Aujourd'hui, les féministes sont censés être «sexe-positives", ce qui signifie qu'elles doivent soutenir la pornographie. Dommage que cette prise de position soit complètement contradictoire.
Par Jonathan Von Maren (LifeSiteNews) - Traduit par Campagne Québec-Vie
« La pornographie est la théorie », a écrit un jour la renommée féministe Robin Morgan, « le viol est la pratique ».
En effet, les féministes comprenaient largement que la pornographie était, sous sa meilleure forme, déshumanisante et dégradante, un produit fait par des hommes et pour des hommes et qui réduit les femmes au rang d’objet soumis au désir masculin. Dans les pires des cas, c’était une sanglante célébration de la destruction de la féminité, alors que des femmes étaient battues, violées, humiliées et autrement agressées pour les plaisirs pervers des misogynes qui prétendaient que leur misogynie était un « fétiche ».
Aujourd’hui, cependant, les féministes sont censées avoir une « approche positive » envers le sexe, ce qui signifie qu’elles doivent soutenir la pornographie, car avec plus de 80% de la population qui regarde de la pornographie, la résistance est inutile.
Je me souviens d’un débat sur la pornographie dans un de mes premiers cours de sciences politiques à l’université: de toute la classe, seulement moi-même et un autre étudiant étions opposés à la pornographie. La plupart des hommes étaient tranquillement assis et essayaient d’éviter de contribuer à la discussion, tandis que quelques-unes des filles étaient les partisanes les plus véhémentes de cette saleté, presque comme si elles avaient quelque chose à prouver.
La pornographie, selon nos nouveaux dogmes sexuels, est inoffensive, voire bénéfique. Et quand j’ai affirmé, dans un certain nombre d’articles, que la pornographie alimente la culture du viol, la violente réaction des hommes qui ne pouvaient pas arrêter de regarder de la pornographie n’a pas tardé.
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J’ai alors commencé à contacter des experts dans le domaine, des gens qui ont étudié l’impact de la pornographie sur les hommes et les femmes. L’entrevue la plus révélatrice et effrayante est celle que j’ai menée avec la Dr. Mary Anne Layden, directrice du programme de traumatologie sexuelle et de psychopathologie dans le département de psychiatrie de l’Université de Pennsylvanie. J’avais déjà cité son travail sur la pornographie et la violence, et je voulais savoir ce qu’elle avait découvert au cours de sa recherche.
J’ai demandé à la Dr. Layden, « pourquoi avez-vous commencé des recherches sur le liens entre la violence et la pornographie? »
« Quand j’ai commencé en tant que psychothérapeute, il y a trente ans de cela, j’ai commencé par traiter des patients qui avaient été victimes de violence sexuelle et j’ai senti un intérêt particulier pour les dommages que la violence sexuelle avait causé à ces patients », répondit-elle.
« Alors que je faisais ce travail depuis environ une dizaine d’années, parce que je suis une étudiante lente, je me suis aperçue que je n’avais traité aucun cas de violence sexuelle n’impliquant pas la pornographie…certains étaient des cas de viol, d’autres d’inceste, d’autres des cas de pédophilie, et d’autres de harcèlement sexuel…dans tous ces différents types de cas, la pornographie était présente.
Je me suis alors dit : il semble y avoir un lien ici. Avec le temps, je me suis intéressée à ce qui est commun aux auteurs de violences sexuelles, car j’ai réalisé que nous n’allions jamais résoudre le problème de la violence sexuelle en traitant les victimes et en les traitant une à la fois pour qu’elles s’en remettent. Il n’y avait pas suffisamment de thérapeutes dans le monde. Il y avait trop de victimes dans le monde. Nous ne pouvions résoudre ce problème en les sortant de la rivière une à une. Nous allions devoir aller en amont pour voir qui les poussait. »
Et, comme la Dr. Layden a découvert, c’était l’industrie de la pornographie qui poussait les gens dans la rivière. Les hommes ne sont pas nés violeurs, m’a-t-elle fait remarquer. Mais pour quelques raisons, beaucoup d’entre eux justifient de plus en plus souvent la violence sexuelle. Pourquoi? Parce que la pornographie a transformé les corps des femmes et des filles en marchandise. Elle façonne la manière dont les hommes voient les femmes.
