Voici un article paru il y a quelques mois déjà, sur la conception du Dr Morgentaler de l'enfant à naître. Les propos sont durs, mais il s'agit de millions d'enfants qui ont été éliminés au Canada. Et le Dr Morgentaler fut l'un des principaux à y consacrer toutes ses énergies.
Le 28 janvier 2013 marquera le 25e anniversaire de l'arrêt Morgentaler, décision de la Cour suprême qui invalida toutes les lois canadiennes sur l'avortement. Le vide juridique ainsi créé fait en sorte qu'au Canada le meurtre de l'enfant à naître est permis jusqu'à la veille de sa naissance. Pour souligner ce sombre anniversaire, nous vous présentons ci-bas un texte sur l'évolution lente de Henry Morgentaler sur la question de l'avortement.
« Personnellement, j’ai subi bien des influences, à commencer par celle de mes parents, qui faisaient partie du mouvement socialiste juif de Pologne. Ce mouvement marquait une sorte de rupture philosophique profonde, fondamentale, avec la religion juive perçue à cette époque comme une religion fossilisée, acceptant avec résignation le statu quo. La philosophie à laquelle mes parents adhéraient annonçait quelque chose de nouveau : l’homme est un membre actif au dessein de la société, qui doit faire quelque chose de sa vie, qui possède sa propre dignité, individuelle et collective, et qui doit contribuer à la lutte pour l’amélioration de la société.Malgré toutes les vicissitudes de ma vie, j’ai toujours foi dans l’humanité et dans l’homme, que je crois fondamentalement bon. Je suis arrivé à la conclusion, basée sur les données de la psychologie moderne, que la bonté naturelle se manifesterait si les enfants étaient bien traités, respectés et entourés d’affection et d’amour. » (BURUIANA, Michel. Avortement, oui/non, éd. Humanitas, 1988, p.13-14.)« Mes parents défendaient la justice sociale et croyaient à la bonté fondamentale de l’homme, perverti par la société. Ils avaient la conviction, utopique, que le socialisme contribuerait à l’avènement d’une société parfaite. Cette bonté foncière, fondamentale, de l’homme, est une conviction qui m’est chère et que je continue à défendre. (…) j’ai toujours été fasciné par les grands médecins, par les chercheurs et par les bienfaiteurs de l’humanité. Je rêvais de devenir un nouveau Pasteur, un autre Albert Schweitzer. Je rêvais de découvrir un virus ou un microbe inconnu et de devenir célèbre en faisant une découverte dont le monde entier bénéficierait. Après la guerre, à ma sortie des camps de concentration, il était normal que je me dirige vers la médecine. » (ibid. p. 16)« Lorsque j’ai terminé mes études de médecine, je n’avais qu’une idée en tête, c’était de faire de la recherche, pour tenter de guérir des maladies jusqu’alors incurables, comme le cancer. Mais la recherche m’a beaucoup déçu. Compter des cellules sous un microscope m’ennuyait terriblement. J’ai eu du mal à terminer mon année de recherche. Mais d’un autre côté, je me suis découvert certains talents de médecin. J’avais une certaine facilité à poser des diagnostics et j’avais de bonnes relations avec mes patients. J’aimais la médecine clinique, j’aimais donner un certain réconfort aux malades, après un bon diagnostic et un traitement adéquat. Je trouvais cela très réconfortant, car la récompense, si vous voulez, était presque immédiate. C’était tout le contraire de la recherche, qui peut nécessiter vingt années d’efforts avant de mener à une éventuelle découverte. La recherche exige un dévouement total, extraordinaire. Après cette année-là, j’ai décidé d’abandonner cette voie. » (ibid., p.18)« Non. Je n’ai jamais été gynécologue. J’étais en médecine générale. (ibid., p.19)« La grande « aventure » a commencé lorsque je me suis intéressé au mouvement humaniste. J’avais assisté à une conférence prononcée par un membre de l’«Ethical Culture Society», un mouvement religieux, non pas au sens surnaturel, mais au sens d’une morale naturelle et rationnelle. Cette optique correspondait à mes aspirations : apporter la joie dans la vie, utiliser notre raison, faire preuve de compassion et d’amour et utiliser pleinement nos facultés intellectuelles, nos capacités, notre potentiel, pour atteindre le développement ... deux ans plus tard, j’ai été nommé président de l’Association humaniste de Montréal. C’est à cette époque je me suis joint au mouvement humaniste et j’ai été nommé président de l’Association humaniste de Montréal. (ibid., p.20)«Un beau jour, il a été question d’un changement éventuel de la loi sur l’avortement. Une commission parlementaire devait se pencher sur la question. Je me suis mis à étudier le dossier (…)Je me suis rendu compte que l’on faisait mourir des femmes à cause de préjugés, par pure ignorance, en cultivant des idées désuètes. (…) C’est à ce moment-là que j’ai préparé un mémoire au nom de l’Association humaniste de Montréal, endossé par les associations humanistes de Toronto et de Victoria. J’ai insisté pour qu’on revendique l’avortement, non comme un privilège, mais comme un droit pour les femmes. (ibid., p.20)« La suite, je ne l’avais pas prévue. On m’a invité à participer à toutes sortes de débats à la télévision et à la radio. Je parlais donc de l’avortement, donnais des entrevues. Les femmes ont commencé à solliciter mon aide, cherchant mon nom dans les pages jaunes du bottin téléphonique. (…)« Un jour, j’ai pris ma décision. Je ne pouvais plus prêcher en faveur de l’avortement en répétant que les femmes devaient y avoir droit, tout en les renvoyant chez elles lorsqu’elles me demandaient de l’aide… je me trouvais lâche et hypocrite. J’ai donc décidé qu’en tant que médecin et humaniste – ou disons simplement en tant qu’être humain – il était de mon devoir d’aider les femmes en détresse. » (ibid., p.21)
« On sait fort bien qu’il ne s’agit pas de l’ablation d’une tumeur, mais bien d’un embryon qui n’a pas encore développé de cerveau, ou d’un fœtus qui n’est pas encore un être humain. On arrête le processus pour que ça ne devienne pas un bébé. » (ibid. p.38)Il faut plutôt se demander à quel moment de la gestation ou du développement intra-utérin on pourra considérer le fœtus comme un être humain? Il existe deux critères. Le premier, le plus important du point de vue scientifique, est le développement de la partie du cerveau humain qui, de façon absolument unique, nous rend humains, donc différents de toutes les espèces animales. Cela commence à partir du sixième mois. Il s’agit du néo-cortex, qui rend possible le langage, les concepts, la création, l’art, la religion, les sciences. Le second critère, c’est la viabilité du fœtus en dehors de l’utérus, et cela se situe aussi vers six mois environ.Cela prend donc au moins cinq ou six mois avant qu’on puisse dire qu’il s’agit d’un être humain potentiel, doté de tout ce qu’il faut pour survivre en dehors de l’utérus. C’est à cet âge qu’il y a commencement de cerveau humain, et il faut respecter cela. C’est pour cette raison qu’après vingt-quatre semaines, l’avortement ne devrait se faire que dans des cas tout à fait particuliers, comme ceux où la santé, voire la vie de la mère seraient en danger – ou bien dans le cas d’un fœtus qui présenterait des malformations telles qu’il serait affligé de gros handicaps dès la naissance. Bien sûr, il existe des exceptions même après ces vingt-quatre semaines, mais avant cinq ou six mois on ne peut pas parler d’être humain. »
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