Katy Doran, conçue par procréation assistée en faisant appel à une tierce partie, et militante dans la bataille pour mettre fin à la marchandisation des enfants.
Par Jewels Green (LifeSiteNews) - traduit par Campagne Québec-Vie
6 juillet 2016 - «En tant que personne conçue par un donneur, je ... »
Je n’ai rien entendu après cela. J’avais du mal à saisir ce que cette belle jeune femme venait de dire. Cette technologie n'existe pas depuis assez longtemps pour que les bébés créés de cette façon soient des adultes? Mais attendez une seconde, je pensais, je peux vaguement me rappeler quand le premier bébé-éprouvette a été célébré et OH WOW. Ce fut il y a 35 ans! J'étais abasourdie. On a l’impression que lorsque les gens parlent de technologie de procréation, on a tendance à se concentrer sur, eh bien, les bébés. Les premiers lots de ces bébés ont tous grandi, et plus de quelques-uns ne sont pas trop heureux au sujet des circonstances entourant leur conception.
«Excusez-moi, je viens de vous entendre dire que vous êtes une « personne conçue par un donneur»? Cela signifie-t-il-?».
«Oui, j'ai été conçue en utilisant la reproduction avec l’apport d‘une tierce partie. »
Je me suis fait quelques nouveaux amis au National Right to Life Convention de l'année dernière, en Nouvelle-Orléans, y compris deux adversaires infatigables de la reproduction par tierce partie: Alana S. Newman, rédacteur en chef du livre, “The Anonymous Us Project: A story-collective on 3rd Party Reproduction” et fondatrice de la Coalition contre le trafic de la reproduction; et Katy Doran, la jeune fille dans les extraits de la conversation ci-dessus. Les deux ont été conçues par procréation assistée en faisant appel à une tierce partie et les deux sont des militantes dans la bataille pour mettre fin à la marchandisation des enfants.
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La reproduction avec l’apport d’une tierce partie ne comprend pas seulement la fécondation in vitro (FIV), mais fait également référence à l'insémination artificielle, aux donneurs de sperme et d'ovules et à la maternité de substitution classique et gestationnelle. Dans la FIV le sperme et l'ovule sont unis dans un laboratoire (ce qui est la raison pour laquelle les embryons ainsi obtenus ont d'abord été appelés «bébés-éprouvette ») et ensuite implantés dans l’utérus d'une femme. La femme recevant les embryons implantés peut ou non être génétiquement liée à l'enfant qu'elle va porter. La nouvelle vie peut être créée en utilisant un donneur de sperme et d‘ovule, ou en utilisant l‘ovule de la femme et le sperme de son mari, ou toute autre combinaison. Depuis la première naissance réussie d'une mère porteuse en 1985 cela est devenu l'agencement préféré car il élimine pratiquement les mères porteuses qui changent d’avis et demandent la garde de l'enfant qu’elles ont porté.
L'insémination artificielle est quand une femme est inséminée avec le sperme d‘un donneur ou, dans certains cas, le sperme de son mari. Ainsi, il en résulte que si un couple infertile utilise un ovule d'une donneuse et le sperme d‘un donneur pour créer des embryons qui seront implantés dans l’utérus d‘une autre femme (pas la donneuse d'ovule), un enfant pourrait théoriquement avoir cinq parents: les parents sociaux (qui font la commande), les parents génétiques et la mère porteuse gestationnelle. Le site de la Coalition contre le trafic de la procréation rapporte:
«L‘Industrie de l'infertilité» est une industrie de plusieurs milliards de dollars, toujours en croissance. La gestation pour autrui et la vente d'ovules et des spermatozoïdes humains génèrent d'énormes profits. Une grossesse commandée peut générer jusqu'à 300 000 $. Si nous croyons que les êtres humains ne devraient pas être mis en vente et ne devraient pas être victimes de la traite ou être fabriqués comme des produits, et si nous croyons que les femmes méritent beaucoup plus que d'être traitées comme des simples machines à faire des bébés, alors nous devons nous opposer à la reproduction avec l’apport d‘une tierce partie, la gestation pour autrui, en particulier.