« C’est un produit, » a dit la Dr. Layden, alors que sa voix devient plus emphatique.
« Il s’agit d’une affaire commerciale et je pense que beaucoup de proxénètes arrêteraient de faire cela s’il n’y avait pas d’argent en jeu, mais c’est un commerce et dès que vous dites à quelqu’un que c’est un produit, aussitôt que vous dites que c’est quelque chose qu’on peut acheter, alors c’est aussi quelque chose que l’on peut voler. Ces deux choses vont ensemble. Si vous pouvez l’acheter, vous pouvez le voler, et c’est encore mieux si vous le volez, car ainsi vous ne payez pas. Alors, l’industrie de l’exploitation sexuelle, que ce soit des clubs de striptease, ou de la prostitution, ou de la pornographie, c’est où l’on achète. La violence sexuelle, c’est l’endroit où vous le volez – le viol et la pédophilie et le harcèlement sexuel c'est où vous le volez. »
« Donc, toutes ces choses sont parfaitement connectées. Il n’y a pas de moyen de tracer une claire ligne de démarcation entre le viol, la prostitution, la pornographie et la pédophilie. Les auteurs font partie d’un groupe ayant un ensemble commun de croyances, et quand nous observons la recherche, nous pouvons voir certaines de ces croyances communes, de sorte que nous savons que les individus exposés aux médias pornographiques ont des croyances telles que penser que les victimes de viol aiment être violées, qu’elles ne souffrent pas tant quand elles sont violées, ‘qu‘elle a obtenu ce qu’elle voulait’ quand elle a été violée, que les femmes font des fausses accusations de viol, parce qu’en réalité il n’y a pas de viol et que le sexe est soit bon, soit excellent…il n’y a pas d’autre option que bon ou excellent, et que personne n’est vraiment traumatisé par cela.
Tous ces éléments font partie du mythe du viol. Les personnes qui regardent de la pornographie acceptent le mythe entourant le viol à un degré plus élevé que le reste. Alors, nous avons le sentiment que la pornographie leur apprend à penser comme un violeur et fait en sorte qu’ils agissent comme tel.
La pornographie, comme tous les autres produits, a fait pour le corps féminin ce que l’économie fait à tout produit : si vous le transformez en une marchandise, vous le dévalorisez. C’est vraiment aussi simple que cela. Mais lorsque votre stratégie de marketing se base sur la luxure et l’attrait du pouvoir en dégradant les femmes, les résultats sont dévastateurs ».
Comme la Dr. Layden m’a fait remarquer, nous arrêtons même de percevoir l’autre en tant qu’humain.
« Lorsqu’on dévalorise le sexe et le corps des femmes, lorsqu’on traite les gens comme des choses, il y a des conséquences, et une de celles-ci est la violence sexuelle; une autre des conséquences est le dommage aux relations », a-t-elle souligné.
« Il y a une intéressante série d’études qui met en évidence une partie du fonctionnement de ce phénomène. Les chercheurs montraient aux gens, soit de gauche à droite ou à l’envers, des images légèrement sexualisées - des hommes et femmes en maillots de bain ou dans leurs sous-vêtements - et ils observaient le processus de traitement du cerveau : un phénomène visuel se déclenche et montre quelle partie du cerveau est utilisée pour traiter l’image qu’on est en train de voir.
Ce qu’on constate, c’est que quand les gens regardent les hommes, et les voient dans leurs maillots de bain ou dans leurs sous-vêtements, ils utilisent la partie du cerveau qui traite les humains et les visages humains, mais lorsque nous regardons les femmes dans leurs maillots et leurs sous-vêtements, nous utilisons la partie de notre cerveau qui traite les outils et les objets. On utilise cette règle lorsqu’il s’agit d’outils ou d’objets : s’il ne fait plus son travail, on le jette et on s’en procure un autre.
Il y a déjà quelques années, les féministes disaient que les hommes traitent les femmes comme des objets sexuels et nous avons pensé que c’était une métaphore. Ce n’était pas une métaphore. C’était une véritable description de la réalité : ils utilisent la partie de leur cerveau qu’ils utilisent pour traiter les objets et les choses et il y a une conséquence dans la société lorsqu’on commence à traiter le sexe comme un produit et les femmes comme un objet ».
