cette chaîne leur influence bénéfique sur eux et leur famille, développant en eux la fierté d’appartenir au peuple qui est le nôtre. Ils rapportent un incident qui est survenu alors qu’un professeur déblatérait encore une fois sur le Canada français et le catholicisme dans sa classe de secondaire 5 ; leur sœur de 16 ans décida de remettre à sa place ce professeur (transcription d’un passage de la lettre lue sur l’émission de Nomos TV) :
Cependant, cette fois était une fois de trop pour ma petite sœur, qui décida à d’adopter une position ferme, alors que son professeur d’histoire décide d’humilier le catholicisme, en imposant aux élèves d’imaginer la déception et le malaise qu’ils auraient si une femme de leur famille leur annonçait qu’elle voudrait être une femme religieuse. Elle bouillonne et prend la parole en mentionnant et qu’elle en a marre qu’il étale ses opinions publiques en pleine classe, et qu’il devrait avoir honte de renier ainsi constamment son histoire nationale et d’inciter tous ses élèves à faire de même, en lui mentionnant qu’il ne serait probablement même pas là si ce n’était du catholicisme, puisqu’il encourageait des taux de natalité extrêmement élevés — ce qui sauva indubitablement la nation canadienne-française. Elle lui exposa aussi sa propre hypocrisie en lui mentionnant devant toute la classe qu’il n’aurait jamais osé parler ainsi d’une autre religion.
Eh bien, le prof a fait des excuses publiques devant toute la classe. Une petite fille de bobo s’est mise à rire avec mépris, et ma sœur l’a ensuite exposée devant toute la classe comme faisant partie du problème. Après le cours, trois élèves sont venus la voir pour la féliciter de sa prise de position totalement décomplexée et de sa fermeté : une chrétienne protestante et deux Arabes. Voilà comment on impose le respect ! Ce prof l’a même interceptée dans le corridor après le cours pour discuter avec elle, pour s’excuser et lui affirmer qu’il ne tiendrait plus jamais ce genre de discours devant ses élèves.
Grâce à votre enseignement, elle se veut maintenant une ambassadrice de la réinformation nationaliste autour d’elle et intervient constamment lorsque ce genre de situation arrive. Les gens autour d’elle commencent à la considérer avec un grand respect. Elle n’a que seize ans. Je ne pourrais être plus fier et je ne saurais jamais assez vous remercier pour le travail que vous faites. Je vous garantis qu’il porte ses fruits. Nous triompherons de la bataille des idées !
Louange et prière à notre patron national : saint Jean-Baptiste
Par l’Abbé J.-Réal Bleau (pour la fête de saint Jean-Baptiste) ― Photo (rognée) : Web Gallery of Art/Wikimedia Commons
La naissance de saint Jean-Baptiste a été célébrée dans l’Église avec une particulière solennité dès les premiers siècles. L’Église-mère de Rome, la Basilique Saint-Sauveur du Latran, est en même temps dédiée à saint Jean-Baptiste. Au jour de sa naissance, on y célébrait au moins trois messes, commençant par une messe de minuit, comme la coutume s’était établie pour la Nativité du Sauveur lui-même.
La raison de cette dévotion spéciale de l’Église primitive à saint Jean-Baptiste est son rôle de Précurseur immédiat du Christ, par lequel il surpasse en dignité tous les prophètes de l’Ancien Testament. Revivait en lui, au témoignage de Notre-Seigneur Jésus lui-même, l’esprit du prophète Élie, unanimement considéré par le peuple d’Israël comme le prophète par excellence.
