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La liberté de conscience et l’unanimité au Parti libéral

(Thomas More a toujours respecté la voix de sa conscience)

(Photo :  Gilberto Viciedo sur flickr.com, licence creative commons)

Nous avons dénoncé avec vigueur l’absence de respect de la liberté de conscience au Parti libéral du Québec, qui a obligé tous ses députés à voter pour le retour d’un projet de loi qui cautionne le meurtre.

Certains se sont posé le très bon questionnement suivant : si la situation était inversée et qu’un parti imposait l’unanimité exigée pour passer une loi absolument nécessaire pour empêcher d’euthanasier les personnes vulnérables, pourrait-on également parler de non-respect de la conscience?

C’est une très bonne question et à première vue, pour plusieurs, une situation apparemment identique appelle une réponse identique. Les députés se voyant obliger d’obéir à une ligne de parti, indépendamment de leurs convictions personnelles, seraient départis de leur liberté de conscience.

En apparence, nous sommes dans un cas identique. Mais ce n’est pas le cas, parce que si dans la première situation, où l’on oblige les gens à permettre l’existence d’une loi cautionnant le meurtre, il y a bel et bien une attaque pour éliminer la liberté de conscience des députés, ce n’est pas le cas dans la deuxième situation.

Car la conscience n’est pas autoréférentielle.

Elle est dépendante de la loi naturelle et, sans référence à la loi naturelle inscrite dans le cœur de chaque homme, elle devient simplement, en définitive, dictature de sa volonté propre.

Si la conscience n’est pas un jugement sur la fidélité ou la non-fidélité à une loi naturelle universelle extérieure à cette conscience mais inscrite dans son cœur, mais une décision sur ce qu’est la loi naturelle, alors la personne devient maître de définir ce qui est bien et ce qui est mal, en vertu du respect de ce que lui dicterait sa « conscience », mais qui n’est qu’une caricature de sa conscience, une volonté personnelle déguisée en choix de ce que l’on a « décidé » être le bien.

L’exemple du roi Henri VIII et de Thomas More illustre à merveille les deux conceptions de la conscience. Le roi Henri VIII décide qu’il a le droit de divorcer de sa femme et que cela est chrétien. Thomas More ne fait que reconnaître la vérité : l’enseignement de l’Église rapportant la volonté explicite du Christ exclut le divorce et la reconnaissance de nullité d’une union légitime. Thomas More ne peut rien y changer, même s’il le voulait.

Henri VIII change la loi pour qu’elle devienne conforme à sa volonté et que cette volonté soit définie comme étant « bonne et chrétienne », parce qu’il le veut.

Thomas More affirme qu’il aimerait bien, de toute sa volonté, contenter le roi en admettant son principe, mais la compréhension du roi de la conscience et de la vérité est fausse et Thomas ne peut rien y changer. La loi naturelle du mariage légitime est indissoluble, Thomas peut bien vouloir qu’il en soit autrement, la définition de la loi naturelle ne lui appartient pas. La conscience de Thomas More juge et lui dicte que divorcer ne correspond pas à l’enseignement de la loi naturelle, sur le bien et le mal concernant le mariage indissoluble.

La caricature de la « conscience » d’Henri VIII redéfinit l’enseignement de la loi naturelle pour qu’elle corresponde à sa volonté et qu’il se trouve ainsi dans le « Bien ».

« Dans leur volonté de mettre en relief le caractère « créatif » de la conscience, certains auteurs donnent à ses actes le nom de « décisions » et non plus de « jugements » : c'est seulement en prenant ces décisions de manière « autonome » que l'homme pourrait atteindre sa maturité morale. (…)

56. Pour justifier de telles positions, certains ont proposé une sorte de double statut de la vérité morale. En plus du niveau doctrinal et abstrait, il faudrait reconnaître l'originalité d'une certaine considération existentielle plus concrète. Celle-ci, compte tenu des circonstances et de la situation, pourrait légitimement fonder des exceptions à la règle générale et permettre ainsi d'accomplir pratiquement, avec une bonne conscience, ce que la loi morale qualifie d'intrinsèquement mauvais. Ainsi s'instaure dans certains cas une séparation, voire une opposition, entre la doctrine du précepte valable en général et la norme de la conscience de chacun, qui déciderait effectivement, en dernière instance, du bien et du mal. (…)

Il n'est personne qui ne comprenne qu'avec ces positions on se trouve devant une mise en question de l'identité même de la conscience morale face à la liberté de l'homme et à la Loi de Dieu. Seuls les éclaircissements apportés plus haut sur le lien entre liberté et loi, lien fondé sur la vérité, rendent possible le discernement à faire sur cette interprétation « créative » de la conscience. » (Jean-Paul II, La Splendeur de la Vérité, no 55-56)