Ceux qui remarquent ces choses, bien sûr, et aussi ceux qui s’opposent à la pornographie, sont condamnés et considérés comme étant démodés, prudes, et « anti-sexe ». Quand j’ai rappelé cela à la Dr. Layden, elle n’était décidément pas impressionnée.
« L’aspiration à l’amour fait partie de nous. [Un de mes collègues] dit : « Le véritable danger, est qu’elle conduit à la perte de l’amour, dans un monde où uniquement l’amour apporte le bonheur ». Voilà ce qui résume tout ce que nous faisons…tout le monde est fait pour aimer et être aimé. C’est ce qui nourrit notre cœur affamé, et nous avons une génération qui est affamée et qui a un cœur affamé et, pourtant, elle continue à manger la malbouffe sexuelle et à devenir sexuellement obèse parce qu’elle est tellement affamée qu’elle préfère manger de la malbouffe, si c’est tout ce qui est à sa disposition », dit-elle.
En bref? Ceux qui s’opposent à la pornographie ne sont pas « anti-sexe ». Ils sont tout simplement assez sages pour reconnaître que la pornographie est un poison. Lorsqu’elle est utilisée comme substitut à l’amour, c’est l’équivalent de donner de l’eau salée à un homme mourant de soif – cela va simplement davantage enflammer le désir, sans apporter aucune satisfaction. Pour la Dr. Mary Anne Layden, ceci est évident. Et elle compte s’assurer que le plus grand nombre de personnes possible voient la pornographie aussi de cette manière.
« Si je disais aux gens : ‘Je veux que vous mangiez des aliments sains et que vous n’alliez pas au McDonald’s’, ils ne m’appelleraient pas anti-nourriture », dit-elle. « Ils diraient que je veux juste promouvoir une alimentation saine… C’est exactement cela ce que je veux faire avec la sexualité. Je veux promouvoir une sexualité saine, humaine, valorisante, et qui alimente l’âme, et non pas promouvoir de la malbouffe sexuelle ».
Et comment faire cela? Avec ces taux exorbitants de dépendance à la pornographie, est-il possible? La Dr. Layden a tellement d’idées qu’elles coulent à flot.
« Je pense que nous devons nous éduquer, nous devons dire la vérité aux autres, nous devons dire la vérité aux autorités, car une fois que l’on sait cela et on reste silencieux, le silence devient complicité », dit-elle.
« Nous devons aller dans nos écoles et nos bibliothèque et leur dire qu’ils doivent protéger nos enfants, nous devons dire à nos gouvernements qu’ils doivent arrêter de propager des croyances permissives et cela veut dire : ‘ne légalisez pas la prostitution’. Cela dit aux hommes que c’est normal et plus d’hommes iront voir des prostituées. Nous devons avoir des lois contre les choses qui blessent les gens; nous devons avoir de l’indignation dans cette société où la violence sexuelle est balayée sous le tapis quand c’est un athlète professionnel qui la commet.
Nous devons unir nos efforts et faire en sorte que les journalistes, les avocats, et les parents se réunissent et forment une puissante équipe qui dise que cette société mérite d’être sauvée, que nos enfants méritent d’être sauvés, que la sexualité est sacrée. Nous devons le faire ensemble et donc, il faut un effort concerté. Lorsque j’entends les gens dire que nous ne pouvons pas remettre le génie dans la bouteille, je leur dis qu’il y a cinquante ans, 60% des personnes à New York fumaient. Aujourd’hui, seulement 18% des gens à New York fument. Nous pouvons remettre le génie dans la bouteille. Nous pouvons réussir aussi cette fois, l’effort vaut le coup ».
Tout comme la Dr. Mary Anne Layden, je ne suis pas anti-sexe et être traité de démodé ne me dérange pas particulièrement. Je suis cependant fortement contre la pornographie et cela, parce qu’elle est en train de rapidement transformer des relations saines, durables, et pleines d’amour en quelque chose du passé. La pornographie prive la génération actuelle de sa capacité de jouir d’un joyeux engagement pour la vie. Et par conséquent, nous avons la responsabilité de répondre à l’appel de la Dr. Layden et de tant d’autres experts pour lutter contre la menace de la pornographie, partout où elle se trouve. Ceux qui prétendent que la pornographie est inoffensive sont, en fin de compte, pauvrement éduqués.