J'ai assisté à une conférence donnée par Katy sur la reproduction avec l’apport d’une tierce partie, et sur son expérience personnelle en particulier. Elle a raconté:
«J’ai appris que j'étais conçue grâce à un donneur une semaine avant mon 22ième anniversaire. Ma première réaction a été de pleurer sans cesse et de laisser mes parents. C’était durant ma visite de l'université pour l’Action de Grâce, et tout ce que je voulais faire était de rentrer à l‘université et aller voir un film toute seule. M‘échapper». Elle a aussi partagé l'un des détails les plus bouleversants au sujet de sa conception; c’était une opération financière. Ce qui m'a frappé le plus était son désir profond, partagé par de nombreuses personnes conçues de cette façon, de savoir d'où elle venait. C’était primordial. À qui dois-je appartenir? Pourquoi le «sang est plus épais que l'eau»?
Certes, les couples qui ne peuvent concevoir naturellement et qui choisissent d'acheter des gamètes et / ou commander une mère porteuse connaissent le désir de vouloir un enfant à qui ils sont génétiquement liés; puisque l'écrasante majorité de ces arrangements aboutissent à un enfant qui est lié à au moins un des adultes qui en font la commande. Beaucoup (mais pas tous) d’enfants adoptés éprouvent un besoin similaire de connaître leurs parents génétiques. La différence, bien sûr, est que l'adoption est un plan mis en place comme solution à des circonstances qui empêchent l'enfant d'être élevé par ses parents biologiques, alors que la reproduction avec l’appport d’une tierce partie est un arrangement financier mis en branle bien avant la conception. La reproduction avec la participation d’une tierce partie prive un enfant de sa mère ou de son père génétique, ou des deux ... intentionnellement.
«Je n’ai pas vraiment partagé mes sentiments à ce sujet jusqu'à ce que mon frère trouve notre père le printemps suivant, environ un an et 5 mois après avoir découvert la vérité au sujet de ma conception», raconte Katy. Son frère (fratrie par lien social et frère génétique) Matt Doran a commencé DonorChildren.com, le seul registre gratuit des personnes conçues grâce à un donneur en Amérique. Son site a connecté plus de 100 membres de la famille de personnes conçues et des parents donneurs.
Il y a certainement beaucoup de personnes conçues de cette manière qui estiment ne pas être affectées, ni positivement ni négativement par la situation. Certaines de leurs histoires sont racontées dans le livre "Anonymous Us Project", qui contient des contributions de partout dans le monde et présente des points de vue des donneurs de sperme et d'ovules ainsi que des personnes conçues avec l’apport d’une tierce partie, et des parents qui ont commandé l‘enfant. Le fil conducteur tout au long du livre est que la culture semble permettre une seule réaction émotionnelle acceptable de la personne conçue grâce à un donneur: la reconnaissance. Si un individu dévie de ce chemin socialement acceptable et exprime toute sorte de doutes, de la tristesse, de la colère, semble blessé ou confus, on lui colle l'étiquette «d‘ingrat» et tout espoir de dialogue est éteint.
Voici un extrait tiré du livre:
«Je déteste être une personne qui a été conçue grâce à un donneur. Je pense qu'il est ridicule et bizarre que les deux personnes qui m’ont fait ne se sont jamais rencontrées et ne se rencontreront jamais. Je pense qu'il est effrayant que mon père ait été payé. Je pense qu'il est effrayant aussi que les agents et les vendeurs ainsi que ces médecins mercenaires qui ont travaillé si dur pour me créer et maintenant que je suis un adulte n'aient aucun intérêt d‘entendre mon avis. Ils sont comme des trafiquants de drogue, vendant des substances qui remédient à l’envie d’avoir un bébé. Ont-ils quelque chose pour guérir mon désir d’avoir un père? »
C’est déchirant.
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