Sur le site de Benoit-et-moi, cette réflexion des plus intéressante du cardinal George:
Le communisme a imposé un mode de vie global fondé sur la croyance que Dieu n'existe pas. Le laïcisme est le compagnon de lit plus présentable du communisme. Une petite ironie de l'histoire a surgi à l'ONU il y a quelques semaines lorsque la Russie a rejoint la majorité des autres nations pour vaincre les Etats-Unis et les pays d'Europe occidentale qui voulaient déclarer que tuer l'enfant à naître devrait être un droit universel de l'homme (**) . Qui est du mauvais côté de l'histoire, aujourd'hui?
La campagne politique actuelle a amené à la surface de notre vie publique le sentiment anti-religieux, en grande partie explicitement anti-catholique, qui grandit dans ce pays depuis plusieurs décennies. La laïcisation de notre culture est un enjeu beaucoup plus important que les causes politiques ou les résultats de la campagne électorale actuelle, aussi importants soient-ils.
(...)On me cite (à juste titre) comme disant que je m'attendais à mourir dans mon lit, que mon successeur mourrait en prison et que son successeur allait mourir en martyr sur la place publique. Ce qui est en général omis dans les rapports, c'est la phrase finale que j'ai ajouté au sujet de l'évêque qui suivrait peut-être un évêque martyr: «Son successeur ramassera les débris d'une société en ruine et lentement aidera à reconstruire une civilisation, ce que l'Église a fait si souvent dans l'histoire humaine». Ce que j'ai dit n'est pas «prophétique» mais un moyen de forcer les gens à penser en dehors des catégories habituelles qui limitent et parfois empoisonnent les discours public et privé.
Un précédent archevêque de Chicago a autrefois essayé de lire les signes de son temps. Le 18 mai 1937, le cardinal Mundelein, lors d'une conférence aux prêtres de l'archidiocèse, qualifia le chancelier allemand d'alors de «poseur de papier peint Autrichien, et sacrément mauvais à cela, me dit-on» (ndt: le texte original du cardinal Mundelein est en ligne ici).
Pourquoi le cardinal Mundelein parla-t-il d'une manière qui attira les applaudissements du New York Times et des journaux locaux d'alors, et conduisit le gouvernement allemand à se plaindre amèrement auprès du Saint-Siège? Le gouvernement allemand, déclarant son idéologie comme la vague de l'avenir, avait dissous les groupes de jeunes catholiques et essayé de discréditer chez les jeunes le travail de l'Église à travers des procès de moines, de prêtres et de religieuses accusés d'immoralité. Le cardinal Mundelein avait parlé de la façon dont les protestations publiques des évêques avaient été réduites au silence dans les médias allemands, laissant l'Église en Allemagne plus «impuissante» qu'elle ne l'avait jamais été.Il avait ensuite ajouté: «Il n'y a aucune garantie que le front de bataille ne puisse pas s'étendre un jour dans notre propre pays. Hodie mihi cras tibi. (Aujourd'hui c'est moi, demain, toi). Si nous ne manifestons aucun intérêt dans cette affaire maintenant, si nous haussons les épaules et murmurons ... "ce n'est pas notre combat", si nous ne soutenons pas le Saint-Père quand nous en avons une occasion, eh bien, quand notre tour arrivera, nous aussi, nous nous battrons seuls».
«Quand notre tour arrivera ...» .
Le cardinal Mundelein était-il un prophète, autant qu'un génie administratif? Pas vraiment. À sa mort en 1939, il était bien connu comme un patriote américain et un ami du président Franklin D. Roosevelt, mais il avait aussi la conviction catholique qu'aucun État-nation n'avait été le fruit d'une immaculée conception. L'hymne officieux de la laïcité est aujourd'hui la chanson de John Lennon "Imagine", dans laquelle nous sommes invités à imaginer un monde sans religion. Nous n'avons pas à imaginer un tel monde: le 20ème siècle nous a donné de terribles exemples de tels mondes.
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