Outre sa mission unique de Précurseur, qui le distingue parmi tous les amis de l’Époux divin du nouveau peuple de Dieu, Jésus a déclaré saint Jean-Baptiste le plus grand des hommes nés de la femme. Il apparaît au terme de l’Ancienne Alliance comme l’âme la plus élevée qu’elle ait pu produire, résumant en lui toutes les vertus caractérisant l’Attente d’Israël, et tout particulièrement l’esprit de pénitence. « Faites pénitence, prêchait-il à la foule de ceux qui venaient se faire baptiser par lui, car le Royaume de Dieu est proche. »
La pénitence qu’il réclamait comme étant la condition indispensable pour accueillir le Christ signifiait une conversion profonde du cœur, s’exprimant par un repentir sincère de tous ses péchés avec la volonté de se conformer totalement à la volonté de Dieu. Son baptême, bien que n’étant pas un sacrement pouvant remettre les péchés, était un signe extérieur de la contrition intérieure, qui dispose l’âme au pardon divin.
Dieu n’a pas les mêmes critères de grandeur que les hommes. À ses yeux, on est grand dans la mesure qu’on se fait petit, qu’on s’abaisse. Jésus, à la fois Dieu et homme, est Celui qui s’est le plus abaissé : il ne peut exister d’abaissement plus prodigieux que l’incarnation du Fils de Dieu. C’est pourquoi aucun homme ne peut lui être comparé. Il est infiniment au-dessus de tout ce que le monde ne pourra jamais considérer de grand. Saint Jean-Baptiste était pénétré de cette vérité. À cause de sa réputation extraordinaire de sainteté, plusieurs de ses disciples l’honoraient comme étant le Christ. Mais lui, de leur rétorquer vivement : Je ne suis pas le Christ ; je ne suis même pas digne de m’incliner à ses pieds pour délier les courroies de ses sandales. Je ne suis qu’un souffle qui s’évanouit, la voix de celui qui crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur. Il doit grandir de plus en plus dans votre estime. Quant à moi, il faut que je diminue, que je m’efface totalement devant Lui. Allez donc à Lui. Lui seul est l’Agneau sans tache envoyé par Dieu pour porter sur lui et expier tous les péchés du monde, et ainsi sauver l’humanité entière.
Lire la suiteSaint Jean-Baptiste, « précurseur du vrai Dieu »
Saint Jean-Baptiste reprochant à Hérode Antipas d'avoir pris Hérodiade, la femme de son frère.
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo : Palais des Beaux-Arts de Lille/Wikimedia Commons
Le vingt-quatre juin, nous fêtons la nativité de saint Jean-Baptiste, cet homme désigné par le prophète Isaïe comme « voix de celui qui crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers » (Matthieu, 3 : 3).
Ce fut aussi l’homme qui eut le privilège accordé par Dieu de baptiser le Christ dans le Jourdain, bien qu’il affirmât : « je ne suis pas digne de délier, en me baissant, la courroie de ses sandales » (Marc, 1 : 7), ne s’estimant pas digne d’occuper la place du dernier des esclaves. Humble Jean-Baptiste !
Pourtant, il avait été purifié dès la visite de la Vierge Marie alors portant en Elle le Christ, « Car voici, dès que votre voix a frappé mon oreille, quand vous m’avez saluée, l’enfant a tressailli de joie dans mon sein » (Luc, 1 : 44), s’écria Élisabeth, la mère du précurseur.
C’est lui qui traitait les pharisiens et les sadducéens de « race de vipères » (Matthieu, 3 : 6) ; que ne dirait-il pas de notre époque dépravée et hypocrite ?
N’oublions pas le courage qui animait saint Jean, et son amour pour la vérité, le poussant jusqu’à reprocher au tyran Hérode Antipas d’avoir pris la femme de son frère, « il ne t’est pas permis d’avoir cette femme » (Matthieu, 14 : 4), ce qui lui coûta la tête.
Souvenons-nous enfin (que la devise du Québec serve à quelque chose…) que saint Jean-Baptiste a été spécialement désigné patron des Canadiens français par le Pape saint Pie X, afin d’être digne de ce que notre hymne national (canadien-français) proclame de notre peuple :
De son patron, précurseur du vrai Dieu,
Il porte au front l’auréole de feu.