La « Loi de Dieu » et la « loi naturelle inscrite dans le cœur de l’homme » étant deux appellations désignant une même réalité. Or la conscience ne peut en aucune façon être séparée de cette loi naturelle :

Le jugement de la conscience est un jugement pratique, un jugement qui intime à l'homme ce qu'il doit faire ou ne pas faire, ou bien qui évalue un acte déjà accompli par lui. C'est un jugement qui applique à une situation concrète la conviction rationnelle que l'on doit aimer, faire le bien et éviter le mal. Ce premier principe de la raison pratique appartient à la loi naturelle, et il en constitue même le fondement, car il exprime la lumière originelle sur le bien et sur le mal, reflet de la sagesse créatrice de Dieu qui, comme une étincelle indestructible (scintilla animæ), brille dans le cœur de tout homme. Mais, tandis que la loi naturelle met en lumière les exigences objectives et universelles du bien moral, la conscience applique la loi au cas particulier, et elle devient ainsi pour l'homme un impératif intérieur, un appel à faire le bien dans les situations concrètes. La conscience formule ainsi l'obligation morale à la lumière de la loi naturelle : c'est l'obligation de faire ce que l'homme, par un acte de sa conscience, connaît comme un bien qui lui est désigné ici et maintenant. Le caractère universel de la loi et de l'obligation n'est pas supprimé, mais bien plutôt reconnu, quand la raison en détermine les applications dans la vie quotidienne. Le jugement de la conscience affirme « en dernier ressort » la conformité d'un comportement concret à la loi; il formule la norme la plus immédiate de la moralité d'un acte volontaire, en réalisant « l'application de la loi objective à un cas particulier » .

60. Comme la loi naturelle elle-même et comme toute connaissance pratique, le jugement de la conscience a un caractère impératif : l'homme doit agir en s'y conformant. Si l'homme agit contre ce jugement ou si, par défaut de certitude sur la justesse ou la bonté d'un acte déterminé, il l'accomplit, il est condamné par sa conscience elle-même, norme immédiate de la moralité personnelle. La dignité de cette instance rationnelle et l'autorité de sa voix et de ses jugements découlent de la vérité sur le bien et sur le mal moral qu'elle est appelée à entendre et à exprimer. Cette vérité est établie par la « Loi divine », norme universelle et objective de la moralité. Le jugement de la conscience ne définit pas la loi, mais il atteste l'autorité de la loi naturelle et de la raison pratique en rapport avec le Bien suprême par lequel la personne humaine se laisse attirer et dont elle reçoit les commandements : « La conscience n'est donc pas une source autonome et exclusive pour décider ce qui est bon et ce qui est mauvais; au contraire, en elle est profondément inscrite un principe d'obéissance à l'égard de la norme objective qui fonde et conditionne la conformité de ses décisions aux commandements et aux interdits qui sont à la base du comportement humain » 106.

61. La vérité sur le bien moral, énoncée par la loi de la raison, est reconnue de manière pratique et concrète par le jugement de la conscience qui pousse à assumer la responsabilité du bien accompli et du mal commis : si l'homme commet le mal, le juste jugement de sa conscience demeure en lui témoin de la vérité universelle du bien, comme de la malice de son choix particulier. » (…)

Ainsi, dans le jugement pratique de la conscience, qui impose à la personne l'obligation d'accomplir un acte déterminé, se révèle le lien entre la liberté et la vérité. C'est précisément pourquoi la conscience se manifeste par des actes de « jugement » qui reflètent la vérité sur le bien, et non comme des « décisions » arbitraires. Le degré de maturité et de responsabilité de ces jugements — et, en définitive, de l'homme, qui en est le sujet — se mesure non par la libération de la conscience par rapport à la vérité objective, en vue d'une prétendue autonomie des décisions personnelles, mais, au contraire, par une pressante recherche de la vérité et, dans l'action, par la remise de soi à la conduite de cette conscience. » (ibid., no 59 à 61)

Pour revenir au cas concret sur l’imposition de voter pour une loi nécessaire pour protéger les personnes vulnérables d’une mise à mort par euthanasie, la volonté de tuer ces personnes s’oppose à la loi naturelle universelle qui défend de mettre à mort une personne innocente. Cette loi se trouve déjà dans la philosophie grecque :

« Je jure par Apollon, médecin, par Asclépios, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin que je remplirai, suivant mes forces et ma capacité, le serment et l'engagement suivants : (…)

Je ne remettrai à personne du poison, si on m'en demande, ni ne prendrai l'initiative d'une pareille suggestion; semblablement, je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif. (…)

On retrouve ces notions de protection de la vie humaine dans toutes les Déclarations des droits de la personne, y compris dans la charte québécoise des droits et libertés de la personne :

PARTIE I

LES DROITS ET LIBERTÉS DE LA PERSONNE

CHAPITRE I

LIBERTÉS ET DROITS FONDAMENTAUX

1. Tout être humain a droit à la vie, ainsi qu'à la sûreté, à l'intégrité et à la liberté de sa personne.

Il possède également la personnalité juridique.

