Par Chiara McKenna (Population Research Institute) — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : kwanchaift/Adobe Stock
L'hôpital universitaire de Nottingham, au Royaume-Uni, fait l'objet d'une enquête. Pourquoi ? Parce que cet hôpital public a incité plusieurs couples britanniques à avorter après que des tests génétiques prénataux eurent apparemment révélé que leurs bébés naîtraient avec des malformations congénitales.
Les couples ont suivi les conseils de l'hôpital et ont découvert avec horreur qu'ils avaient avorté de bébés en parfaite santé. Il s'est avéré que, sans que l'hôpital le dise, les tests ne sont pas fiables à 100 %.
La BBC a blâmé l'hôpital pour ce qu'elle a qualifié de tragédie, mais ce n'est pas tout. Il est indéniablement tragique que des bébés en bonne santé aient été condamnés à mort parce qu'on estimait que leur qualité de vie était médiocre. Mais même si ces enfants, par exemple, avaient été atteints de trisomie 21, leur mort aurait été tout aussi tragique.
Ce n'est pas seulement l'hôpital qui a déçu ces couples ; c'est la culture dans son ensemble qui exige des enfants parfaits tout en s'appuyant sur des tests imparfaits. Et c'est une société qui, malgré les horreurs de l'eugénisme nazi, continue à cultiver discrètement l'idée de produire un homme meilleur.
Avec les progrès technologiques, les gens supposent que nos techniques scientifiques sont infaillibles et que nous pouvons jouer à Dieu, en décidant qui vit et qui meurt sur la base de tests génétiques. Il s'agit là d'une erreur flagrante et totale.
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Les tests génétiques prénataux sont loin d'être parfaits. Comme pour la plupart des tests diagnostiques, il y a des échecs et des imprécisions qui sont rarement évoqués avec les patients. Par exemple, la méthode la plus courante de dépistage des anomalies génétiques pendant la grossesse consiste en une analyse du sang de la mère, connue sous le nom de « test prénatal non invasif » (TPNI). Les médecins se vantent souvent du taux de réussite du TPNI, affirmant que le test a 99 % de chances de détecter le syndrome de Down ou la trisomie 18. Il est légèrement moins précis, à 90 %, pour la trisomie 13 et les troubles des chromosomes sexuels [1].
Les gens se sentent rassurés parce que le taux de faux positifs du TPNI pour ces pathologies est faible. Par exemple, le taux de faux positifs pour la détection de la trisomie 21 et de la trisomie 18 est d'environ 1 sur 500 ou 0,2 % [2]. Mais il ne faut pas oublier que le TPNI est devenu une procédure courante pendant la grossesse. Dans le monde, 10 millions de tests TPNI sont effectués en moyenne chaque année [3], ce qui représente 20 000 bébés mal diagnostiqués par an en moyenne. Combien sont avortés ?
Live Action, une association américaine pro-vie à but non lucratif, a déjà signalé que jusqu'à 6 % des futurs parents choisissent d'avorter après un diagnostic inattendu, sans test de suivi pour le confirmer. Cela représente 1 200 bébés en bonne santé avortés chaque année.
Mais à Population Research Institute, nous ne pleurons pas seulement la perte des bébés « parfaits ». Nous pleurons la perte de chaque enfant à naître dont la vie a été étouffée prématurément.
Le recours aux tests génétiques n'est pas le seul problème. Le deuxième problème, encore plus important, est que la réponse conditionnée à un problème génétique chez un enfant à naître est l'avortement. L'eugénisme se perpétue, dans la mesure où la société a convaincu le public de contrôler volontairement la population. Les couples sont conditionnés à élaguer les membres imparfaits de la société en avortant de leur plein gré leurs enfants « imparfaits ».
De nombreux médecins semblent prôner une attitude consistant à « effacer l'ardoise ». Ils agissent comme s'il était tout à fait normal de tuer l'enfant dont on est enceinte pour recommencer une nouvelle grossesse. L'avortement dans ces cas, lorsque le bébé risque d'avoir une qualité de vie inférieure ou est jugé incompatible avec la vie hors de l'utérus, est présenté comme le « choix de la compassion ».
De nombreux médecins, et une grande partie du public, prétendent que l'avortement offre une alternative à la souffrance dans ces cas, pour l'enfant à naître et les parents. En réalité, il s'agit toujours d'une souffrance, mais d'une autre nature. La vérité est que si un enfant est incompatible avec la vie, et si ce diagnostic est correct et inévitable, les parents devront faire face à la douleur de perdre leur enfant. Tuer cet enfant avant qu'il ne meure ne résout pas cette douleur. Au contraire, cela l'aggrave, puisque les parents, ainsi que l'avorteur, deviennent responsables de la mort de l'enfant.
Comme je l'ai déjà souligné, les tests tels que le TPNI ne sont pas intrinsèquement mauvais. Certains futurs parents souhaitent simplement se préparer à leur expérience de la naissance ou aux besoins potentiels de leur enfant. Cependant, certains utilisent ces tests pour déterminer s'ils vont tuer ou non leur enfant à naître, ce qui est incontestablement une grave erreur.
Le contrôle de la population, sous cette nouvelle forme, continue d'être omniprésent dans le monde. Les couples n'ont pas besoin d'être contraints de tuer leur enfant si celui-ci est « indésirable » pour eux d'une manière ou d'une autre. Le premier problème à résoudre est notre dépendance à l'égard des tests génétiques. Le deuxième, et c'est sans doute encore plus important, nous devons dénoncer et contrer la mentalité eugénique selon laquelle l'avortement est la réponse aux imperfections de nos enfants à naître. Nous devons construire une culture de la vie qui soutienne les couples en attente d'un enfant et les motive à mener leur grossesse à terme, même si l'enfant est confronté à un handicap difficile ou à une durée de vie trop courte.
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Une version antérieure de cet article a été publiée le 27 février 2025 sous le titre « Our Culture & The Eugenic Mindset ».
[1] https://www.ohsu.edu/womens-health/prenatal-screening-and-genetics
[2] https://dph.illinois.gov/topics-services/life-stages-populations/genomics/fact-sheets/nipt-providers.html
[3] https://obgyn.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/pd.6296
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