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Excellente analyse de Claude Tresmontant sur l'embryon comme personne humaine

Sur le site de Itinerarium du 16 juillet 2013 (via riposte catholique) : 

 

(Claude Tresmontant, professeur de philosophie des sciences à la Sorbonne, il obtint le grand prix de l'Académie des sciences morales et politiques pour l'ensemble de son oeuvre en 1987.)

 

 

L'analyse objective d’un embryon dans le ventre de sa mère montre que cet embryon est organisé, informé. Dès le commencement, l’embryon est un psychisme, un psychisme inconscient, non éveillé, mais un psychisme authentique. Les travaux de la psychologie des profondeurs, depuis bientôt un siècle, ont établi qu’il existe une vie psychique de l’embryon.
 
Si l’embryon n’était pas organisé, informé, il ne serait pas un embryon : il ne serait que de la matière,c’est-à-dire un cadavre. Cette information, cette organisation, la tradition philosophique, depuis Aristote, l’appelle «  âme » . C’est une convention.On peut parfaitement appeler autrement, et comme on voudra, ce fait que l’embryon est une Structure informée, organisée, et qu’il est un psychisme. Si le mot  « âme » dégoûte, qu’on se dispense de l’utiliser. Il n’en reste pas moins que l’embryon est un être, un être vivant inachevé, organisé,et que c’est un psychisme. Le système nerveux se forme très tôt clans le développement embryonnaire. Il joue probablement un rôle de commande dans le développement embryonnaire.
 
Bien entendu, l’embryon n’est pas un être achevé.Mais le bébé dans son berceau n’est pas non plus un être achevé. Et un enfant d’homme peut sortir de la matrice plus ou moins tôt. Il peut naître prématuré.
 
Si tuer un enfant dans son berceau est considéré comme un crime, comme un meurtre, comme un assassinat, particulièrement odieux, on ne voit pas comment tuer le même enfant avant qu’il ne sorte du ventre de sa mère, pourrait ne pas être un assassinat du même ordre.
 
L’âme ne vient pas dans l’embryon à la naissance, lorsque l’enfant sort du ventre de sa mère. L’âme est ce qui constitue l’embryon, l’âme est le principe d’organisation, d’information. L’âme est ce qu’on appelle dans une autre langue (du grec au lieu de latin…) le psychisme inconscient de l’enfant dans le ventre de sa mère.
 
Il est impossible de fixer arbitrairement un moment où l’embryon ne serait pas animé, puis un moment où il le serait.L’embryon est toujours organisé, informé, c’est-à-dire animé, sinon ce ne serait pas un embryon du tout.
 
Il ne faut pas jouer sur les mots. Il ne faut pas se duper en modifiant le vocabulaire. Il faut avoir le courage de nommer ce que l’on fait. Tuer un embryon d’homme dans le ventre de sa mère, c’est tuer un enfant d’homme, inachevé, au même titre que le bébé qui vient de naître et qui dort dans son berceau. Il n’y a pas une différence de nature entre l’enfant qui vient de naître et l’enfant qui était un jour ou un mois plus tôt dans la matrice. Si tuer un enfant dans son berceau est un meurtre, un crime, un assassinat, alors tuer le même enfant dans la matrice, un mois, deux mois, six mois plus tôt, c’est toujours et exactement le même crime, le même assassinat.
 
Si l’on estime que l’homme ne doit pas tuer un homme vivant, ni un enfant, ni un bébé dans son berceau, alors il ne doit pas tuer non plus le même enfant dans le ventre de sa mère.
 
Le problème de l’avortement est un problème de philosophie naturelle. La question est simplement de savoir ce que c’est que cet embryon dans la matrice. Il n’est pas possible d’établir une discontinuité entre cet enfant dans la matrice et le même enfant dans son berceau. Le crime est le même, que l’on tue celui-ci ou celui-là.
 
(...)
 
Dans les controverses actuelles, les personnes qui désirent obtenir la liberté de l’avortement, déclarent :  « mon corps est à moi » . Sans doute, ces personnes sont des corps, et ces corps qu’elles sont, ces organismes vivants que sont ces femmes, sont autonomes, libres. Mais l’erreur, le sophisme, en ce qui concerne l’avortement,consiste à en déduire :  « donc j’ai le droit de tuer l’enfant qui est dans mon organisme » .
 
Car l’enfant qui est en train de se développer dans la matrice d’une femme, n’est pas sa propriété. C’est là que se trouve l’erreur. On peut être propriétaire d’une maison. On n’a pas le droit pour autant de tuer les gens qui y passent, les gens qui y viennent ou y séjournent. On n’a pas le droit de tuer un hôte qui est sous votre toit. La loi de l’hospitalité était dans les peuples civilisés une loi sacrée.
 
L’enfant qui se développe dans la matrice d’une femme n’est pas sa propriété. C’est un hôte.
 
On objectera aussitôt : Mais enfin, c’est la femme qui a fait cet enfant qui est en elle. Donc cet enfant est à elle, il est sa propriété. — Nous l’avons vu dès le début de ce travail [1] : l’enfant qui se développe dans la matrice de la femme, ce n’est pas la femme qui l’acréé. La femme a communiqué un message génétique. L’homme a communiqué un message génétique. A partir de ces deux messages, un enfant d’homme se forme, une personne est conçue. Mais ni l’homme ni la femme ne sont au sens propre créateurs de cet enfant. Ils ont coopéré à une création. Ils ont fourni chacun un message génétique. Et la création s’opère dans le sein de la femme. Mais la femme n’est pas créatrice de cet enfant nouveau qui est en effet créé. L’enfant n’est pas sa propriété, au sens où l’artisan peut être propriétaire de l’objet qu’il a fabriqué. L’artisan peut détruire s’il le veut l’objet dont il est l’auteur.Mais la femme n’a pas le droit de tuer l’enfant qu’elle a enfanté, lorsqu’il est né, car il n’est pas sa  « chose » . Et elle n’a pas plus le droit de le tuer avant qu’il ne soit né, pour la même raison.
 