1975, c. 6, a. 1; 1982, c. 61, a. 1.

2. Tout être humain dont la vie est en péril a droit au secours.

Toute personne doit porter secours à celui dont la vie est en péril, personnellement ou en obtenant du secours, en lui apportant l'aide physique nécessaire et immédiate, à moins d'un risque pour elle ou pour les tiers ou d'un autre motif raisonnable.

1975, c. 6, a. 2.

Ces expressions de la loi naturelle ne peuvent jamais être contredites par la voix de la conscience puisque le rôle de la conscience n’est pas de définir, mais de juger si une action est en conformité avec cette loi naturelle.

On le voit, toute personne favorable à l’avortement ou à l’euthanasie n’agit pas selon sa conscience, mais selon une caricature de la conscience qui prétendrait définir une loi naturelle selon sa volonté propre. Cette caricature n’a pas à être respectée. Personne n’a le droit de voir respecter sa divagation.

C’est ainsi que nous pouvons conclure qu’effectivement le Parti libéral s’est attaqué au droit fondamental de la liberté de conscience, car les députés s’opposant à l’euthanasie écoutent la voix de la conscience qui reconnaît que l’euthanasie s’oppose à la loi naturelle universelle refusant la mise à mort d’une personne innocente.

Et que nous ne nous attaquerions pas à la liberté de conscience si de notre côté nous imposions une loi interdisant l’euthanasie, parce que cette loi serait en accord avec la loi naturelle et que les personnes voulant redéfinir cette loi universelle ne suivent pas alors la voix de leur conscience, mais bel et bien celle de leur volonté voulant définir ce qui est bien ou mal selon leurs passions.

Il peut arriver qu’une personne soit dans la situation de croire, subjectivement, qu’elle obéit à la loi naturelle, alors qu’objectivement ce n’est pas le cas. On parle alors d’une conscience égarée par suite d’une ignorance invincible.

« Il n'est jamais acceptable de confondre une erreur « subjective » sur le bien moral avec la vérité « objective », rationnellement proposée à l'homme en vertu de sa fin, ni de considérer que la valeur morale de l'acte accompli avec une conscience vraie et droite équivaut à celle de l'acte accompli en suivant le jugement d'une conscience erronée. » (no 63)

Puisqu’une conscience erronée perd le lien objectif avec la loi naturelle, elle devient folie, divagation et n’oblige pas au respect.

Aucune charte, aucune loi, aucune déclaration ne reconnaissent à quiconque le droit de tuer une personne innocente parce qu’il croirait vraiment que la loi naturelle reconnaîtrait cela comme étant le « bien ». Une personne affirmant ce droit de tuer serait placée sous haute surveillance et ce qu’il appellerait la « voix de sa conscience » sur le sujet ne mériterait aucun respect, parce que son manque de concordance avec la loi naturelle objective lui enlèverait le titre même de conscience, ou du moins, de conscience droite, la seule qui a droit au respect et à la liberté.

C’est la raison pour laquelle un parti qui obligerait des députés, parce que l’unanimité serait exigée pour protéger la vie de personnes vulnérables, à voter contre leur volonté de définir comme étant bien le meurtre de personnes innocentes, respecterait la liberté de conscience, parce qu’il respecterait la reconnaissance du lien entre le jugement et cette loi naturelle et refuserait la divagation qui consisterait à appeler bien, le meurtre de personnes innocentes.

Un homme seul qui aurait le pouvoir d'empêcher un peuple de massacrer les enfants et les personnes vulnérables aurait le devoir de le faire, même si pour cela, il ne respectait pas la folie de ce peuple qui appellerait la décision de tuer les enfants, « la voix de sa conscience »... Seul cet homme aimerait « la voix de la conscience », jamais indépendante de la loi naturelle...

Le droit de se tromper existe, mais lorsqu'il s'agit de ne pas respecter la loi naturelle, le devoir de protéger la vie et la sécurité des personnes peut obliger à ne pas respecter la liberté des consciences erronnées.

Aucune charte, aucune déclaration des droits de l'homme ne reconnaît le droit au meurtre, même si certains ont la folie de vouloir l'appeler, une mort dans la dignité... et affirment agir selon leur conscience. Une conscience sans gouvernail et sans loi naturelle lui permettant de reconnaître le bien et le mal ne devient que la dictature des plus forts. Ce qui est le cas actuellement.

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