LifeSiteNews parle de la Lettre ouverte aux évêques de l’Église catholique au Canada français
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo : katemangostar/freepik
Signez la pétition : Nous demandons la foi : Lettre ouverte aux évêques de l’Église catholique au Canada français
LifeSiteNews, le site canadien d’information pro-vie, parle de la Lettre ouverte aux évêques de l’Église catholique au Canada français envoyée par vingt-neuf hommes à plusieurs évêques du Canada, exposant le désarroi des Canadiens français dans la société moderne, et demandant à ces ecclésiastiques de leur apporter les secours de l’Église catholique dont ils ont été privés, surtout dans leurs formes traditionnelles. Les évêques ayant reçu la lettre, rapporte Lianne Laurence de LifeSiteNews :
D’initiative laïque, la lettre a été envoyée à 23 évêques de diocèses francophones du Canada, ainsi qu’à l’Assemblée des évêques du Québec, au début de novembre, affirme George Buscemi, président de Campagne Québec-Vie, le plus important groupe pro-vie de la province.
Cette lettre, après avoir été signée et envoyée par les vingt-neuf hommes, a été proposée à l’attention du public par Campagne Québec-Vie afin que celui-ci y appose sa signature. Selon LifeSiteNews :
Lire la suiteLa lettre est maintenant sur le site Internet de Campagne Québec-Vie et a été signée par 145 personnes [194 maintenant], dont quelques femmes, ainsi que par le Père Daniel Couture, supérieur du district du Canada de la Fraternité Saint-Pie X, et le Père Jean-Réal Bleau, prêtre diocésain de longue date à Montréal.
Lettre ouverte aux évêques de l’Église catholique au Canada français
Par Julien Bertrand — Photo : jcomp/freepik
[Les signataires de cette magnifique lettre ouverte sont des étudiants universitaires, un médecin et deux avocats. Vingt-neuf hommes en tout allant de 21 ans à 44 ans. Ils ont décidé pour le moment de garder l’anonymat, certains ayant conscience des conséquences qu’une telle lettre pourrait avoir sur leur emploi, ou leurs études. — A. H.]
Signez ici la pétition « Nous demandons la foi »
Octave de la Toussaint, 2019
Éminence, Excellences,
Nous vous adressons cette lettre pour trois raisons : d’abord, pour vous confier les nombreux maux dont souffrent les hommes canadiens-français, ensuite, pour vous témoigner des grâces innombrables que nous recevons à travers la Foi catholique sous sa forme traditionnelle et finalement, pour vous supplier de rendre accessible au plus grand nombre ce Trésor qui nourrit nos âmes et nous élève vers Dieu.
Une vie de souffrances
Tous les jours, nous sommes témoins des effets dévastateurs que produit sur nos compatriotes une société tournée vers l’Homme plutôt que vers Dieu. De sa conception jusqu’à sa mort, le Canadien français est mesuré à l’échelle de son utilité pour la société de consommation, plutôt qu’à l’aune brûlante d’Amour de son divin Créateur. Notre peuple vit au quotidien dans une culture de la mort qui lui enlève le goût de vivre et le désir de transmettre la vie. Nos frères et nos amis naissent dans des familles éclatées par le divorce. Ils grandissent sans modèles masculins.
On les gave de médicaments parce qu’ils sont trop turbulents à l’école. De dangereux idéologues leur lavent le cerveau dès le plus jeune âge avec des doctrines perverses et abjectes, qui nient la loi naturelle créée par Dieu et sèment ainsi le doute dans plusieurs esprits crédules. Dès l’adolescence, ils sont confrontés à une sexualité précoce et malsaine influencée par la pornographie. Puis viennent l’alcool, les drogues, les modes vestimentaires et musicales débilitantes, l’intimidation et le suicide de certains amis. Au Cégep, nos jeunes Canadiens français se font enseigner par leurs professeurs marxistes la haine de soi, de sa culture et de ses ancêtres ; ils sont encouragés à vénérer « l’Autre ».