Mais ni l’homme ni la femme ne sont au sens propre créateurs de cet enfant.
 
En réalité, tuer un enfant dans son berceau,après sa naissance, ou dans la matrice, avant sa naissance, est le crime le plus grave qui soit, puisqu’on prive un enfant de sa vie d’homme, de son temps de développement. Il est admis, dans les sociétés dites civilisées, que tuer un homme d’âge mûr, ou un vieillard, est un crime, un assassinat. Lorsqu’on tue un homme ou une femme d’un certain âge, on les prive des années qui pouvaient leur rester à vivre. Lorsqu’on tue un enfant au début de son développement, on le prive d’une vie entière. Le crime est donc beaucoup plus grand.
 
(...)
 
Bien entendu, si l’on n’aime pas les hommes vivants, les enfants vivants, les êtres vivants, si l’on estime qu’il est de peu d’importance de tuer les êtres vivants, alors on peut aussi être partisan de l’avortement. Mais dans ce cas-là il faut professer ouvertement,franchement, qu’on estime de peu d’importance et de peu de prix la vie humaine.
 
(...)
 
C’est un problème qui relève de l‘ontologie. Les normes éthiques, à cet égard, sont dérivées d’une considération, d’une analyse, de ce qui est. Elles ne sont pas déduites d’une théologie posée au préalable, et d’une manière arbitraire. Il suffit d’avoir le sens de l’être et l’amour de l’être pour reconnaître que l’avortement est le plus abominable des crimes, car il porte contre des êtres que l’on prive ainsi de leur vie entière,de leur temps de développement [2], qui ne peuvent aucunement se défendre,et qui n’ont pas d’avocats.
 
A propos de la question de l’avortement, qui est aujourd’hui soulevée parmi les nations qui se disent elles-mêmes, par dérision,  « civilisées » , on peut constater que la méthode de l’homicide est toujours la même : c’est d’abord le mensonge. L’homicide et le mensonge sont liés. Dans les guerres coloniales récentes, pour massacrer des hommes de l’Indochine, certains utilisaient une expression abominable : «  casser du viet » . Ces hommes du Viêt-nam étaient transformés, par le langage, par cette expression, en une matière, que l’on casse, une matière indéfinie. Pendant la récente guerre d’Algérie, d’autres (ou les mêmes) osaient utiliser l’expression que l’on ose à peine citer : « crever du raton » .Là encore, la méthode consistait à réduire, par le langage, des hommes créés à l’image de Dieu, au rang d’une espèce animale. Lorsque les massacreurs nazis ont exterminé des millions d’hommes, dans les camps de mort, ils ont commencé par enseigner que ces hommes ne faisaient pas partie de l’espèce humaine, puisqu’ils appartenaient à une race autre que la race aryenne.
 
De même pour l’avortement. Afin de procéder à ce massacre de millions d’enfants dans le ventre de leur mère, pour justifier ce massacre, pour ne pas avoir à supporter l’angoisse intolérable qui résulte de la conscience que l’on a de tuer un enfant d’homme, on commence par déclarer qu’il ne s’agit pas d’un enfant d’homme. On compare la grossesse à un « empoisonnement » . D’autres ont osé comparer le fœtus d’homme à une « tumeur » cancéreuse. Le procédé est toujours le même. Il s’agit de nier,en parole, par le langage, qu’il s’agisse d’enfants d’homme. Il se trouvera toujours un savant pourvu d’un prix Nobel pour rassurer les consciences en affirmant que l’embryon n’a pas de psychisme ou même (cela s’est vu), qu’il n’a pas de système nerveux ! Or, il suffit de consulter les traités d’embryologie les plus élémentaires pour apprendre que le système nerveux est ce qui se forme en tout premier lieu dans l’embryon.
 
On a même entendu un professeur de médecine déclarer à des millions d’auditeurs que la femme enceinte est en état de « légitime défense » ! L’enfant qu’elle porte en elle est donc comparé à l’assaillant, à l’ennemi qui vient attaquer, à l’assassin ou au voleur qui vous menace !
 
A partir du moment où l’on se permet de telles comparaisons, il est évident que la discussion positive, rationnelle,scientifique n’est plus possible.
 
Dans quelques années, lorsque les enfants qui auront échappé au massacre sauront ce que leurs mères ont fait avec d’autres enfants qu’elles portaient en elles et qu’ils n’ont évité le même sort que par hasard, ils regarderont leurs mères d’une étrange manière. Le docteur Freud n’a pas eu l’occasion de dégager la signification de ce regard-là. Mais ses disciples pourront le faire.
 
[1] Cf. p. 70.
 
[2] Pour le Juif et le chrétien, la question est encore plus grave. Car il faut se demander :que vont devenir ces êtres que l’on a privés de leur temps de développement, du temps qui est nécessaire à un homme pour répondre à l’invitation qui lui est adressée ?

 

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