Devenus adultes, ils se trouvent une compagne, mais perpétuent par leurs actions le schéma culturel qu’on leur propose, celui selon lequel la personne humaine est un bien de consommation comme un autre et qu’il est possible de simplement jeter une fois obsolète. Chaque jour, se répète l’infernal cycle matérialiste du « métro-boulot-dodo », afin de permettre aux Canadiens français de consommer le dernier produit inutile qui servira à combler momentanément le vide abyssal qui les habite. Une fois ce produit consommé et l’attrait de la nouveauté ayant disparu, le gouffre creusé par le nihilisme réapparaît et ils repartent à la recherche d’un nouveau produit, d’une nouvelle destination de vacances, ou d’une nouvelle femme à séduire.
À leur tour, ils divorcent, perdent leur emploi, tombent en dépression ; certains ne voient plus leurs enfants. Les médias nous racontent alors un énième cas de « drame familial » et l’homme y est toujours dépeint comme un salaud. Pour ceux qui arrivent à un âge plus avancé, certains vieillissent dans la solitude, abandonnés par leur famille.
D’autres sont retrouvés morts dans leur résidence, plusieurs jours après leur décès. Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de s’éteindre naturellement, il reste toujours l’euthanasie. Évidemment et heureusement, nous ne vivons pas tous l’intégralité de ces souffrances, mais nous sommes quotidiennement les témoins d’un peuple qui se suicide.
Lire la suiteComment notre monde a cessé d’être chrétien
Par l’historien Jean-Claude Dupuis, Ph. D. — Photo : Adobe Stock
Lorsque les historiens tentent d’expliquer la déchristianisation des années 1960, ils s’en tiennent généralement à de vagues idées comme l’évolution des mœurs, les transformations socioéconomiques ou l’émergence des nouveaux moyens de communication. Ces banalités n’expliquent finalement rien.
Mais l’historien Guillaume Cuchet (Université de Paris) va plus loin. Dans son ouvrage, Comment notre monde a cessé d’être chrétien (2018), il accuse le Concile Vatican II d’être directement responsable de l’effondrement. Son étude porte sur la France, mais ses conclusions peuvent s’appliquer, à quelques variantes près, au Québec et à tous les autres pays catholiques.
Le catholicisme français, nous dit Cuchet, n’était pas moribond à la veille du Concile. Les enquêtes du statisticien de l’épiscopat, le chanoine Fernand Boulard, montraient qu’en 1960, 94 % des Français étaient baptisés, 80 % faisaient leur communion solennelle, 60 % payaient la dîme, 60 % s’abstenaient de viande le vendredi, 30 % faisaient leurs pâques et 25 % assistaient régulièrement à la messe dominicale. Lors du recensement de 1872, 98 % des Français s’étaient déclarés « catholiques romains ». En 1960, 97 % des Français pratiquaient encore leur religion, quoique de façon souvent irrégulière. L’anticléricalisme républicain avait échoué. Le catholicisme était même en remontée depuis 1945. Les évêques de France entrevoyaient l’avenir avec optimisme.
Le courant fut inversé avant la fin du Concile Vatican II (1962-1965). Le chanoine Boulard recevait des rapports alarmants de toutes les régions de France. Il constata que le taux de pratique avait chuté de 30 % dès 1965-1966. Les évêques lui ont alors curieusement ordonné de ne plus recenser les fidèles. Les historiens disposent de nombreux chiffres sur le comportement religieux des Français entre 1945 et 1965. Mais après cette date, ils n’ont plus que des données partielles. Les évêques ne voulaient probablement pas révéler au grand jour la faillite de la pastorale conciliaire.
Selon Cuchet, le décrochage n’a pas été causé directement par les textes du Concile, ni par la réforme liturgique, mais plutôt par la « crise de la prédication des fins dernières ». Du jour au lendemain, les prêtres ont cessé de parler de l’enfer, du péché et du caractère obligatoire de la pratique. Ils ont adhéré, plus ou moins consciemment, à la théorie du théologien suisse Hans Urs von Balthasar (1905-1988) : l’enfer existe, mais il est vide. Les simples fidèles se sont alors dit : « Avant, tout était péché. Maintenant, plus rien n’est péché. Ce n’est pas sérieux leur affaire. »
Cuchet souligne l’importance du « catholicisme sociologique » pour le peuple. L’épiscopat français, dit-il, a commis une grave erreur en supprimant la communion solennelle, que l’on faisait vers l’âge de 14 ans. Cette cérémonie était une sorte de rite de passage entre l’enfance et l’adolescence. Les beaux souvenirs de la communion solennelle rattachaient les Français à l’Église catholique durant toute leur vie, et ils contribuaient souvent à les ramener à la foi dans leur vieillesse.
Les modernistes méprisaient la religiosité populaire. Ils prétendaient vouloir « démocratiser » l’Église, mais ils prônaient, en réalité, un « christianisme épuré » digne d’une « élite spirituelle ». Dans une société laïque, disaient-ils, les catholiques seront moins nombreux, mais plus authentiques. Ils oubliaient que Jésus-Christ était venu sur terre pour sauver le grand nombre, et non pas pour louanger une secte de cathares (katharos = pur).
Pour former une majorité, le Peuple de Dieu a besoin d’un État chrétien.
Urs von Balthasar est mort subitement, deux jours avant de recevoir le chapeau cardinalice des mains de Jean-Paul II. Il avait fait dessiner ses futures armoiries. Une image vaut mille mots.
La sacralisation de la Loi 21
François Legault, Premier ministre du Québec.
Par L’historien Jean-Claude Dupuis, Ph. D. — Photo (rognée) : LouisRoyQc/Wikimedia Commons
En présentant la loi 21 sur la laïcité, François Legault a dit qu’il voulait « clore ce débat pour passer à autre chose ». Pourtant, personne ne discutait de cette question au temps de Philippe Couillard, qui avait eu la sagesse d’enterrer ce faux problème inventé de toutes pièces par la Commission Bouchard-Taylor. Depuis l’adoption de la loi 21, on n’a jamais autant parlé de religion au Québec. Si l’objectif était de « clore le débat », c’est raté.
La loi 21, de juridiction provinciale, est même devenue un enjeu de la campagne électorale fédérale. Le Bloc québécois s’est inféodé au gouvernement Legault en exigeant que les leaders des partis fédéraux s’engagent à ne pas la contester devant les tribunaux. On n’a pas fini d’entendre parler du « grave problème » posé par les quelques enseignants qui portent des signes religieux visibles.
Justin Trudeau a eu raison de ne pas fermer la porte à une intervention du procureur général du Canada dans ce dossier. La Cour suprême n’entend que des causes d’intérêt national. Or si la cause est d’intérêt national, le gouvernement fédéral a le devoir d’intervenir. Le tribunal pourrait même exiger qu’il intervienne. Le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, vient du monde du spectacle. S’il connaissait le droit, il ne poserait pas une question aussi stupide.
Mais Blanchet voulait surtout se faire du capital politique en défendant une loi qui est populaire au Québec. Legault a réussi à associer la laïcité au nationalisme. Nos pseudo-nationalistes décérébrés aiment la loi 21 parce qu’elle distingue le Québec du Canada anglais. Elle contribue à définir la nouvelle identité québécoise. La nation française d’Amérique ne s’identifie plus à l’Église catholique, comme au temps de Duplessis, ni à la langue française, comme au temps de René Lévesque, mais à la « laïcité », un concept républicain français dont la plupart des Québécois ignoraient la signification il y a seulement quelques années.
Lire la suiteGroulx réhabilité
Le chanoine Lionel Groulx à son bureau en l'hôtel Jean Bart, à Paris, le 1er mars 1922.
Par l’historien Jean-Claude Dupuis, Ph. D. ― Photo : Université de Sherbrooke/Wikimedia Commons
Maurice Duplessis et Lionel Groulx sont les deux figures emblématiques de la prétendue « grande noirceur ». Or ils sont maintenant, l’un comme l’autre, en voie de réhabilitation.
Charles-Philippe Courtois, qui est professeur agrégé d’histoire au Collège militaire royal de Saint-Jean-sur-Richelieu, a publié en 2017 la première biographie complète du chanoine : Lionel Groulx, le penseur le plus influent de l’histoire du Québec. Il présente notre historien national sous un jour très favorable. Nous ne sommes plus au temps des calomnies d’Esther Delisle sur le « racisme » et « l’antisémitisme » de Lionel Groulx et de ses disciples.
Charles-Philippe Courtois s’est entretenu avec Éric Bédard lors des Rendez-vous d’histoire de Québec 2019. Groulx, dit-il, a été à la fois un historien scientifique, un nationaliste d’avant-garde, un écrivain romantique, un pédagogue novateur et un prêtre conservateur. Ses ouvrages de vulgarisation ont parfois idéalisé notre passé dans un but patriotique. Mais ses travaux d’histoire répondaient aux normes méthodologiques les plus rigoureuses.
Aujourd’hui, Lionel Groulx est perçu comme un « réactionnaire », mais il était en réalité un « contestataire » qui n’hésitait pas à s’attaquer à l’establishment.
Ainsi, Groulx a déboulonné le mythe de la « Conquête providentielle », qui avait été propagé au XIXe siècle par nos élites cléricales et politiques. La Conquête du Canada par l’Angleterre, disait-il, n’a pas été voulue par Dieu pour préserver les Canadiens français des horreurs de la Révolution française. Une conquête ne peut jamais être un bienfait pour le peuple conquis. Et l’empire britannique ne pouvait pas nous protéger des « funestes principes » de 1789 puisque la Philosophie des Lumières, dont ils émanent, est issue de l’Angleterre.
Lire la suiteDuplessis revisité
Maurice Duplessis, Premier ministre du Québec (1936-1939 et 1944 1959).
Par l’historien Jean-Claude Dupuis, Ph. D. — Photo (rognée) : BAnQ/Wikimedia Commons
Le Mythe de la Grande Noirceur a beaucoup de plomb dans l’aile. Lors des Rendez-vous d’histoire de Québec 2019, le jeune historien Alexandre Dumas (UQTR) a présenté Maurice Duplessis sous un jour plutôt favorable. Il n’a sans doute pas l’intention de réhabiliter le Québec d’avant la Révolution tranquille. Mais il trace un portrait plus réaliste de cette époque, car ses travaux ne sont pas entachés par un anticléricalisme primaire.
Alexandre Dumas affirme que le clergé n’appuyait pas systématiquement le régime Duplessis (1936-1939 et 1944-1959). Le Premier ministre libéral, Louis-Alexandre Taschereau (1920-1936), consultait toujours les évêques avant de présenter un projet de loi qui touchait aux relations entre l’Église et l’État, mais pas Maurice Duplessis. S’estimant « bon catholique », Duplessis agissait unilatéralement, sans trop tenir compte des autorités de l’Église.
Contrairement à ce que l’on a vu dans la télésérie Duplessis (1978), ce n’est pas le cardinal Villeneuve qui a suggéré au Premier ministre d’adopter la « loi du cadenas » contre la propagande communiste (1938). L’initiative est venue du seul gouvernement.
L’installation par Duplessis d’un crucifix à l’Assemblée législative s’accordait tellement avec la mentalité du Québec de ce temps qu’elle n’a soulevé aucun débat, ni à la chambre ni dans les journaux. Taschereau avait d’ailleurs posé un geste semblable en ordonnant d’accrocher un crucifix dans toutes les salles d’audience des tribunaux, en 1930.
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